Michel Delprat

1931 - 2008

Informations générales
  • Né le 25 avril 1931 à Tanlay (Yonne - France)
  • Décédé le 9 novembre 2008 à DIJON (Côte-d'Or - )

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 19 mars 1978 au 22 mai 1981
Département
Yonne
Groupe
Non inscrit

Biographies

Biographie de la Ve République

DELPRAT (Michel)
Né le 25 avril 1931 à Tanlay (Yonne)
Décédé le 9 novembre 2008 à Dijon (Côte d’Or)

Député de l’Yonne de 1978 à 1981

Michel Delprat naît le 25 avril 1931 à Tanlay, au sein d’une famille de quincaillers. L’entreprise familiale a été fondée par son grand-père, Zéphirin Delprat qui faisait le tour des villages du Tonnerrois à bord de son camion pour vendre de la ferblanterie, des gamelles et des bidons, puis s’est implantée dans la commune de Tanlay sous la direction de son père Paulin. Le jeune garçon suit sa scolarité à l’école Saint-Jacques de Joigny, puis au lycée Montaigne de Bordeaux. Après avoir obtenu son baccalauréat et intégré une classe préparatoire, il réussit le concours d’entrée à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Au terme de ses études, il est appelé sous les drapeaux et envoyé trente mois en Algérie comme officier de réserve, promu au grade de lieutenant. A son retour, il marche dans les pas de son père et s’oriente à son tour dans le secteur de la quincaillerie et le marché du fer. Dès 1976, son parcours professionnel témoigne d’un solide ancrage régional (par son élection à la Chambre de commerce d’Auxerre, ainsi qu’à la présidence du Syndicat des quincaillers de l’Yonne), mais également d’un réseau relationnel qui s’étend à l’ensemble de l’hexagone (comme délégué général du bureau fédéral des quincaillers de France, et de la confédération générale des marchands de fer de France). Ce sont autant de responsabilités qui le mettent en relation avec une sphère politique locale que son père Paulin, maire de Tanlay (commune rurale de 1 190 habitants) et conseiller général de l’Yonne, lui présente. Le décès soudain de ce dernier, le 29 juillet 1975, le pousse, à l’âge de 44 ans, à s’y investir pleinement.

Elu à l’automne 1975, lors d’élections partielles, conseiller municipal et maire de Tanlay, puis conseiller général du canton de Cruzy-le-Chatel sous la bannière Centre national des indépendants et paysans (CNIP) – parti politique fondé en 1949 qui entend réunir les courants de la droite non gaulliste, conservatrice et libérale –, il entame son cursus politique. Réélu l’année suivante au conseil général de l’Yonne (1976), puis à la tête de la mairie de Tanlay lors des élections municipales de mars 1977, l’élu reçoit un soutien politique de poids en la personne de Jean Chamant, figure des Républicains indépendants (RI), mouvement politique de centre droit, libéral et pro-européen, actif soutien de Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Par deux fois ministre des Transports dans les gouvernements Couve de Murville et Chaban Delmas, député de l’Yonne durant trois décennies (1946-1977), fraîchement élu au Sénat (25 septembre 1977), président du Conseil régional de Bourgogne (depuis 1974), puis du Conseil général de l’Yonne (depuis 1970) et enfin nouveau maire d’Avallon, celui-ci entend faire de Michel Delprat son héritier dans la deuxième circonscription de l’Yonne (Avallon).

Aussi « efficacement soutenu » selon les termes du quotidien Le Monde, Michel Delprat annonce, dès novembre 1977, sa candidature aux élections législatives de mars 1978. La deuxième circonscription de l’Yonne n’échappe toutefois pas aux enjeux nationaux. Face au succès des partis de gauche aux élections cantonales de mars 1976 et aux élections municipales de mars 1977, les forces de droite se divisent. La création de l’Union pour la démocratie française (UDF) en février 1978, regroupant les partis de la droite non gaulliste pour soutenir l’action du président de la République, engendre de vives tensions avec le Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Chirac. Cette situation remet ainsi en cause les accords électoraux conclus en 1977 entre le RPR et le Parti républicain (PR) créé sur les bases de la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI). Comme le regrette Michel Delprat, qui espérait qu’un accord général se réaliserait sur son nom dans sa circonscription, le candidat du CNIP doit affronter la candidate UDF/PR, Odette Pagani, conseillère générale et ancienne sénatrice de l’Yonne, à qui Jean Chamant vient de succéder à l’automne 1977, ainsi que la RPR Claude Moreau. La situation n’est toutefois pas plus apaisée à gauche de l’échiquier politique. La rupture du programme commun en septembre 1977 accélère la rivalité entre le Parti communiste français (PCF) et le Parti socialiste (PS) pour s’assurer la prédominance à gauche. Les espoirs d’unité volent ainsi en éclat dans cette circonscription où s’oppose la candidate socialiste, Calliope Beaud, et le candidat communiste François Meyroune. Une configuration politique identique se retrouve dans les circonscriptions voisines d’Auxerre et de Sens. Revendiquant son indépendance et sa liberté politique, et donc « étranger à toute compromission partisane » et appelant à faire « un choix de société », Michel Delprat, partisan d’une économie libérale « raisonnable et raisonnée », fort de son ancrage local et de son expertise professionnelle, entend pour sa part jouer la carte du changement et de la proximité vis-à-vis « d’électeurs lucides » (profession de foi électorale du 12 mars 1978). Arrivé en 3e position avec 10 387 voix, contre 10 823 pour le candidat communiste et 11 128 pour la candidate socialiste, le second tour promet d’être serré. Au gré des désistements successifs, se dessine un affrontement PS/CNIP. Jouant habilement sur les échelons national et local, fustigeant « la désunion d’une gauche qui étale ses querelles et ses déchirements », et d’une gauche discréditée par un « pacte électoral » bâclé, le candidat CNIP se présente volontiers comme le chantre de l’unité à droite autour d’un « homme qui vit au milieu de vous, qui connaît vos problèmes et partage vos préoccupations quotidiennes » (document électoral du 19 mars 1978). La sémantique employée semble convaincre puisque le duel avec la candidate de gauche tourne en sa faveur. Au soir du second tour, Michel Delprat l’emporte avec 51,8% des suffrages exprimés, succédant ainsi à Jean Chamant comme député de la circonscription d’Avallon. La même année, il entre au Conseil régional de Bourgogne.

Au Palais-Bourbon, n’appartenant à aucun groupe (avril 1978), il rejoint la commission de la production et des échanges. Le député s’investit au sein de la commission nationale d’urbanisme commercial. Il est nommé en avril 1978 et juin 1980. Il est également nommé membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la modération du prix de l’eau (17 novembre 1978). Ses interventions en séance publique témoignent de son engagement pour la défense de l’artisanat et des travailleurs indépendants, dénonçant « l’existence d'un climat de suspicion à l'égard des commerçants et artisans » et alertant quant à la diminution des ventes depuis 1974 et la nécessité de stopper l'accroissement des charges » (24 octobre 1979). S’appuyant sur son expérience locale, le député de l’Yonne appelle de ses vœux une modernisation et une nécessaire simplification des procédures fiscales, ainsi qu’une réforme de financement des équipements des collectivités locales. Rapporteur pour avis du projet de loi de finances pour 1981, il se penche également sur l’importance économique des industries agroalimentaires, leur rentabilité, mais également sur les relations difficiles entre producteurs et grandes surfaces, et notamment en matière de centrales d'achat (9 octobre 1980).

L’élection de François Mitterrand à la présidence de la République (10 mai 1981) puis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale (le 22 mai) rebattent les cartes dans les trois circonscriptions icaunaises. Ces dernières, remportées par la droite en 1978, se retrouvent au cœur d’un nouvel affrontement entre d’une part les candidats de la majorité sortante, réunis dans l'Union pour la nouvelle majorité (UNM) et d’autre part ceux de gauche, réunis sous l'appellation « majorité d'union de la gauche », ce qui n’empêche nullement socialistes et communistes de présenter des candidats distincts au premier tour. Bien décidé « à soumettre les circonstances et non à s’y soumettre », Michel Delprat se détourne cette fois des enjeux locaux pour mettre en garde, par le biais de la sémantique de « la liberté, de la volonté et de la responsabilité » (document électoral du 14 juin 1981), contre la crise politique en cours alimentée par « l’illusion » socialiste, contre « des pouvoirs concentrés dans les mêmes mains et animés par la même idéologie » prônant un « retour en arrière » (document électoral du 21 juin 1981). Si le candidat du CNIP arrive nettement en tête au soir du premier tour avec 46,97% des suffrages exprimés (contre 36,18% pour son adversaire socialiste, Léo Grézard, conseiller général de l’Yonne), manquant de peu d’être élu, il ne dispose cependant d’aucune réserve de voix pour le tour suivant. Le désistement du candidat communiste, François Meyroune, arrivé en 3e position avec 16,85% des suffrages, permet ainsi au candidat socialiste de l’emporter lors du second tour avec 51,67% des suffrages exprimés face au député sortant.

Battu, l’homme ne renonce toutefois pas à ses fonctions politiques et se concentre sur son terrain comme vice-président du conseil général de l’Yonne (1982-2008), maire de Tanlay (jusque 2001), conseiller régional et vice-président de Bourgogne aux côtés du président UDF Jean-Pierre Soisson (1998-2004), vice-président puis président de la Chambre de commerce et d'industrie d’Auxerre (1982-2004) et enfin président de la Fédération nationale de la quincaillerie (1982-1998).

Il était marié à Nicole Deschang. Le couple aura deux enfants. Sa fille a repris en 2015 l’entreprise familiale centenaire, aujourd’hui à la tête de trois sites dans l’Yonne : Tanlay, Tonnerre et Avallon.

Michel Delprat décède le 9 novembre 2008, à Dijon, à l’âge de 77 ans.