Alphonse, Léon Denis
1906 - 1997
Né le 5 mars 1906 à Limoges (Haute-Vienne)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Haute-Vienne)
Député de la Haute-Vienne de 1946 à 1958
Alphonse Denis est né le 5 mars 1906 dans le milieu ouvrier de Limoges d'un père typographe et d'une mère porcelainière. Après son certificat d'études - il a 12 ans - il devient ouvrier en chaussures puis employé de commerce. Pendant huit ans il complète sa formation par des cours du soir et exerce les fonctions de voyageur de commerce.
Son entrée en politique a lieu en 1932 lorsqu'il adhère au Parti communiste. Il fonde la Fédération nationale des V.R.P. de la C.G.T. en 1936. Après sa démobilisation en 1940 il organise le Secours populaire français clandestin des syndicats C.G.T. Très tôt il est membre du comité de coordination des mouvements et réseaux de résistance limousine et c'est lui qui prend l'initiative d'une manifestation silencieuse à Limoges le 12 octobre 1942 contre le premier départ pour l'Allemagne dans le cadre du travail obligatoire. Peu après, sous divers pseudonymes, « Léon », « François », il anime des protestations à Périgueux et à Brantôme. La Libération le voit fondateur du journal Valmy, organe du Front national, devenu L'Echo du Centre, responsable du Front national en Languedoc, lieutenant-colonel de F.F.I. et secrétaire du Comité régional de Libération. Le département de la Haute-Vienne, fortement marqué par la Résistance et l'Occupation, élit le jeune médaillé de la Résistance, en seconde place sur la liste du Parti communiste français menée par Marcel Paul qui recueille 56 336 suffrages aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Constituante. Conseiller municipal de Limoges, Alphonse Denis est facilement réélu le 2 juin 1946 sur la même liste communiste qui accroît ses suffrages (66 815) tandis que la S.F.I.O., en recul a deux élus et le M.R.P. un. Le 10 novembre 1946 il est élu député du Parti communiste français avec 64 367 voix à la première Assemblée législative de la IVe République.
Alphonse Denis est membre de la Commission de la justice dans la première Assemblée nationale Constituante et membre de la Commission des affaires économiques et de la Commission du ravitaillement dans la seconde. Juré à la Haute Cour de justice il participe aux procès de la plupart des ministres de Vichy. Au cours de la première législature, il retrouve la Commission des affaires économiques et la Commission du ravitaillement dont il devient secrétaire en 1946. Il appartient aussi à la Commission du travail et de la Sécurité sociale qui le désigne pour représenter l'Assemblée nationale au sein de la Commission supérieure des Caisses nationales d'assurances décès et accidents. Il est également nommé membre suppléant de la Commission de réforme administrative (1947).
L'élu limousin suit attentivement le procès des responsables du massacre d'Oradoursur-Glane, essayant de faire supprimer dans un premier temps, la preuve de l'incorporation forcée des Alsaciens dans l'armée allemande, puis il proteste contre l'immunité dont jouiraient certains Allemands et, enfin, en 1955, il s'indigne de l'amnistie accordée aux Alsaciens condamnés pour ce drame. C'est encore au nom des martyrs d'Oradour qu'il demande que l'Allemagne n'ait plus jamais d'armée. Il vote contre la ratification du Pacte atlantique, contre les accords de Londres et de Paris et contre la C.E.D. Il intervient fréquemment pour proposer une augmentation des prestations sociales et pour la suppression des abattements de zone. Il signale la crise qui frappe diverses industries du Limousin et plus particulièrement celle de la chaussure qu'il attribue à la cherté des cuirs et à la concurrence américaine.
Le 27 juin 1951, l'apparentement conclu entre la S.F.I.O., les radicaux et le M.R.P. dans la Haute-Vienne n'atteint pas la majorité absolue ; la répartition des sièges se faisant à la proportionnelle donne deux députés à la liste communiste qui a recueilli 66 778 voix, deux députés à la S.F.I.O. et un au M.R.P. Alphonse Denis réélu est nommé membre de la Commission des affaires économiques et de la Commission de la justice. Il est élu secrétaire de l'Assemblée nationale.
En dehors d'interventions diverses relatives aux catastrophes météorologiques, au chômage industriel et à l'enseignement médical de la région limousine, le député de Limoges consacre son énergie au cours de cette législature, à la défense des rentiers de l'Etat et des mal logés et surtout à la protection de la propriété commerciale et de l'artisanat. Il demande, en 1951, la suppression du contrôle polyvalent qui touche essentiellement les petits commerçants. Leur situation est menacée, selon lui, par l'absence d'un bon droit de la propriété commerciale, l'augmentation excessive des loyers, les reprises des locaux commerciaux par le propriétaire sans versement d'indemnités convenables. Se présentant, tant par ses origines que par son activité comme le véritable défenseur de la classe ouvrière, dénonçant l'anticommunisme de ses adversaires et se prononçant pour la paix, Alphonse Denis conduit à nouveau la liste communiste aux élections du 2 janvier 1956. Elle a, avec 64 135 voix, deux élus tandis que les listes socialistes en obtiennent trois. A l'Assemblée, il retrouve la Commission des affaires économiques et la Commission de la justice et est réélu secrétaire de l'Assemblée nationale. Les centres d'intérêt du délégué à la propagande sur les questions commerciales et artisanales au Parti communiste français, sont toujours économiques et sociaux. Il souhaite que l'augmentation des loyers commerciaux soit plutôt liée à la lente augmentation du S.M.I.G. qu'à l'indice de la construction et cherche à limiter le droit de reprise sur la partie habitable - si pratique pour le locataire des locaux commerciaux - et à rendre plus aisée la reconduction des baux. Lorsqu'après les événements d'Egypte de 1956, l'essence est rationnée il tente d'obtenir des allocations spéciales pour les V.R.P.
Alphonse Denis n'intervient dans la crise ultime de la IVe République que par un soutien à la révision constitutionnelle du 27 mai 1958 et un vote contre le général de Gaulle les 1er et 2 juin 1958.