Bertrand Denis

1902 - 1986

Informations générales
  • Né le 1er septembre 1902 à Saint-georges-buttavent (Mayenne - France)
  • Décédé le 5 février 1986 à Mayenne (Mayenne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 23 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Mayenne
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Mayenne
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Mayenne
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Mayenne
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 4 mars 1973 au 2 avril 1978
Département
Mayenne
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

Biographie de la Ve République

DENIS (Max, Bertrand)
Né le 1er septembre 1902 à Saint-Georges-Buttavent (Mayenne)
Décédé le 5 février 1986

Député de la Mayenne de 1958 à 1978

Originaire de Haute-Normandie, la famille de Bertrand Denis s’implante en Mayenne au début du XIXème siècle. Son grand-père, Gustave Denis, un industriel protestant, dirige une filature de coton à Fontaine-Daniel avant d’être élu sénateur en 1879. A sa mort en 1925, il est le doyen d’âge de la Haute assemblée après y avoir siégé 27 ans. Son fils, Georges Denis, maire de Contest depuis 1912, continu l’œuvre législatrice en se faisant élire député de la Mayenne en 1932 et en 1936. Il est inscrit à l’Alliance démocratique, groupe de centre droit, laïque et libéral. Le 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et il est, de ce fait, déclaré inéligible à la Libération.
Bertrand Denis, son neveu perpétue cette dynastie d’industriels parlementaires. Diplômé d’H.E.C. en 1923, il entame une carrière de directeur d’entreprise. Après une première expérience d’exploitant de carrières de 1924 à 1929, il dirige une société de négoce et de distribution d’hydrocarbure, la PEN (Pétrole-Essence-Naphte), qui alimente le nord de la Mayenne pendant dix ans. En 1938, il rejoint l’entreprise familiale d’industrie textile de Fontaine-Daniel, dont il devient gérant majoritaire en 1945.
Mobilisé en 1939 comme officier de réserve dans l’artillerie de campagne, il est prisonnier de guerre en Allemagne dont il revient en 1945. Candidat modéré, il est élu une première fois conseiller général de la Mayenne en septembre 1945 (canton de Mayenne-ouest) puis à nouveau en mars 1949 sous l’étiquette du nouveau Centre National des indépendants qui a rassemblé une partie des élus de l’ancienne Alliance démocratique. En mai 1953, il brigue les suffrages des électeurs de Contest et dont l’oncle fut le premier magistrat jusqu’en 1944. Il est élu maire de Contest en mai 1953, mandat qu’il conserve jusqu’à son décès en 1986.
Sous les couleurs du CNIP, il participe aux élections législatives de 1956 sur la liste du député sortant et réélu, Victor Priou. En 1958, Bertrand Denis se présente devant les électeurs de la 3ème circonscription de la Mayenne (Priou est candidat malheureux dans la deuxième circonscription) sous l’étiquette « républicain indépendant d’action sociale ». Les élections sont un succès pour les candidats du CNIP qui soutiennent le projet constitutionnel de la Vème République. Bertrand Denis l’emporte dès le premier tour avec 20 118 voix face, entre autres, au candidat du MRP, Jules Linais, hôtelier et maire de Fougerolles-du-Plessis, qui réunit sur son nom 13 150 suffrages. Ce franc succès, Bertrand Denis le doit à la fois à son implantation locale, au soutien de son parti au général De Gaulle mais également à son suppléant, Marcel Le Roy, un aviculteur, ancien de la France Libre qui lui assure, outre l’appui gaulliste, des voix dans les cantons ruraux. Ce représentant de la bourgeoisie industrielle doit convaincre les agriculteurs sur son attachement au nouveau Marché commun.
L’Assemblée prend acte de son élection le 9 novembre 1958 et le nouveau député s’inscrit dans le groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS). Bertrand Denis ne ménage pas son investissement dans le travail parlementaire. Ainsi, durant cette première législature, il est nommé successivement membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, de la Commission de la production et des échanges, de la Commission de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet relatif à la promotion sociale et de celle qui doit proposer un texte sur les dispositions complémentaires à la loi d’orientation agricole. Il est membre suppléant de la Commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif aux assurances maladie, invalidité et maternité des exploitant agricoles et des membres non salariés de leur famille. Enfin, il préside la Commission spéciale chargé d’examiner le projet de loi tendant à favoriser l’intéressement des travailleurs à l’entreprise. Durant la législature, Bertrand Denis s’intéresse particulièrement aux personnes handicapées, incitant le gouvernement à faciliter le placement des aveugles, sourds-muets et « diminués physiques ». On lui doit également une proposition de modification de la loi de 1838 sur le statut juridique des aliénés. Ce débat aboutit seulement en 1968, avec le vote de la loi du 3 janvier protégeant les droits des « incapables majeurs ». Outre ces propositions qui témoignent d’un engagement personnel sur les questions de santé, Bertrand Denis intervient fréquemment lors des discussions portant sur le commerce agricoles, la formation professionnelle, et les situations de ressources des cultivateurs et des éleveurs, en particulier en matière d’assurance, de fiscalité, d’endettement, de rentes et pensions ou de transmission de biens. Il souligne l’enclavement du monde agricole, dont l’activité économique pâtit, par exemple, de la faiblesse du réseau téléphonique.

L’élection du président de l’Assemblée, le 9 novembre 1958, constitue une première mise à l’épreuve de l’alliance entre gaullistes et indépendants. Un nombre conséquent des députés du groupe IPAS ayant voté pour Paul Reynaud au premier tour ne reportent pas leur suffrage sur le candidat de l’UNR, Jacques Chaban-Delmas. Ce premier conflit inaugure un processus de division des indépendants qui se concrétise lors de la question algérienne. Bertrand Denis, avec la majorité de son groupe (85 sur 119), approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959, après le discours de De Gaulle sur « l’autodétermination ». Progressivement la majorité s’inverse au sein du CNIP et la fracture devient inévitable entre les élus qui conçoivent la mise en œuvre du programme des indépendants sous la conduite de De Gaulle et ceux qui souhaitent la rupture avec les gaullistes. Bertrand Denis manifeste semble-t-il son appartenance au premier groupe en se démarquant dès le 8 janvier 1961 de la direction du CNIP par la signature d’une lettre circulaire appelant à voter le « oui » au référendum sur l’évolution politique de l’Algérie. L’orientation du député de la Mayenne se précise. Le 2 mai 1961, comme tous les députés IPAS, il reçoit un courrier de Valéry Giscard d’Estaing, jeune secrétaire d’Etat aux Finances, appelant à renoncer à l’Algérie et à redéfinir le programme du CNIP. La rupture se précise le 27 avril 1962. Bertrand Denis est l’un des 29 députés IPAS (sur 123) à voter la confiance au nouveau gouvernement Pompidou, préfigurant ainsi le groupe des Républicains indépendants qui, autour de Giscard d’Estaing, accepte de cohabiter avec les gaullistes.
Les élections de 1962 sont particulièrement mauvaises pour les Indépendants contrés par les candidats gaullistes. Or, si Bertrand Denis n’est pas le candidat investi par l’Association pour la Vème République qui se réclame de De Gaulle, l’UNR ne présente pas de candidat dans la 3ème circonscription de la Mayenne, laissant le MRP Linais en compétiteur accrédité par l’Association. Mais Denis, outre son bilan de parlementaire, se prévaut de son soutien à l’oeuvre du président de la République et reçoit le support écrit du ministre du général, Giscard d’Estaing. Bertrand Denis est élu au second tour avec 17 871 voix contre 15 663, résultat plus étroit qu’en 1958 et qui témoigne des errements du CNIP à l’échelle nationale. Louis Brilhaut, agriculteur, est son suppléant.
L’Assemblée prend acte de son élection le 6 décembre 1962 et Bertrand Denis s’inscrit au nouveau groupe des Républicains indépendants. Il retrouve ses responsabilités dans la plupart des commissions consacrées à l’activité économique et sociale. Sous l’impulsion de la politique agricole du Marché commun, la transformation structurelle de l’agriculture française, lui fournit l’occasion de nombreuses interventions en séance sur la répartition des aides publiques et les effets de l’exode rural. A ce travail parlementaire intense s’ajoute, le 30 avril 1963, celui de Secrétaire de l’assemblée.
En 1965, Bertrand Denis remporte les élections cantonales ; mais dans le département, le MRP revient en force grâce, entre autre, à la personnalité de l’ancien ministre démissionnaire du gouvernement Pompidou, Robert Buron. Les deux sièges de sénateurs vont, à la surprise générale, aux Républicains populaires.
En 1966, est officiellement créée la Fédération nationale des républicains et indépendants. Elle devient une force d’appuis pour l’UNR dans la préparation des élections de mars 1967. Bertrand Denis est réélu dès le premier tour sous l’étiquette du Comité d’action pour la Ve République, marquant ainsi clairement son appartenance à la majorité présidentielle. Il obtient 23 453 voix contre 11 849 à René Ballayer, candidat du Centre Démocrate, fondé après les élections présidentielles par Jean Lecanuet et 3 890 au représentant du Parti communiste. Denis retrouve son siège au Palais Bourbon, il devient vice-président du groupe des Républicains indépendants et siège à partir du 27 avril au bureau politique de la Fédération nationale des républicains indépendants. Guy Tertrais, conseiller agricole, est son nouveau suppléant. Parmi ses nombreuses interventions, on note celles sur le Fonds d’orientation et de régulation des marchés agricoles (FORMA) établissement public depuis 1961, chargé de redistribuer les différents fonds spéciaux dédiés à l’agriculture. Il en est par ailleurs, membre de la commission de contrôle parlementaire depuis juin 1967.
Le scrutin de juin 1968 lui procure un nouveau succès. A de rares exceptions près, Gaullistes et indépendants font, une nouvelle fois, cause commune pour soutenir leurs députés sortants. La majorité obtient 144 sièges au le premier tour. Bertrand Denis est élu dès le 23 juin sous l’étiquette UDR (républicain indépendant) avec 30 263 voix (65,5 % des suffrages exprimés) contre 7 269 suffrages obtenus par les deux candidats de la gauche, René Papoin pour la FGDS et Frédéric Guilloux pour le PCF. Sa candidature est soutenu par le Club Perspective et réalités, structure réunissant des Indépendants qui, en Mayenne, est particulièrement active sous l’impulsion du chirurgien Michel Scheer. L’année suivante, Valéry Giscard d’Estaing n’appelle pas à voter « Oui » au referendum sur le projet de révision constitutionnelle mais, après le départ du général De Gaulle, les Républicains indépendants se rallient à la candidature de Georges Pompidou. A l’Assemblée, Bertrand Denis se retrouve donc dans la majorité présidentielle au sein du groupe RI. En novembre, il intègre le comité directeur de la Fédération nationale des républicains indépendants. Il poursuit son action parlementaire au sein des nombreuses commissions auxquelles il participe et en particulier dans la gestion du FORMA. Il augmente son activité en direction de la coopération internationale en devenant vice-président du groupe d’amitié France-Allemagne fédérale et, en pleine guerre indo-pakistanaise, en acceptant en 1971 la vice-présidence du groupe parlementaire d’étude des problèmes du Bengale (Pakistan) oriental. Après la capitulation pakistanaise de 1972, Bertrand Denis est vice-président du nouveau groupe d’amitié France –Bengladesh.
Lors des élections de 1973, Bertrand Denis est à nouveau élu dès le premier tour alors qu’il doit affronter, outre les deux candidats de gauche, celui du Mouvement Réformateur. Avec 65,5 % des voix (25 929 suffrages), il retrouve pour la cinquième fois son siège de député avec, pour suppléant, le docteur vétérinaire Gérard Duverne. Durant cette législature, le député de la Mayenne dépose de nombreux projets de lois sur les sujets les plus divers (agriculture, code de la route, règlement de l’Assemblée, handicap, etc.) mais, surtout, cette législature manifestant un intérêt neuf sous la Vème République, pour les commissions d’enquête parlementaire (10 contre 3 depuis 1958), Bertrand Denis en préside deux : sur l’activité des sociétés pétrolières ( Julien Schvartz, député UDR, étant rapporteur ) et sur la commercialisation des viandes ( l’UDR Charles Bignon étant rapporteur ).
Cette intense activité, sa présence et la longévité de son mandat lui vaut par deux fois, la proposition d’une vice-présidence de l’Assemblée. Offre que Bertrand Denis décline.
A 75 ans, Bertrand Denis ne se représente plus devant les électeurs de la 3ème circonscription de la Mayenne lors des élections de 1978. Il laisse la place à un jeune conseiller général de 37 ans, René Boullier de Branche qui incarne la relève des générations.
Bertrand Denis conserve alors ses mandats locaux. Il est médaillé de la croix de guerre 1939 – 1945, du mérite agricole, du mérite social, il est officier de la Légion d’honneur.