Arnaud, Elie Denoix
1848 - 1917
Né le 29 juin 1848 à La Bachellerie (Dordogne), mort le 26 décembre 1917 à Paris.
Député de la Dordogne de 1891 à 1896. Sénateur de la Dordogne de 1896 à 1917.
Arnaud Denoix fit ses études classiques au collège de Brive (Corrèze), puis vint prendre à Paris ses inscriptions médicales en 1867.
Il fit la campagne de 1870-1871 comme simple soldat à l'armée de la Loire, dans les Mobiles de la Dordogne, et prit part aux batailles de Coulommiers, Beaune-la-Rolande et Le Mans. Après l'armistice, lors des élections destinées à former l'Assemblée Nationale, il se trouvait à Château-Gontier où, bien que soldat, il soutint activement les candidatures républicaines. Reçu, en 1874, docteur à la Faculté de Médecine de Paris, avec une thèse portant sur les fractures du col du fémur, il alla s'établir à La Bachellerie.
Maire de Peyrignac, conseiller d'arrondissement (1880-1889), conseiller général du canton de Terrasson en 1889, puis maire de sa commune natale à partir de 1904, il fut élu député le 11 octobre 1891, lors d'une élection partielle, par la première circonscription de Sarlat, en remplacement de M. Clerjounie, décédé. Il obtint alors 9.334 voix contre 79 à M. Lacrousille, sur 11.163 votants.
Arnaud Denoix était un républicain progressiste, mais de gouvernement. Sa circulaire électorale proclamait « qu'il ne reculerait devant le vote d'aucune réforme démocratique, mais ne voterait jamais une loi qui violerait la liberté individuelle et porterait atteinte à l'égalité. Anticlérical, il préférerait un clergé national à la séparation de l'Eglise et de l'Etat et dénoncerait volontiers le concordat ».
Membre des Commissions du. travail, de la réforme de l'impôt, du monopole de l'alcool, il se prononça en 1893 pour le maintien du Sénat et de la présidence de la République. Il pensait que la Chambre devait être élue pour six ans et renouvelable par moitié tous les trois ans.
Approuvant les lois précédemment votées en faveur de l'amélioration du sort des travailleurs, il préconisa le vote de nouvelles lois sur les caisses des retraites de la vieillesse, l'assistance publique dans les campagnes, le crédit agricole et industriel, les assurances agricoles, la suppression des octrois, le dégrèvement des vins, cidres et boissons, tous impôts de consommation dont il dénonçait l'injustice. Il demandait une plus juste répartition des charges publiques, la révision du cadastre, la réforme de l'impôt des portes et fenêtres et de la cote mobilière.
Il fut réélu le 20 août 1893, au premier tour de scrutin, par 9.321 voix, sans concurrent, sur 11.192 votants. Il combattit notamment avec énergie le projet d'impôt global et progressif présenté par M. Doumer, Ministre des Finances dans le Cabinet Bourgeois (1895). Lors de la discussion des lois sur la presse, combattant un amendement présenté par M. Denécheau, député de l'Aisne, il prononça la phrase fameuse : « La presse, cette industrie privilégiée » qui lui valut l'hostilité des journalistes parlementaires et la menace de nombreux duels qui n'eurent pas lieu. Il se battit toutefois à l'épée avec M. Goussot, député de la Seine, qu'il blessa grièvement et au pistolet avec M. Gérault-Richard sans résultat.
Il fut élu sénateur le 12 avril 1896, sans avoir fait acte de candidature, lors d'une élection partielle, en remplacement de M. Dietz-Monin, sénateur inamovible, décédé. Il obtint au deuxième tour de scrutin 647 voix, contre 407 à M. de La Batut, sur 1.149 votants. Il fut réélu le 4 janvier 1903, au premier tour, par 628 voix sur 1.127 votants, ainsi que le 7 janvier 1912, au premier tour, par 641 voix sur 1.116 votants.
Arnaud Denoix appartenait à l'Union républicaine. Il siégea plus de vingt ans au Sénat, où son activité fut très grande. Spécialisé dans les questions d'assistance, d'économie rurale et d'enseignement, qu'il développa fréquemment à la tribune, il rapporta de nombreux projets et propositions de loi. Il fut membre de toutes les grandes Commissions, dont celles des finances et de l'armée, secrétaire du Sénat en 1900, 1901 et 1902, et fut élu questeur le 11 janvier 1912.
Il fut chargé de rapports sur les budgets de l'Agriculture, des Cultes, de l'Intérieur, de l'Instruction publique, de l'Algérie, etc. Il présenta, au moment de la discussion du projet de loi instituant l'impôt sur le revenu, une proposition modifiant complètement l'impôt foncier sur les propriétés non bâties, combattit le rachat des chemins de fer de l'Ouest par l'Etat, et vota le principe de la loi sur les retraites ouvrières dont il réprouva l'obligation.
Il mourut en cours de mandat, le 26 décembre 1917 à Paris, à l'âge de 69 ans. Le président du S é n a t , M. Antonin Dubost, terminait ainsi son éloge funèbre prononcé le 29 décembre 1917 : « Dans les circonstances actuelles où les caractères bien trempés nous sont plus que jamais nécessaires, la perte de Denoix nous afflige particulièrement. »