Albert, Jérémie, Joseph, Cornil Denvers
1905 - 2006
DENVERS (Albert, Jérémie, Joseph, Cornil)
Né le 21 février 1905 à Oost-Cappel (Nord) et mort le 31 décembre 2006 à Dunkerque (Nord).
Député du Nord de 1956 à 1986 et de 1988 à 1993.
Sénateur du Nord de 1946 à 1956.
Fils d’un employé des douanes, Albert Denvers grandit à la frontière avec la Belgique dans une famille de six enfants. Comme de nombreux enfants de familles modestes, il réussit son ascension sociale grâce à l’Ecole Normale d’instituteurs qu’il rejoint en juillet 1924 à Arras. Il devient instituteur, va de village en village dans le Nord au gré de ses postes et finit directeur d’école. Parallèlement, il devient militant syndical confédéré au sein du SNI (Syndicat national des instituteurs), puis conseiller de sa section syndicale de 1930 à 1939. Il adhère en 1925 à la SFIO. Dans le cadre du Front populaire en 1936, il est l’initiateur de l’Union locale CGT de Gravelines-Bourbourg qui regroupe seize syndicats, et dont il est le secrétaire jusqu’en 1938. En 1937, il entame une très longue carrière politique par son élection au conseil général pour le canton de Gravelines, qui fait de lui le plus jeune conseiller général de France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il reste dans le département du Nord où il est désigné par le préfet pour présider le comptoir du poisson, une institution chargée de gérer les activités de pêche sur le littoral.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il retrouve facilement sa fonction de secrétaire de la section socialiste de Gravelines puis commence une carrière politique nationale qui devait durer, presque sans interruption, jusqu’à 1993. En 1947 il s’empare de la mairie de Gravelines qu’il dirige de jusqu’en 1965, puis de 1977 à 1989. En effet, ses deux tentatives aux élections municipales à Dunkerque en 1965 et en 1971 sont infructueuses, et c’est son épouse qui le remplace alors à la mairie de Gravelines. Il est élu conseiller général en 1945 et toujours réélu, ainsi que président du conseil général de 1973 à 1985. Une solide implantation locale autant qu’une certaine tradition socialiste du département du Nord expliquent l’extraordinaire longévité politique d’Albert Denvers.
Il se présente pour les deux élections aux Assemblées Constituantes en octobre 1945 et en juin 1946 ainsi qu'aux législatives du 10 novembre 1946 dans la première circonscription du Nord (Dunkerque). La S.F.I.O. obtient un siège à chacune de ces élections, ce qui ne permet pas à Albert Denvers, second de liste, d'être élu.
Le 8 décembre 1946 il est élu du Nord au Conseil de la République et réélu le 7 novembre 1948 et le 18 mai 1952.
Le nouveau parlementaire est nommé membre de la Commission des moyens de communication et des transports et de la Commission de la marine et des pêches dont il est élu vice-président en 1952. Cette même année, il devient membre de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre. En 1953 il siège à la Commission de coordination chargée de suivre l'élaboration et la mise en œuvre du IIème Plan et à la Commission supérieure du crédit maritime mutuel. En 1954, il est membre suppléant de la Commission de l'éducation nationale.
La première tâche de l'élu est d'inviter le gouvernement à venir en aide aux victimes de catastrophes : accident de Thumeries, tempêtes d'octobre 1949, intempéries de 1954. Il se soucie de l'évolution du marché de la pomme de terre, des besoins en fer blanc des conserveries, de l'accélération du traitement des dossiers de pensions des aveugles. Il s'intéresse aussi à l'équipement du Nord, qu'il s'agisse de l'achèvement du canal du Nord ou de la mise à l'étude du tunnel sous la Manche.
L'essentiel de son activité va se déployer dans deux domaines : les questions maritimes et le logement.
Le 7 mars 1947, rapporteur de la Commission de la marine marchande et des pêches, il analyse le déséquilibre entre les prix de vente taxés depuis longtemps à un niveau assez bas, et l'augmentation importante des prix de l'avitaillement et des cotisations aux caisses d'allocations familiales. Il demande diverses mesures - détaxation du carburant, réduction des frais d'assurances, atténuation des charges sociales -, en faveur de la pêche artisanale dite « à la part ». Il demande ultérieurement de maintenir les subventions pour l'équipement des ports afin de construire des môles de protection et d'allonger les jetées. Il propose d'améliorer l'entretien des phares et balises et de réparer les écluses du port de Dunkerque. Il souhaite encourager la production de poisson : statut des mareyeurs-expéditeurs, aide à la pêche au thon, réforme de l'armement de la morue resté trop malthusien.
Selon lui, le budget de la marine marchande devrait encourager plus d'initiatives et donner plus d'élan à un secteur économique qui contribue à l'équilibre de la balance des comptes. Il plaide pour le regroupement des renseignements maritimes, la création d'un système d'assurances-chômage et pour l'augmentation des dotations du crédit maritime mutuel. Il se félicite des efforts du gouvernement en faveur de l'Office scientifique des pêches et est favorable à la construction d'un nouveau paquebot sur la ligne de l'Atlantique-nord.
Le 13 mai 1948, Albert Denvers intervient sur la formation des coopératives de reconstruction prévues par la loi du 28 novembre 1946, « précieux outil » selon lui de travail et de réalisation pour les sinistrés.
La crise du logement est pour lui un « problème de salut public » qui trouvera son remède dans une action des organismes d'H.L.M. aussi bien pour la location que pour l'accession à la propriété. Ses nombreux amendements, rapports et observations concernent le financement des logements, la participation des collectivités locales, les garanties hypothécaires, les expropriations de terrains, la gestion et l'assouplissement de la réglementation. Selon lui, la notion de « loyer social » adapté aux faibles ressources des occupants doit se substituer à celle de « loyer de rentabilité ».
Aux élections législatives de 1956, un accord est conclu entre la S.F.I.O. qui présente Albert Denvers, toujours en seconde place sur sa liste, et le parti radical-socialiste qui n'a que peu d'influence dans la région. L'apparentement n'obtient pas 50 % des voix dans la 1ère circonscription, ce qui entraîne une répartition des sièges à la proportionnelle. La liste S.F.I.O. obtient deux sièges pour ses 47 614 voix. Albert Denvers a réalisé le meilleur score de la liste avec 49 124 voix. Sont en outre élus dans la circonscription Marcel Darou, S.F.I.O., adjoint au maire d’Hazebrouck, ainsi que Paul Reynaud, député sortant, Centre national des indépendants et paysans (CNIP), et André Pierrard, député communiste sortant.
Le nouveau député de Dunkerque travaille à l'Assemblée nationale dans le même domaine qu'au Sénat. Membre de la Commission de la marine marchande et de la pêche, il devient président de celle du logement (10 février 1956).
À l'exception de quelques observations sur la situation des ports du Nord et sur l'enseignement technique maritime, Albert Denvers consacre au cours de cette législature une grande part de son activité parlementaire au problème du logement. Il est le porte-parole des élus locaux qui entreprennent des programmes de logements sociaux. Tous se retrouvent devant de grandes difficultés dans la mesure où les prix de revient de ces logements ne sont pas réévalués depuis trois ans alors que les plans ne peuvent pas en être modifiés, ce qui selon lui, serait d'ailleurs injuste pour les habitants puisque des éléments de confort seraient alors supprimés.
Albert Denvers rapporte en 1956 le projet de loi-cadre sur la construction qui suscite un vif intérêt dans la presse et dans les milieux professionnels. Le plan quinquennal prévoit une modernisation accélérée de l'industrie du bâtiment, une coordination des initiatives des maîtres d'ouvrage pour la construction ou la rénovation de 300 000 logements par an, tant dans le secteur locatif que dans celui de l'accession à la propriété. Les caisses d'épargne, dont le montant maximum des dépôts devrait être relevé, seront mobilisées pour cette œuvre sociale. Le coût du financement sera réduit car les communes qui ont déjà beaucoup réalisé dans le domaine du logement social bénéficieront d'un allègement des charges d'emprunt. Une politique foncière municipale sera encouragée, par exemple par la diminution des procédures du régime de l'expropriation, et de grands ensembles pourront être plus facilement réalisés. Il demande un assouplissement des règles d'attribution de l'allocation-logement dont le nombre de bénéficiaires -17 000 en 1951, 150 000 en 1956 - ne cesse d'augmenter mais qui demeure loin de couvrir l'ensemble des besoins. Poursuivant dans sa réflexion sur l'habitat, l'élu du Nord aborde l'aménagement du territoire qu'il souhaite voir fondé sur une localisation sélective des investissements publics et sur la création de villes nouvelles.
La tribune de l'Assemblée lui permet de présenter à nouveau les observations qu'il a faites au Sénat sur l'excessive lenteur de la liquidation des dommages de guerre. Il souhaite que priorité soit donnée aux plus démunis dans l'indemnisation des dommages.
Il siège à la Commission de la marine marchande et de la pêche et à la Commission du logement social qu’il préside en 1956. Albert Denvers s’appuie sur des réseaux locaux. Il est en effet administrateur du port autonome de Dunkerque en 1966. De plus, le député du Nord a fait du logement social le combat d’une vie. En effet, de 1956 à 1985, il préside l’Union des fédérations d’organismes HLM au plan national, et localement, la coopérative d’HBM (puis d’HLM) « Notre Cottage », l’organisme Habitat du Nord (depuis 1956) ainsi que la colonie Léo Lagrange à Gravelines. C’est Roger Quilliot qui succède à Albert Denvers à la tête de l’Union des fédérations d’organismes HLM.
Seuls ses votes expriment ses sentiments sur les autres grands problèmes de la nation. Il vote pour la création de la Communauté économique européenne le 9 juillet 1957. Il est favorable à la loi-cadre en Algérie le 31 janvier 1958, soutient le 27 mai 1958 la proposition de résolution tendant à décider une révision constitutionnelle mais donne son appui au général de Gaulle les 1er et 2 juin 1958.
Aux élections législatives de novembre 1958, il est élu dès le 1er tour dans la 11ème circonscription sous l’étiquette de la SFIO avec 24 445 voix, face à André Pierrard, communiste, député sortant, 10 142 voix, Paul Morel, Union pour la nouvelle République (UNR), 14 625 voix, Paul Asseman, socialiste autonome, maire de Dunkerque et conseiller général, 7977 voix et Lucien Maillart du Mouvement républicain populaire (MRP), adjoint au maire de Dunkerque, 3 931 voix.
Sous la Ve République, hormis à ces premières élections et à celles de 1981, il est élu au second tour mais avec une confortable avance dans une circonscription du littoral dunkerquois qui comprend les communes de Grande-Synthe, Gravelines, ainsi qu’une partie de la ville de Dunkerque jusqu’au redécoupage de 1986. Albert Denvers l’emporte à trois reprises sur le maire de Dunkerque, c'est à dire sur Paul Asseman, en 1958, et sur Claude Prouvoyeur en 1978 et 1981. En 1985, Albert Denvers abandonne la présidence du Conseil général du Nord et il ne souhaite pas être réélu député en 1986, ce qui explique la place qu’il occupe en dernière position dans la liste socialiste menée dans le Nord par Pierre Mauroy. En 1988 cependant, il sort de sa retraite parlementaire et il est élu au premier tour avec 59% des voix. En 1993, Albert Denvers ne se représente pas et cède sa circonscription à son dauphin, devenu, en 1989, maire de Dunkerque, Michel Delebarre.
Albert Denvers est membre de la Commission des finances, de l’économie générale et du Plan, de 1959 à 1986 et de 1988 à 1992. Il est vice-président de cette commission de 1959 à 1962. Il s’inscrit au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), puis socialiste. Il est vice-président du groupe parlementaire socialiste en 1960. Il dépose plusieurs propositions de lois et intervient chaque année dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour les crédits de la marine et du logement. En 1959, il entend promouvoir la modernisation du réseau fluvial français et des installations portuaires, indispensable au développement de la marine marchande française. La même année, dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1960, il regrette l’absence d’un grand débat sur la politique du logement en France, qui mène à la réduction des engagements de construction et à l’impossibilité de maintenir le rythme annuel de 300 000 logements par an. Il demande plus de moyens pour les organismes HLM. Sous la Ire législature - 1958-1962 -, il souhaite des crédits supplémentaires en faveur de la construction de logements sociaux, et il appelle à la construction d’équipements portuaires et fluviaux afin de combler le retard français. Il s’intéresse, de manière précoce, aux questions d’urbanisme dans le cadre de la discussion du projet de loi relatif au droit de préemption dans les zones à urbaniser en priorité. Il demande la définition d’une politique générale d’aménagement du territoire, la création de zones à urbaniser et d’aménagement différé ; il demande de consentir davantage de prêts aux collectivités locales et aux établissements publics engagés dans des opérations foncières. En 1962, la question du logement se pose avec plus d’acuité avec l’arrivée en métropole des rapatriés, occasion pour le député de demander, dans la discussion du projet de loi de programme concernant les HLM, une augmentation globale des crédits HLM et un plan de financement. Albert Denvers intervient en 1961 dans le débat sur sa question orale relative à l’ouverture d’une liaison ferroviaire et routière entre la France et la Grande-Bretagne, à laquelle il se dit très favorable. Vingt-cinq ans plus tard, il est chargé d’une mission auprès de Michel Delebarre (ministre du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle) portant sur les problèmes de main d’œuvre au sein du chantier du tunnel sous la Manche.
Entre 1962 et 1967, Albert Denvers dépose plus de sept propositions de loi en rapport avec la marine et le logement. Il dépose en janvier 1963 une proposition de loi tendant à modifier l’article 273 du code de l’urbanisme relatif à la participation des employeurs à l’effort de construction. Lors de la discussion du projet de loi de finances la même année, il dénonce la diminution du nombre de logements terminés et appelle à développer les HLM. Selon le député du Nord, il faudrait construire 450 000 à 500 000 logements par an pour faire face à la crise. Sur la question des aménagements fluviaux, il appelle à élaborer une politique française en matière de voies d’eau ainsi qu’une politique portuaire qui permettrait à la France de soutenir une concurrence de plus en plus vive en Europe. Il s’intéresse aussi en 1965 à la question des veuves de marins, un engagement qu’il prolonge au sein du conseil supérieur de l’établissement national des invalides de la marine, dont il devient membre en 1978.
En 1967, il intervient dans la discussion du projet de loi d’orientation foncière et urbaine qui fonde les nouvelles bases de la politique du logement en France et qui crée les schémas directeurs ainsi que les ZAC (Zone d’aménagement concerté). Le député du Nord ne se dit pas convaincu par un texte qui « ne va pas jusqu’au fond du sujet et jusqu’au bout des décisions à prendre pour réussir de façon aussi satisfaisante que possible une politique d’orientation foncière et urbaine ». Il émet trois grandes critiques : d’une part le risque de définir une politique foncière sans l’accord et la participation des collectivités locales concernées ; d’autre part, l’absence de mesure concrètes pour empêcher la spéculation foncière ; enfin, l’absence de garantie pour les collectivités et les organismes à caractère social quant aux ressources financières nécessaires. Il regrette que la réforme des principes d’aménagement ne s’accompagne pas des ressources nécessaires à sa réussite. L’idée de donner plus de pouvoir décisionnaire aux collectivités locales persiste dans l’esprit et les interventions du député socialiste ; il demande ainsi en 1968 la municipalisation des zones d’extension et de rénovation et regrette que les collectivités n’aient pas les moyens réglementaires et les ressources indispensables pour mener à bien leurs programmes de modernisation et de développement. En 1969, il dénonce le ralentissement très net du rythme de construction des logements et rappelle que le droit au logement existe, le comparant même à un droit au bonheur. Serviteur « inébranlable d’une cause sociale », il s’inquiète, dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1973, de l’insuffisance du nombre de logements sociaux. Cependant, il appelle à « un urbanisme à échelle humaine » et rappelle qu’il s’agit avant tout de « construire bien ». On voit ainsi le tournant qui s’opère dans l’esprit du député du Nord et du militant du logement social, qui s’éloigne progressivement du modèle des grands ensembles, qu’il réprouve à la fin de sa carrière. Il s’inscrit dans l’esprit de son temps alors que la circulaire Guichard, en 1973, critique le gigantisme des grands ensembles. Un an plus tard, Albert Denvers condamne un développement urbain anarchique et, en 1975, affirme que les collectivités locales restent impuissantes à maîtriser l’évolution des cités. Il faudrait, selon lui, que celles-ci puissent déterminer l’utilisation des sols dans leurs territoires, d’autant plus qu’elles financent l’urbanisation et les équipements publics. En 1979, il critique le tournant opéré dans les politiques du logement - depuis la loi du 3 janvier 1977 portant réforme de l'aide au logement, dite réforme Barre qui instaure des prêts d’accession à la propriété - de la diminution drastique de l’aide à la pierre au profit des aides plus individualisées. Il siège depuis 1977 au conseil national de l’aide personnalisée au logement et au conseil national de l’accession à la propriété (CNAP) créés par la loi.
Rapporteur spécial pour la marine marchande dans le cadre du projet de loi de finances pour 1979, il dénonce la faible participation de l’Etat au budget du commerce de la pêche et à la construction navale, deux secteurs en crise. Dans le domaine de la marine marchande, Albert Denvers tente de défendre un secteur de plus en plus touché par une crise, qui a des conséquences graves sur sa circonscription. En 1981, il félicite le gouvernement socialiste pour ses initiatives en faveur du logement, estimant que le budget est « annonciateur d’une politique nouvelle ». Albert Denvers soutient ainsi le projet de loi Quilliot (1982) qui donne aux locataires de larges droits et qui introduit dans son article premier un « droit fondamental à l’habitat ». Mais dès 1984, après le tournant de la rigueur, il critique un budget insuffisant pour le logement social. Il s’explique à cette occasion sur ses interventions systématiques dans le cadre de la discussion des crédits : « Le logement est un élément essentiel au cadre de vie, à l’équilibre de vie des hommes et plus encore quand il apparaît comme le dernier refuge de ceux qui sont menacés par les difficultés de la vie : les travailleurs privés d’emploi, les personnes âgées ou isolées, les handicapés à des titres divers. C’est pourquoi, année après année, nous attachons tous la plus grande importance à la discussion des crédits du logement ». Il s’inquiète ainsi de la rigueur budgétaire et de la baisse de toutes les dépenses publiques, tout en espérant que le gouvernement donnera aux offices HLM, « les moyens de fonctionner normalement et de remplir ainsi pleinement leur mission sociale en faveur de nos compatriotes qui ont tous le droit d’être logés et de l’être bien, pour leur bonheur et pour leur liberté ».
En 1992, le député du Nord se retire de la vie parlementaire après un dernier discours portant sur « le logement pour nous ». Il intronise Michel Delebarre comme son successeur. En 1995, Albert Denvers perd sa municipalité qui est emportée par un ancien adjoint, Léon Panier (exclu du PS en 1983) mais, en 2001, les socialistes reprennent la mairie, ce qui fut la dernière victoire symbolique pour Albert Denvers. En 2005, François Hollande, alors premier secrétaire du parti socialiste, et de nombreux élus socialistes sont venus fêter les cent ans de celui qui avait l’âge du parti socialiste. Albert Denvers a siégé treize ans au Conseil de la République et trente neuf ans à l’Assemblée nationale. Le député laisse une très forte empreinte sur l’histoire du logement social, au sein de l’Union nationale des fédérations d’organismes HLM dont il fut le président d’honneur jusqu’à sa mort, mais aussi de la Confédération française pour l’habitation et l’urbanisme qu’il préside de 1974 à 1980. Localement, il s’est révélé pionnier en créant en 1969 l’une des premières communautés urbaines de France, celle de Dunkerque qu’il préside jusqu’en 1995, laissant ensuite la place à Michel Delebarre. Il a exercé des mandats à tous les niveaux de l’appareil administratif français : maire de 1947 à 1965 et de 1977 à 1989, conseiller général en 1937, puis de 1945 à 1985, président de la communauté urbaine de Dunkerque de 1969 à 1965, président du comité de bassin Artois-Picardie, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais en 1973. Albert Denvers, passionné de basket-ball, a joué comme international de basket et a reçu la médaille d’or de la jeunesse et des sports. Il est d’ailleurs le créateur de plusieurs associations sportives de basket-ball dans le Nord et demeure président fondateur du Basket Club maritime. Membre de la Ligue des droits de l’homme et de la Ligue de l’enseignement, il fut un infatigable militant du logement social. De 1962 à 1996, enfin, il fonde et préside l’AFEJI (Association des Flandres pour l’éducation, la formation des jeunes et l’insertion sociale et professionnelle), une association qui lutte contre l’exclusion liée au handicap dans le département du Nord. Albert Denvers décède le 31 décembre 2006 à l’âge de 101 ans.