Pierre Desgranges

1898 - 1976

Informations générales
  • Né le 19 janvier 1898 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 1er avril 1976 à Roquebrune-cap-martin (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Loire
Groupe
Rassemblement du peuple français

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 13 janvier 1898 à Lyon (Rhône)
Décédé le 1er avril 1976 à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes)

Député de la Loire de 1951 à 1955

Pierre Desgranges s'engage volontairement, à 18 ans, le 28 octobre 1916 et participe aux combats de la Première Guerre mondiale. Il la termine avec le grade de sous-lieutenant au 113e régiment d'artillerie. Après la démobilisation, il entre comme ouvrier aux Aciéries et forges de Saint-François à Saint-Etienne. Il est rapidement promu aux fonctions d'ingénieur des fabrications en 1922, puis devient directeur technique dans la même usine en 1926. En 1939, Pierre Desgranges est de nouveau mobilisé comme capitaine au 405e régiment d'artillerie. Après l'armistice, il retourne à la vie civile mais ne cesse pas pour autant la résistance à l'occupant. Il est en effet le fondateur de l'Armée secrète dans la Loire. Le 3 février 1943, la Gestapo l'arrête avec onze de ses camarades alors qu'il essayait d'enlever un lot de mitraillettes dans une manufacture d'armes. Emprisonné dans des cellules au secret successivement au fort de Montluc, près de Lyon, puis à la prison de Fresnes, il y subit de durs interrogatoires fondés sur la torture. Déporté le 1er septembre suivant à Fossenbourg puis Eisenberg, en Allemagne, Pierre Desgranges est délivré le jour même de la capitulation de l'Allemagne, le 8 mai 1945. Revenu en France quelques semaines plus tard, invalide à 40 % en raison des mauvais traitements subis en captivité, Pierre Desgranges est médaillé de la Résistance. Il s'établit comme industriel à Andrezieux en 1946. Profondément gaulliste, il adhère au R.P.F. dès sa fondation et emporte la mairie d'Andrezieux sous la bannière du parti du chef de la France libre aux élections municipales de 1947. C'est donc tout naturellement que son parti le place en deuxième position, derrière Jean Nocher, sur la liste R.P.F. de la Loire pour les élections législatives du 17 juin 1951. Les rapports de force électoraux, au terme du scrutin, sont relativement équilibrés entre les listes en compétition si bien que les sièges sont répartis à la proportionnelle. Les gaullistes, avec 66 324 voix (22,7 %) en moyenne, arrivent en troisième position derrière une liste commune M.R.P.-Indépendants-U.D.S.R. (31,2 %) et la liste communiste (27,9 %). En conséquence, les deux premiers de la liste, Jean Nocher et Pierre Desgranges peuvent aller siéger au Palais Bourbon.

Dans la nouvelle Assemblée, le député de la Loire devient secrétaire de la Commission de la production industrielle dans laquelle il siège pendant toute la législature. Il est également membre de la Commission du travail et de la Sécurité sociale en 1954-1955. Ses propositions de loi ou de résolution, au nombre de six, portent soit sur des questions industrielles et commerciales, soit sur le règlement de la situation des anciens combattants ou anciens résistants. A ce sujet par exemple, il propose l'attribution d'un pécule de 400 francs par mois de captivité pour les anciens prisonniers de la guerre de 1914-1918, demande un contingent spécial de Légions d'honneur et de médailles militaires destinées à récompenser les services des déportés résistants et veut qu'on accorde le maximum de retraite des anciens combattants aux combattants volontaires des deux guerres, quel que soit leur âge. En matière économique, il invite le gouvernement à faciliter l'importation de filés de cotons par l'abolition de droits de douane sur ces produits, en 1951.

La crise textile motive sa principale intervention dans les débats, le 1er juillet 1952. Après une analyse détaillée des causes économiques de la crise (coûts supérieurs à ceux de l'étranger, politique déflationniste du gouvernement défavorable à la consommation), il préconise une aide à l'exportation consentie par l'Etat à cette industrie, très importante dans son département et qui n'est pas la seule à souffrir. Il lance pour finir un avertissement au gouvernement devant la paralysie de l'activité économique qui contraste avec la conjoncture des autres pays européens. Sa dernière intervention, le 25 octobre 1955, est fondée sur un témoignage personnel. Il y évoque en termes émouvants, à partir de son expérience douloureuse de la guerre, les souffrances des déportés en Allemagne. Il plaide pour qu'on réserve à ceux-ci le titre de déporté, « parce qu'il symbolise vraiment le martyr » sans l'étendre aux travailleurs du S.T.O. auxquels il témoigne néanmoins toute sa sympathie.

Au renouvellement du 2 janvier 1956, Pierre Desgranges conduit la liste des républicains sociaux, nouveau nom de ce qui subsiste du R.P.F. Le score électoral de la liste est très décevant puisqu'elle recueille en moyenne moins de 6000 voix. Pierre Desgranges, grâce à son enracinement local, attire sur son nom, à titre personnel, 7 339 suffrages. La liste ne compte donc aucun élu. Ainsi s'achève la carrière parlementaire de Pierre Desgranges.