Alexandre Dethou
1819 - 1896
Député depuis 1876, né à Bléneau (Yonne) le 18 avril 1819, riche propriétaire à Bléneau, il fut nommé conseiller d'arrondissement en 1845, maire de Bléneau en 1848, révoqué en 1850, et, compromis dans les résistances qui se manifestèrent dans l'Yonne et dans la Nièvre contre le coup d'Etat de décembre 1851, il fut proscrit après cet événement.
Il parcourut la Belgique, l'Espagne, l'Italie et la Suisse, obtint deux fois de rentrer provisoirement en France, et rentra définitivement à l'amnistie de 1859.
Pendant la guerre de 1870, il fut élu colonel de la 5e légion de l'Yonne. Candidat aux élections du 8 février 1871 à l'Assemblée nationale, il n'obtint que 12 521 voix sur 61 853 votants, et ne fut pas élu.
Conseiller général du canton de Saint-Fargeau, il fut élu, le 20 février 1876, député de l'arrondissement de Joigny, par 14 508 voix sur 21 996 votants et 28 408 inscrits, contre 7 012 voix à M. le baron de Brincard, conservateur. Il siégea à la gauche républicaine, combattit le ministère de Broglie, et fut des 363.
Réélu, comme tel, le 14 octobre 1877, par 17 039 voix sur 23 520 votants et 28 801 inscrits contre 6 270 voix à M. Bénard, conservateur, il reprit sa place à la gauche républicaine, mais vota souvent avec la gauche radicale. Il se prononça pour les lois Ferry sur l'enseignement, pour l'application de l'art. 7 aux congrégations non autorisées, pour les crédits du Tonkin, etc.
Porté sur la liste radicale de l'Yonne aux élections générales de 1885, il fut élu au 2e tour (18 octobre), par 53 427 voix sur 86 690 votants et 109 551 inscrits, vota l'expulsion des princes, et soutint les ministères républicains au pouvoir. M. Dethou, qui n'est pas orateur, ne s'est fait remarquer à la Chambre que par des interruptions d'une vivacité qui n'a rien de parlementaire. Il a fait partie de plusieurs commissions, de l'instruction primaire, des chemins de fer, de la réforme de l'impôt, et est l'auteur d'un projet de crédit agricole. À la fin de la législature, il s'est prononcé :
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 18 avril 1819 à Bléneau (Yonne), mort le 20 juin 1896 à Bléneau.
Député de l'Yonne de 1876 à 1892. Sénateur de l'Yonne de 1892 à 1896.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 374.)
Aux élections générales législatives de 1889, il se représenta, dans l'arrondissement de Joigny, comme candidat républicain radical en rappelant à ses électeurs qu'il avait toujours « tenu haut et ferme le drapeau de la République et de la démocratie » et en se reconnaissant anticlérical, antimonarchiste, antibonapartiste, antianarchiste et antiboulangiste. C'est d'ailleurs d'un candidat bonapartiste, M. Lecomte, qui obtint 6 493 voix, qu'il triompha le 6 octobre, au second tour de scrutin, en rassemblant lui-même 11 866 suffrages, sur 18 660 votants.
Il ne passera plus que deux ans et demi environ à la Chambre où il appartint à de nombreuses Commissions, dont celle relative au traitement et au classement du personnel de l'Enseignement primaire, en 1891, continuant ainsi son action en faveur de l'instruction.
Lorsqu'il s'agit de remplacer M. Oscar de Vallée, sénateur inamovible, décédé le 18 janvier 1892, il brigua cette succession et triompha facilement, le 10 avril suivant, avec 658 voix sur 889 votants ; il fut proclamé sénateur à la séance de reprise du Sénat du 20 mai 1893 et donna, le lendemain, sa démission de député.
À la Haute Assemblée, où il ne devait siéger que quatre années, il se fit le défenseur de ses concitoyens en déposant près d'une quarantaine de pétitions, d'intérêt strictement local, ayant le plus souvent trait à l'agriculture et à l'instruction publique. Il intervint en 1893, sans succès mais non sans pertinence, pour soutenir, dans la discussion d'une proposition de loi sur les sociétés civiles, un amendement déposé par un de ses collègues, tendant à permettre l'émission d'actions ou de coupures d'actions à un prix accessible aux petits épargnants : il eut beau préciser les difficultés qu'il avait rencontrées dans ce sens en créant une boulangerie coopérative au capital de 3.000 F, une école supérieure et professionnelle de filles au capital de 7.000 F et une école similaire de garçons au capital de 5.000 F à Bléneau et aux environs, il ne parvint point à entraîner l'adhésion du Sénat. Il disait lui-même n'être pas orateur, aussi préféra-t-il consacrer son activité aux Commissions.
Il mourut à Bléneau, le 20 juin 1896, à l'âge de 71 ans. Lors de la séance du 22 juin 1896, le président Loubet put célébrer « sa fidélité aux opinions de toute sa vie » qui étaient « les opinions républicaines » et dire avec raison de lui qu'il avait « consacré son existence à la diffusion de l'instruction et particulièrement de l'enseignement primaire et professionnel dans son pays ».