Jules, Paul Develle
1845 - 1919
Député depuis 1877 et ministre, né à Bar-le-Duc (Meuse) le 12 août 1845, il fit ses études à Bar-le-Duc, fut inscrit au barreau de Paris en 1845, devint secrétaire de M. J. Grévy, et, secrétaire de la conférence des avocats en 1869, prononça, comme discours d'usage, l'éloge de Berryer.
Nommé sous-préfet de Louviers en 1872, et préfet de l'Aube en 1876, il fut révoqué (mai 1877) par le gouvernement du Seize-Mai, et, après la dissolution de la Chambre obtenue par le cabinet de Broglie-Fourtou, se présenta comme candidat républicain dans l'arrondissement de Louviers, aux élections législatives du 14 octobre 1877. Il fut élu par 8,250 voix sur 16,333 votants et 18,992 inscrits, contre 7,893 à M. Raoul Duval, député bonapartiste sortant. Il siégea à la gauche républicaine, entra comme sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur le 13 février 1879, et en sortit le 4 mars suivant, à la chute du cabinet.
Réélu député, le 21 août 1881, par 8,791 voix sur 16,202 votants et 18,855 inscrits contre 7,307 voix à M. Raoul Duval, il fut nommé une seconde fois sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans le cabinet Freycinet (31 janvier 1882), et prit plusieurs fois la parole à la Chambre en cette qualité, notamment (janvier 1883) dans la discussion du projet de M. Joseph Fabre (V. ce nom), relatif à l'interdiction de toute fonction élective ou autre aux membres des familles ayant régné sur la France, et dans la discussion (février 1885) du projet de décentralisation déposé en 1882 par M. Goblet, alors ministre de l'Intérieur. La chute du cabinet dont il faisait partie lui fit perdre ces fonctions quelques jours après (21 février).
En février 1885, il défendit les principes protectionnistes lors de la discussion relative à l'élévation des droits d'entrée sur les bestiaux et sur les céréales, et, en mars, comme président de l'Union démocratique, demanda à M. Jules Ferry de donner sa démission avant de consulter la Chambre, lors de l'affaire de Lang-Son. A cette occasion, M. Delafosse (V. ce nom), avait déposé une demande de mise en accusation du ministère, demande qui ne fut discutée qu'en juin suivant; M. Develle conjura à ce moment la majorité de ne pas prendre la demande en considération, et les conclusions conformes du rapport de M. Gomot furent votées par 305 voix contre 141.
Lors des élections au scrutin de liste du 4 octobre 1885, M. Develle se fit porter sur la liste républicaine dans l'Eure et dans la Meuse, son département d'origine. En ballottage au premier tour, il opta pour la Meuse avant le second tour, et y fut élu, le 3e sur 5, par 37,970 voix sur 70,523 votants et 83,103 inscrits.
Le 7 janvier 1886, il accepta dans le 3e cabinet Freycinet, le portefeuille de l'Agriculture; il intervint (juillet 1886), sur la question d'opportunité, non sur la question de principe, dans la tentative des protectionnistes pour provoquer un nouveau relèvement des taxes déjà établies en 1885, et obtint l'ajournement de la discussion. Il conserva son portefeuille à l'avènement du cabinet Goblet (11 décembre 1886), et, lors de la nouvelle discussion des surtaxes (17 février-14 mars 1887), fut autorisé à exposer à la tribune son avis individuel (protectionniste), le gouvernement déclarant ne point professer d'opinion sur la matière. Le relèvement de 5 fr. fut voté par 312 voix contre 233.
M. Develle quitta le ministère le 29 mai suivant, à l'entrée aux affaires du cabinet Rouvier. Il fit partie de plusieurs commissions, présida celle des douanes, fut nommé vice-président de la Chambre et prit la parole dans la plupart des discussions touchant à notre régime économique. A l'ouverture de la dernière session, il fut réélu vice-président de la Chambre (8 janvier 1889). Il s'est prononcé en dernier lieu pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement, pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, pour le projet de loi Lisbonne, restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 12 avril 1845 à Bar-le-Duc (Meuse), mort le 30 octobre 1919 à Paris.
Député de l'Eure de 1877 à 1885.
Député de la Meuse de 1885 à 1898. Sénateur de la Meuse de 1910 à 1919.
Sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur de janvier 1882 à février 1883.
Ministre de l'Agriculture de janvier 1886 à mai 1887 et de mars 1890 à janvier 1893.
Ministre des Affaires étrangères de janvier à novembre 1893. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 378.)
Aux élections générales législatives des 22 septembre et 6 octobre 1889, Jules, Paul Develle fut réélu député de la Meuse au deuxième tour de scrutin par 10.310 voix sur 17.597 votants, contre 7.286 à M. Madelin. Le 20 août 1893, il fut à nouveau réélu par 13.691 voix sur 13.721 votants.
D'abord nommé vice-président provisoire de la Chambre des Députés, Jules, Paul Develle fut élu vice-président définitif le 17 novembre 1890. Il fut appelé de nouveau au Ministère de l'Agriculture dans le cabinet formé par M. de Frayssinet le 17 mars 1890 ; démissionnaire avec tout le Ministère au cours de la crise du 18 février 1892, il reprit le même portefeuille le 28 du même mois dans le cabinet Loubet. Outre sa participation à l'établissement des tarifs de douane inspirés de l'esprit protectionniste en faveur de l'agriculture, il s'occupa spécialement de la préparation d'un projet de loi concernant les syndicats agricoles.
Il fut ensuite appelé au Ministère des Affaires étrangères dans le cabinet Ribot, le 11 janvier 1893, puis dans le cabinet Charles Dupuy, le 4 avril 1893. Il démissionna le 25 novembre 1893 et participa de nouveau activement à la vie de la Chambre des Députés. Il fut élu membre de la Commission chargée de l'examen des projets et propositions de loi concernant le tarif général des douanes, de la Commission de l'armée et de diverses Commissions.
En 1898, il déposa une proposition de loi tendant à ouvrir au Ministère de l'Intérieur un crédit extraordinaire de 20.000 francs destiné à venir en aide aux victimes d'un cyclone dans le département de la Meuse. En 1896, il prit une part active à l'interpellation de M. Deloncle sur la déclaration de Londres du 15 janvier 1896 ; la même année, il déposa un ordre du jour, avec M. Francis Charmes, à propos d'une interpellation sur les événements d'Arménie.
Aux élections générales législatives des 8 et 22 mai 1898, Jules, Paul, Develle fut battu au deuxième tour de scrutin par M. Ferrette ; il recueillit 6.330 voix sur 17.314 votants, son adversaire en obtenant 8.051. De 1898 à 1910, il fut conseiller à la Cour d'appel de Paris.
C'est le 27 février 1910, au premier tour de scrutin des élections sénatoriales, qu'il fut élu sénateur de la Meuse, en remplacement de son frère Edmond, par 468 voix, contre 323 à Grosdidier, sur 798 suffrages exprimés. Tout au long de son mandat, Jules, Paul Develle se fit remarquer par son activité au sein des grandes Commissions du Sénat. Il déposa de nombreux rapports, en particulier sur les associations syndicales autorisées (1911), sur les primes et encouragements à la culture de l'olivier (1911), l'enseignement départemental et commercial de l'agriculture (1911) , le développement du crédit agricole à long terme (1912), le Code forestier et les eaux-et-forêts (1913), l'ouverture d'un crédit pour combattre l'invasion des campagnols (1913 et 1914), l'encouragement à la culture du lin et du chanvre (1916), la mise en culture des terres abandonnées (1916), le remembrement de la propriété rurale (1917), la création d'un office central des produits chimiques agricoles (1918), la mise en culture des terres abandonnées (1918) et les facilités de crédit particulières aux agriculteurs des départements victimes de l'invasion.
D'abord membre de l'Académie d'agriculture, il en fut ensuite le président ; il fut également nommé contrôleur général de la main-d'œuvre agricole civile et militaire le 14 février 1917. Jules, Paul Develle mourut à Paris, en cours de mandat, le 30 octobre 1919, à 74 ans, et le 8 décembre 1919, Antonin Dubost, président du Sénat, prononça à la tribune son éloge funèbre dans les termes suivants - « La personnalité morale de Develle était une des plus séduisantes qui se pût rencontrer. Il était doué d'une intelligence si spontanée qu'il semblait n'avoir rien besoin de demander au travail, ce qui ne veut pas dire qu'il ne travaillait pas. mais seulement que son travail était si facile, si aisé, que l'effort n'en était pas apparent. Ouvert à toutes les questions, les plus générales comme les plus techniques, il les posait avec une facilité qui les rendait aussi compréhensibles pour ses auditeurs que pour lui-même. »
En 1870, Jules, Paul Develle avait publié L'Eloge de Berryer.