Gilbert Devèze

1921 - 2010

Informations générales
  • Né le 21 juin 1921 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 8 avril 2010 à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Aisne
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1971 au 1er octobre 1980

Biographies

Biographie de la Ve République

DEVÈZE (Gilbert)
Né le 21 juin 1921 à Lyon (Rhône)
Décédé le 13 avril 2010 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)

Député de l’Aisne de 1958 à 1962

Né le 21 juin 1921 à Lyon, Gilbert Devèze est le fils de l’industriel Jean Devèze. Un de ses grands-pères, Auguste Isaac Devèze, était député du Rhône et ministre du Commerce dans le cabinet Millerand en 1920-1921. Après des études secondaires au collège Saint-Jean à Fribourg, en Suisse, Gilbert Devèze s’oriente vers l’agriculture et entre à l’école d’agriculture de Sandar à Limonest dans l’arrondissement de Lyon. En septembre 1939, la mobilisation interrompt sa scolarité. Fait prisonnier à l’issue de la campagne de France, il rejoint après sa libération un réseau de résistance polonais dans le département de l’Aisne. Il parvient à quitter le territoire national et s’engage dans les Forces françaises libres au sein desquelles il participe aux campagnes de Libye puis d’Italie. Ses brillants états de service pendant la Seconde Guerre mondiale lui valent la Légion d’honneur, la Croix de Guerre 1939-1940 comme chevalier, cité à l’ordre du régiment, la Croix de Guerre 1940-1945, avec plusieurs citations à l’ordre de l’Armée et de sa division, la Croix du Combattant volontaire, la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, la Médaille de la Résistance, la Médaille des FFL, la Médaille des Forces interalliées, la Médaille des Internés résistants ainsi que la Croix de vaillance de l’Armée polonaise libre.

Installé définitivement dans l’Aisne après-guerre comme agriculteur et exploitant-forestier d’une scierie à Coucy-lès-Eppes à partir de 1948, Gilbert Devèze entre en politique aux municipales de 1947 en étant élu maire du village de Bièvres près de Laon et il conservera ce mandat jusqu’en 1977. Proche du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), il fait partie de cette droite conservatrice qui domine l’Aisne rurale sous la IVème République, tandis que les villes du département sont plutôt de sensibilité gaulliste. Il devient en 1954 gérant des sociétés de produits chimiques pour l’automobile Holt-Products et Romac-Industries et en sera le président-directeur-général à partir de 1970. En novembre 1958, Gilbert Devèze, est candidat « indépendant d’union » aux législatives dans la première circonscription de l’Aisne, qui comprend les cantons de Laon, Braine, Craonne, Marle, Neufchâtel-sur-Aisne, Rozoy-sur-Serre, Sissonne et Vailly-sur-Aisne. Son suppléant est le garagiste Pierre Gourmain, conseiller général. Au premier tour, Gilbert Devèze recueille 13 210 voix sur les 42 025 suffrages exprimés. Arrivé en tête, il affronte au second tour le député sortant, le maire socialiste de Laon Marcel Levindrey. Ce dernier, en dépit d’un bon report des voix communistes, s’incline au second tour face à Gilbert Devèze qui a profité, de son côté, du renfort des 9 993 voix du candidat gaulliste, le chef d’escadron en retraite Georges Durand. Avec 24 659 voix contre 15 111 à son adversaire, le maire de Bièvres est élu député le 30 novembre 1958.

À l’Assemblée nationale, Gilbert Devèze rejoint le groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) et siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est également sénateur de la Communauté à partir de juillet 1959. Au Palais-Bourbon, Gilbert Devèze dépose deux propositions de loi. La première en juin 1960 tend à la suppression des abattements de zone en ce qui concerne la détermination du montant des prestations familiales. La seconde, en octobre 1961, est relative à la modification de l’article 46 de la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Ses interventions sont assez variées, ayant trait aussi bien à l’agriculture, qu’à l’outre-mer guyanais, l’aviation civile ou à la situation algérienne. En juin 1959, il prend part à la discussion d’un projet de loi de programme relatif à l’équipement agricole s’exprimant sur la réforme de l’école rurale, le problème des débouchés intérieurs et extérieurs de l’agriculture, les filières de l’agro-industrie et l’aménagement des grandes régions agricoles. En juillet 1960, lors de l’examen du projet de loi relatif aux assurances sociales agricoles, il dépose un amendement visant à exclure du champ d’application de la loi les exploitants déjà assujettis à un régime d’assurance maladie obligatoire. Secrétaire général du groupe d’étude de l’aviation civile de 1958 à 1962, il se passionne pour les questions relatives au transport aérien. Dans la discussion des projets de loi de finances pour 1961 et 1962, il présente ainsi des observations sur la réforme souhaitable du statut des fonctionnaires de la navigation aérienne et sur la rigueur excessive, à ses yeux, des conditions imposées aux aéro-clubs. Intéressé par les problèmes de la Guyane à une époque où ce DOM est encore délaissé, il évoque dans la discussion des crédits des départements d’outre-mer les entraves empêchant le démarrage économique d’un territoire sous-développé : mauvaise administration, insuffisance des infrastructures de transport routier, fluvial et aérien, utilisation inefficace des crédits du FIDOM, nécessité de doter la Guyane d’une monnaie à parité avec les pays qui l’entourent. Opposé à toute évolution de l’Algérie vers l’autodétermination, Gilbert Devèze rejette la politique du général de Gaulle à partir de l’automne 1959. Il vote ainsi contre le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’État, à la pacification et à l’administration de l’Algérie le 2 février 1960. Le 5 juin 1962, il prend part au débat sur la motion de censure relative aux affaires algériennes et évoque l’organisation du FLN en métropole. Il vote la motion de censure du 4 octobre 1962 qui est adoptée par 280 voix.

Aux élections législatives de novembre 1962 consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 octobre, il n’obtient au premier tour, sous l’étiquette Indépendant, que 7 861 voix, derrière Guy Sabatier, qui l’emporte au second tour dans la vague gaulliste et Marcel Levindrey, ancien député et maire de Laon, SFIO. Resté simplement maire de Bièvres, Gilbert Devèze relance sa carrière politique en 1967, en se faisant élire conseiller général du canton de Craonne. En 1970, il prend la vice-présidence de l’assemblée départementale. Toutefois, aux élections législatives de juin 1968, cette fois comme candidat Progrès et démocratie moderne (PDM), il est distancé, avec 7 513 voix, par William Philippot, Parti communiste, 9 429 voix, et par Guy Sabatier, maire de Laon, Union pour la défense de la République (UDR), 20 609 voix, qui l’emporte au second tour. Mais il améliore son ancrage local en entrant au conseil régional de Picardie en novembre 1973. Bien implanté dans son département, Gilbert Devèze s’appuie sur divers relais associatifs touchant au monde des anciens Résistants – il est président d’honneur de l’Association des combattants volontaires de l’Aisne – et des amicales militaires – il est un des fondateurs de la Fédération nationale des parachutistes de France, au bureau de laquelle il siège longtemps –. Passionné par le monde de l’aviation, il préside aussi l’Aéro-Club de Laon, est membre d’honneur de l’Aéro-club de France, assure la présidence d’honneur du Para-club de l’Aisne. C’est enfin une figure du Rotary-Club de Laon. Ancien héros de la Résistance picarde, ancien député, ce notable installé, maire et vice-président du conseil général, est élu sénateur de l’Aisne en septembre 1971. Au Palais du Luxembourg, il est inscrit au groupe des républicains indépendants d’action sociale et siège à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Le nouveau sénateur intervient, en 1973, dans la discussion du projet de loi modifiant le code du travail à propos de la résiliation du contrat de travail à durée indéterminée. Il déplore la même année la limitation de la vitesse, qu’il juge excessive, dans le cadre de la nouvelle réglementation routière destinée à faire baisser le nombre d’accidents mortels. En 1977, il rapporte un projet de loi sur la coopération entre la France et le Tchad.

Gilbert Devèze vote pour le projet de loi portant création et organisation des régions, pour le projet de loi d’orientation du commerce et de l’artisanat, pour le projet de loi fixant à 18 ans l’âge de la majorité, et pour le projet de loi portant réforme du divorce. Il vote en revanche contre le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse.

Membre du groupe d’études sénatoriales pour l’aménagement rural, Gilbert Devèze siège au conseil général de l’Aisne. Il est réélu au premier tour dans le canton de Craonne aux cantonales du 23 septembre 1973 et prend la vice-présidence de l’assemblée départementale. Comme sénateur, il siège également au conseil régional de Picardie. En 1973-1974, président du syndicat mixte du plan d’eau des vallées de l’Ailette et de la Bièvres, il tente de transformer le plan d’eau de l’Ailette en un espace touristique à même de favoriser l’essor économique de l’Aisne en complémentarité avec d’autres équipements (voies navigables Seine-Est et Seine-Nord, autoroutes A4, A26 et A31, aérodromes).

Soutien de Valéry Giscard d’Estaing dans l’Aisne à l’élection présidentielle de 1974, le sénateur se radicalise progressivement durant la deuxième moitié des années 1970. De plus en plus sensible aux questions du contrôle de l’immigration, en 1979, il intervient ainsi au Sénat lors de la discussion du projet de loi portant modification de l’ordonnance du 2 novembre 1945 relative aux conditions d’entrée et de séjour en France des étrangers. Le maire de Bièvres déplore avec énergie l’inopportunité d’une politique d’incitation à l’installation de familles immigrées (le regroupement familial) dans un contexte de croissance du chômage. Il fréquente à partir de 1979 les meetings de Jean-Marie Le Pen. C’est alors le seul parlementaire à assister aux réunions d’un leader encore peu connu des Français. Cet engagement contribue à sa marginalisation politique dans son département. Battu aux cantonales de 1979, il n’est pas réélu lors du renouvellement sénatorial du 28 septembre 1980.

Très attaché aux valeurs d’ordre, profondément opposé au pouvoir socialiste, Gilbert Devèze adhère au Front national (FN) en 1982. Membre du comité central, il anime la fédération de l’Aisne du parti. Jean-Marie Le Pen le charge d’attirer au FN les anciens combattants et lui confie la vice-présidence du Cercle national des combattants. Candidat FN aux élections européennes de juin 1984, il siège à Strasbourg à partir d’avril 1986 après avoir remplacé Dominique Chaboche, démissionnaire du Parlement européen après avoir été élu député de la Seine-Maritime. Membre du groupe des Droites européennes, Gilbert Devèze prend la vice-présidence de la commission de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation. En septembre 1989, il échoue aux sénatoriales comme candidat du FN. Mais les relations entre le député européen et les instances nationales du FN se dégradent rapidement. En novembre 1991, lors d’une élection cantonale partielle dans l’Aisne (canton de Wassigny), Gilbert Devèze soutient le candidat UDF Antoine Pagny et non le candidat du FN, Jacques Parbeau. Cette décision lui vaut d’être convoqué par le secrétaire général du FN, Carl Lang, devant la commission de discipline du Front national. Exclu du parti, l’ancien député affirme « se mettre en réserve » du Front national mais indique aux médias qu’il continue d’appuyer le FN, « tout en menant sa route ».

Gilbert Devèze décède le 8 avril 2010. En plus de la Légion d’honneur et des décorations militaires dont il était titulaire, il était également chevalier du Mérite agricole et avait reçu la médaille d’honneur départementale et communale.