Marius Devèze
1863 - 1940
- Informations générales
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- Né le 21 mai 1863 à Alès (Gard - France)
- Décédé le 29 juillet 1940 à Saint-hilaire-de-brethmas (Gard - France)
1863 - 1940
Né à Alais (Gard) le 21 mai 1863, mort à Saint - Hilaire - de - Brethmas (Gard) le 29 juillet 1940.
Député du Gard de 1898 à 1914.
Marius Devèze naquit à Alais le 21 mai 1863, dans un milieu ouvrier très pauvre. Après ses études secondaires commencées au Petit séminaire de Beaucaire et coupées par un engagement de cinq ans au 122e régiment d'infanterie, il passa seul son baccalauréat et s'inscrivit à la Faculté des lettres de Montpellier, où il obtint sa licence ès-lettres, mention philosophie. Attiré tout jeune par les idées de Jules Guesde, il fit partie du groupe guesdiste de Montpellier, fonda l'association des étudiants socialistes, créa même plusieurs comités socialistes internationaux et organisa, avec le futur député Bénézech, la Bourse du travail et le groupe des ouvriers socialistes dont il dirigea le journal Le Quatrième Etat. Il collabora au Petit Méridional à titre littéraire, mais le soin qu'il mettait à affirmer hautement ses idées socialistes l'obligea, en 1894, à quitter Montpellier pour Marseille, où il donna des leçons comme professeur libre, et où il fut chargé, par la municipalité, de cours publics de sociologie. Militant toujours actif, il faisait battre, dès le premier tour, aux élections municipales du 6 mai 1900, le maire sortant d'Alais, M. de Ramel, député de droite de la deuxième circonscription de cet arrondissement, en présentant une liste de concentration socialiste et radicale-socialiste, qui fut aussi victorieuse des deux autres listes républicaines.
La vie politique le tenta de bonne heure et il se présenta, à 30 ans, dans la première circonscription d'Alais, sous l'étiquette guesdiste, aux élections générales législatives du 20 avril 1893, contre M. Desmons, pasteur de l'Eglise réformée, qui fut élu par 7.317 voix sur 11.080 votants, en rassemblant lui-même cependant 3.078. Le pasteur Desmons ayant brigué et obtenu un siège au Sénat lors du renouvellement de la Haute Assemblée le 7 janvier 1894, une élection partielle eut lieu le 18 février suivant pour le remplacer ; Marius Devèze s'y présenta mais, sur 13.471 votants, ne put réunir, au second tour, que 3.598 suffrages ; M. Malzac, ancien notaire, ancien maire d'Alais, fut élu avec 4.917 voix, l'ancien député radical-socialiste Gaussorgues en ayant totalisé 4.980, soit 27 de moins seulement. Aux élections générales des 8 et 22 mai 1898, s'étant séparé du parti guesdiste, il se présenta alors sous l'étiquette de l'union socialiste. Au premier tour de scrutin, il arriva en seconde position, derrière l'ancien député Gaussorgues, mais avec plus de 1.000 voix d'avance sur le député sortant, Malzac, et sur le docteur Delon, candidat socialiste collectiviste ; il l'emporta au deuxième tour, le 22 mai, avec 8.273 suffrages sur 14.481 votants, contre 6.052 voix à M. Gaussorgues. Lors des élections générales du 27 avril 1902, il fut réélu au premier tour de scrutin avec une confortable avance, par 8.205 voix sur 14.787 votants et 4.463 au conseiller général Darbousse. Quatre ans plus tard, au premier tour de scrutin, le 6 mai 1906, il arrivait largement en tête avec 3.000 voix d'avance sur son concurrent et l'emportait, au deuxième tour, le 20 mai, par 10.387 voix sur 15.746 votants, 5.102 suffrages s'étant portés sur le nom de Maingard, resté seul en lice contre lui. Par contre, lors du renouvellement de la Chambre en 1910, son élection devait se révéler beaucoup plus laborieuse, préfigurant presque sa défaite de 1914. C'est qu'en effet Marius Devèze, qui s'était rallié à l'Unité socialiste après sa constitution au congrès du Globe en 1905, en était sorti, s'estimant en désaccord avec certains points de la doctrine telle qu'elle avait été définie à Paris. Aussi, se vit-il opposer, le 24 avril 1910 un socialiste demeuré, lui. dans l'Unité qui, s'il avait échoué quatre ans plus tôt à la députation à Béziers, allait devenir l'un des représentants les plus éminents de l'extrême-gauche française, le fondateur même du Parti communiste, Marcel Cachin. Au deuxième tour de scrutin, le 8 mai, malgré une avance au premier tour de 1.500 voix sur le docteur Mourier, radical-socialiste, et de 3.0OO voix sur M. Cachin, c'est ce dernier qui était proclamé élu par le sous-préfet d'Alais, avec 6.944 suffrages, contre 6.929 à Marius Devèze, sur 15.406 votants ; mais la Commission de recensement ayant rectifié, après contrôle, la situation était renversée et Marius Devèze devenait l'élu de la première circonscription d'Alais avec 6.952 voix contre 6.947, soit 5 de moins à Marcel Cachin, qui contesta les résultats. Bien qu'à la Chambre, le rapporteur Albert Dalimier ait conclu, après enquête et vérifications, au renvoi devant le suffrage universel pour égalité de voix et que la quatrième Commission se soit prononcée pour l'invalidation, l'Assemblée passa outre, le 25 novembre 1910, après une discussion orageuse et valida l'élection de Marius Devèze. Cette laborieuse désignation, obtenue de justesse, semblait annoncer la désaffection des électeurs d'Alais pour celui qui, depuis douze ans déjà, avait été leur défenseur acharné. En 1914. en effet, il ne sera pas réélu, bien qu'arrivé en tête au premier tour le 26 avril, mais avec une trop courte avance de 800 voix seulement ; au second tour de scrutin, le 10 mai, il a tout juste gagné 470 suffrages, n'en totalisant que 5.223 sur 15.625 votants, alors que par le jeu des désistements, et malgré la candidature de dernière heure du modéré de Seynes (3.785 voix), le docteur Mourier, conseiller général radical-socialiste de Vezenobres, l'emporte avec 6.377 voix. Cette fois-ci, après le demi-échec de 1910, la vie publique est finie pour Marius Devèze.
En 1898, il s'était présenté comme « candidat ouvrier et de l'union socialiste » décidé à ramener la constitution au principe démocratique en supprimant le Sénat, en exigeant le mandat impératif strict pour les élus et en s'en rapportant au référendum pour le règlement des questions principales. Il se montrait partisan de l'abolition des armées permanentes et préconisait la socialisation » des grandes compagnies (chemins de fer, compagnies maritimes, minières), la création d'une retraite de 600 F pour les travailleurs, le repos hebdomadaire, la journée de huit heures, une sorte de salaire minimum interprofessionnel garanti avant la lettre et une véritable législation sur les accidents du travail. Mais, surtout, il se voulait le défenseur et le protecteur des ouvriers, petits employés, viticulteurs et sériciculteurs.
Fidèle à son programme, Marius Devèze axera, en effet, toute son activité à la Chambre, où il siège avec les républicains socialistes, sur l'amélioration de la condition ouvrière, en général et des sériciculteurs de sa région, en particulier. Dans les grandes affaires qui marquèrent la vie politique française à l'extrême fin du XIXe siècle et à l'aube du xxe, il prendra le parti de l'accusé dans l'affaire Dreyfus, contresignant, le 5 juin 1899, une proposition de résolution de René Viviani tendant à créer une Commission de trente-trois membres, chargée d'examiner s'il y avait lieu de mettre en accusation le Général Mercier, ancien ministre de la guerre, et votant l'affichage de l'arrêt de la Cour de cassation renvoyant le dossier de l'affaire Dreyfus devant le Conseil de guerre de Rennes ; une semaine plus tard, le 12 juin, il contribuait par son vote à renverser le Cabinet Dupuy. Lors de l'affaire de la séparation des Eglises et de l'Etat, ses convictions politiques ne pouvaient que l'amener à voter ce projet le 3 juillet 1905, ainsi que l'affichage du discours de Briand.
Secrétaire du groupe parlementaire socialiste, Marius Devèze siégea durant seize années consécutives à la Chambre : il en fut le secrétaire du 6 juin 1902 au 9 janvier 1905, et appartint à diverses Commissions, dont celle d'enquête sur les mines, celle de l'enseignement et des beaux-arts pendant les 8e et 10e législatures, celle d'études pour la reconstruction de la salle des séances en 1904, celle des mines et celle des travaux publics et des chemins de fer, au titre de laquelle d'ailleurs il rapporta, de 1907 à 1909, six projets de loi d'intérêt local concernant la construction de lignes de chemins de fer à voie étroite ; il fit partie aussi des bureaux chargés des rapports sur les élections et. à ce titre, rapporta celle de Jaurès, le 27 avril 1902, dans la deuxième circonscription d'Albi.
Il ne s'occupa, cependant, à peu près exclusivement que de questions sociales ou séricicoles. Lorsqu'il participa à la discussion des divers budgets, ce qu'il fit chaque année de 1899 à 1914, à cinq exceptions près, il le fit à propos des retraites ouvrières (1901, 1902) et toujours de la sériciculture et de la filature de la soie, à l'amélioration desquelles il donna tous ses soins. C'est dans cet esprit qu'il déposa et renouvela, au cours de plusieurs législatures, une même proposition de loi tendant à modifier la loi du 2 avril 1898 prorogeant la loi du 13 janvier 1892 relative aux encouragements à la sériciculture et à la filature de la soie ; il lui fallut attendre 1909 pour que cette proposition aboutisse en partie, amalgamée au projet gouvernemental sur les encouragements spéciaux à la sériciculture et à la filature, établis pour quinze ans, jusqu'au 31 mai 1924 ; il participa activement à la discussion de ce projet, au cours de laquelle il soutint à fond l'intervention de M. de Ramel, député de la deuxième circonscription d'Alais, dont les opinions étaient pourtant fort éloignées des siennes, puisque ce représentant du Gard était l'un des fondateurs de la droite constitutionnelle. Toujours dans le même esprit protectionniste, il avait, en 1904, déposé une proposition de loi relative aux droits de douane sur les cocons, soies grèges, bourres de soie, bourres peignées, bourres filées et tissus divers, mais qui fut sans suite et il était intervenu l'année suivante dans la discussion sur le tarif des douanes au sujet des tissus de soie pure.
Concurremment, les questions sociales lui tiennent aussi à cœur. Il ne manqua jamais une occasion d'intervenir vigoureusement en séance ou de déposer des propositions de loi tendant à venir en aide aux victimes du chômage, aussi bien dans le Gard (1901, 1902, 1906, 1907, 1913) que dans les textiles du Nord, ou aux victimes des intempéries ou autres calamités publiques. En 1914, il présenta une proposition de loi tendant à la création de dispensaires antituberculeux dans les principaux centres, proposition qui ne fut l'objet d'aucun rapport. Son appartenance momentanée à des Commissions de diverses disciplines le fit s'intéresser au régime des garderies d'enfants et à la réforme de l'enseignement prodigué dans les facultés de droit (1904), à l'attribution des emplois réservés (1906, modification à la loi militaire du 21 mars 1905), à l'amnistie (1908), aux tannages à l'écorce de chêne (1913), ou la création de promotions dans la Légion d'honneur à propos de congrès d'études (1913).
Après les lourdes années de la Grande Guerre, Marius Devèze, .mettant fin à sa position en marge du socialisme orthodoxe, réintégra la S.F.I.O. Mais, trop honnête homme pour plier ses convictions à une règle qui n'emportait pas son adhésion totale, il démissionna de nouveau lorsque le parti socialiste se refusa à soutenir les Ministères Briand et Herriot en 1926, qu'il estimait, quant à lui, devoir appuyer.
De nouveau journaliste, comme au début de sa carrière, il fit pendant quatre ans une campagne en faveur de la réforme du Parlement, autour duquel il voyait monter avec regret le discrédit. Il reprit ses études, parues dans Le Matin, Le Figaro, L'Ami du Peuple et Le Quotidien, dont l'orientation à gauche n'éclate pas à première vue, dans un petit livre, édité en 1932, intitulé La Crise du parlementarisme.
Il semble qu'à la fin de sa vie, le lettré ait pris le pas sur le fougueux militant des années 1890.
Marius Devèze mourut le 29 juillet 1940, à Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard), à l'âge de 77 ans.
Né le 21 mars 1863 à Alès (Gard)
Décédé le 29 juillet 1940 à Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard)
Député du Gard de 1898 à 1914
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome IV, p. 1436 à 1439)
Marius Devèze meurt à Saint-Hilaire-de-Brethmas le 29 juillet 1940, à l'âge de 77 ans.