Louis, Antonin Devins
1850 - 1917
Né le 28 décembre 1850 à Beaumont (Haute-Loire), mort le 11 février 1917 à Brioude (Haute-Loire).
Député de la Haute-Loire de 1898 à 1913. Sénateur de la Haute-Loire de 1913 à 1917.
Devins (Louis, Antonin) naît à Beaumont, canton de Brioude (Haute-Loire) le 28 décembre 1850.
II appartient à une ancienne famille de propriétaires de Beaumont. Son grand-père, Pierre Devins, fut maire de cette commune de 1848 à 1851 et son père, Jean Devins, occupa les mêmes fonctions de 1865 à 1903, date de sa mort.
Louis Devins commence des études de droit qu'il interrompt bientôt pour aller faire sa médecine à Paris, où il est reçu docteur le 5 août 1876 avec une thèse sur le Traitement des métrorragies. La même année, il épouse Mlle Marspoil de Lamothe, arrière petite-nièce de Antoine Rongier de Flagheac, représentant du peuple à l'Assemblée législative et à la Convention nationale, où il siégea à la Montagne.
Installé à Brioude au début du mois; d'octobre de la même année, Louis Devins est nommé, en 1877, médecin-adjoint à l'hôpital, puis, en 1879, médecin des épidémies. Médecin légiste en 1880 et médecin-expert près les tribunaux en 1895, il devient titulaire de l'emploi de médecin en chef de l'hôpital de Brioude en 1891. Membre du conseil d'hygiène durant de longues années, il est appelé en 1900 à faire partie du conseil académique de l'université de Clermont.
Le docteur Devins entre fort jeune dans la vie publique. Conseiller municipal dès 1878, il est élu maire en 1888, en remplacement de M. de Saint-Ferréol, et ne cessera, dès lors, de diriger l'administration municipale de Brioude.
Elu en 1880 au conseil d'arrondissement, où il remplace son beau-père, M. Marspoil de Lamothe, puis réélu en 1886, il se présente en 1887 comme républicain radical aux élections partielles du conseil général et réussit à battre, par 2.018 voix contre 909, Amédée de Saint-Ferréol, concurrent que sa qualité de député rendait particulièrement redoutable, mais qui, par son autoritarisme, s'était aliéné une large fraction du parti radical.
Président du conseil général en 1889 à la suite d'une entente entre les radicaux et les divers groupes de la minorité contre les opportunistes de l'assemblée - entente à laquelle il est juste de dire qu'il est resté complètement étranger- le docteur Devins refuse, l'année suivante, le fauteuil présidentiel que lui offrent de nouveau ses amis politiques.
Réélu conseiller général sans interruption, le docteur Devins se préoccupe principalement, en cette qualité, des questions intéressant l'agriculture et l'assistance médicale. Il fait décider le rachat du pont à péage de Lamothe et contribue pour une large part à obtenir de la Compagnie du P.L.M. l'établissement des haltes de Fontane et de Roche-Feugères. Il fait, de plus, adopter un vœu tendant à la suppression de la Légion d'honneur aux civils. En 1901, sur les vives sollicitations de ses amis, il accepte le fauteuil de vice-président de l'assemblée départementale.
Candidat aux élections générales législatives du 20 août 1893, le docteur Devins est battu au premier/tour de scrutin par le docteur Chantelauze, avec 7.157 suffrages contre 10.017 à son adversaire, sur 18.203 votants. Mais la popularité dont il jouit dans l'arrondissement lui permet de prendre sa revanche le 8 mai 1898, au premier tour de scrutin, en battant le même concurrent, représentant du parti radical, remportant 10.782 voix contre 8.702 sur 19.648 votants.
Les élections générales des 27 avril et 11 mai 1902 vont confirmer sa situation dans l'arrondissement. Deux candidats lui sont alors opposés : le docteur Vidal, de Paul Haguet, représentant le parti Chantelauze, et le commandant Huguet, de Brioude, candidat nationaliste. Au premier tour de scrutin il obtient 8.513 voix, le docteur Vidal 7.500 et le commandant Huguet 4.129. Au scrutin de ballottage. il est élu par 10.860 voix portant 10.782 voix contre 8.712 sur 19.648 votants.
Il sera réélu le 6 mai 1906, par 13.562 voix contre 5.378 à M. Grenier sur 19.858 votants et, le 24 avril 1910, par 12.180 voix contre 1.510 à M. Besson sur 16.044 votants, au premier tour de scrutin.
Inscrit à la Chambre des Députés au groupe de la gauche démocratique, il prend la parole dans plusieurs intéressantes discussions, concernant notamment la création de postes de facteurs-receveurs, les demandes d'accélération des transports par petite vitesse, la désignation des experts en matière de fraudes agricoles.
Il intervient activement dans la discussion des textes relatifs à la régie et aux bouilleurs de cru. Il demande entre autres l'abrogation de l'article 37 de la loi de 1816 sur les visites à domicile des employés de la régie et fait admettre les circonstances atténuantes en matière de contravention de régie.
Il obtient des améliorations notables dans l'affectation des réservistes et territoriaux de l'arrondissement de Brioude. Avec ses collègues du Parlement, Charles Dupuy et Hugon, il parvient à faire décider l'établissement de la ligne de chemin de fer de Brioude à Saint-Flour.
Le docteur Devins fait partie, durant son séjour à la Chambre, de nombreuses commissions, notamment celles de la réforme judiciaire et des mines, ainsi que de commissions d'initiative. Membre de la Commission d'enquête sur les mines, constituée en décembre 1902 à la suite de la grève des mineurs, il fait partie de la sous-commission chargée de visiter les bassins houillers du centre de la France.
Représentant les idées du parti radical dans l'arrondissement de Brioude, il se trouve sans cesse en opposition avec les partis conservateurs. Il vote notamment pour la politique générale de Combes et de Rouvier, pour l'impôt sur le revenu, ainsi que pour la séparation des églises et de l'Etat. En outre, il lui faut longuement lutter contre une fraction dissidente du parti radical, et sans doute ses efforts ne sont-ils pas étrangers à la fin de cette division.
Ses collègues députés le désignent comme l'un de leurs questeurs en 1911 et en 1912.
Le docteur Devins se porte candidat aux élections sénatoriales du 7 janvier 1906. Ne recueillant que 252 voix, il échoue contre Dupuy et Vissaguet, candidats des partis dissidents.
Le 16 février 1913, une élection complémentaire a lieu pour remplacer Jules Cazot, sénateur décédé. Il l'emporte alors au premier tour de scrutin par 370 voix contre 302 à Edouard Néron, sur 688 votants.
Au sein de la Haute Assemblée, le docteur Devins n'exerce qu'une activité réduite, essentiellement en rapport avec sa profession. Ainsi se trouve-t-il faire partie, entre autres, de la Commission des expertises médico-légales.
Mais le docteur Devins ne néglige pas pour autant ses fonctions de responsable de l'administration communale. D'importants travaux et de notables améliorations sont encore dus à son initiative : la couverture du ruisseau de Geste ; le numérotage des maisons ; la suppression des droits sur les huiles, les pâtes alimentaires, les foins et les alcools dénaturés ; la construction des chemins de Longes et de Malosse ; la continuation de la digue de l'Allier jusqu'à la limite de la commune ; l'érection du monument commémoratif de la Révolution ; l'élargissement et le pavage de plusieurs rues ; la création d'une école enfantine annexée à l'école des filles : l'ouverture annuelle d'un crédit pour la caisse des écoles, pour l'école de greffage, et pour l'établissement d'un réseau téléphonique départemental ; l'installation d'un grand nombre de fontaines ; la construction de plusieurs aqueducs. On lui doit encore la création d'une chaire d'agriculture. Le docteur Devins décède en cours de mandat, le 11 février 1917. Le surlendemain, le président Antonin Dubost prononce son éloge funèbre devant le Sénat. N'y consacrant que quelques phrases selon la coutume de époque, c'est en ces termes qu'il brosse le portrait du défunt : « Il se révéla dans ses fonctions comme un esprit judicieux et un excellent administrateur. »