Pierre Dhers
1914 - 1998
Né le 1er avril 1914 à Castres (Tarn)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Drôme)
Député de la Drôme de 1946 à 1951
La première vocation de Pierre Dhers, fils d'un bijoutier de Castres, est universitaire. Il y restera très fidèle. Agrégé d'histoire, il enseigne au lycée de Rennes, puis après les combats de 1940, au lycée de Valence et, en 1942, à l'Ecole des Pupilles de l'Air à Grenoble. Dans cette région s'affirme une résistance chrétienne qui entraîne le jeune professeur dans des mouvements où se prépare la fondation du Mouvement républicain populaire.
Le M.R.P. choisit Pierre Dhers comme tête de liste pour les élections de 1945 à la première Assemblée nationale Constituante dans la Drôme où les affrontements politiques sont vifs. Le choix est heureux puisque Pierre Dhers est élu par 28 985 suffrages. En juin 1946, pour la seconde Constituante, la disparition de la liste indépendante de Paul Deval contribue à la victoire du M.R.P. qui, avec 43 339 voix, a désormais deux députés, Pierre Dhers et Maurice-René Simonnet, un des fondateurs du parti. Le Parti communiste et la S.F.I.O. n'ont qu'un élu (42 641 et 28 024 voix). Lors des élections législatives suivantes, en novembre 1946, le Parti communiste déclenche contre le M R.P. une très violente campagne au cours de laquelle il s'en prend à Maurice-René Simonnet, ancien dirigeant des Jeunes chrétiens combattants ; des tracts et des affiches dénoncent l'attitude de la jeunesse ouvrière chrétienne à l'égard du gouvernement de Vichy. Les résultats sont serrés : la liste communiste, avec 43 328 voix, conquiert deux sièges. Le M.R.P. recueille 42 841 voix ce qui permet seulement l'élection de Pierre Dhers. La S.F.I.O. garde un siège (25 314 voix).
Cette élection si disputée est invalidée sur un rapport d'André Monteil le 21 février 1947 en raison des injustes et déloyales attaques personnelles dont ont été victimes les candidats du M.R.P. Il semble que diverses fraudes se soient produites au moment du dépouillement du scrutin dans plusieurs communes. Le 30 mars 1947 des élections partielles permettent au M.R.P. d'emporter triomphalement deux sièges avec 51631 voix. Le Parti communiste et la S.F.I.O. en conservent chacun un.
Dans les deux Constituantes, Pierre Dhers est membre de la Commission des affaires étrangères et ne participe à aucun débat. Après l'élection partielle de 1947, il appartient encore à la Commission des affaires étrangères, et est juré à la Haute Cour de justice. Sa formation historique le qualifie pour la Commission d'enquête sur les événements survenus en France entre 1933 et 1945. Son activité parlementaire se limite à quelques interventions sur les problèmes financiers. Il estime que l'Etat devrait se substituer aux sinistrés bénéficiaires d'un logement mais dont l'insolvabilité lèse les propriétaires. Il demande de préserver les droits des contribuables qui ont souscrit immédiatement à un emprunt qu'une loi a, ultérieurement, réduit. En 1947 il est l'auteur d'une proposition de loi tendant à réinstaller la Bibliothèque de documentation internationale, successivement chassée du château de Vincennes et de la rue du Bac, dans des locaux dignes de cet exceptionnel instrument de recherches.
Pierre Dhers vote pour les nationalisations, le statut de l'Algérie, la ratification du Pacte Atlantique. Sa voix a manqué une fois au M.R.P. : il était absent lors du vote du second projet constitutionnel. Le député de la Drôme reste membre du comité directeur du M.R.P. mais s'il vote la loi électorale de 1951, il ne souhaite pas se représenter devant les électeurs et devient professeur au lycée Condorcet. Il se consacre désormais à la rédaction de plusieurs ouvrages d'histoire.