Jean Dides

1915 - 2004

Informations générales
  • Né le 5 août 1915 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 2 avril 2004 à Royan (Charente-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Union et fraternité francaise

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 5 août 1915 à Paris (14e)

Député de la Seine de 1956 à 1958

Originaire d'une famille lozérienne établie à Paris, Jean Dides effectue ses études secondaires au petit séminaire de l'Hérault. Il fait son service militaire comme engagé volontaire en 1935-1937 et est reçu à la licence en droit et au concours de commissaire de police de la ville de Paris en 1937. En 1944, il est affecté à la direction des renseignements généraux, puis de 1944 à 1949 occupe les fonctions de commissaire des quartiers Vivienne et Gaillon. En 1949-1950, il devient commissaire chef de la 8e brigade territoriale. Dès cette époque, il s'engage politiquement au R.P.F. où il milite au sein de groupes de protection jusqu'à sa démission du mouvement en 1952. Promu commissaire principal en 1950, il revient aux Renseignements généraux dans la section économie et finances (1950-1951). A cette date, il est appelé à faire partie, comme chargé de mission, du cabinet du préfet de police Jean Baylot (1951-1954), tout en étant officiellement affecté au port autonome de Paris. Ces hautes fonctions lui permettent de mettre sur pied les « réseaux Dides » parallèles à ceux de la D.S.T. par lesquels il compte infiltrer le Parti communiste et ses satellites. Le scandale de l'affaire des fuites qui éclate sous le ministère Mendès-France à l'automne 1954 met fin à sa carrière. Sur ordre du ministre de l'Intérieur, François Mitterrand, le commissaire Dides est en effet interpellé à la sortie du ministère des Affaires marocaines et tunisiennes et « a été trouvé porteur de documents intéressant la Défense nationale dont il n'a pu préciser ni l'origine, ni la destination » selon le communiqué officiel du ministère. Le ministre décide donc de le suspendre. La presse et la droite hostiles au gouvernement s'emparent de l'affaire pour accuser le ministère d'avoir en fait démantelé un réseau anticommuniste efficace, les fuites n'étant que des appâts pour entretenir des agents doubles ayant accès aux instances dirigeantes du Parti communiste. La principale conséquence du scandale, étant donné les polémiques publiques entre l'ex-commissaire Dides et son ministre, est de donner au premier une notoriété nationale et de l'obliger à se réorienter professionnellement de la politique dans l'ombre à la politique au grand jour.

Il s'établit alors comme libraire papetier et songe à se présenter aux élections dans la Nièvre (contre François Mitterrand le ministre de l'Intérieur qui l'a révoqué) puis en Seine-et-Oise. Il opte finalement pour le 6e secteur de la Seine qui regroupe les communes les plus « rouges » de France (Pantin, Noisy-le-Sec, Aubervilliers, Saint-Denis, Montreuil, Vincennes) dont le principal élu est Jacques Duclos, ce qui lui permet de donner cours à son anticommunisme virulent. Sa liste patronnée par le mouvement Poujade, propose de « sortir les sortants » au nom du bilan de la faillite générale de la Troisième force : déficit budgétaire, charges écrasantes pesant sur les indépendants et les salariés, abandon des Territoires d'outre-mer. Jean Dides réclame dans sa profession de foi la réforme de la Constitution, un gouvernement stable, la réunion des Etats généraux, la réduction des dépenses de l'Etat et des conditions de vie décentes pour toutes les catégories modestes ou indépendantes. Onze listes, outre celle conduite par Jean Dides, se disputent les suffrages des 447 865 inscrits. 45,5 % des votants se portent sur la liste communiste (3 élus), 9,9 % sur la liste socialiste (1 élu), 11,3 % sur la liste radicale (1 élu), 7,1 % sur la liste R.G.R. (un élu également). Jean Dides et ses colistiers arrivent en tête des listes de droite avec 23 199 voix. Jean Dides obtient donc le dernier siège à pourvoir au détriment du gaulliste sortant, Gaston Palewski.

Le nouveau député de la Seine, apparenté au groupe Union et fraternité française (poujadistes), siège à la Commission des affaires étrangères jusqu'au 8 novembre 1956, à celle de l'intérieur et à celle de la défense nationale. Il ne dépose qu'une seule proposition de résolution tendant à décider la création d'une commission chargée d'enquêter sur les pressions exercées sur les magistrats militaires et sur les mutations récentes dont ils ont fait l'objet (26 juillet 1956). Il est chargé en outre de deux rapports, l'un, au nom de la Commission de l'intérieur, à propos d'une prime demandée par les personnels de la préfecture de police, l'autre, au nom de la Commission de la défense nationale, au sujet d'un contingent spécial de Légions d'honneur pour les anciens combattants de la guerre 1914-1918. En revanche, ses interventions orales sont nombreuses et souvent émaillées d'incidents en raison de la verve polémique de l'ancien commissaire de police et du contentieux qui l'oppose aux communistes depuis l'affaire des fuites. Ses premiers exposés ont lieu au cours des débats sur les opérations électorales qui donnent lieu à de vives controverses du fait de l'invalidation de plusieurs députés poujadistes par la majorité parlementaire. Le 16 février 1956, en réplique, Jean Dides demande l'invalidation des députés communistes Llante et Rumeau à cause du « serment inconditionnel prêté par le groupe communiste à l'Union soviétique ». Outre des altercations violentes et à la limite de l'insulte avec divers orateurs communistes, les discours publics de l'ancien commissaire sont motivés essentiellement par les problèmes de l'Algérie, du maintien de l'ordre et de la démoralisation de la police par suite de l'existence d'une « cinquième colonne » en France qui aide les « terroristes » algériens sur le territoire métropolitain par sa propagande défaitiste. Le 31 mai 1956 par exemple, Jean Dides développe cette thèse tout en saluant l'œuvre de Robert Lacoste et de Jacques Soustelle. Sa mise en cause des communistes ou de certains intellectuels progressistes suscite alors un vif échange de propos avec Jacques Duclos, Fernand Grenier ou Yves Péron qui l'accusent d'être un « homme de la Gestapo ». Il termine par un appel à l'Union nationale adressé au Président du Conseil, Guy Mollet. Le 25 octobre suivant, déplorant que le Président du Conseil rejette les votes poujadistes en sa faveur, Jean Dides sous les insultes réitérées des communistes, annonce que son groupe s'abstiendra volontairement dans ce vote important sur la politique gouvernementale pour marquer son soutien à la politique algérienne officielle. Cette position prépare sa démission du mouvement Poujade en raison de son dissentiment avec son leader sur l'attitude à adopter face à l'action du gouvernement Guy Mollet dans la crise de Suez. Il fait partie des cinq « rebelles » aux directives de Pierre Poujade qui votent la confiance au gouvernement Guy Mollet. Jean Dides se rattache donc, à partir de novembre 1956, au groupe des indépendants.

Ses interventions de l'année 1957, centrées sur l'Algérie, mettent en avant deux thèmes : le lien entre le terrorisme du F.L.N. et l'appui du mouvement communiste international ; l'existence d'un parti révolutionnaire en France qui terrorise les travailleurs nord-africains pour leur extorquer de l'argent en faveur de sa cause au besoin en assassinant les tièdes ou les membres du mouvement rival, le M.N.A. Il en conclut à la nécessité d'une forte action policière en France pour protéger les travailleurs algériens fidèles à la France et demande qu'on adopte d'urgence des mesures sociales pour leur permettre d'échapper aux conditions de vie misérables (bidonvilles, hôtels garnis tenus par le F.L.N.) qui facilitent cette entreprise de subversion et d'encadrement forcé. Seule cette pacification des banlieues de la métropole rendra efficace la pacification, en bonne voie selon lui, en Algérie (thèmes développés lors des séances des 22 mars, 16 juillet et 5 novembre 1957). En janvier 1958, lors de la deuxième lecture du projet de loi-cadre sur l'Algérie proposé par le gouvernement Félix Gaillard, Jean Dides s'inquiète d'une double politique algérienne, l'une de reprise en main, l'autre d'avance en direction de certaines tendances nationalistes, notamment des partisans de Messali Hadj. Le mois suivant, il va plus loin, dénonce la trahison intellectuelle à propos d'articles parus dans France Observateur qui traitent les soldats français de « tortionnaires » et menace le gouvernement du dépôt d'une motion de censure si les auteurs de ces articles ne sont pas poursuivis. Le 7 mars, Jean Dides développe la thèse de l'existence d'un complot international contre la France où s'allient les Etats-Unis, le gouvernement du Maroc et surtout celui de Tunisie qui aide massivement les rebelles algériens. Il appelle à la fermeté dans la crise de Bizerte, sinon la France sera déchue de son rôle de grande puissance après avoir perdu les restes de son Empire. Une semaine plus tard, le 13 mars, alors qu'une manifestation illégale de policiers se déroule devant le Palais-Bourbon, il se voit empêché de prendre la parole par l'extrême gauche, en dépit d'une interruption de séance, les députés communistes l'accusant d'être le chef des policiers rebelles.

Sa dernière intervention a lieu le 20 mai après la crise du 13 mai où il voit un immense sursaut national en faveur de l'Algérie française. Il accuse le gouvernement Pflimlin de ne plus rien représenter et met en cause le ministre de la Défense ce qui lui vaut un rappel à l'ordre. Jean Dides lance alors cette phrase cinglante : « Vous vouliez être Président du gouvernement, vous l'êtes. Permettez-moi de vous dire : dans quel état ! ». Il appelle donc le Président du Conseil à se retirer « dans l'intérêt supérieur de l'unité et de l'intégrité de la patrie ». On conçoit donc que Jean Dides ait vu favorablement le retour du général de Gaulle au pouvoir même si sa carrière politique s'achève avec son échec aux élections de l'automne 1958 face au candidat du Parti communiste dans la 44e circonscription de la Seine.