Roger Diet
1905 - 1974
DIET (Roger)
Né le 25 juillet 1905 à Saint-Laurent-du-Pont (Isère)
Décédé le 19 novembre 1974 à Barcelonnette (Basses-Alpes).
Député des Basses-Alpes de 1958 à 1962
Fils d’un peintre en bâtiment aux solides origines dauphinoises, Roger Diet étudie à l’Ecole normale de Grenoble, avant d’enseigner l’histoire et la géographie en Grèce, puis au Caire. Hostile à l’armistice demandé par le maréchal Pétain, il s’engage dans les armées de la France libre et participe notamment à la campagne de Tunisie, avant de se battre dans les Vosges à l’automne 1944. La conduite de Roger Diet dans les opérations de campagne lui vaudra d’être fait chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire. Il est également décoré de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille coloniale. A la Libération, Roger Diet abandonne l’enseignement pour devenir préparateur en pharmacie - sa seconde épouse, qui vit dans les Basses-Alpes, est en effet pharmacienne - et s’installer à Barcelonnette. Cette petite ville de montagne compte alors un peu plus de 2 000 habitants.
Dès qu’est créé le Rassemblement du Peuple français (RPF) le 7 avril 1947, le gaulliste de guerre qu’est Roger Diet y adhère et en prend la tête dans la vallée de l’Ubaye. Si le mouvement peine à s’implanter dans les Basses-Alpes, ses positions les plus solides s’y établissent très vite autour de Barcelonnette, seul canton du département à avoir voté « non » à la Constitution de la IVème République le 13 octobre 1946, par 51,7% des suffrages exprimés.
Aux élections municipales d’octobre 1947, Roger Diet conduit la liste du RPF à Barcelonnette, ville natale de l’ancien Président du Conseil Paul Reynaud. En tête dès le premier tour, les gaullistes s’allient au second avec les candidats du MRP pour l’emporter sur la gauche sortante. Le RPF ayant enlevé onze des dix-sept sièges du conseil municipal, Roger Diet succède logiquement au socialiste indépendant René Chabre à la mairie de Barcelonnette. Le 17 juin 1951, il figure en seconde position sur la liste du RPF dans les Basses-Alpes, qu’emmène l’ancien résistant Louis Ottensooser. Le mouvement gaulliste n’obtient aucun élu. L’apparentement conclu entre le RGR, le MRP et la SFIO dans le département permet à la Troisième force d’atteindre la majorité absolue, faisant élire le socialiste Marcel-Edmond Naegelen, ancien Gouverneur général de l’Algérie et ancien député du Bas-Rhin, ainsi que le radical Marcel Massot, entré au Parlement en 1936.
Au début des années 1950, Roger Diet prend la tête du Comité d’action et de défense des intérêts de la vallée de l’Ubaye : il s’agit pour ce secteur, que la construction du barrage de Serre-Ponçon, sur la Durance, risque de désavantager, d’obtenir une meilleur desserte en électricité.
Entre les élus MRP et RPF du Conseil municipal de Barcelonnette, le fossé s’est creusé depuis 1947 : après que les conseillers RPF ont démissionné en bloc, des élections partielles sont organisées le 19 octobre 1952. Une majorité composée du MRP, d’indépendants de gauche et de radicaux met de peu en échec le sortant Roger Diet et ses colistiers à cette occasion. Mais l’ancien maire de Barcelonnette n’abandonne pas pour autant la politique, puisqu’il préside le Conseil départemental du RPF de 1952 à 1955.
C’est avec enthousiasme que l’ancien maire de Barcelonnette accueille le retour au pouvoir du général de Gaulle, le 1er juin 1958. Le retour au scrutin d’arrondissement occasionne un découpage des Basses-Alpes en deux circonscriptions : la première, qui comporte les villes de Digne, de Sisteron et de Barcelonnette, est jugée légèrement plus favorable aux modérés que la seconde, puisqu’elle a approuvé la Constitution de la Vème République à plus de 75% le 28 septembre 1958. Roger Diet reçoit l’investiture de l’Union pour la Nouvelle République dans cette partie des Basses-Alpes. Il se présente aux électeurs comme un de ces hommes « qui depuis 1947 dénonçaient la malfaisance du régime » et déplore que la IVème République ait creusé un fossé entre « le Pays légal et le Pays réel ». Roger Diet se réclame donc de la fidélité au général de Gaulle et n’évoque la question algérienne que pour réclamer la mise en œuvre du plan de Constantine. S’agissant des questions de politique locale, le candidat gaulliste propose que soit étudiée l’implantation dans les Basses-Alpes de petites industries, sur le modèle jurassien.
Confronté à la concurrence de Marcel Massot, implanté à La Motte-du-Caire et député sous les IIIème et IVème Républiques, Roger Diet arrive en seconde position le 23 novembre 1958, avec 6198 voix, soit 29,6% des suffrages exprimés. Il dénonce entre les deux tours un « Front populaire renaissant », alors même que le candidat communiste choisit de se maintenir face à Marcel Massot. Il met en avant le soutien apporté à sa candidature par les Radicaux (tendance André Morice), les Indépendants, le MRP et l’UDCA. L’ancien maire de Barcelonnette est élu député des Basses-Alpes avec 39,9% des voix seulement le 30 septembre 1958. L’analyse des résultats fait apparaître que plus de la moitié des électeurs socialistes du premier tour ont préféré voter pour le candidat de l’UNR, plutôt qu’en faveur du radical Marcel Massot.
Roger Diet rejoint naturellement le groupe UNR à l’Assemblée nationale. Ses collègues le désignent pour siéger à la Commission de la défense nationale et des forces armées de 1958 à 1962. Le député des Basses-Alpes ne se montre pas très actif dans l’hémicycle. Il ne prend jamais la parole au cours de la première législature, ni ne dépose de proposition de loi ou de résolution. Ses votes sont conformes à la discipline de groupe : il approuve par exemple le programme des gouvernements Debré (16 janvier 1959) et Pompidou (27 avril 1962). L’ancien maire de Barcelonnette s’exprime en faveur du projet de loi sur l’enseignement privé (23 décembre 1959), soutient la demande de levée d’immunité parlementaire du Président Bidault (5 juillet 1962) et ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962.
Roger Diet sollicite le renouvellement de son mandat aux législatives des 18 et 25 novembre 1962. Affaibli par la candidature d’un Républicain indépendant, il n’obtient que 4 626 voix au premier tour (24,2% des suffrages exprimés). L’ancien député radical-socialiste Marcel Massot, arrivé en tête, bénéficie du retrait du candidat communiste entre les deux tours, contrairement à l’automne 1958. Il l’emporte sur l’ancien maire de Barcelonnette par 12 445 voix (63,2%) contre 7243 le 25 novembre 1962.
Après cette défaite, Roger Diet, gaulliste toujours convaincu, renonce à toute nouvelle candidature : aux législatives de 1967, l’UD-Vème République sera représentée par le maire de Monclar Henri Savornin. Le radical Marcel Massot restera député de la 1ère circonscription des Basses-Alpes, puis des Alpes-de-Haute-Provence de 1962 à 1978, date à laquelle lui succèdera son fils François.