Pierre Doize

1907 - 1979

Informations générales
  • Né le 6 novembre 1907 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 19 février 1979 à Narbonne (Aude - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 16 février 1958 au 8 décembre 1958
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste

Biographies



Né le 6 novembre 1907 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 19 février 1979 à Narbonne (sur l'autoroute A61) (Aude)

Député des Bouches-de-Rhône en 1958

La vie de Pierre Doize est dominée par un double attachement : Marseille et le parti communiste. Né le 6 Novembre 1907 dans le quartier Saint-Lazare de la capitale phocéenne, Pierre Doize gagne sa vie comme chaudronnier dans la réparation navale tout en militant dès l'âge de 19 ans au sein des jeunesses communistes. En 1930, il est secrétaire de l'organisation communiste du port de Marseille. Son militantisme lui ayant valu de perdre son emploi, il devient alors maçon et secrétaire régional du bâtiment C.G.T en 1936.

Pierre Doize suit fidèlement la ligne du parti communiste. C'est ainsi qu'il milite en faveur de la République espagnole avant d'entrer dans la Résistance à l'occupant nazi et de participer aux premiers groupes de Francs-Tireurs Partisans. Arrêté en 1942, il est en février 1944 l'un des principaux artisans de la révolte des résistants incarcérés à la centrale d'Eysses dans le Lot-et-Garonne. Il est alors déporté à Dachau puis au camp d'Allach.

A la Libération, de retour à Marseille, il entre au conseil municipal dirigé par Jean Cristofol. En 1948, Pierre Doize accepte la charge de secrétaire fédéral du P.C. des Bouches-du Rhône, et en 1954 il entre au comité central. Le 17 Juin 1951, lors des élections à la deuxième Assemblée législative de la IVe République, il figure sur la liste communiste présentée dans la première circonscription (Marseille) de son département natal. Bien que l'apparentement conclu entre les listes de la Troisième force n'ait pas joué, le secrétaire fédéral n'est pas élu pour avoir été en cinquième position sur une liste qui compte quatre députés. Il en va de même le 2 Janvier 1956. Cette même année, Pierre Doize est membre de la délégation du P.C.F. conduite par Maurice Thorez au vingtième congrès du parti communiste de l'Union Soviétique où est présenté le rapport Khrouchtchev sur les crimes de Staline.

Pierre Doize porte les couleurs communistes lors des élections partielles des 2 et 16 février 1958 qui suivent le décès de Jean Cristofol. Au soir du premier tour, il devance nettement le socialiste Antoine Andrieux. Le 16 février, avec 106 820 voix sur 274 331 suffrages exprimés, il sort vainqueur d'une triangulaire qui l'oppose aux candidats socialiste et indépendant. La chute de la IVe République ne l'autorise pas à participer activement aux travaux de l'Assemblée. Avec l'ensemble de ses collègues communistes, il s'oppose au retour au pouvoir du général de Gaulle.

Pierre Doize, ainsi que sa femme elle aussi communiste, résistante et déportée furent tués dans un accident de voiture le 19 février 1979.



DOIZE (Hippolyte, Pierre)
Né le 6 novembre 1907 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 19 février 1979 à Narbonne (Aude)

Député des Bouches-du-Rhône en 1958 et de 1962 à 1968

Pierre-Hippolyte Doize, dit Pierre Doize, est né le 6 novembre 1907, dans le quartier de Saint-Lazare, à Marseille. Il est le fils d’Hippolyte Doize et de Marie Favier. Chaudronnier dans la réparation navale, il milite au Parti communiste dès l’âge de 19 ans. En 1930, il est élu secrétaire de l’organisation communiste du port de Marseille. Mais obligé de changer de travail, en raison de ses activités politiques, il se reconvertit dans le bâtiment, tout en poursuivant son action militante. Il devient maçon et, simultanément, secrétaire régional du bâtiment pour la Confédération générale du Travail (C.G.T.), en 1936. Comme ses camarades de Parti, il s’engage dans la défense des républicains espagnols. Au cours du second conflit mondial, il participe à l’action clandestine dans la Résistance, avec les premiers groupes des Francs-tireurs et partisans (F.T.P.). Il est lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur (F.F.I.). Arrêté en 1942, il est incarcéré dans plusieurs maisons d’arrêt. En février 1944, il est l’un des dirigeants de la révolte des résistants détenus à la centrale d’Eysses, dans le Lot-et-Garonne. Par la suite, il est déporté politique à Dachau, du 1er juillet 1944 au 9 mai 1945, puis transféré au camp d’Allach. Il est titulaire de la médaille de la Résistance et de la Croix du combattant volontaire.
Sa carrière politique commence à son retour à Marseille, alors qu’il entre au conseil municipal de la ville dirigée par Jean Cristofol, et devient adjoint au maire. En 1948, il occupe les fonctions de secrétaire fédéral du Parti communiste dans les Bouches-du-Rhône. Membre du Comité central du Parti communiste français, il est candidat sans succès à plusieurs élections législatives en terres bucco-rhodaniennes. Le 17 juin 1951, il est le premier non élu de la liste communiste menée par François Billoux, ancien ministre et député sortant, dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. Il subit une infortune identique, dans la même circonscription, à l’occasion du scrutin législatif de 1956. Cette année-ci, il est encore le premier de la liste communiste conduite à nouveau par François Billoux à ne pas rejoindre le Palais-Bourbon, à une dizaine de voix près. Aussi, est-ce un peu le hasard qui l’envoie siéger à l’Assemblée nationale, deux années plus tard, à l’occasion d’une élection législative partielle. Jean Cristofol vient de mourir ; le 16 février 1958, en face de ses camarades Andrieux et Fraissinet, Pierre Doize sort victorieux du scrutin partiel, organisé pour le remplacement du maire de Marseille. Le 21 mai suivant, il est nommé membre de la commission du travail et de la sécurité sociale. Il ne siège que peu de temps, avant de devoir affronter à nouveau le suffrage universel. A l’occasion du retour au pouvoir du général de Gaulle, et de la naissance corollaire de la Cinquième République, Pierre Doize est candidat dans la sixième circonscription des Bouches-du-Rhône, qui regroupe le 11ème arrondissement municipal de Marseille, les cantons d’Aubagne et de la Ciotat, ainsi que la commune d’Allauch. Secondé par son suppléant, l’instituteur Edmond Garcin, conseiller général et adjoint au maire d’Aubagne, il est cependant battu au second tour de scrutin, par 3 000 voix. Le député socialiste sortant, Francis Leenhardt, en sort victorieux.
Quelque temps plus tôt, le 12 mai 1958, Pierre Doize s’est marié avec Marie-Faustine Saccaggi. Il lui faudra attendre le combat électoral suivant, au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle, en 1962, pour être candidat à nouveau aux élections législatives. Cette fois-ci, il se présente dans la cinquième circonscription du département, qui correspond aux 5ème et 10ème arrondissements municipaux de Marseille. Sa suppléante, la conseillère municipale Yvonne Estachy, née Paimpec, est l’ancienne candidate communiste investie dans cette circonscription détenue par la droite libérale. Largement en tête du premier tour, l’ancien député communiste est élu au second, le 25 novembre 1962, avec près de 18 000 voix sur les 35 000 suffrages exprimés. Son programme est fondé sur un argument volontairement mis en évidence : il est le seul candidat dit « républicain » contre le « pouvoir personnel, de l’aventure et de la réaction » incarné par le général de Gaulle. A son retour à l’Assemblée nationale, Pierre Doize rejoint le groupe communiste. Il est nommé membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, et y siège durant toute la législature. Il ne dépose, au cours de son deuxième mandat de parlementaire, qu’un rapport sur une proposition de loi, au sujet du contrôle des paiements par chèques et virements bancaires. Mais cette unique initiative, enregistrée en fin de législature (27 mai 1966), vient à la suite des multiples interventions en séance du député communiste de Marseille. Il prend la parole à dix-sept reprises, au cours de la discussion de textes particulièrement divers, mais d’où il ressort un intérêt particulièrement vif pour les questions liées au travail et à la formation professionnelle. Pierre Doize intervient systématiquement lors de la délibération des projets de loi de finances, pour y faire entendre son point de vue en cette matière. C’est le cas dès 1963, alors qu’il souhaite que le gouvernement apporte des solutions au redoublement des licenciements injustifiés frappant les délégués ouvriers syndicaux. En 1964, il déplore que la politique gouvernementale entraîne l’évolution du ministère du travail vers un simple ministère de la main-d’œuvre. Il ressort de cette discussion que l’élu des Bouches-du-Rhône est un farouche défenseur de la réduction du temps de travail. A l’occasion de la même session ordinaire du parlement, le 28 novembre 1963, il prend une part active à la discussion du projet de loi relatif au Fonds national de l’emploi. Il expose ses craintes quant aux conséquences du Marché commun sur l’emploi national. En face des problèmes nouveaux dont le chômage structurel naissant, il soutient la création d’une véritable assurance-chômage financée par le patronat et gérée par la Sécurité sociale. Il dépose d’ailleurs trois amendements en ce sens. L’année suivante, le 16 juin 1964, il monte à la tribune pour exprimer l’opinion des communistes au sujet du fonds d’action sociale pour les travailleurs étrangers, et en souligner les insuffisances dans le projet gouvernemental : les travailleurs immigrés doivent, selon lui, avoir les mêmes droits que les autres salariés. En 1965, nommé président de la commission de contrôle financier, il réitère ses arguments dans la discussion budgétaire, et insiste sur la nécessaire garantie d’indépendance dont doivent bénéficier les organisations syndicales. Il en est de même à l’occasion des propos échangés par la représentation nationale, pour les budgets 1966 et 1967. Mais trois textes lui semblent à ce point importants qu’il y consacre une grande partie de son temps : le projet de loi instituant les comités d’entreprises, au mois de juin 1965 ; le projet de loi relatif à la durée du travail, en mai 1966 ; le projet de loi d’orientation et de programme sur la formation professionnelle, en octobre et novembre suivant. Sur le premier, porte-parole de son groupe, il dépose huit amendements et un sous-amendement, visant à étendre aux entreprises agricoles les textes relatifs aux comités d’entreprises. Il défend deux amendements sur le deuxième texte d’initiative gouvernementale et, se référant à la législation mise en place par le Front populaire, fait valoir que le pouvoir d’achat des travailleurs doit être maintenu malgré la limitation d’horaires de travail. Enfin, il rédige deux amendements sur le troisième projet de loi qu’il qualifie de « nouvel instrument au service des monopoles », le 5 octobre 1966. Il suggère l’institution d’un fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale. Fidèle aux positions du parti communiste, Pierre Doize rejette l’ensemble des textes proposés par les gouvernements de Georges Pompidou, du traité franco-allemand (juin 1963) au projet de la grève dans les services publics (juillet 1963) ou à la réforme de l’élection municipale (juin 1964). Il s’abstient cependant de manière volontaire, à l’occasion de la modification de la Constitution, le 20 décembre 1963, et lors de la réforme du Service national, le 26 mai 1965.
A nouveau candidat aux élections législatives, en 1967, il est réélu au second tour de scrutin, avec 5 000 voix d’avance sur le candidat de la majorité présidentielle, après un premier tour qui le place très largement en tête de tous les candidats. Il retrouve alors le groupe communiste et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales du Palais-Bourbon, pour les deux années de la troisième législature de la Cinquième République. Il dépose une proposition de loi, tendant à optimiser l’application du salaire minimal interprofessionnel garanti (S.M.I.G.), le 22 juin 1967. Il n’intervient que peu au cours de ce mandat, en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, au printemps 1968. Cependant il prend fermement position sur le prix de vente des médicaments, à l’occasion de la réforme du Code de la sécurité sociale, le 2 mai 1968. Il vote les deux motions de censure successives, vis-à-vis de l’attribution des pouvoirs spéciaux au gouvernement, d’une part, le 20 mai 1967, et contre la politique gouvernementale d’autre part, le 9 juin suivant.
Candidat aux élections législatives consécutives aux événements du mois de mai 1968, il est battu par son ancien concurrent de 1962, le républicain indépendant Robert Gardeil. Il est devancé au premier, comme au deuxième tour, de 3 000 voix, sur 38 000 suffrages exprimés. S’il ne se représente pas au printemps 1973, Pierre Doize ne quitte pas pour autant la vie politique. Il reste membre du comité central du Parti communiste, où il siège jusqu’en 1976. Il y préside la commission centrale du contrôle financier jusqu’à la même date.
Comme membre de la délégation de son parti, son nom reste attaché au vingtième congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, lors duquel fut présenté le rapport Khrouchtchev sur les crimes de Staline, en 1956. Comme l’un des derniers témoins vivants des circonstances dans lesquelles cette délégation dirigée par Maurice Thorez, comprenant Jacques Duclos et Georges Cogniot, avait eu connaissance de ce rapport, Pierre Doize est amené à revenir sur ce congrès, à l’occasion du débat sur le stalinisme, suscité par le film L’Aveu, en janvier 1977 : le parti communiste n’aurait eu connaissance que d’une partie dudit rapport – rédigé en langue russe –, et de surcroît durant quelques heures seulement, sans pouvoir prendre aucune note.
Le 19 février 1979, à la jonction des autoroutes La Catalane et La Languedocienne, à proximité de Narbonne, Pierre Doize, âgé de 72 ans, et sa seconde épouse Antoinette, également militante du P.C.F., trouvent la mort dans un accident de la route.