Robert Drapier

1912 - 1978

Informations générales
  • Né le 25 février 1912 à Longuyon (Meurthe-et-Moselle - France)
  • Décédé le 23 août 1978 à Longuyon (Meurthe-et-Moselle - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Non inscrit

Biographies

Biographie de la Ve République

DRAPIER (Robert)
Né le 23 février 1912 à Longuyon (Meurthe-et-Moselle)
Décédé le 23 août 1978 à Longuyon

Député de la Meurthe-et-Moselle de 1973 à 1978

Robert Drapier naît peu avant la première guerre mondiale à Longuyon, en Meurthe-et-Moselle. Cette commune se situe dans l’arrondissement de Briey, qui appartenait au département de la Moselle avant la guerre de 1870-1871, mais n’a pas été annexé par l’Empire allemand. Issu d’une famille d’hôteliers-restaurateurs, Robert Drapier se destine très tôt à l’enseignement. Après son mariage, il forme avec son épouse un de ces couples d’instituteurs comme la France de la IIIème République en compte tant, puis devient directeur d’école primaire. Mobilisé en 1939, Robert Drapier est fait prisonnier pendant la campagne de France. L’expérience de la captivité jouerait un grand rôle dans son existence et dans son engagement politique. Après une première tentative d’évasion, Robert Drapier est affecté dans un stalag où la surveillance est particulièrement étroite, en Thuringe. Il parvient néanmoins à tromper la vigilance de ses gardiens en 1943 et rejoint la France où il vit dans la clandestinité. La nécessité de se cacher ne l’empêche pas de participer à la Résistance dans la montagne vosgienne. C’est du reste à Remiremont, dans les Vosges, que naît son fils, Jacques, le 14 février 1944. Robert Drapier est alors membre du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) et y reste fidèle lorsque cette organisation se transforme, après la Libération, en Fédération nationale des prisonniers de guerre et évadés (FNPG). C’est dans ce cadre qu’il fait la rencontre de François Mitterrand, auquel le lie dès lors une amitié solide.
Robert Drapier reprend ses fonctions de directeur d’école à Longuyon au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il s’engage dans la vie publique en devenant secrétaire cantonal du Syndicat national des instituteurs (SNI) -ce syndicat n’est plus affilié à la CGT à partir de 1948- et en adhérant à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR). Robert Drapier figure donc au nombre de ces anciens prisonniers et évadés de guerre sur lesquels François Mitterrand peut s’appuyer pour prendre le contrôle de l’UDSR à partir du début des années 1950, au même titre que l’industriel Fernand Sénès, ancien membre du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) et principal dirigeant de l’UDSR en Meurthe-et-Moselle. Candidat aux élections municipales d’octobre 1947 à Longuyon sur une liste de gauche, Robert Drapier est élu pour la première fois. Il devait s’opposer aux maires modérés Henri Gousset puis Jean Cochart pendant de nombreuses années. L’ancien prisonnier de guerre se présente aux élections cantonales d’avril 1958 sous l’étiquette de l’UDSR. Il y défait le député Pierre de Chevigny, maire de Colmey. Robert Drapier siège à l’Assemblée départementale jusqu’en 1976 et en occupe un temps la Vice-présidence.
Fidèle à François Mitterrand, il prête main-forte à Fernand Sénès dans sa tentative de créer une fédération de l’Union des forces démocratiques (UFD) en Meurthe-et-Moselle en 1958. En novembre 1962, il accepte de seconder le maire de Longwy Léon Bassompierre en qualité de suppléant pour les élections législatives dans la septième circonscription de Meurthe-et-Moselle. Le tandem Bassompierre-Drapier se situe alors au centre gauche : il s’oppose à la fois au pouvoir gaulliste et à l’influence du Parti communiste en milieu ouvrier. Avec 14,4% des suffrages exprimés au premier tour de scrutin et 16,4% dans le canton de Longuyon, Léon Bassompierre devance le socialiste Jean Feydt (8%) mais ne trouble guère l’affrontement entre le sortant gaulliste Joseph Nou (43,2%) et Louis Dupont, candidat du PCF (34,4%). En 1965, la liste que conduit Robert Drapier emporte la victoire aux élections municipales à Longuyon et l’ancien instituteur est élu logiquement élu maire de sa commune natale.
Robert Drapier, qui a rejoint la Convention des institutions républicaines dès juin 1964, est un des principaux animateurs en Lorraine de la campagne présidentielle de François Mitterrand à la fin de l’année 1965. Entre 1965 et 1968, il soutient la tentative de rassemblement de la gauche modérée au sein de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS). Au début des années 1970, il s’écarte cependant pour la première fois de la trajectoire politique de François Mitterrand en n’adhérant pas au Parti socialiste lors du congrès d’Epinay en juin 1971. Les réticences de cet anticommuniste convaincu croissent au moment de la signature du Programme commun en 1972. Il se porte candidat aux élections législatives de mars 1973 dans la septième circonscription de la Meurthe-et-Moselle. Candidat de « centre gauche » soutenu discrètement par le Mouvement réformateur de Jean-Jacques Servan-Schreiber, il ne met pas en avant cette étiquette pendant la campagne électorale, estimant « que le rôle d’un député est d’abord de défendre sa circonscription », comme il l’écrit dans sa profession de foi électorale. Il propose « non seulement la gratuité scolaire jusqu’à 18 ans, mais aussi de toutes les fournitures nécessaires à la poursuite des études ». Ses engagements électoraux évitent toute prise de position à l’égard de la politique gouvernementale. Robert Drapier a pour suppléante un médecin, Ruth Ways. La situation politique à la veille du scrutin de mars 1973 est assez confuse dans la 7ème circonscription de la Meurthe-et-Moselle. Cinq ans plus tôt, Jacques Trorial y a été élu député, avant d’entrer au gouvernement de Maurice Couve de Murville comme secrétaire d’Etat à l’Education nationale. Son suppléant Robert Richoux l’a remplacé sur les bancs de l’Assemblée nationale. Aux élections municipales de 1971, Jacques Trorial et Robert Richoux figurent sur des listes opposées à Longwy. Si l’ancien secrétaire d’Etat renonce à se présenter dans son ancienne circonscription en 1973 pour préférer le XVIème arrondissement, à Paris, Robert Richoux sollicite le renouvellement de son mandat dans la septième circonscription de la Meurthe-et-Moselle, cette fois sous son propre nom. Il se revendique de la « Majorité présidentielle » mais est concurrencé par un autre candidat modéré, Roger Ehrismann. Le 4 mars 1973, c’est le communiste Antoine Porcu qui arrive nettement en tête avec 36,7% des suffrages exprimés. Robert Drapier ne devance Roger Ehrismann que de 12 voix (18,5% contre 18,4%), alors que le sortant Robert Richoux subit un échec très net (9,2%). Les deux cantons de la circonscription se distinguent très nettement à cette occasion : celui de Longwy donne l’avantage à Antoine Porcu (39,3%) et celui de Longuyon à Robert Drapier (33,5%). La crainte de voir ce siège passer au Parti communiste, comme entre 1964 et 1967 avec le syndicaliste Louis Dupont, mobilise les modérés à l’approche du second tour. Une légère hausse de la participation (+2,1%) et la défection d’une partie des électeurs socialistes du premier tour permettent à Robert Drapier d’être élu député de la Meurthe-et-Moselle le 11 mars 1973. Il l’emporte sur Antoine Porcu de 62 voix et obtient 50,1% des suffrages exprimés.
Robert Drapier ne s’inscrit à aucun groupe parlementaire lors de la cinquième législature de la Vème République. Cette décision est regardée comme une défection par Jean-Jacques Servan-Schreiber, président du Mouvement réformateur et député de la Meurthe-et-Moselle, mais le maire de Longuyon souhaite conserver son indépendance à l’Assemblée nationale. Il siège à la Commission de la production et des échanges entre 1973 et 1978 et prend la vice-présidence du groupe d’étude des problèmes de l’enfance inadaptée et des handicapés. Il n’intervient qu’à une reprise dans l’hémicycle en séance publique, en qualité de rapporteur du projet de loi relatif à la nationalisation de la production et de la distribution d’électricité dans les départements d’Outre-mer, le 23 mai 1975. Il souligne à cette occasion que l’Etat est seul à même de prendre en charge le coût des investissements nécessaires à un équipement satisfaisant des DOM en électricité et fait de l’alignement progressif des tarifs de l’énergie sur ceux de la métropole un des principaux enjeux du texte de loi.
La fidélité à François Mitterrand et l’anticommunisme sont les deux clefs qui permettent de comprendre l’évolution politique de Jacques Drapier dans les années 1970. Il n’appartient pas à la majorité du gouvernement de Pierre Messmer, puisqu’il s’abstient volontairement après la déclaration de politique générale du Premier ministre (12 avril 1973) et vote contre la réduction du mandat présidentiel à 5 ans (16 octobre 1973). Il soutient François Mitterrand aux élections présidentielles des 5 et 19 mai 1974 mais ne campe pas ensuite dans une opposition résolue au président Giscard d’Estaing. Il s’abstient volontairement lors du vote sur la déclaration de politique générale de Jacques Chirac (6 juin 1974), s’oppose à l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974) mais soutient la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974) comme la réforme du divorce (4 juin 1975). En juin 1976, Robert Drapier participe au comité de coordination des socialistes « hors programme commun » et se rapproche d’élus qui, comme le maire de Mulhouse Emile Muller, refusent l’alliance avec les communistes. Cette évolution ne vaut pas ralliement inconditionnel à la majorité présidentielle, puisque le député lorrain fait à nouveau le choix de l’abstention volontaire après la présentation du programme du gouvernement Barre dans l’hémicycle du Palais-Bourbon (28 avril 1977). Membre du Mouvement européen, cet élu d’une région frontalière se prononce en faveur de l’élection du Parlement européen au suffrage universel le 21 juin 1977.
La crise de l’industrie sidérurgique qui frappe le Pays-Haut fragilise la position d’un responsable politique aussi modéré que le député-maire de Longuyon. En 1976, il perd son mandat de conseiller général. L’année suivante, il est défait aux municipales à Longuyon par une liste de gauche mais reste conseiller régional de Lorraine. Il renonce à se présenter aux législatives de mars 1978, qui voient l’élection du communiste Antoine Porcu dans la septième circonscription de la Meurthe-et-Moselle. C’est moins de six mois après avoir abandonné son mandat parlementaire que Robert Drapier meurt, âgé de 66 ans. Il était officier des Palmes académiques et avait été décoré de la médaille des Evadés ainsi que de la médaille d’argent de la jeunesse et des sports.
Son fils Jacques s’engage également dans la vie publique dès les années 1970, mais au sein du Parti socialiste. Assureur à Neufchâteau, dans les Vosges, il est maire de cette ville de 1989 à 2008, conseiller général du canton éponyme à partir de 2004 et conseiller régional de Lorraine de 1998 à 2004.