Lucien Draveny
1896 - 1991
Né le 19 juin 1896 à Lille (Nord)
Décédé le 23 octobre 1991 à Paris (19e)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Marne)
Député de la Marne de 1946 à 1955
Fils d'un plombier et d'une couturière de Lille, Lucien Draveny, orphelin à sept ans, apprend le métier de cordonnier à Ay, dans la Marne, dont sa famille était originaire. Mobilisé en avril 1915, versé ensuite dans le service auxiliaire par la Commission de réforme, il demande à passer dans le service armé au régiment de tirailleurs marocains avec lequel il combat en métropole et au Maroc.
Dès sa démobilisation en 1919, Lucien Draveny adhère au Parti socialiste. Etabli à Châlons, où il se marie en 1925, il devient en 1931 secrétaire adjoint de la Fédération socialiste de la Marne. Exclu de la S.F.I.O. en mars 1939 pour avoir recherché sur le plan local, un accord de fusion avec les communistes, il est pourtant peu après élu secrétaire de sa fédération.
Pendant l'Occupation, Lucien Draveny participe à la Résistance et réorganise dans la clandestinité le Parti socialiste. Détenu quelque temps par la Gestapo, il est relâché faute de preuves. A la Libération, il est nommé membre de la délégation spéciale de Châlons, puis est élu adjoint au maire en 1945. Il conserve son mandat de conseiller municipal jusqu'en 1954.
Le 21 octobre 1945, il est élu à la première Constituante. La liste S.F.I.O. qu'il conduit obtient 45 238 suffrages sur 175 417 exprimés et emporte l'un des cinq sièges à pourvoir dans la Marne. Il est nommé membre de la Commission des affaires économiques et dépose deux propositions de loi relatives à la profession de coiffeur et au statut de l'artisanat. Il vote pour la nationalisation du crédit (2 décembre 1945), du gaz et de l'électricité et des assurances (mars-avril 1946), pour le projet de loi relatif à la dévolution des biens des entreprises de presse (16 avril) et se prononce en faveur du premier projet de Constitution (19 avril).
De nouveau tête de liste du Parti socialiste, Lucien Draveny est réélu à la seconde Constituante par 33 196 suffrages sur 181 313 exprimés. Il est reconduit dans la Commission des affaires économiques et fait également partie de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de guerre. Favorable à l'élection de Georges Bidault comme chef du gouvernement provisoire et à la confiance à son cabinet (19 et 26 juin), il vote pour le second projet de Constitution (28 septembre).
Aux élections législatives du 10 novembre suivant, Lucien Draveny conserve son siège, malgré un certain recul de la S.F.I.O. (24 718 voix sur 167 176 suffrages exprimés). Dans la nouvelle Assemblée, il reste membre des Commissions des pensions (1946-1951) et des affaires économiques (1946) et appartient aux Commissions de la comptabilité (1947-1951), des boissons (1951) et des immunités parlementaires (1950-1951). Il est nommé juré à la Haute Cour de justice en 1947 et 1948.
Au cours de la législature, Lucien Draveny dépose quinze rapports, propositions de loi ou de résolution, relatifs principalement à ses fonctions au sein de la Commission des pensions, ainsi qu'au statut de l'artisanat. Il soutient le gouvernement Ramadier lors de la crise avec les ministres communistes (4 mai 1947), vote pour la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), la ratification du Plan Marshall (7 juillet) et les projets relatifs au Conseil de l'Europe et au pacte Atlantique (9 et 26 juillet 1949). Le 7 mai 1951, il se prononce en faveur de la réforme électorale entraînant le scrutin de liste majoritaire départemental avec apparentements.
Les élections du 17 juin 1951 le portent de nouveau à l'Assemblée, avec 19 639 voix sur 175 364 suffrages exprimés. La liste S.F.I.O. qu'il conduit réunit 10,6 % des suffrages ; un apparentement étant conclu avec les listes radicale, M.R.P. et du Groupement national de défense des contribuables. Lucien Draveny est reconduit dans les Commissions des pensions (1951-1955), de comptabilité (1951-1955) et des immunités parlementaires, comme membre suppléant (1952). Député actif et assidu, il dépose seize textes durant la deuxième législature, dont onze rapports au nom de la Commission des pensions.
Il s'oppose aux lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), vote pour la ratification du traité instituant la Communauté charbon-acier (13 décembre), contre la confiance à Antoine Pinay (6 mars 1952) et à Joseph Laniel (26 juin 1953) auquel il refuse la confiance après Diên-Biên-Phû (13 mai et 12 juin 1954, chute du cabinet). Après avoir voté l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin), il approuve les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Partisan de la Communauté européenne de défense, il vote contre la question préalable qui équivaut à son rejet (30 août), puis ratifie les accords de Londres (12 octobre) et de Paris (28 décembre) relatifs à la fin de l'occupation de l'Allemagne et à son réarmement. Le 4 février 1955, Lucien Draveny approuve le gouvernement Mendès-France sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet), puis refuse la confiance à Edgar Faure (23 février), mais se prononce en faveur du projet de réforme électorale rétablissant le scrutin d'arrondissement (16 novembre).
Il ne se représente pas aux élections anticipées du 2 janvier 1956 et se retire alors de la vie politique.
Lucien Draveny était chevalier de la Légion d'honneur (1982) et titulaire de la Médaille militaire (1956), comme ancien combattant de la guerre 1914-1918.