Jules, Augustin Auffray
1852 - 1916
- Informations générales
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- Né le 3 novembre 1852 à Paris (Seine - France)
- Décédé le 7 avril 1916 à Paris (Seine - France)
1852 - 1916
Né à Paris le 3 novembre 1852, mort à Paris-6° le 7 avril 1916.
Député de Paris de 1902 à 1906.
Petit-fils, du côté maternel, du Docteur Boulu, l'un des médecins de Napoléon III, Jules Auffray fit de brillantes études au collège des jésuites de Vaugirard. En 1870, alors qu'il n'avait pas encore 18 ans, il s'engagea dans un bataillon de mobiles et prit part à divers combats sous Paris. Démobilisé il continua ses études, et devint licencié ès lettres, docteur en droit avec une thèse sur L'influence des cours d'eau sur les propriétés riveraines, en droit romain, et Les cours d'eau non navigables ni flottables, en droit français.
Reçu premier au concours d'auditeur au Conseil d'Etat en 1878, il démissionna en 1880, au moment de la publication des décrets visant les congrégations. Il s'inscrivit au barreau de Paris, devint membre des conférences Olivaint et Molé, dont il fut président, et se consacra à la politique et à la défense religieuse dans le comité présidé par M. de Mackau. Dans une brochure intitulée Les expulsés devant les tribunaux il traça la voie à suivre. par les victimes des décrets, et mit ses connaissances juridiques au service de l'Institut des frères des écoles chrétiennes, auquel l'Etat contestait la propriété de leur immeuble de la rue de Sèvres.
Il dirigea pendant plusieurs années le Journal de Saint-Germain, organe catholique et. royaliste, soutenant de vives polémiques contre le maire de cette ville, M. de Mortillet, député radical et anticlérical, et collabora à divers autres journaux, notamment au Monde et surtout à la Vérité française. Il se fit également connaître comme orateur enthousiaste et persuasif dans de nombreuses réunions catholiques, parlant notamment contre les laïcisations, et en faveur de la liberté de l'enseignement. Après la mort du Comte de Chambord (24 août 1883) il publia une brochure très remarquée pour engager les légitimistes à se rallier au Comte de Paris.
En 1885, il fut candidat aux élections législatives en Seine-et-Oise, sur la liste conservatrice dite de « défense agricole », qui n'eut que peu de succès. En 1888 il se présenta dans les Ardennes à une élection partielle, et après une campagne improvisée des plus mouvementées et parfois périlleuse, obtint près de 30.000 voix contre 36.000 à son concurrent républicain; M. Linard qui fut élu. Il se lança avec ardeur dans le mouvement boulangiste et eut un rôle important dans les comités qui préparaient les élections et choisissaient les candidats opposés au parti républicain qui détenait alors le pouvoir.
Candidat dans l'arrondissement de Rocroi en 1889, il échoua au 2° tour avec 4.900 voix contre 5.800 à M. Jacquemart, radical. Il tenta une fois de plus sa chance dans la 2° circonscription de Domfront le 20 août 1893 et échoua avec 4.400 voix contre 9.90Q à M. Gevelot, républicain modéré. Il prit ensuite une part des plus actives au mouvement nationaliste lors de l'affaire Dreyfus, se signalant au premier rang des défenseurs les plus fougueux de l'état-major, violemment attaqué par les adversaires de la condamnation, et fut mêlé à divers incidents, notamment lors du procès de Zola, à l'occasion duquel il eut des démêlés avec le bâtonnier Barboux, mettant ce dernier en mauvaise posture, et qui donnèrent lieu à de vives polémiques de presse.
En 1904, il défendit brillamment devant le conseil de guerre et fit acquitter l'officier d'administration Dautriche, archiviste du Ministère de la Guerre, inculpé de graves irrégularités, et publia en octobre 1905, une brochure sur L'affaire Dautriche, destinée dans l'esprit de ses accusateurs, à fournir à la Cour de Cassation un motif plausible pour casser le jugement de Rennes qui avait condamné Dreyfus.
Aux élections municipales de Paris de 1900, il enleva le siège du quartier de la Sorbonne au conseiller sortant, M. Lefèvre, socialiste, après une lutte acharnée au 2° tour de scrutin, par 2.505 voix contre 1.863. A l'Hôtel de Ville, il montra les plus solides et les plus sérieuses qualités d'administrateur et fut membre de la 5° Commission qui a dans ses attributions l'Assistance publique et de la Commission du personnel. Il présenta des propositions et rapports relatifs au statut des gardiens de la paix; ses interventions s'inspiraient de l'esprit d'équité, du sens de l'intérêt général, de la générosité envers les déshérités, en même temps que de l'économie rigoureuse des deniers publics. Il s'attacha aussi à assainir et embellir son quartier de la Sorbonne. Il ne se représenta pas aux élections municipales de 1904.
Entre temps, en effet, il avait posé avec succès sa candidature aux élections générales législatives des 27 avril et 11 mai 1902 dans la 1re circonscription du 5° arrondissement de Paris, battant au 2° tour de scrutin un adversaire redoutable qui n'était autre que Viviani. Cette campagne électorale fut retentissante et parfois violente. Les affiches électorales de Jules Auffray, au tour original et littéraire, vibrantes et passionnées, mais toujours courtoises, où l'humour répondait aux injures de ses adversaires, obtenaient un vif succès dans le quartier des Ecoles.
Inscrit au groupe des Républicains nationalistes et membre de diverses Commissions, il se montra à la fois plein d'activité et d'ardeur. La censure fut prononcée contre lui dès le début de la législature en raison d'une interruption intempestive qu'il lança au cours de la fixation de la date de discussion d'une interpellation de M. Aynard sur la fermeture d'écoles d'enseignement libre. II participa à maintes discussions, notamment sur : les incompatibilités parlementaires (1902) ; la contribution des patentes (1902); l'organisation du régime du gaz à Paris (1902 et 1904); la défense de Bizerte (1903); la liquidation des biens des congrégations (1903 et 1905); l'assistance aux vieillards, infirmes et incurables (1903) ; la suppression des emblèmes religieux dans les tribunaux et prétoires (1903); la réforme des justices de paix (1904); la suppression de l'enseignement congréganiste (1904); le contrôle des sociétés d'assurances sur la vie (1904); le fonctionnement des établissements congréganistes d'assistance (1905); la séparation -des églises et de l'Etat (1905); le secret et la liberté du vote (1905); la liberté politique des membres de l'enseignement (1906); la création des théâtres populaires (1906); les caisses de retraites ouvrières (1906); l'application de la loi sur les accidents du travail à toutes les exploitations commerciales (1906).
Aux élections générales de 1906, Viviani lui reprit son siège et il échoua encore aux élections générales de 1910 où il fut battu par Painlevé. Enfin, en 1914, il fut candidat dans la 2° circonscription de Saint-Denis, mais Albert Thomas, socialiste, l'emporta au 2° tour de scrutin.
Passionné de littérature et de théâtre, il s'adonna aussi à la critique dramatique ; il était membre de l'Association de la critique et publia dans la Vérité française, sous le pseudonyme de Boisrouvray, des feuilletons très remarqués sur les principales œuvres théâtrales de l'époque, défendant la vraie tradition nationale et les principes de saine moralité et faisant sienne la devise de Louis Veuillot : « La littérature doit nous porter de la vie réelle à la vie surnaturelle ». Il voulait que le théâtre ait une portée morale et il ne cessa de lutter contre l'envahissement de la littérature matérialiste. Il était de plus membre de l'Association de la presse judiciaire parisienne et chroniqueur judiciaire à la Vérité française. Ayant un culte fervent pour Jeanne d'Arc, qu'il ne cessa d'exalter par la parole et par la plume, il contribua pour une large part à créer le grand mouvement d'opinion qui aboutit il l'institution de la fête nationale de l'héroïne française.
Patriote ardent, il ne put prendre une part active à la guerre de 1914-1918, n'ayant pas été, malgré ses démarches, réintégré dans son grade de capitaine d'artillerie de territoriale, dont il avait été cassé par le Général André, sous le Ministère Combes. Mais il fonda et administra l'hôpital militaire de Saint-Pol, pour les typhiques, en assurant lui-même le ravitaillement. L'activité intense qu'il déploya dans ce service volontaire, et les fatigues qu'il s'imposa, entraînèrent sa fin prématurée le 7 avril 1916 à Paris. Puissante personnalité, tempérament impétueux et combatif, qui le poussait à se dépenser sans compter, d'une vive intelligence, d'une culture aussi étendue que solide, d'une activité et d'une puissance de travail peu communes, Jules Auffray s'imposait même à ses adversaires par sa droiture et son désintéressement, par l'ardeur et la générosité de ses convictions religieuses et politiques, sa haute valeur morale et la dignité exemplaire de sa vie privée, dominée par la passion du devoir et le culte de la famille.
Outre les ouvrages cités dans cette notice, il avait encore publié : Le rétablissement du monopole universitaire (1883), Le 3 septembre 1833 à Goritz, son histoire et ses résultats (1883).