Hubert Dubedout
1922 - 1986
DUBEDOUT (Hubert, Marie, Paul)
Né le 9 décembre 1922 à Paris)
Décédé le 25 juillet 1986 à l’Arête de la Table
Député de l’Isère de 1973 à 1983
Hubert Dubedout voit le jour à Paris (12ème), dans une famille aisée d’industriels, le 9 décembre 1922. Voyageur par goût, il ne suit pas la voie toute tracée par son ascendance sociale, et ne prend donc pas la succession de son père. À dix-huit ans, après des études secondaires aux lycées de Pau, de Marseille et de Toulon, il choisit de préparer « Navale », essentiellement dans le but de partir. Mais la guerre en décide autrement. En 1942, il devient officier de Marine. Il s’engage dans les Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.), et participe à la Résistance dans le Sud-ouest. Simultanément, il suit les cours de la Faculté des sciences de Toulouse, et obtient une licence. A la Libération, marié à Marie-Rose Daussy qui lui donne deux enfants, il retrouve l’Ecole navale pour une dizaine d’années. En 1947, il embarque alors sur le porte-avions « Arromanches ». Deux ans plus tard, en 1949, il est commandant de patrouilleur en Indochine, avant de rejoindre l’aéronavale, en 1953, puis l’état-major du groupe d’action anti-sous-marine, en 1955. En 1957, il est l’élève de l’Ecole de guerre navale. Entre-temps, il a complété sa formation initiale par un diplôme de master of sciences de l’Université américaine de Pittsburgh.
C’est précisément dans les jeunes années de sa carrière d’officier, au moment des guerres de décolonisation, qu’Hubert Dubedout apprend à se méfier des hommes politiques. Une figure de la vie politique française semble cependant trouver grâce à ses yeux, alors que la Quatrième République est rythmée par l’instabilité gouvernementale, c’est Pierre Mendès France, dont il ne cessera d’espérer le retour, sous la République suivante. La guerre d’Algérie donne cependant le coup de grâce à la carrière militaire d’Hubert Dubedout. En 1958, il obtient son détachement au Centre d’études nucléaires de Grenoble (CENG), alors en cours de création. Il devient alors ingénieur, et adjoint du futur Prix Nobel, Louis Neel. C’est en quelque sorte le tournant de sa vie.
Son arrivée à Grenoble semble motivée par son amour de la montagne, et des activités sportives qui peuvent y être pratiquées. Cet amateur de ski et d’alpinisme ne serait vraisemblablement pas entré en politique et, presque immédiatement, élu à la tête de la mairie de Grenoble, si l’alimentation en eau de certains quartiers de la capitale dauphinoise n’avait été défaillante. Ulcéré que les services municipaux ne réagissent pas à ce qu’il considère comme un abandon des quartiers, il crée un syndicat des usagers à la tête duquel il multiplie les propositions pour essayer de résoudre ce problème. Il finit par y parvenir, et voir l’eau monter à tous les étages des immeubles de Grenoble. Objet d’une popularité qu’il n’a pas véritablement recherchée, de nature discrète et d’aspect sévère, voire austère, cet homme de haute taille s’engage dans l’action municipale de façon concrète. A ce titre, en compagnie de quelques proches, membres du Parti socialiste unifié (PSU), il participe au lancement d’un des premiers groupements d’action municipale (GAM). Aussi, est-ce à la surprise générale que le G.A.M. grenoblois, allié à la SFIO, et bénéficiant du désistement inespéré des voix communistes, est victorieux de l’équipe municipale sortante, menée par le gaulliste Albert Michalon, aux élections municipales de mars 1965 : Hubert Dubedout est élu maire de Grenoble. La nouveauté de la démarche politique à Grenoble, dans l’accession au pouvoir, comme dans sa gestion, est très vite reconnue au-delà de la ville-préfecture. Le maire élu, en adéquation avec la sociologie des nouvelles classes sociales grenobloises, veille alors pendant 18 ans sur le destin d’une cité au développement urbain jugé souvent exemplaire. Pragmatique et réaliste, Hubert Dubedout considère que « l’action politique, c’est d’abord analyser les problèmes et voir ensuite comment on peut les régler ». Le premier dossier du maire qui, à n’en pas douter, conforte sa légitimité politique et suscite sa candidature aux élections législatives de 1973, concerne les Jeux olympiques d’hiver de 1968. Avec le préfet de l’Isère Maurice Doublet, il prend immédiatement conscience de la chance et du formidable héritage que les épreuves olympiques peuvent apporter à sa ville. « Les jeux olympiques, ça doit d’abord servir », lance le maire dont l’activisme municipal va progressivement bouleverser, en quelques années, l’aspect de cette « ville laboratoire », de plus en plus convoitée. Les domaines de l’urbanisme, de la santé, de la culture et de la vie associative se trouvent aux premiers rangs de la modernisation de la ville. Les cérémonies d’ouverture par le général de Gaulle, les épreuves de patinage et de hockey ont lieu à Grenoble. Un nouvel hôtel de ville, un nouvel hôtel de police, une nouvelle gare ferroviaire, un palais des sports, une maison de la culture et une patinoire sont construits. Le village olympique est transformé en logements après les jeux. Le maire participe également au mouvement de modernisation des méthodes de gestion municipale, en s’efforçant notamment de libérer les communes des contraintes étatiques. Dès 1969, au nom du rôle économique des villes, il créé une structure d’accueil des entreprises, le Bureau d’implantation des entreprises nouvelles (BIEN), dans le but d’attirer ces dernières dans l’agglomération, et de faire de Grenoble le premier pôle français de micro-électronique, après Paris.
Réélu maire de Grenoble en 1971, il est candidat aux élections législatives du printemps 1973, dans la deuxième circonscription de l’Isère, regroupant les cantons de Grenoble-Nord et de Grenoble-Sud. Il se présente comme candidat apparenté au Parti socialiste et aux radicaux de gauche. Se revendiquant du programme commun de la gauche, signé l’année précédente, il propose « un socialisme moderne, efficace, fondé sur une démocratie étendue, se traduisant sur le terrain par un ensemble important d’équipements collectifs ». En face de « l’individualisme, de la civilisation du réfrigérateur, de l’automobile et de la télévision », thèmes chers au président Pompidou, Hubert Dubedout souhaite, lui, « promouvoir la responsabilité du citoyen dans sa vie professionnelle, dans son quartier, dans sa cité » ; il propose de « renforcer la solidarité avec les hommes ». Avec son suppléant, son chef de cabinet à la mairie, Guy Névache, membre du Comité directeur du Parti socialiste, Hubert Dubedout arrive en tête des huit candidats en lice au premier tour, avec 20 904 des 70 340 suffrages exprimés. Il devance de plus de 3 000 voix le député gaulliste sortant et ingénieur EDF, Pierre Volumard, dont le suppléant est le journaliste Alain Carignon. Le maire de Grenoble est très largement élu au second tour, avec 58,2% des voix.
À son arrivée à l’Assemblée nationale, Hubert Dubedout s’apparente au groupe Socialistes et radicaux de gauche, jusqu’au 3 décembre 1974. À partir de cette date, il en devient membre et y siège pour la durée de la législature. Le motif de cette appartenance politique s’explique par son ralliement au P.S. de François Mitterrand, à l’occasion des Assises du socialisme, la même année. Au cours des trois premières années de son mandat de député, il siège à la commission des finances, de l’économie générale et du plan, puis rejoint la commission de la production et des échanges, à partir du 2 avril 1976. Peu de temps avant, le 19 décembre 1975, il a été nommé membre du comité d’études chargé de proposer au Parlement les moyens d’améliorer les interventions foncières des collectivités locales. Il donne sa démission de ce comité, le 6 avril 1976. Au cours de son premier mandat de député, il dépose trois propositions de loi, le 24 mai 1973, le 30 juin 1976, et le 13 avril 1977. Le premier texte, dont il a l’initiative parlementaire concerne l’action civile des associations représentatives de consommateurs devant les juridictions répressives. Le deuxième a trait à la composition des conseils municipaux des communes de plus de 60 000 habitants. La dernière proposition de loi qu’il signe concerne les thèmes urbains qui lui sont chers, et notamment l’architecture et le cadre de vie. Ses prises de parole à l’Assemblée nationale sont très nombreuses, entre 1973 et 1978. Il intervient au cours de 42 discussions différentes, en séance publique. En plus des dix questions qu’il pose au gouvernement, dont les thèmes concernent aussi bien le maintien d’industries de haute technologie que la réforme de la taxe professionnelle, Hubert Dubedout prend la parole en séance publique sur des sujets essentiellement relatifs aux questions politiques locales. En effet, le 9 mai 1973, il est rapporteur pour avis sur le projet de loi relatif à l’hébergement collectif. Longuement, le 17 mai 1973, il intervient dans l’hémicycle, au moment où le gouvernement fait une déclaration sur les orientations de la politique urbaine. Il estime que ce débat doit se placer au niveau de la vie quotidienne. À cet égard, il considère que le centre des villes doit être un véritable service public de la collectivité locale. De manière générale, il souhaite faire la promotion de la vie sociale urbaine autour des équipements collectifs. Le 28 juin suivant, il est l’un des orateurs socialistes inscrits dans la discussion du projet de loi modifiant le code de l’urbanisme et de l’habitation. Il est présent dans le débat budgétaire, le 15 novembre 1973, sans surprise sur les questions relevant du ministère de l’aménagement du territoire, de l’équipement, du logement et du tourisme. Il défend alors les besoins des villes en logements sociaux. A la fin de cette première année de législature, le 4 décembre, il prend toute sa part dans la discussion du projet de loi sur la modernisation des bases de la fiscalité directe locale. Il suggère la fixation d’un taux départemental de la taxe professionnelle, et regrette l’impossibilité de la commune de pouvoir moduler ses autres impôts. Dans le même sens, il présente son point de vue, dans la discussion de la proposition de loi relative à la mise en cause pénale des maires, le 9 juillet 1974. Il rappelle l’extrême imbrication entre l’autorité du préfet et celle du maire, montrant au passage l’inconfort de la position des premiers magistrats communaux. Il défend, au mois de juin 1975, le projet de loi portant suppression de la patente et institution d’une taxe professionnelle. Il relève le problème très grave des communes périphériques des grandes villes, et fonde sa démonstration sur le cas de Saint-Martin d’Hères, dans la banlieue de Grenoble. A l’automne de la même année, le 7 octobre 1975, il présente un point de vue précis et développé de sa conception de la réforme de l’urbanisme et de la politique foncière. Il dénonce alors le danger de l’uniformisation des densités des populations urbaines, car « une ville est une sculpture avec des points forts et des points doux ». Dans ce débat, il dépose sept amendements et deux sous-amendements, dans le but d’affirmer l’obligation de concession des sols et d’interdire la rétrocession des terrains. Un seul sera adopté. Le 27 novembre de la même année, il prend part à la discussion relative à la protection des locaux à usage d’habitation et, le 17 décembre qui suit, il insiste sur une nécessaire décentralisation du centre de formation des personnels communaux, à l’occasion du débat sur une proposition de loi portant modification du code de l’administration communale. La délibération parlementaire, dans laquelle le député de Grenoble s’investit le plus concerne le projet de loi portant réforme de l’urbanisme, inscrit à l’ordre du jour à partir du 6 avril 1976. Il défend treize amendements dont quatre sont adoptés. Sa contribution à la législation proposée par le gouvernement vise notamment à instituer une servitude de passage public sur les parcelles situées le long du littoral. Il souhaite favoriser au maximum les initiatives développant « la démocratie locale », en s’appuyant notamment sur les associations. À cet égard, il invite la représentation nationale à faire confiance au tissu associatif - c’est d’ailleurs l’objet de l’un de ses amendements adoptés -, à partir du moment où le Conseil municipal aura su « discerner le bon grain de l’ivraie ». Le dernier débat majeur de la législature, auquel Hubert Dubedout participe avec assiduité, la discussion du projet de loi portant réforme de l’aide au logement, montre en quoi le député socialiste de l’Isère n’est pas très éloigné des conceptions du démocrate-chrétien Jacques Barrot, secrétaire d’Etat au logement de Jacques Chirac, dont le texte défendu assure les fondements de l’aide personnalisée au logement (A.P.L.). Au cours de cette législature, il a été le rapporteur spécial du budget de la santé et de l’action sociale pour les années 1975 et 1976.
Par ses votes, le député-maire de Grenoble s’inscrit très nettement dans l’opposition aux gouvernements Messmer, Chirac et Barre. En effet, le 12 avril 1973, il vote contre la déclaration de politique générale du gouvernement, et en fait de même, le 16 octobre suivant, vis-à-vis du projet de loi constitutionnelle visant à réduire à cinq ans la durée du mandat de président de la République. Il vote, tout autant, contre la déclaration de politique générale du premier gouvernement Chirac, le 6 juin 1974. A nouveau, à l’Assemblée nationale, le 10 octobre suivant, il se prononce contre la révision relative à l’élargissement de la saisine du Conseil constitutionnelle. En revanche, comme la majorité de ses collègues socialistes, il approuve le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), dont le scrutin public a lieu le 28 novembre 1974. Son soutien est tout aussi effectif, le 4 juin 1975, au regard de la réforme du divorce par consentement mutuel, présentée par le garde des Sceaux Jean Lecanuet. Comme il l’a fait pour les deux premières, Hubert Dubedout vote contre le projet de loi constitutionnelle visant à modifier les règles de la campagne électorale à l’élection présidentielle, le 8 juin 1976, à l’Assemblée nationale. Le programme de gouvernement que Raymond Barre présente le 28 avril 1977 ne trouve pas davantage grâce aux yeux de l’élu socialiste qui soutient finalement, le 21 juin 1977, l’ensemble du projet de loi relatif à l’élection des représentants à l’Assemblée des communautés européennes.
Entre-temps, Hubert Dubedout a été élu membre du Conseil régional Rhône-Alpes, en novembre 1973, après avoir été candidat, sans succès, aux élections cantonales des 23 et 30 septembre précédents. Le 16 février 1975, il est élu vice-président de l’Assemblée régionale, et le demeure jusqu’en 1979. Le 13 juin 1974, et jusqu’en novembre 1977, il est vice-président, puis président de la commission des communautés urbaines de l’association des maires de France. Au cours des années 1970, il occupe un grand nombre de fonctions de représentation au sein d’organismes à caractère local. Ainsi, le 17 janvier 1975, il est membre de la commission de l’aménagement du territoire et du cadre de vie pour la définition de l’orientation préliminaire du VIIème Plan. En juillet suivant, il est nommé membre du conseil d’administration de l’Office national de diffusion artistique (ONDA). Le 20 décembre de la même année, il entre au comité d’études chargé de proposer au Parlement des moyens d’améliorer les interventions foncières des collectivités locales mais, dans les jours qui suivent, il refuse d’y demeurer.
Fort de son ancrage local, ayant acquis une légitimité en matière de gestion municipale en faisant de Grenoble un véritable laboratoire d’idées, Hubert Dubedout est réélu maire de la ville, en mars 1977. Quelques mois plus tard, en novembre, il accède à la présidence de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains. Aussi est-ce avec quelques espoirs de retrouver le Palais-Bourbon qu’il présente sa candidature aux élections législatives du printemps 1978. Avec son nouveau suppléant, Bernard Montergnole, professeur et adjoint au maire d’Echirolles, Hubert Dubedout arrive en tête des quatorze candidats en lice, au premier tour du scrutin. Le 19 mars, il remporte le scrutin avec une nette avance sur son concurrent gaulliste, le jeune conseiller général RPR et chef de service des relations extérieures de la Chambre de commerce et d’industrie des Alpes, Alain Carignon. Le député sortant et maire de Grenoble obtient 47 649 des 85 493 suffrages exprimés, soit 55,7% des voix.
À l’Assemblée nationale, il s’inscrit au groupe socialiste. Quelque temps plus tard, il est nommé membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il y siège jusqu’en 1981. Au cours de la législature, il appartient à trois commissions spéciales chargées de questions très différentes : la réglementation de la publicité extérieure et des enseignes (26 octobre 1978) ; la modération du prix de l’eau (16 novembre 1978) ; la fiscalité directe locale (23 novembre 1978). S’il ne dépose pas de propositions de loi au cours de ce deuxième mandat, il intervient dans la discussion de douze textes. Ses sujets de prédilection restent l’administration communale et l’aménagement régional. Aussi prend-il la parole longuement dans la discussion du projet de loi modifiant le code des communes et relatif à la dotation globale de fonctionnement versée par l’Etat aux collectivités locales. Il s’inquiète de la volonté du gouvernement d’introduire la politique d’austérité dans la question des finances locales. D’ailleurs, il dépose vingt-deux amendements au cours de cette discussion ; huit d’entre eux sont adoptés qui visent, pour l’essentiel, à ajouter les communautés urbaines à la liste des organismes susceptibles de recevoir une aide de démarrage, et à prendre en compte le revenu patrimonial des communes dans le calcul du minimum garanti par habitant qui leur est attribué. Le 17 mai 1979, et dans les semaines qui suivent, il participe très ardemment à la discussion du projet de loi portant aménagement de la fiscalité directe locale. Dans ce débat, il dépose vingt-quatre amendements. Trois d’entre eux sont adoptés, qui visent à la réforme de la taxe professionnelle. Enfin, ultime intervention de cette législature, la défense de son amendement dans la discussion, en deuxième lecture, du projet de loi instituant une dotation globale de fonctionnement versée par l’Etat aux collectivités locales. A cet égard, il souligne les difficultés financières des grandes villes, et la nécessité de tenir compte de la composition sociologique des communes. Il souhaite enfin réformer le régime fiscal des implantations d’équipements d’Etat sur le territoire des communes. C’est aussi un moyen de rendre compte des difficultés des communes périphériques urbaines et du retard de leur potentiel fiscal.
Au cours de ce deuxième mandat, Hubert Dubedout s’affirme en opposant des politiques menées par les gouvernements Barre. Le 20 avril 1978, il rejette la déclaration de politique générale du gouvernement. Comme il l’a fait en 1974 sur le projet de loi initial sur l’interruption volontaire de grossesse, il vote pour l’ensemble du projet de loi rendant définitives les dispositions de la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse, le 29 novembre 1979. Le 18 décembre suivant, en deuxième lecture, il vote contre le texte gouvernemental portant aménagement de la fiscalité directe locale. Comme la représentation nationale à sa presque unanimité, il vote en faveur de la proposition de loi relative au viol et aux attentats à la pudeur, le 11 avril 1980, et soutient le projet de loi modifiant le code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales. Enfin, le 18 décembre 1980, il rejette le projet de loi, défendu par le garde des Sceaux Alain Peyrefitte, renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, dit projet de loi « sécurité et liberté ».
Après la victoire de François Mitterrand à la présidence de la République, Hubert Dubedout est candidat à sa succession, dans la deuxième circonscription de l’Isère. Il rêvait du ministère de l’équipement et des transports mais son camarade Louis Mermaz, maire de Vienne et président du Conseil général de l’Isère, après lui avoir promis d’en parler au nouveau Président, en devient le titulaire, quelque temps avant d’être nommé Président de l’Assemblée nationale. Hubert Dubedout en gardera une tenace rancœur, de même que de n’avoir pas été associé plus étroitement à la victoire socialiste du 10 mai. Réélu député très largement, le 21 juin 1981, avec 61,6% des voix contre Alain Carignon, le député-maire de Grenoble s’est présenté comme un acteur politique alliant « rigueur et imagination ». À l’Assemblée nationale, il rejoint le groupe socialiste ; il est nommé membre de la commission des affaires étrangères. Il vote les grands textes présentés par les socialistes, en ce début de législature : il approuve la déclaration de politique générale de Pierre Mauroy, le 9 juillet 1981, le projet de loi portant abolition de la peine de mort, le 18 septembre 1981, celui concernant l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, le 6 décembre 1982. Il vote aussi en faveur du projet de loi relatif à la couverture des frais afférents à l’interruption volontaire de grossesse non thérapeutique, le 20 décembre suivant. Le 20 avril 1983, il soutient l’ensemble du projet de loi relatif aux enquêtes publiques et, à l’instar de la représentation nationale à sa presque unanimité, il approuve le texte défendu par le garde des Sceaux Robert Badinter, tendant à renforcer la protection des victimes d’infractions. Mais son mandat est écourté, le 3 décembre 1983, en raison de la prolongation au-delà de six mois de la mission temporaire qui lui a été conférée par le gouvernement le 3 juin 1983. Il accomplit cette mission auprès des ministres de l’industrie et de la recherche – Laurent Fabius - et du commerce extérieur et du tourisme – Edith Cresson -, afin d’étudier les mesures à prendre pour améliorer les résultats de la balance des échanges commerciaux avec les pays fournisseurs de pétrole (Arabie saoudite, Algérie, URSS, Emirats arabes unis, Norvège). Sa prise de distance vis-à-vis du monde politique est surtout la conséquence de sa défaite aux élections municipales à Grenoble de mars 1983, dès le premier tour, alors qu’il est distancé de 6 000 voix par son ancien adversaire à la députation, Alain Carignon, âgé de 34 ans. De plus, il a été considéré comme l’un des oubliés de la victoire de 1981 ; le gouvernement de Pierre Mauroy, dont ce rocardien apparenté fut un proche, ne lui propose que la présidence de la commission nationale pour le développement social des quartiers, à partir de décembre 1981. La présidence de la Compagnie française des Pétroles (CFP – Total) lui échappe. De plus, il est totalement absent de la campagne sénatoriale en Isère, largement remportée par l’opposition. À l’annonce de sa démission, son suppléant Bernard Montergnole le remplace à l’Assemblée nationale.
Cette décision signifie aussi son départ de l’Isère. Il s’installe à Paris et préside l’association technique de l’importation charbonnière (ATIC), organisme qui détient le monopole du marché du charbon étranger en France. « Il eut alors une attitude très gaullienne ; le jour où il fut battu, il quitta l’exercice du pouvoir », reconnaît le député RPR de l’Isère Michel Hannoun. Hubert Dubedout reste cependant attaché au Dauphiné et aux Alpes du Nord, et continue d’y pratiquer très fréquemment la randonnée et l’alpinisme. Sa course en montagne, le 25 juillet 1986, aura raison de sa passion, et finalement de sa vie. L’ascension de l’Arête de la Table, à l’Aiguille du Tour, dans le massif du Mont-Blanc, lui est fatale. Victime d’un malaise cardiaque, déséquilibré, il chute et meurt aussitôt. Il avait 63 ans.
Les hommages rendus au père de la Grenoble moderne furent unanimes. A la nouvelle de sa mort, Alain Carignon, le « tombeur » d’Hubert Dubedout, déclare : « Grenoble est triste. Cette disparition plonge les Grenoblois dans une vive émotion ». Pour Michel Destot, alors conseiller général socialiste et successeur d’Hubert Dubedout à la mairie en 1995, « il restera pour tous ceux qui l’ont connu comme un homme intègre, enthousiaste et généreux. Avec lui, la politique devenait responsable, exigeante et concrète ». Hubert Dubedout était officier de la Légion d’honneur.