Emile, Jean Dumas
1873 - 1932
Né le 18 novembre 1873 à Saint-Amand-Montrond (Cher), mort le 15 mai 1932 aux Lilas (Seine).
Député du Cher de 1910 à 1919.
Né dans un milieu ouvrier à Saint-Amand-Montrond, le 18 novembre 1873, Emile Dumas devint ajusteur-mécanicien. Il milita de bonne heure en faveur des idées du parti socialiste, auquel il adhéra dès 1894 et fut correspondant de l'Humanité et de l'Emancipateur. Tenté par la vie publique, il fut candidat malheureux en 1907 au Conseil général du Cher, pour le canton de Lignières. Il prit sa revanche aux élections législatives de 1910 dans la préparation desquelles la réelle facilité de sa parole fut efficace, devint maire de Saint-Amand, et bien que député, insista, en 1914, pour partir au front ; sous-lieutenant au 1er régiment territorial d'artillerie il fut observateur aux tranchées de première ligne et cité le 10 août 1915. La guerre finie, deux ans après la scission de l'unité socialiste en 1920, il s'insurgea contre le parti communiste et fut nommé membre de la Commission politique et trésorier adjoint de l'Union fédérative socialiste créée à Dijon le 24 décembre 1922 par des membres dissidents de la S.F.I.C. (Parti communiste).
Elu pour la première fois aux élections générales législatives des 24 avril et 8 mai 1910 dans la première circonscription de Saint-Amand-Montrond, le député sortant Pajot arrivait en tête au premier tour de scrutin avec 6.346 voix contre 5.160 à Dumas et 3.967 à Bonnerot, sur 15.179 votants. Au second tour, Bonnerot s'étant retiré, Emile Dumas l'emportait par 8.206 voix contre 7.084 au député sortant, sur 15.443 votants.
Au renouvellement du 26 avril 1914, le duel reprit entre les deux adversaires, dont Dumas sortit encore une fois vainqueur, avec 7.518 suffrages contre 4.521 à Pajot et 1.986 à Demerson sur 14.704 votants. En 1919, il ne devait pas faire partie de la Chambre bleu horizon : les élections du 16 novembre se firent au scrutin de liste ; il mena la liste S.F.I.O. au combat, mais elle n'eut qu'un seul élu au quotient électoral, qui fut Laudier, le second de la liste ; il s'en était fallu de 140 suffrages pour que Dumas fût élu : il avait obtenu 20.946 voix alors que Laudier en totalisait 21.086, sur 92.220 votants. Considérant « comme un minimum le programme des revendications immédiates du Parti socialiste », il précise, dans une profession de foi non dénuée de noblesse, ses intentions : extension des mesures sociales, retour au service militaire de deux ans, changement du mode de votation.
À la Chambre, où il siégea avec les socialistes, il appartint à de nombreuses Commissions et, en particulier, en 1910, à celle des programmes électoraux, à celle d'assurance et de prévoyance sociales, où il retrouvera sa place en 1914 à la législature suivante, ainsi, à la même date, qu'à celle des travaux publics, des chemins de fer et des voies de communication.
Auteur de propositions de loi d'intérêt local (1910, 1913), il déposa, en 1914, deux propositions de loi tendant à modifier, l'une le paragraphe 4, l'autre le paragraphe 5 de l'article 2 de la loi du 14 janvier 1913 relative à l'assistance aux familles nombreuses, puis, en 1917, une autre tendant à supprimer le couchage à la paille dans les établissements agricoles et, en 1919, une dernière enfin relative à la sécurité des travailleurs employés aux machines agricoles.
Il rédigea, en 1912, un premier rapport sur une proposition de loi tendant à étendre aux exploitants forestiers les dispositions de la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail : le Sénat n'ayant pas eu le temps de statuer, après les modifications apportées par la Chambre, avant la fin de la dixième législature, il rédigea le second rapport, dans la onzième législature, de cette mesure qui devint la loi du 15 juillet 1914 ; il fut aussi l'auteur du rapport sur le projet de loi tendant à ratifier la Convention signée à Berne le 13 octobre 1913 au sujet des retraites des employés de chemins de fer fédéraux suisses résidant et travaillant en territoire français, ainsi que de seize rapports de projets de loi d'intérêt local en matière financière ou ferroviaire.
Ses interventions à la tribune furent conformes à l'orientation du parti auquel il appartenait : elles se rapportent presque toutes à l'aspect social des sujets traités. C'est sous cet angle qu'il intervint dans la discussion des budgets des exercices 1911 à 1914 sur les chapitres justice, travaux publics (canal du Berry), intérieur, agriculture, forêts et des crédits pour l'exercice 1919 à propos des habitations à bon marché. Il prit aussi la parole au cours d'interpellations concernant les instituteurs et l'enseignement primaire (1913), une décision prise par l'inspecteur d'académie du Rhône (1913), les manifestations militaires ayant eu lieu dans diverses garnisons et les perquisitions qu'elles suscitèrent (1913), ainsi que dans la discussion du projet de loi modifiant la loi du 21 mars 1905 (durée du service dans l'armée active) et du projet de loi sur la caisse des écoles (1913). Au cours de la législature de guerre, il se fit entendre à propos des accidents agricoles, de la répartition et de l'utilisation des hommes mobilisés et mobilisables (1915), de l'émission d'un emprunt en rente 5 %, d'interpellations concernant les permissions des hommes au front (1916), ou le ravitaillement (1917); en 1919, enfin, il intervint dans la discussion relative à la journée de huit heures.
Après son échec aux élections générales de 1919, Emile Dumas reprit sa plume de journaliste au service de ses idées et continua à militer.
Il mourut aux Lilas, le 15 mai 1932, à peine âgé de 59 ans. Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur le 23 novembre 1926.
Date de mise à jour: avril 2014