Gaston Dumesnil
1879 - 1918
Mort pour la France
Né le 24 janvier 1879 à Argenteuil (S.-et-O.), mort le 8 septembre 1918 à Mont-de-Leuilly (Aisne).
Député du Maine-et-Loire de 1914 à 1918.
Gaston Dumesnil, descendant d'une famille angevine où des avocats se succédaient depuis le XVIe siècle, suivit la tradition familiale et, après avoir obtenu le diplôme de docteur en droit, s'inscrivit au barreau de la Cour d'appel de Paris. Il fut, pendant cinq ans, le secrétaire de Charles Prévet, sénateur de Seine-et-Marne, administrateur du Petit Journal et fut également rédacteur à ce quotidien. Il militait au sein de la Fédération républicaine dont il était secrétaire général pour le Maine-et-Loire.
Aux élections générales législatives de 1914, il se présenta dans la première circonscription d'Angers sous les auspices du docteur Monprofit, député sortant, qui se retirait de la vie politique. Il fut élu au premier tour de scrutin, le 26 avril, avec 13.317 voix contre 10.116 à Barot et 1.172 à Marsais, sur 25.158 votants.
Dans son programme, il prônait la défense des libertés de conscience et d'enseignement, du commerce, de l'industrie et de l'agriculture et se prononçait en faveur de la représentation proportionnelle et du vote familial.
Au Palais Bourbon, il s'inscrivit au groupe de la Fédération républicaine. Il fut membre de la Commission de la réforme judiciaire et de la législation civile et criminelle, de la Commission de la marine, de la Commission chargée d'examiner s'il y avait lieu de mettre en accusation un ancien Ministre de l'Intérieur. Il fut élu, au début de la session de 1916, secrétaire de la Chambre.
Il déposa une proposition de loi tendant à faire entrer en ligne, pour les annuités nécessaires à la Légion d'honneur, à la Médaille militaire ou à la pension de retraite, les citations d'un degré inférieur à l'ordre de l'armée (1918).
Il prit part à la discussion de la proposition de loi fixant les affectations aux unités combattantes des mobilisés appartenant à l'armée active et à sa réserve (1917), d'interpellations sur la politique générale du Gouvernement pour annoncer qu'il voterait la confiance au Ministère formé par Clemenceau (1917), du projet de loi tendant à modifier la législation des pensions des armées de terre et de mer (1917).
Dès la mobilisation, il était parti comme sergent au 106e R.I. et prenait part à tous les combats de ce régiment qu'il rejoignait volontairement chaque fois que celui-ci était appelé à se battre; il conquit successivement, sur les champs de bataille de la Marne, de Champagne, de Verdun, de la Somme et de l'Aisne les grades de sous-lieutenant, lieutenant et capitaine. Blessé une première fois le 26 septembre 1915, il fut cité et décoré de la Croix de guerre avec palme, puis fait Chevalier de la Légion d'honneur le 30 avril 1916 ; en juillet et en octobre de la même année il obtint deux nouvelles citations. En 1918, il était stagiaire à l'Etat-major de la 66e division de chasseurs dans la région de Vauxaillon (Aisne) et remplissait souvent des missions avec les troupes de première ligne. Le 8 septembre, il demanda à accompagner son collègue Abel Ferry, député des Vosges, qui accomplissant une mission parlementaire, désirait se rendre auprès d'un bataillon d'attaque. Ils quittèrent le P.C. de la division le matin à 5 h 45 ; quelques heures après ils furent tous deux blessés par des éclats d'obus. Abel Ferry put être évacué, mais Dumesnil, à toute extrémité, ne put être que très difficilement transporté à Mont-de-Leuilly où il expira vers 17 h 30. Il n'avait que 39 ans ! Dès qu'il avait appris sa blessure, le général commandant la 66e division avait demandé et obtenu pour lui la rosette d'Officier de la Légion d'honneur.
Dans l'éloge funèbre qui fut prononcé devant la Chambre le 12 septembre, le président Paul Deschanel exalta son héroïsme : « Gaston Dumesnil a trouvé la mort qu'il méritait, qu'il cherchait avec opiniâtreté, le sourire aux lèvres, depuis quatre ans. On. le vit sur tous les champs de bataille... offrant son cœur intrépide aux coups les plus dangereux... Il lui paraissait - il l'a dit en expirant - que ce n'était point assez de vivre pour la France... Son corps n'est plus. Mais son âme vit et sa mémoire restera sacrée. »