Emile, Amédée Dupourqué
1859 - 1939
- Informations générales
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- Né le 8 avril 1859 à Salies-de-béarn (Basses-Pyrénées - France)
- Décédé le 6 septembre 1939 à Biarritz (Basses-Pyrénées - France)
1859 - 1939
Né à Salies-de-Béarn (Basses-Pyrénées) le 8 avril 1859, mort à Biarritz (Basses-Pyrénées) le 6 septembre 1939.
Député des Basses-Pyrénées de 1906 à 1910.
Rien ne semblait destiner le. fils de Jean-Jacques Dupourqué, propriétaire à Salies-de-Béarn, et de Sophie-Amélie Voidel, son épouse, à devenir officier de marine. Pourtant, dès l'âge de 14 ans, ce Béarnais quitte la maison paternelle pour aller préparer au collège de Cherbourg le concours de l'Ecole navale. A 17 ans, il entre au Borda ; à 19, il embarque sur la Flore, frégate-école d'application. Après quoi il ne lui reste vraisemblablement qu'à servir jusqu'à l'âge de la retraite sur les bâtiments de la marine nationale et à avancer peu à peu dans la carrière qu'il a choisie. C'est ce qu'il se met en devoir de faire : de 1884 à 1886, à. bord de l' Estafette, il prend part à la campagne de Madagascar. Il reçoit la Légion d'honneur en 1892. Il épouse une oranaise, mais perd sa femme en 1896, peu de temps après son mariage. En 1900, lieutenant de vaisseau, le voici détaché à Paris, à l'Ecole supérieure de la marine. La même année, il se remarie à Salies, avec une parisienne, fille d'un lieutenant-colonel de cavalerie en retraite. Suit une longue campagne en Extrême-Orient, à bord du Redoutable, sous les ordres de l'amiral Maréchal. Voilà enfin Dupourqué capitaine de frégate : là allait se borner sa carrière militaire.
En lui infligeant un blâme, en 1904, Camille Pelletan, Ministre de la Marine, allait en effet faire de cet officier un homme politique : blâmé, Dupourqué démissionne, puis se fait élire, en 1905, conseiller cantonal de Salies, en 1906 député des Basses-Pyrénées.
Il prépare sa candidature aux élections générales en collaborant, dès le début de 1906, au Franc-parler des amis de l'agriculture, hebdomadaire modéré d'Orthez, où il publie les Propos d'un homme libre ; élu il continuera d'ailleurs à tenir régulièrement cette chronique jusqu'au 9 novembre 1909.
Le Franc-parler le présente aux électeurs de l'arrondissement d'Orthez comme « candidat républicain progressiste ». Dans sa profession de foi, Dupourqué met une insistance particulière à faire savoir qu'il se présente « librement » aux suffrages populaires, qu'il rejette le patronage de quelque comité que ce soit comme portant atteinte à la pleine souveraineté du corps électoral. Il s'affirme hautement attaché à la République et à sa devise - qu'il tire dans le sens du libéralisme, - s'engage à lutter contre tous ceux qui menacent les libertés et votent des lois d'exception, répudie la politique pour s'inquiéter des intérêts moraux et matériels du pays, dit sa volonté d'enrayer l'exode rural, de réduire les dépenses publiques, de mettre un terme à l'anarchie et à la violence, d'en finir avec « la politique tracassière et inquiétante du bloc ». Protestant, il se déclare partisan de la séparation des Eglises et de l'Etat, mais affirme que, pour sa part, il ne l'aurait pas faite « parce que le fruit n'était pas mûr ».
Il fit campagne contre Jean Maillebian, conseiller municipal d'Orthez et radical-socialiste, et l'emporta sur lui dès le premier tour, le 6 mai 1906, par 9.086 premier tour de scrutin, le 6 mai 1906, par 9.086 voix contre 7.388 sur 17.483 votants.
A la Chambre, inscrit au groupe progressiste, il vota contre le rachat du réseau des chemins de fer de l'Ouest et contre la suppression des privilèges accordés aux associations culturelles (1906), contre l'imposition des rentes et contre la légitimation des enfants adultérins (1907). Membre de la Commission constituée en février 1907 pour enquêter sur la situation de la viticulture, il se prononça, le 28 juin, pour la constitution d'une Commission d'enquête sur les troubles politico-économiques du Midi. Hostile en cette affaire au Gouvernement Clemenceau, il approuva pourtant, en juin 1908, la politique qu'il menait au Maroc. En décembre de la même année, il réclama l'amnistie en faveur des prévenus inculpés à l'occasion des troubles survenus en mai à Draveil, Vigneux et Villeneuve-Saint-Georges. En 1910, il s'opposa à la discussion d'urgence des projets de loi scolaires, par laquelle la gauche prétendait répondre « au défi jeté par les évêques à l'école laïque » et réclama l'ouverture d'une enquête sur l'action de certains liquidateurs des congrégations.
Mais s'il fut membre de diverses Commissions spéciales et déposa plusieurs rapports sur des questions électorales et sur des pétitions, c'est évidemment aux problèmes de la marine nationale que ce marin consacra l'essentiel de son attention. Le 23 novembre 1906, il s'opposait à la réduction du programme des constructions navales, préconisée par Henri Michel afin de permettre le financement de réformes sociales. Il prit part à la discussion des budgets de la marine pour les exercices 1907, 1908 et 1910, comme à celle des conclusions de la Commission d'enquête sur la marine (1909), ne manquant aucune occasion de critiquer l'état de la marine nationale, qu'il jugeait déplorable, et préconisait une profonde réforme de la procédure suivie pour construire et armer les unités.
Le 8 décembre 1908, en même temps que l'amiral Bienaimé et Henri Michel, il interpelle le Gouvernement Clemenceau pour avoir relevé de ses fonctions l'amiral Germinet qui, le 1er décembre, avait déclaré à un journaliste du Petit Var que les approvisionnements de la marine en projectiles étaient insuffisants. Dupourqué critiqua violemment la décision du Gouvernement qui fit valoir qu'un chef militaire était tenu au silence, mais promit d'établir un bilan exact de la marine de guerre et de demander tous les crédits nécessaires : Dupourqué avait, à l'issue du débat, déposé un ordre du jour fort sévère pour le Gouvernement, mais s'était finalement résolu à le retirer.
Il prit part en outre, en juin 1909, à la discussion du projet de loi portant approbation d'une convention entre l'Etat et la Compagnie des messageries maritimes. Il critiqua vivement la gestion de cette Compagnie, dont la faiblesse tenait, selon lui, à la subvention qu'elle recevait de l'Etat et qui lui retirait le caractère d'une entreprise commerciale. Il se prononça pour le rejet du projet et préconisa l' « institution d'un système d'adjudication publique ».
On peut encore noter que Dupourqué posa en 1909, au Ministre de la Marine, une question écrite sur la fabrication des projectiles alourdis, suggéra en 1910 d'installer l'Ecole navale à Lorient, et demanda, la même année, qu'on interdit aux sous-officiers, quartiers-maîtres et marins, le bénéfice des « emplois réservés », jusque-là limité aux sous-officiers rengagés de l'armée de terre.
Lors des élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, Dupourqué, abandonnant l'arrondissement d'Orthez à Léon Bérard, qui y fut élu, choisit de se présenter dans la première circonscription du 14e arrondissement de Paris, où il se heurta au député sortant Messimy et à Grangier. Il fut défait dès le premier tour de scrutin, le premier de ses adversaires obtenant 8.061 voix, le second 4.886 et Dupourqué en recueillant 3.708, les votants étant au nombre de 19.491 ; au second tour, 134 électeurs s'obstinaient pourtant à voter pour lui. Découragé, il renonça à solliciter à nouveau en 1914 les suffrages du corps électoral.
Mobilisé, au moment de la première guerre mondiale, au poste de T.S.F. du Bouscat, il est ensuite major de garnison à Béziers, avant d'être, de 1916 à 1919, chef du service des renseignements à Hendaye. Il est promu Officier de la Légion d'honneur.
Aux élections générales du 16 novembre 1919, il se décide à affronter à nouveau les électeurs ; il le fait dans la première circonscription des Basses-Pyrénées, qui groupe les arrondissements de Pau, Orthez et Oloron, en s'inscrivant avec Champetier de Ribes et deux avocats palois sur une liste d'Union nationale Cette liste est battue tout entière par la liste de « concentration républicaine » qui est celle des députés sortants, Barthou, Bérard, Delom-Sorbé et d'Iriarte d'Etchepare. Barthou obtint, en effet, 29.370 voix et ses trois colistiers de 26.946 à 23.898 voix, Dupourqué ne recueillant que 15.956 suffrages sur 51.963 votants. Il ne devait plus tenter de redevenir député.
Retiré à Salies, il fut, de 1920 à 1924, maire de sa ville natale. Peu de temps avant sa mort, qui survint à Biarritz le 6 septembre 1939, à l'âge de 80 ans, il fit paraître, du 1er juin au 6 juillet 1939, dans le Courrier, journal bayonnais, les Souvenirs d'un marin.