Marc Dupuy

1889 - 1979

Informations générales
  • Né le 15 décembre 1889 à Saint-denis-de-pile (Gironde - France)
  • Décédé le 9 juin 1979 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Gironde
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Gironde
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Gironde
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Gironde
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Gironde
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 15 décembre 1889 à Saint-Denis-de-Pile (Gironde)
Décédé le 9 juin 1979 à Paris (12e)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Gironde)
Député de la Gironde de 1946 à 1958

Marc Dupuy est né le 15 décembre 1889 à Saint-Denis-de-Pile (Gironde), où son père était sellier-bourrelier. Il suit l'école primaire, passe le certificat d'études et fait un an au cours complémentaire, avant d'entrer dans la vie active comme ouvrier des chemins de fer. Mobilisé en 1911-1912 au Maroc, Marc Dupuy est à nouveau mobilisé pendant le premier conflit mondial. Il est fait prisonnier par les Allemands en mai 1918, mais réussit à s'évader au début du mois de novembre 1918 en Hollande, et à regagner la France.

C'est par le biais du syndicalisme que Marc Dupuy est conduit, progressivement, à un engagement politique actif. Adhérent au Parti communiste dès sa fondation, il apparaît en effet comme l'un des principaux organisateurs du syndicalisme cheminot à Paris. Elu en 1928 membre du Conseil supérieur des chemins de fer, dont il sera exclu en 1930, Marc Dupuy accompagne, en août de cette même année, la délégation de la Confédération du travail unitaire au Congrès de l'Internationale syndicale rouge à Moscou. En 1932, il devient membre du Comité central du Parti communiste où il siègera à nouveau de 1947 à 1950.

Dès l'armistice de 1940, Marc Dupuy entre dans la Résistance, participant à Paris, avec Rol Tanguy, à la constitution des comités populaires et des groupes (OS). Arrêté sur sa locomotive en 1940 et interné, Marc Dupuy réussit à s'évader et à rejoindre la Résistance à Lyon (mai 1941). Il y devient l'un des principaux organisateurs de la lutte anti-allemande, organisant les groupes F.T.P.F. (Francs tireurs et partisans français) et les comités du Front national. Officier d'état-major F.T.P.F. pour la zone Sud, il participe activement, le 3 septembre 1944, à la libération de Lyon, avant de faire partie, en décembre 1944, de la délégation qui reconstitue, à Moscou, le Comité syndical franco-soviétique. Sa conduite pendant les deux conflits mondiaux lui vaudra d'être titulaire de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance et d'être fait chevalier de la Légion d'honneur.

Le 8 novembre 1944, Marc Dupuy est désigné comme membre de l'Assemblée consultative provisoire siégeant à Paris, et entre dans trois Commissions parlementaires très importantes : l'équipement national, la production et les communications, les prisonniers et déportés et les pensions, l'agriculture et le ravitaillement. Il fait également partie de la Commission d'enquête sur la fourniture du papier de presse.

A l'origine, le 5 décembre 1944, d'une proposition de résolution tendant à faire annuler les condamnations de droit commun à l'encontre de résistants ayant agi pour le compte des organisations de la Résistance, il intervient notamment sur la nécessité de créer des comités d'entreprise dans les services publics. Devenu secrétaire de la Fédération nationale cégétiste des cheminots, il participe encore, en janvier 1945, au sein d'une délégation de la C.G.T., à une conférence internationale se tenant à Londres et destinée à organiser l'Union du Mouvement syndical mondial.

Marc Dupuy est désigné par son parti pour conduire la liste communiste dans la Gironde lors des élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale Constituante. La liste communiste réunit 60 075 voix sur 380 070 suffrages exprimés (15,8 %) et emporte l'un des neuf sièges à pourvoir dans ce département.

Membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire, le député de la Gironde dépose, le 23 novembre 1945, une proposition de loi sur la revalorisation du traitement des fonctionnaires et intervient, notamment, dans la discussion sur la nationalisation des banques. Favorable à la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques et à l'organisation du crédit (2 décembre 1945), il soutient également la nationalisation de l'électricité et du gaz (23 mars 1946) et la dévolution des biens de presse (16 avril), le projet de Constitution (19 avril) ainsi que la nationalisation des assurances (24 avril). Le rejet du projet constitutionnel par le référendum du 5 mai suivant entraîne la convocation d'une seconde Assemblée Constituante.

Marc Dupuy se présente donc à nouveau comme tête de liste communiste dans la Gironde aux élections du 2 juin 1946. Il reprend son siège de parlementaire avec 63 692 voix sur 400 503 suffrages exprimés (15,9 %) et retrouve, à l'Assemblée, la Commission des finances et du contrôle budgétaire. Il dépose quatre textes, dont deux sont relatifs à la protection des forêts du Sud-Ouest et, toujours intéressé par la politique financière, intervient notamment dans la discussion d'un projet de loi portant amélioration de la situation des personnels de l'Etat (2 août). Le 28 septembre, il approuve le projet de Constitution qui est entériné par le référendum du 27 octobre suivant.

Marc Dupuy sollicite le renouvellement de son mandat, toujours comme tête de liste communiste dans la Gironde lors des élections du 10 novembre 1946 pour la première législature de la IVe République. Dix sièges sont désormais à pourvoir dans ce département et, avec 73 963 voix sur 384 307 suffrages exprimés, la liste communiste, qui améliore sensiblement son score précédent, réussit à prendre un second siège, perdu par la S.F.I.O. La liste R.G.R. conduite par Jacques Chaban-Delmas est la seconde à bénéficier du recul du M.R.P. et de la S.F.I.O. et emporte également deux sièges.

Membre de la Commission des finances (1946-1949, 1951), de celle des territoires d'Outre-Mer (1948-1949) et de celle de la famille, de la population et de la santé publique (1951), Marc Dupuy dépose dix-sept textes relatifs surtout à des questions financières. Rapporteur du budget de la santé publique en 1947, 1948 et 1950, il intervient en outre très souvent dans les débats, notamment sur la politique ferroviaire, le statut des cheminots, la situation financière de la S.N.C.F. etc..., mais aussi sur des questions de politique générale (modification du statut de la Cochinchine, ou encore stationnement de troupes américaines en France). Rapporteur pour avis d'une proposition de loi relative au minimum vital des aveugles et grands infirmes (19 juillet 1949), il développe longuement une interpellation sur les incendies de forêts des Landes (13 janvier 1950).

Le député communiste de la Gironde refuse la confiance au Gouvernement lors du scrutin du 4 mai 1947 à la suite duquel Paul Ramadier se séparera de ses ministres communistes, puis dépose une demande d'interpellation sur la composition du Gouvernement et sur sa politique générale (5 août). S'il s'abstient volontairement lors du vote du 27 août 1947 concernant le projet de loi sur le statut de l'Algérie, il approuve la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), mais s'oppose à l'alliance américaine et à l'intégration ouest-européenne en votant contre le plan Marshall (7 juillet), contre la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et contre le Pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949). Enfin il se prononce contre la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements (7 mai 1951).

En 1947, Marc Dupuy avait été élu membre du conseil municipal de Pessac (Gironde).

Les élections pour la seconde législature ont lieu le 17 juin 1951 et Marc Dupuy se présente à nouveau comme tête de liste communiste dans la première circonscription de la Gironde, où six sièges sont à pourvoir. Aucun apparentement n'a été conclu dans cette circonscription et avec 41 821 voix sur 226 237 suffrages exprimés, Marc Dupuy est réélu, seul de sa liste. Trois sièges sont pris par la liste R.P.F. de Jacques Chaban-Delmas, un par la S.F.I.O. et un par le R.G.R. Nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches (1951, 1953-1955) et de celle de la presse (1951, 1953-1955), ainsi que juge suppléant à la Haute cour de justice (1951), le député de la Gironde dépose vingt-six textes, pour l'essentiel relatifs à des questions financières ou d'intérêt régional. Il participe en outre très largement aux débats, en particulier à propos des budgets successifs de la marine marchande.

Opposé au compte spécial scolaire (21 septembre 1951) et au projet du pool charbon-acier (13 décembre), Marc Dupuy refuse la confiance à Antoine Pinay (6 mars 1952), puis à Joseph Laniel (26 juin 1953). Favorable au cessez-le-feu en Indochine (9 mars 1954), il refuse la confiance au Gouvernement après Dien-Bien-Phû (13 mai) et sur sa politique en Indochine (12 juin, chute du cabinet Laniel). Le 17 juin 1954, il vote l'investiture à Pierre Mendès-France puis approuve les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Toujours adversaire de la construction européenne, le député communiste de la Gironde se prononce pour la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la ratification du traité sur la Communauté européenne de défense (C.E.D.) dont l'adoption entraînera le rejet du traité (30 août), avant de s'opposer aux accords de Paris permettant l'entrée de l'Allemagne dans l'O.T.A.N. (29 décembre) et de refuser la confiance lors du scrutin du 4 février 1955 à la suite duquel le gouvernement de Pierre Mendès-France est renversé. A nouveau opposé à l'investiture d'Edgar Faure (23 février 1955), Marc Dupuy vote contre l'état d'urgence en Algérie (31 mars) et refuse la confiance lors du vote du 29 novembre suivant sur le mode de scrutin et la date des élections. Le 2 décembre 1955, l'Assemblée nationale est dissoute et des élections législatives anticipées doivent être organisées. Marc Dupuy est élu membre du conseil municipal de Bordeaux en 1953.

Aux élections du 2 janvier 1956 pour la troisième législature, Marc Dupuy conduit toujours la liste communiste dans la première circonscription de la Gironde où un apparentement a été conclu entre trois listes proches du mouvement poujadiste. Il obtient 53 937 voix sur 267 543 suffrages exprimés, et est à nouveau réélu député de la Gironde, la liste communiste reprenant d'autre part un second siège à celle des républicains sociaux conduite par Jacques Chaban-Delmas. Il retrouve pour la durée de la législature les deux mêmes Commissions parlementaires que précédemment, ainsi que la Haute cour de justice en tant que juge suppléant.

Malgré la brièveté du mandat de cette Assemblée, Marc Dupuy dépose huit textes et intervient très fréquemment dans les discussions où les questions financières et maritimes retiennent tout spécialement son attention. S'il accorde sa confiance au gouvernement Guy Mollet (31 janvier 1956) et approuve le programme de réformes en Algérie (12 mars), le député communiste de la Gironde s'abstient volontairement lors du scrutin du 5 juin suivant sur la politique générale du gouvernement en Afrique du Nord. Le 12 juin 1957 il s'oppose à l'investiture du gouvernement Bourgès-Maunoury, puis vote contre le plan de développement de l'énergie atomique (2 juillet), contre les traités instituant la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet), et contre la loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre 1957, chute du gouvernement Bourgès-Maunoury). Toujours opposé au projet de loi relatif aux institutions de l'Algérie (31 janvier 1958), Marc Dupuy ne prend pas part au scrutin d'investiture du cabinet Pierre Pflimlin (13 mai) mais approuve l'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai), la résolution tendant à décider la révision de certains articles de la Constitution (27 mai) avant de se prononcer contre la confiance au général de Gaulle (1er juin), puis contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin 1958).