Pierre Dupuy
1876 - 1968
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Un fonds Jean et Pierre Dupuy est conservé aux Archives nationales sous la cote 434AP 1-41. Il est décrit dans un répertoire numérique et dans un récolement. Ces archives ont été données par Micheline Dupuy en 1982 et 1990 et représentent 5,5 mètres linéaires. Il comprend notamment les dossiers de Pierre Dupuy comme député de la Gironde et président de la commission de la Marine militaire à la Chambre des députés et comme journaliste et directeur du Petit Parisien. Ces papiers couvrent la période 1907 à 1928. Les archives du Petit Parisien sont conservées aux Archives nationales (site de Paris) dans la sous-série 11 AR. Tous ces documents sont librement communicables. De plus amples informations sont disponibles sur le site Internet des Archives nationales.
Né le 20 juin 1876 à Paris.
Député de la Gironde de 1902 à 1924. Député de la Seine de 1924 à 1928. Député de l'Inde française de 1932 à 1942.
Commissaire aux Transports maritimes et à la Marine marchande du 20 mai 1919 au 20 janvier 1920.
Pierre Dupuy est le fils de Jean Dupuy (Voir ce nom) qui fut sénateur des Hautes-Pyrénées, ministre, membre du Comité de guerre en 1917 dans le Cabinet Painlevé et pendant plus de trente ans, de 1887 à 1920, le directeur et l'animateur du Petit Parisien, un des grands journaux d'information d'avant la seconde guerre mondiale.
Ses études classiques achevées au lycée Condorcet, il fit des études de droit approfondies qui le menèrent à la licence et sur la route du doctorat. Il s'inscrivit au barreau de la Cour d'appel de Paris en 1898 et fut, de juin 1899 à juin 1902 au Ministère de l'Agriculture, secrétaire particulier du Ministre qui n'était autre que son père. Pierre Dupuy ne se contentera pas de seconder celui-ci uniquement au Ministère de l'Agriculture, mais aussi au journal où il continuera son œuvre. Gérant statutaire de la Société en commandite par actions dite Société du Petit Parisien et d'éditions Pierre Dupuy et Compagnie pendant plus de cinquante ans de 1906 à 1957, il est en outre président-directeur général de la Société anonyme de la Papeterie de la Seine à Nanterre.
Les soins qu'il consacre aux entreprises de presse ne l'empêchent pas de se lancer très tôt dans la politique : lorsqu'il est élu pour la première fois en 1902, à 26 ans à peine, il est le plus jeune député de France et commence une carrière parlementaire qui, avec l'interruption d'une législature, se continuera jusqu'en 1942, sans pour autant l'empêcher de mener concurremment ses activités de grand directeur de journal.
Pendant la guerre de 1914-1918, il fonda et dirigea la mission d'essais, de vérifications et d'expériences techniques qui fonctionna au Ministère de la Guerre; les services qu'il rendit à ce poste lui valurent sa nomination dans la Légion d'honneur. En octobre 1917 il avait été nommé président de la Commission aéronautique des inventions.
Lorsqu'il se présente pour la première fois à la députation aux élections générales législatives du 27 avril 1902, les électeurs de la circonscription de Blaye, dans la Gironde, le désignent dès le premier tour de scrutin par 7.494 voix contre 4.529 à Daudin-Clavaud et 2.486 à Gireau sur 14.944 votants, comme leur représentant à la Chambre. Il sera réélu aussi confortablement quatre ans plus tard, le 6 mai 1906, par 8.901 voix sur 16.956 votants, contre 4.216 à Gireau et 3.279 à Chenu-Laffitte. Aux élections générales du 24 avril 1910, c'est par 9.269 suffrages contre 3.153 - c'est-à-dire un écart de plus de 6.000 voix - à Gireau et 1.385 à Marquet, sur 14.718 votants, qu'il est élu. Le 26 avril 1914, Marquet obtient 3.192 voix, Trejan 1.858 et Pierre Dupuy est réélu avec 8.293 suffrages sur 14.144 votants toujours au premier tour de scrutin. Les élections du 16 novembre 1919 ont lieu au scrutin de liste : quatrième de la liste d'Union républicaine, élue tout entière, il totalise 82.710 voix sur 159.336 votants. Lors des élections des 11 et 26 mai 1924, Pierre Dupuy ne se représente plus en Gironde, mais s'inscrit sur la liste de l'Union républicaine démocratique dans le troisième secteur de la Seine. Quatrième de cette liste, il est élu au quotient électoral avec 62.478 voix sur 201.612 votants. En 1928, le retour au scrutin uninominal lui est fatal. Il se présente dans la première circonscription du 16e arrondissement de Paris, où il est largement distancé dès le premier tour de scrutin, le 22 avril, par Emmanuel Evain, député sortant, ancien président du Conseil municipal de Paris, qui obtient 8.128 voix sur 16.754 votants alors qu'il n'en rassemble lui-même que 4.888, 1.721 autres suffrages allant à Lebrun ; il ne se maintient pas au second tour, le 29 avril, qui voit la victoire d'Evain. En 1932, sollicité par le sénateur Le Moignic, il pose sa candidature en Inde française ou il est triomphalement élu au premier tour de scrutin, le 1er mai, par 36.397 voix sur 39.259 votants, 2.764 suffrages étant allés à trois autres candidats. Quatre ans plus tard, le 26 avril 1936, sa réélection est encore plus triomphale puisqu'il totalise 47.061 voix sur 47.236 votants, 39 bulletins étant considérés comme nuls et les 161 autres s'étant égarés sur les noms de trois autres candidats.
En 1902, il s'était fait élire sur un programme qu'il résumait dans ces mots « Liberté - Justice - Progrès social », et qui s'attachait aussi à la défense du vin, grande ressource de la région bordelaise.
Lorsqu'il arrive à la Chambre, où il s'inscrit au groupe de la gauche démocratique, il en devient le secrétaire provisoire et en demeurera, en 1903, 1904 et 1905, le secrétaire d'âge ; élu à ces mêmes fonctions de secrétaire en 1906, il en déclinera la candidature l'année suivante.
Membre de diverses Commissions, il appartint plus spécialement à celles de la législation fiscale, des économies (1902), du commerce et de l'industrie (1906), de l'enseignement et des beaux-arts (1910, 1914), de la marine marchande (1920) et enfin de la marine militaire (1920), dont il fut le président de 1921 à 1924.
Son œuvre de législateur fut modeste; il déposa en 1905 une proposition de loi concernant la responsabilité civile des instituteurs, qu'il tentera vainement de faire aboutir en 1906 en demandant d'en déclarer l'urgence, et en 1906 une autre, fort voisine, sur la responsabilité des membres de l'enseignement. Il fut, en 1913, l'auteur du rapport sur une proposition de loi tendant à assurer la défense de l'école laïque, et l'année suivante d'un rapport supplémentaire sur le même texte.
Ses interventions à la tribune seront plus fournies. La discussion des budgets lui permettra d'intervenir, à propos de l'exercice 1905, sur les caisses de crédit agricole ; de l'exercice 1910, sur l'agriculture ; de l'exercice 1914, sur la loi de finances et l'impôt sur le revenu ; de l'exercice 1919 en tant que commissaire du Gouvernement et commissaire aux transports maritimes et à la marine marchande, sur les dépenses militaires et les dépenses exceptionnelles des services civils concernant les crédits provisoires du deuxième semestre 1919 ; de l'exercice 1920 sur les ports, la marine marchande et la pêche; des exercices 1921, 1922 et 1923 en tant que président de la Commission de la marine militaire.
En dehors des questions budgétaires, il interviendra au cours de la discussion d'une interpellation sur les caisses régionales de crédit agricole en 1904, en 1907 dans la discussion du rapport de la Commission d'enquête sur la crise de la viticulture et sur la question du mouillage des vins et des abus du sucrage ; il parlera, en 1909, à propos de l'emploi de la céruse dans la peinture en bâtiment et de la modification du tarif général des douanes en ce qui concerne les verres à vitres. N'abandonnant pas les questions d'enseignement, il interpellera le Gouvernement à propos de la responsabilité des maîtres de l'enseignement laïque, objet de sa proposition de loi de 1906, question sur laquelle il reviendra en 1912. En 1911, une interpellation sur les délimitations régionales lui offrira l'occasion de déposer un ordre du jour motivé et, en 1913, il interviendra dans la discussion du projet et des propositions de loi relatifs à ce sujet ainsi, en 1919, qu'à propos de la réforme électorale.
Clemenceau ayant fait de lui, le 20 mai 1919, le commissaire aux transports et à la marine marchande, il sera, en cette qualité, nommé commissaire du Gouvernement pour la discussion de divers textes fixant à huit heures la durée du travail sur les navires marchands, concernant le placement des marins et modifiant la loi du 19 avril 1917 sur l'assurance obligatoire contre les risques de guerre pour les navires de 500 tonneaux et plus de jauge brute ; toujours en cette matière, il soutiendra le point de vue gouvernemental au cours de la discussion des interpellations concernant l'incendie, en avril 1919, de l'Amiral-Ponty et les services maritimes postaux entre la métropole, la Corse et l'Afrique française du Nord, ainsi que dans la question des nominations ou des promotions dans la Légion d'honneur pour services exceptionnels rendus à titre civil au cours de la guerre.
Clemenceau ayant démissionné le 18 janvier 1919 au lendemain de l'élection de Paul Deschanel à la présidence de la République, Pierre Dupuy cessa ses fonctions de commissaire aux transports maritimes et à la marine marchande ; il intervint cependant encore à propos de ces mêmes disciplines dans la discussion du projet de loi portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice 1919. L'année 1920 le verra monter à la tribune à propos de la loi d'amnistie et des services maritimes postaux entre la France, l'Extrême-Orient, l'Australie, la Nouvelle-Calédonie, l'Afrique orientale et la Méditerranée orientale. En 1921, il intervient au cours de la discussion d'une interpellation sur les salaires des ouvriers de la marine et, jusqu'en 1923, c'est en tant que président de la Commission de la marine militaire qu'il prendra la parole : sur l'arrêt de la construction de cinq cuirassés du type Normandie, la mise en chantier de six éclaireurs d'escadre, la construction de douze torpilleurs-éclaireurs, la clôture du compte flotte en gérance (1921), les établissements industriels de la marine (1922 et 1923) ; en 1923, il interviendra dans la discussion du projet de loi établissant un double décime sur les contributions.
En 1924, Pierre Dupuy abandonne la circonscription de Blaye et se fait élire à Paris sur un programme d'union démocratique anti-cartelliste fidèle à la politique de Raymond Poincaré. Il s'inscrit au groupe des républicains de gauche, entre en 1924 à la Commission des douanes et des conventions commerciales et continue de siéger à celle de la marine militaire.
Vers la fin de son mandat, en 1928, il dépose une proposition de loi tendant à l'amortissement progressif de la dette à court terme du Trésor public et au remboursement des avances de la Banque de France. Il interviendra dans la discussion du budget de l'exercice 1925 et dans celle du projet de loi relatif aux rapports entre les bailleurs et les locataires des locaux d'habitation.
En 1928, les électeurs du 16e arrondissement de Paris se laissèrent tenter par d'autres voix que la sienne ; aussi, quatre ans plus tard, abandonnant la métropole, il se faisait élire triomphalement dans l'Inde française, sous le puissant patronage du sénateur Le Moignic, dont il faisait sien le « programme de justice et de progrès économique et social de la colonie ».
Non inscrit en 1932, puis siégeant avec le groupe de l'Alliance républicaine de gauche et des Radicaux indépendants, il appartiendra en 1932 à la Commission des affaires étrangères et s'il n'intervint qu'une fois à la tribune, en 1936, à propos de la loi du 29 juillet 1881, il sera, en dehors de la Chambre, un des plus fervents artisans du rapprochement franco-italien.
Le 10 juillet 1940, il vota au Congrès de Vichy les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Comme beaucoup d'autres journaux de la capitale, le Petit Parisien s'était replié en juin 1940 à Bordeaux, puis à Clermont-Ferrand ; mais en octobre, Pierre Dupuy le fit reparaître à Paris, alors sous la botte de l'occupant, en lui donnant une orientation qui lui valut, à la libération, comme à beaucoup d'autres directeurs de journaux alors, de connaître momentanément les rigueurs de la justice épurative.
Ayant conservé ses fonctions d'administrateur et de président d'honneur de la Papeterie de la Seine, il était aussi propriétaire-viticulteur au domaine de Segonzac à Seurin-de-Cursac, dans la Gironde.
Pierre Dupuy était Chevalier de la Légion d'honneur et avait reçu, après la conférence de Rome, le cordon de Grand-Officier de la Couronne d'Italie.
Né le 20 juin 1876 à Paris
Décédé le 29 juin 1968 à Paris (16e)
Député de la Gironde de 1902 à 1924
Député de la Seine de 1924 à 1928
Député de l'Inde française de 1932 à 1942
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome IV, p. 1578 à 1580)
Après la défaite, Pierre Dupuy fait reparaître, dans la capitale, « Le Petit Parisien » qui s'était replié à Bordeaux puis à Clermont-Ferrand. L'orientation qu'il donne à ce journal lui vaudra d'être poursuivi après la Libération bien qu'il ait été remplacé à la tête de cette publication sur ordre des autorités d'occupation.
Inéligible en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de loi constitutionnelle, Pierre Dupuy se consacre à la « Société du Petit Parisien » et à son domaine viticole de Segonzac à Seurin-de-Cursac en Gironde.
Il meurt à Paris le 29 juin 1968.