Jules, Georges Duquesne

1910 - 1973

Informations générales
  • Né le 6 février 1910 à Roubaix (Nord - France)
  • Décédé le 30 octobre 1973 à Roubaix (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 6 février 1910 à Roubaix (Nord)
Décédé le 30 octobre 1973 à Roubaix (Nord)

Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (Nord)
Député du Nord de 1946 à 1958

D'origine modeste, natif de Roubaix, Jules Duquesne travaille très jeune comme ouvrier apprêteur dans l'industrie textile de sa ville natale. Militant catholique, il dirige la Jeunesse ouvrière chrétienne de la région du Nord et anime l'union locale Roubaix-Tourcoing de la C.F.T.C. Pendant l'Occupation, il est réfractaire au S.T.O. Emprisonné pour cette raison, il s'évade et poursuit son combat au sein de la Résistance. A la Libération, il appartient à l'équipe fondatrice du M.R.P. dans le Nord dont il est le secrétaire fédéral. Aussi figure-t-il en cinquième position sur la liste dirigée par Maurice Schumann qui défend les couleurs de la démocratie chrétienne dans la deuxième circonscription du Nord pour les élections à la première Assemblée nationale Constituante. Bien qu'arrivée en tête avec 188 557 suffrages, la liste n'obtient que quatre élus, si bien que Jules Duquesne ne peut siéger à l'Assemblée nationale. Pour la seconde Constituante, Jules Duquesne accède cette fois à la deuxième place. Le M.R.P. est toujours en tête même si son score est moins brillant (169212 suffrages), du fait notamment de la montée des abstentions. Jules Duquesne figure à présent au nombre des trois élus de son parti. Il siège à la Commission du travail et de la Sécurité sociale et est membre de la Commission supérieure de la Caisse nationale des retraites.

Pendant son premier mandat, Jules Duquesne n'intervient pas dans les débats. Il dépose une proposition de loi tendant au reclassement du personnel des caisses d'assurances sociales et des compagnies d'accidents du travail recruté après le 1er juin 1945 dans les nouveaux organismes de la Sécurité sociale. Il rédige également un rapport sur la proposition de Pierre Chevallier et plusieurs de ses collègues tendant à inviter le gouvernement à prendre rapidement les mesures nécessaires en vue d'accorder aux vieillards des hospices une somme mensuelle de 300 F à titre d'argent de poche.

Pour les premières élections législatives, la même liste est reconduite dans le Nord. En dépit d'une nouvelle poussée des abstentions, les rapports de force entre les principaux partis sont les mêmes qu'au scrutin antérieur : 131095 voix pour la démocratie chrétienne, 113 298 pour la S.F.I.O. et 110 254 pour le Parti communiste. Aussi retrouve-t-on, à peu de chose près, les mêmes élus, dont Jules Duquesne. Comme précédemment, il siège à la Commission du travail ainsi qu'à celle des boissons (1949-1951) et à celle de la comptabilité (1948).

Lors de la première législature, le député du Nord déploie une grande activité parlementaire tant écrite qu'orale. Il dépose treize propositions de loi, trente rapports, deux propositions de résolution et un avis. Tous ces textes concernent essentiellement des mesures liées à la Sécurité sociale (notamment les conventions signées avec les pays étrangers) ou aux rapports entre bailleurs et locataires. Les mêmes sujets motivent ses interventions orales en tant que rapporteur sur les textes précédents. Ses plus importants discours concernent la défense du niveau de vie des travailleurs, mis à mal par la politique d'austérité, et la remise en cause des restrictions qui touchent les allocations familiales ou les allocations aux vieux travailleurs.

Lors de la séance du 26 janvier 1950 par exemple, Jules Duquesne démontre, chiffres à l'appui, le retard des salaires ouvriers notamment dans le Nord de la France par rapport au niveau des prix. Il réclame donc une prime d'attente « afin que le fossé qui se creuse entre le prolétariat et le reste de la nation ne s'élargisse pas » (Débats, p. 529). Le 12 mai 1951, il fait un vibrant éloge de la politique familiale adoptée à la Libération et s'insurge contre les mesures d'économie nécessitées par les dépenses militaires croissantes. Le retour à la politique d'antan reviendrait, selon lui, à sacrifier l'avenir au passé : « Il ne faut pas revenir à l'injustice d'antan », s'écrie-t-il (Débats, p. 5116).

Cet engagement social et sa fidélité proclamée à son milieu d'origine ne l'empêchent pas de critiquer durement, le 5 septembre suivant, la prétention des communistes à se poser comme les seuls porte-parole de la classe ouvrière. Il rappelle, à ce propos, le rôle important de la confédération syndicale chrétienne à laquelle il appartient, la C.F.T.C.

Le fait nouveau des élections du 17 juin 1951 est l'existence d'un accord d'apparentement entre les listes S.F.I.O., R.G.R. (Rassemblement des gauches républicaines), M.R.P. et U.I.P.R.N. (Union des indépendants paysans et républicains nationaux). Le dispositif de la nouvelle loi électorale joue à plein dans la deuxième circonscription du Nord puisque les partis de la troisième force obtiennent la majorité absolue, ce qui enlève aux listes communiste et gaulliste les élus qu'elles avaient obtenus précédemment. C'est pourquoi le M.R.P., bien que son score soit nettement en retrait sur les élections précédentes (84 480 suffrages), détient plus de sièges qu'auparavant. Outre les sortants, Maurice Schumann, Jules Duquesne et Jean Catrice, Paul Delmotte fait partie des nouveaux élus. Parallèlement Jules Duquesne renforce son implantation locale : en 1951, il devient conseiller général et adjoint au maire de Roubaix en 1953.

Pendant la deuxième législature, Jules Duquesne est membre et secrétaire de la Commission de la comptabilité, membre de la Commission du travail et de la Sécurité sociale ainsi que de celle du suffrage universel, à partir de 1953. Tout aussi actif que précédemment, Jules Duquesne dépose pendant cette période vingt et un rapports (essentiellement à propos de conventions internationales de Sécurité sociale), une proposition de résolution et onze propositions de loi sur diverses mesures sociales : prime de transport, travail de nuit, retraites, questions de logement. Dans les débats, le député du Nord défend la même philosophie sociale de la politique, notamment pendant la période de dépression qui suit le boom coréen. Le 19 février 1952, il plaide en faveur du projet d'échelle mobile des salaires, seul moyen, selon lui, de remédier au retard des salaires sur les prix depuis la Libération. Le 1er juillet suivant, face à l'orthodoxie budgétaire du gouvernement Pinay, il rappelle les droits des chômeurs touchés par la crise, notamment dans le textile du Nord. De même, le 2 décembre 1953 à la suite de la faillite du Crédit mutuel du bâtiment, il souhaite une intervention des pouvoirs publics en faveur des petits épargnants victimes de cette malheureuse affaire alors qu'ils n'avaient fait que chercher à résoudre, avec leurs propres forces, la crise du logement qui sévit dans le pays. Enfin ses interventions de 1954 sont essentiellement consacrées à la réforme du système inadapté des zones de salaires héritées de la guerre et qui n'ont plus de rapport avec la réalité économique et sociale du pays. Le 19 juillet 1955, il critique aussi vertement la politique du gouvernement qui finance les régimes déficitaires de Sécurité sociale en tirant sur les ressources excédentaires en matière d'allocations familiales du régime général. Il s'agit pour lui d'un « abus de confiance » à l'égard du monde salarié. Il réclame, à ce propos, une réforme d'ensemble de la Sécurité sociale en lieu et place de ces artifices comptables qui dressent les catégories sociales les unes contre les autres.

Aux élections anticipées du 2 janvier 1956, aucun apparentement n'est conclu dans la deuxième circonscription du Nord. La même liste est reconduite pour le M.R.P. mais le score de la démocratie chrétienne stagne avec une moyenne de 84 465 voix tandis que la S.F.I.O., le Parti communiste, les Républicains indépendants progressent et que le mouvement Poujade fait une percée notable avec 47 004 voix. Aussi le M.R.P. ne compte-t-il plus que deux élus : Maurice Schumann et Jules Duquesne. Ce dernier siège dans les mêmes Commissions que précédemment et devient vice-président du groupe M.R.P.

Au cours de la dernière législature de la IVe République, neuf rapports (dont certains repris de la législature précédente), neuf propositions de loi et cinq propositions de résolution sont à mettre à l'actif de l'activité parlementaire écrite de Jules Duquesne. Comme auparavant, il s'agit de mesures sociales de divers ordres (accidents du travail, zones de salaire, allocation logement, etc.). Le nom du député du Nord, en revanche, n'apparaît que deux fois lors des débats. Une première fois à l'occasion du dépôt d'un amendement au projet de loi tendant à accorder des congés d'éducation ouvrière (25 janvier 1957) : il s'agit d'étendre le bénéfice des congés culturels aux jeunes travailleurs. La proposition est cependant rejetée. La seconde intervention concerne les conséquences de la guerre d'Algérie sur les zones frontalières avec le Maroc et la Tunisie. Dans une question orale au secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Jules Duquesne se fait l'écho du malaise des soldats et de leurs familles devant la politique d'aide à des pays qui, par ailleurs, soutiennent la rébellion algérienne. Il s'inquiète aussi du manque de protection offert aux Français présents au Maroc ou en Tunisie et qui sont obligés de liquider précipitamment leurs intérêts. Lors de la crise finale de la IVe République Jules Duquesne appuie par ses votes le retour au pouvoir du général de Gaulle.