Antoine Durafour
1876 - 1932
Né le 12 août 1876 à Saint-Etienne (Loire), mort à Saint-Etienne le 25 avril 1932.
Député de la Loire de 1910 à 1932.
Ministre du Travail, de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociales du 17 avril 1925 au 19 juillet 1926.
Antoine, Joseph Durafour naquit à Saint-Etienne le 12 août 1876. Après de brillantes études au lycée de Saint-Etienne et à la Faculté de droit de Lyon, il choisit la profession d'avocat et s'inscrivit au barreau de Saint-Etienne en 1898. Malgré un talent oratoire qui laissait prévoir une éclatante carrière au Palais, le jeune avocat se sentit rapidement attiré par la politique et quitta bientôt le prétoire pour la vie publique. Il fut élu conseiller général le 6 août 1907, dans le canton Est de Saint-Etienne et son mandat lui fut renouvelé en 1919, 1925 et 1931.. Vice-président de l'Assemblée départementale de 1914 à 1919, il en assuma la présidence de 1920 à 1930.
Pendant cette période, il s'occupa également de sa ville natale. Elu conseiller municipal le 10 mai 1908, il fut réélu à plusieurs reprises. Il occupa la mairie de Saint-Etienne du 2 août 1930 jusqu'à son décès.
Les activités d'Antoine Durafour ne demeurèrent pas locales. Dès 1910, il brigua un mandat de député et fut élu le 8 mai, au deuxième tour de scrutin, dans la deuxième circonscription de Saint-Etienne, par 9.061 voix sur 15.408 votants, son adversaire Soulenc n'ayant obtenu que 6.021 voix. Il est réélu le 26 avril 1914, au premier tour de scrutin, par 8.249 voix contre 5.856 à M. Peuvergne et 1.010 à Joannès Jourjon sur 15.439 votants. Le 16 novembre 1919, il figure en tête de liste du bloc républicain et socialiste qui remporte 51.431 voix. Le 11 mai 1924, son mandat lui est renouvelé alors qu'il occupe la première place sur la liste du cartel des gauches. Le 29 avril 1928, il est réélu au deuxième tour, au scrutin uninominal, par 9.804 voix sur 17.896 votants, contre 6.638 à Doron dans la deuxième circonscription de Saint-Etienne.
Dès son entrée au Palais Bourbon, il lutte inlassablement pour la défense des travailleurs et des humbles et se spécialise dans les questions minières, ouvrières et sociales. Inscrit au groupe radical-socialiste, il fait successivement partie de la Commission des mines et des douanes, de la Commission chargée d'examiner les divers traités de paix, de la Commission du travail. Il est président de la Commission des mines, puis de celle du travail en 1928. Sa grande connaissance des problèmes sociaux amène Paul Painlevé, puis Aristide Briand à le choisir comme Ministre du Travail dans leurs Ministères du 17 avril 1925, du 29 octobre 1915, du 28 novembre 1925, du 9 mars 1926 et du 23 juin 1926.
Il fait voter de nombreuses lois sociales, soit comme député soit comme Ministre. Pendant la guerre de 1914-1918, il obtient le vote de la loi des « 5 sous pour les poilus ».
C'est à lui également que l'on doit la loi de huit heures dans les mines et celle sur les assurances sociales. Pendant son passage au Gouvernement, il assure la publication de douze décrets relatifs à la loi de huit heures, assurant le bénéfice de cette loi à un million et demi de travailleurs.
Il est à l'origine de nombreuses lois sur la législation du travail, les retraites ouvrières et paysannes, l'interdiction du travail de nuit dans les mines, et de la création des chambres de métiers, etc.
Il représente la France à la Conférence Internationale de Genève et, le 8 juillet 1925, fait adopter par la Chambre la Convention internationale des huit heures. Il collabore également à la discussion des lois accordant des majorations aux mutilés du travail. C'est à lui, enfin, que l'on doit la loi du 28 décembre 1927 sur la mutualité française.
Parmi ses desseins restés inachevés, il faut noter une proposition de loi tendant à la nationalisation des mines, une autre relative à l'abolition de la peine de mort, l'adoption d'un projet de loi, enfin, déposé par le gouvernement en juillet 1925, tendant à instituer des vacances obligatoires et payées pour tous les travailleurs français, projet repris par le Bureau international du Travail mais dont la réalisation fut interrompue par la mort de son rapporteur Ponard. Durafour fut un précurseur dans ce domaine puisque les congés payés ne furent généralisés et légalisés qu'en 1936, sous le Gouvernement du Front populaire.
Aucune injustice ne lui est indifférente, et lorsqu'il se constitue en France un comité de défense de Sacco et Vanzetti, les deux Italiens exécutés aux Etats-Unis, il en prend la présidence. Il est également président du groupe parlementaire de défense des mutilés du travail et de celui de défense des blessés du poumon.
Il intervient fréquemment à la tribune pour défendre ses nombreuses propositions de loi.
Il s'apprête à être réélu aux élections générales de 1932, quand la mort le frappe prématurément, le 25 avril, à l'âge de 56 ans.
Si la Chambre des Députés ne put rendre hommage à Antoine Durafour, dont le mandat de 1928 venait de prendre fin, il n'en fut pas de même dans sa ville natale, où ses funérailles furent l'occasion d'une émouvante manifestation de reconnaissance de toute la population stéphanoise.
Place Anatole France, à Saint-Etienne, un monument commémore son souvenir.