Jean Durieux

1934 - 1989

Informations générales
  • Né le 7 février 1934 à Laghouat (Algérie)
  • Décédé le 17 février 1989 à Les rues-des-vignes (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Nord
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Nord
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

Biographie de la Ve République

DURIEUX (Jean, Gustave, Alfred)
Né le 7 février 1934 à Laghouat (Algérie)
Décédé le 17 février 1989 aux Rues-des-Vignes (Nord)

Député du Nord de 1968 à 1978

Jean Durieux est né le 7 février 1934 en Algérie, de parents commerçants. Il grandit cependant de l’autre côté de la Méditerranée, dans la France septentrionale, au cœur de la campagne à betteraves du sud de Cambrai (Nord). A la suite de brillantes études qui le conduisent au baccalauréat en mathématiques élémentaires, et à la poursuite d’un cursus à l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (ENSA) de Grignon, il devient ingénieur agronome. Après son mariage avec Françoise Canonne, union de laquelle naissent deux filles, il devient agriculteur-gérant de la société familiale d’exploitation, à partir de 1962 : il a 28 ans.
Sa carrière politique débute elle aussi très tôt, après le règlement de la guerre d’Algérie, au cours de laquelle l’officier qu’il est, est chargé des opérations de maintien de l’ordre dans les départements français d’Algérie. Le 31 mai 1964, alors qu’il est rentré en France, il est élu conseiller municipal des Rues-des-Vignes. Le 28 mars de l’année d’après, il devient le maire de cette petite commune du Cambrésis rural. La même année, il entre à la Jeune Chambre économique de ce « pays » du Nord. Membre de différents groupements économiques, agricoles et industriels, il préside également le syndicat intercommunal de Vinchy. Il est, par ailleurs, vice-président d’un syndicat cantonal, et membre de la section départementale d’équipement. Son cursus honorum prend un caractère plus national lorsque, le 30 juin 1968, il est élu député, dans la 17ème circonscription de son département. Cette terre électorale regroupe les cantons du Cateau, de Clary et de Solesmes. Déjà candidat l’année précédente, il est battu par le communiste et adjoint au maire de Caudry, Paul Leloir. Présent au second tour, il lui manque 1 700 voix pour l’emporter.
En juin 1968, la conjoncture politique est bien différente. A la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle, Jean Durieux est en position de force. Investi par les gaullistes (Union pour la défense de la République) et par les giscardiens (Républicains indépendants), il se déclare « candidat d’union pour la sauvegarde des libertés républicaines ». En raison de ce qu’il appelle « les heures tragiques » vécues par la République au mois de mai 1968, il se lance dans une quasi-croisade contre « le danger communiste (…), véritable dictature détruisant les libertés individuelles auxquelles les Français sont si attachés ». Il fonde son programme sur l’avenir de l’Université, notamment par « une profonde modification des structures qui ne correspondent plus aux nécessités actuelles ». Si les mesures sociales revêtent de l’importance, Jean Durieux pense aussi à la prospérité du pays. Pour ce faire, il souhaite une majorité « nouvelle et solide » - il parle même de « liberté dans la majorité » ou de « majorité libérale de discussion » - au sein de laquelle les Républicains indépendants devront peser. Avec son suppléant, le vétérinaire Marcel Drombry, responsable syndical bien connu dans la circonscription, il mène une campagne soutenue contre le député sortant communiste. Jean Durieux souligne sa jeunesse – 34 ans – et met en exergue la nécessité qu’il fait sienne de légiférer prioritairement sur les études des jeunes français, leur formation professionnelle et leurs loisirs. Il veut « l’action dans la raison et le dialogue ». Arrivé en tête assez largement au premier tour de scrutin, devant les trois autres candidats en lice, Jean Durieux rassemble 16 638 des 39 223 suffrages exprimés. Son principal concurrent, le député communiste sortant, accuse un retard sur lui de 6 000 voix. La semaine suivante, Jean Durieux est vainqueur de Paul Leloir, avec 20 164 bulletins portés sur son nom, contre 18 726 pour le candidat du PCF.
A l’Assemblée nationale, Jean Durieux s’inscrit au groupe des Républicains indépendants. Il est nommé membre de la commission de la production et des échanges, où il siège jusqu’en 1971, puis à la commission des affaires étrangères, jusqu’à la fin de la législature. Il appartient également à une commission spéciale et figure parmi les représentants à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes, à compter du 27 octobre 1971. Durant ce mandat, il intervient au cours de seize discussions différentes, dans l’hémicycle du Palais-Bourbon. Son domaine de prédilection est l’agriculture. Aussi intervient-il en séance publique, et de façon récurrente, au cours des discussions budgétaires qui touchent à ce domaine de l’activité du pays. C’est le cas, dès la discussion du projet de loi de finances (PLF) pour 1969, le 16 novembre 1968, où, au cours de la discussion du budget de l’agriculture, il défend le cas des betteraviers, et la parité des prix avec ceux des pays du Marché commun. Dans la discussion du PLF pour 1970, le 18 novembre 1969, à nouveau, il prend la parole pour défendre les agriculteurs et leur niveau de vie. Il critique sans réserve la politique des prix pratiquée, et souligne les difficultés éprouvées par les producteurs laitiers herbagers, notamment dans le Cambrésis et l’Avesnois. Les conditions de l’exercice de la profession de commerçant et d’artisan le préoccupent également. A cet effet, le 10 avril 1970, il soulève les problèmes de structure de la fiscalité et du dépeuplement des zones rurales. En la matière, il regrette la gêne causée par l’encadrement du crédit. Dès que le Code rural subit des modifications, il est de toutes les discussions en séance publique. A cet égard, le 26 juin 1970, il est rapporteur du projet de loi relatif aux sociétés agricoles d’investissement foncier. Il montre que, dans le cadre du capital foncier utilisé en agriculture, il est possible de faciliter l’accession à la propriété par le biais des prêts fonciers. Par ailleurs, il souhaite éviter une appropriation du patrimoine foncier agricole par l’Etat ou les collectivités publiques. Dans les débats menant au vote du PLF pour 1971, il se fait le porte-parole de son groupe dans la discussion du budget du ministère de l’agriculture, le 7 novembre 1970.
Enfin, élu vice-président du groupe parlementaire d’étude des problèmes du troisième âge, le 14 octobre 1970, il apporte un intérêt tout particulier à la législation en matière de retraite. Le 19 mai 1971, il prend part au débat sur l’abaissement de l’âge de la fin d’activité professionnelle. Il défend la fixation d’une véritable retraite minimale garantie indexée sur le SMIC. L’année d’après, il revient à la charge, les 17 et 18 mai 1972, en intervenant dans la discussion du projet de loi portant réforme de l’assurance vieillesse des travailleurs non salariés des professions artisanales, industrielles et commerciales. Il regrette la concurrence des supermarchés et pointe le bas niveau des retraites dans ces secteurs. Le 12 décembre 1972, il est suppléé en qualité de rapporteur par son collègue Claude Roux, dans la discussion du projet de loi autorisant l’approbation de la convention générale entre la France et le Portugal sur la sécurité sociale, signée à Lisbonne le 29 juillet 1971, et complétée par un protocole général.
Au cours de ce premier mandat, Jean Durieux est fidèle à la majorité parlementaire soutenant les gouvernements de Maurice Couve de Murville (1968-1969), de Jacques Chaban-Delmas (1969-1972) et de Pierre Messmer (1972-1974). Président de la fédération régionale du Nord-Pas-de-Calais des Républicains indépendants, à compter du mois de janvier 1969 puis, membre du bureau politique de la fédération nationale des républicains indépendants, à partir du 20 décembre 1969, il sait se démarquer des gaullistes, à la suite des propos de son président de parti, Valéry Giscard d’Estaing, et de son « oui, mais » au général de Gaulle. A l’instar de la représentation nationale à sa presque unanimité, il approuve le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, défendu par le ministre Edgar Faure, le 10 octobre 1968. Il en fait de même, le 4 décembre suivant, à l’occasion du vote sur le texte d’initiative gouvernementale, relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises. Le 28 mai 1970, il vote pour le projet de loi tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens. Le 10 juin de la même année, il s’exprime en faveur de la réforme du service national, préparée par le ministre des armées, Pierre Messmer. Le 15 octobre 1970, sans surprise, il soutient le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, comme il le fait à nouveau, le 2 mai 1972. Quelques jours plus tôt, le 27 avril, il a voté en faveur de l’ensemble du projet de loi portant création et organisation des régions.
Le député Jean Durieux n’en oublie cependant pas son enracinement local. Investi par les Républicains indépendants, il est élu conseiller général du canton de Clary, aux élections partielles du 2 mars 1969. Vice-président de l’intergroupe des députés-maires à partir du mois de novembre 1969, il est à nouveau candidat Républicain indépendant aux cantonales des 8 et 15 mars 1970 : il est battu. Il en est de même à Cambrai, aux élections municipales du mois de mars 1971.
Membre du Parlement européen à partir du 28 octobre 1971, Jean Durieux est candidat au renouvellement de son mandat de député, dans la 17ème circonscription du Nord, aux élections des 4 et 11 mars 1973. A nouveau investi par les Républicains indépendants et par l’Union des Républicains de Progrès, « candidat d’union sociale et libérale au service de tous », il arrive très largement en tête des cinq candidats en lice, au premier tour de scrutin. Accompagné d’un nouveau suppléant, en la personne de Zéphyr Montay, fabricant en textiles, maire de Troisvilles et vice-président du syndicat intercommunal du Cateau, Jean Durieux rassemble 15 307 des 39 369 suffrages exprimés, soit 38, 9% des voix. Au second tour, il bat à nouveau le communiste Paul Leloir, candidat de la gauche unie. Le député sortant réélu obtient 21 123 voix, alors que 39 600 suffrages ont été exprimés. Paul Leloir ne recueille que 18 477 bulletins, soit 46,7% des voix. Dans une conjoncture politique marquée par les progrès de la gauche, les résultats obtenus par le député giscardien du Nord sont encourageants. Sa campagne électorale a été rythmée, à nouveau, par le combat contre le PCF et contre « la dictature d’un parti collectiviste ». Il promeut, quant à lui, une société de l’épanouissement personnel. D’une phrase, il résume la différence entre les deux approches partisanes : « Nous ne promettons pas d’un seul coup le paradis, mais au moins, nous vous protégeons de l’enfer ». Il se veut « le député de tous, sans distinctions d’appartenance politique ou religieuse ».
Il retrouve alors l’Assemblée nationale et s’inscrit à nouveau au groupe parlementaire des Républicains indépendants. Il est nommé membre de la commission des affaires étrangères, mais n’y siège qu’une année (1973-1974), pour rejoindre la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République (1974). Il retrouve le premier aréopage choisi en début de législature, à compter du 3 octobre 1974, et y demeure jusqu’en 1978, fin de son second mandat. A compter du 13 juin 1973, il retrouve aussi ses fonctions passées de représentant de l’Assemblée nationale à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes et, à partir du 3 juin 1975, celles de membre – stricto sensu - de la même institution, jusqu’en 1978. Il préside, jusqu’à cette date, le groupe libéral au Parlement européen.
Durant son deuxième mandat à l’Assemblée nationale, le 7 avril 1976, Jean Durieux dépose une proposition de loi tendant à préciser le caractère interprétatif de la loi du 21 mai 1973, relative à la situation des agents d’assurances et des mandataires non patentés des sociétés d’assurances au regard de la sécurité sociale. Il dépose par ailleurs cinq questions au gouvernement, et intervient à l’occasion de vingt-deux discussions différentes, en séance publique. Comme pour son action de législateur, entre 1968 et 1973, le député du Nord fait des questions agricoles l’astringent de son activité de parlementaire. C’est vrai, dans un premier temps, des discussions budgétaires. Dans le PLF pour 1975, le 8 novembre 1974, il souhaite faire en sorte que la production soit organisée selon des quotas révisables. Il n’oublie pas de parler du remembrement dans le Nord, ainsi que de l’assainissement. Il a l’oreille du ministre de tutelle, Jacques Chirac, qui, rue de Varenne, n’a pas oublié les problèmes qu’il rencontre lui-même dans sa Corrèze d’élection. Il réitère ses propos dans la discussion du PLF pour 1976, le 5 novembre 1975, et dans le PLF pour 1978, le 26 octobre 1977. Jean Durieux parvient à faire admettre son point de vue sur d’autres sujets, et notamment dans la discussion sur le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), le 28 novembre 1974. Il dépose un amendement, qui est adopté, visant à prévoir une clause de conscience pour les auxiliaires médicaux.
Le député du Nord diversifie, en fin de mandat, son activité jusque-là principalement portée sur les questions rurales. Ainsi parle-t-il longuement de politique étrangère, le 9 novembre 1976, pour souligner la faiblesse des moyens consacrés au ministère de tutelle, quai d’Orsay, situation anormale selon le député, au moment où des « attaques sont portées à la France dans les instances internationales ». Le 7 décembre 1976, il intervient comme rapporteur du projet de loi autorisant la ratification du traité portant modification de certaines dispositions financières des traités instituant les Communautés européennes et du traité instituant un conseil unique et une commission unique des Communautés européennes. Dans la discussion générale de ce texte, le parlementaire européen qu’il est aussi soutient le contrôle des assemblées et le pouvoir de contrôle du Parlement européen, dont il défend l’élection au suffrage universel.
Au cours de ce second mandat, Jean Durieux reste fidèle à la majorité présidentielle qui soutient, à compter de 1974, le président Giscard d’Estaing, et dont il est un élu proche. Aussi, le 12 avril 1973, approuve-t-il la déclaration de politique générale du gouvernement Messmer. Il en fait de même, le 16 octobre suivant, dans la discussion de l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant modification de l’article 6 de la Constitution. Le 6 juin 1974, il apporte son soutien au gouvernement que Jacques Chirac, premier chef de gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, vient alors de former. Il s’exprime, de même, le 10 octobre de la même année, à l’occasion du vote sur l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant révision de l’article 2 de la Constitution. Le 28 novembre 1974, minoritaire dans son camp, il approuve le texte d’initiative gouvernementale relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), défendu par la ministre de la santé Simone Veil. Il agit de la même manière, le 4 juin 1975, au moment de voter le projet de loi portant réforme du divorce. Il approuve, l’année d’après, la réforme constitutionnelle du 8 juin 1976, qui modifie l’article 7 de la Constitution, en ce qui concerne les règles dans les campagnes électorales pour l’élection présidentielle. Il apporte son soutien au gouvernement de Raymond Barre, le 28 avril 1977, et européen convaincu, vote en faveur du projet de loi relatif à l’élection des représentants à l’Assemblée des Communautés européennes, le 21 juin 1977.
A nouveau battu au Conseil général au scrutin des 23 et 30 septembre 1973, il redevient conseiller général le 14 mars 1976, dans le canton de Marcoing. En novembre de la même année, c’est comme parlementaire qu’il fait son entrée au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, pour un mandat de cinq ans. En mars 1974, il a retrouvé sa mairie de Rues-des-Vignes, dans une élection partielle. Il est réélu à ce poste en mars 1977. Lors du renouvellement législatif du printemps 1978, Jean Durieux, secondé à nouveau par Zéphyr Montay, est battu de 692 voix par le candidat communiste Claude Wargnies qui obtient 50,8% des voix au second tour.
En 1982, Jean Durieux est réélu au premier tour conseiller général (UDF-PR) du Nord, avec un peu plus de 50% des voix. Il lui faut attendre cependant l’année 1983 pour que son parti lui propose de repartir au combat politique, au plan national. De surcroît, ce n’est que la septième place qui lui est proposée, dans l’équipe présentée dans le Nord-Pas-de-Calais, pour les élections sénatoriales : il est d’avance inéligible. Jean Durieux décide alors d’accepter la proposition que lui fait le Front national (FN) de conduire sa liste aux élections régionales de 1986, dans la même région. Dans le canton rural de Jean Durieux, le parti de Jean-Marie Le Pen réalise ses meilleurs scores, et sa liste obtient 11,84% des voix. Il retrouve l’Hôtel de région, comme élu du parti d’extrême droite, et préside le groupe FN, tout en restant le premier des suppléants sur la liste UDF-RPR au Sénat. Il va jusqu’à défendre le président du Front national, lorsque ce dernier, député de Paris, parle du « point de détail » à propos des chambres à gaz de la Seconde guerre mondiale. Le 10 mars 1988, cependant, il démissionne de ses fonctions de président de groupe au Conseil régional, « en raison de désaccord avec quelques éléments extrémistes, mais minoritaires, (….) et leur volonté de radicalisation ». Il est en fait en conflit ouvert avec Christian Baeckeroot, très implanté dans la Nord et numéro 3 du Front national, proche de Jean-Pierre Stirbois. Il ne coupe pas pour autant les ponts avec Jean-Marie Le Pen et lui donne son parrainage aux élections présidentielles de 1988, « afin que celui-ci puisse être démocratiquement présent dans le débat politique et par respect de la parole donnée ».
Il rejoint finalement son parti politique d’origine, l’UDF, mais disparaît quelques mois plus tard, le 17 février 1989, à l’âge de 55 ans.