Henri Durre

1867 - 1918

Mort pour la France

Informations générales
  • Né le 15 septembre 1867 à Maubeuge (Nord - France)
  • Décédé le 28 octobre 1918 à Anzin (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 20 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Nord
Groupe
Socialistes unifiés
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 28 octobre 1918
Département
Nord
Groupe
Parti socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 15 septembre 1867 à Maubeuge (Nord), mort le 28 octobre 1918 au lieu dit La Croix d'Anzin à Anzin (Nord).

Député du Nord de 1906 à 1910 et de 1914 à 1918.

Henri Durre, qui avait perdu son père tout jeune à l'âge de deux ans, passa toute son enfance à Maubeuge ou, à 18 ans il devint employé de commerce. Militant socialiste actif, il appartint, dès sa fondation, à l'organisation socialiste de Valenciennes, où il s'était établi représentant de commerce ; il fut rédacteur à L'Avenir de Valenciennes et, en 1900, il contribua à la création de nombreuses sections syndicales, en sa qualité de délégué du Comité fédéral du parti ouvrier.

Il entra dans la vie publique en se faisant élire conseiller municipal de Valenciennes en 1900. Conseiller d'arrondissement en 1901, il fut battu en 1907, mais représentait trois ans plus tard, en 1910, le canton de Valenciennes-Nord au Conseil général, dont il devint le secrétaire de 1913 jusqu'à sa mort en 1918.

S'il fut, dans le Nord, un propagandiste socialiste actif, surtout en matière syndicale et coopérative il était, par contre, adversaire des doctrines anarchiques et de l'antipatriotisme.

Il se présenta pour la première fois dans la deuxième circonscription de Valenciennes aux élections générales législatives des 27 avril et 11 mai 1902, contre le député sortant radical-socialiste Lepez. Celui-ci était largement distancé au premier tour de scrutin par Thellier de Poncheville alors que lui-même, en troisième position, obtenait 4.470 suffrages sur 18.902 votants. Aussi, se désista-t-il avant le second tour en faveur de Lepez, assurant ainsi la réélection du député sortant.

Quatre ans plus tard la situation se renversait au profit d'Henri Durre. Au premier tour de scrutin, le 6 mai 1906, Thellier de Poncheville est toujours en tête avec 7.357 voix sur 19.744 votants, suivi de peu par Durre avec 6.766 voix, le député sortant Lepez en totalisant 5.385 ; au second tour, le 20 mai, Lepez s'étant effacé, Henri Durre avec 10.871 voix sur 19.145 votants, l'emporta largement, sur Thellier de Poncheville qui rassemblait 8.190 suffrages.

Au renouvellement de 1910, le 24 avril, au premier tour de scrutin, Henri Durre arrive en tête avec 8.372 voix sur 20.934 votants, Davaine en obtient 7.364 et Thellier de Poncheville 4.524 ; le second tour, le 8 mai, va se jouer entre les deux premiers candidats et verra le succès de Davaine avec 10.584 voix sur 20.786 votants, contre 9.762 à lui-même.

En 1914, il prend une confortable revanche dès le premier tour de scrutin, le 26 avril : il est en effet réélu avec 12.323 voix sur 21.395 votants contre 7.117 à Davaine et 2.430 à Delcourt.

Henri Durre avait soumis à l'approbation des électeurs un programme socialiste commun avec les candidats de ce parti élus, comme lui, dans les deux autres circonscriptions de Valenciennes.

Il siégea à la Chambre sur les bancs du parti socialiste.

Au cours de son premier mandat, il appartint à la Commission des mines (1906) et à diverses autres Commissions spéciales. S'il ne déposa qu'une proposition de loi d'intérêt local et ne rédigea que deux rapports d'élection, il monta par contre souvent à la tribune pour y défendre, à propos de sujets divers, son idéal socialiste. Il participa aussi à la discussion des budgets des exercices 1907 (Guerre, Travaux publics), 1908 (Travail et prévoyance sociale, Guerre, Travaux publics, conventions et garanties d'intérêts), 1909 (Agriculture, Travaux publics, conventions), 1910 (Finances, Agriculture, Travail, Travaux publics, Guerre). Il se fit entendre sur l'ensemble de la proposition de loi concernant le repos hebdomadaire, sur la réintégration du colonel Picquart dans l'armée (1906) ; sur les conseils de prud'hommes, sur la limitation à huit heures de la durée de la journée de travail dans les mines (1907) ; sur la vente de la bière, les conditions de travail dans les compagnies de chemin de fer d'intérêt local (1908) ; sur les conseils de guerre, sur la modification du tarif général des douanes (faïences, étain, boissellerie, etc.) (1909) ; sur la répartition des allocations à titre de soutien de famille, sur la situation du personnel des chemins de fer, sur les condamnations de militaires pour fautes contre la discipline (1910).

Au cours de la 11e législature, il siégea de nouveau avec le groupe socialiste et dans les Commissions du commerce et de l'industrie (1914), de réparation des dommages causés par faits de guerre (1915) et de révision des lois constitutionnelles (1916). Comme lors de son précédent mandat, il interviendra abondamment et dans le même esprit. Il ne s'intéressera cependant, en matière budgétaire, qu'à deux exercices, celui de 1914, à propos de l'impôt, et celui de 1918 pour les services civils.

En 1915, il prendra la parole à propos des débits de boissons, des subventions du Fonds national de chômage, de la prorogation de l'échéance des effets de commerce, de la déclaration des tours à métaux, presses hydrauliques et marteaux-pilons, de l'appel sous les drapeaux de la classe 1917, de la taxation des denrées nécessaires à l'alimentation, au chauffage, et à l'éclairage.

En 1916, il montera à la tribune pour discuter de l'utilisation de la main-d'œuvre militaire dans les établissements travaillant pour la défense nationale, de l'institution de dispensaires d'hygiène sociale et antituberculeux, de l'organisation de la production de guerre, de l'octroi des permissions aux hommes du front, de la réparation des dommages de guerre, du ravitaillement des régions envahies, des allocations complémentaires pour les agents des chemins de fer.

En 1917, il prend la parole à propos du logement des réfugiés des régions envahies, d'une subvention de 5 millions à accorder au Comité des orphelins de guerre, du régime des productions de guerre, de la relève et des permissions dans l'armée d'Orient, du relèvement des salaires et de la mise en sursis des ouvriers mineurs, de la situation des réfugiés et rapatriés des régions envahies.

En 1918, enfin, la question des prisonniers de guerre, celle de la législation des pensions des armées de terre et de mer, le rationnement du pain, le relèvement du tarif des chemins de fer, les réparations aux victimes civiles de la guerre, le statut des réfugiés seront pour lui de multiples raisons d'intervenir dans les débats.

À la fin du mois d'octobre 1918, son collègue Mélin et lui avaient, comme le dira Paul Deschanel « voulu, à tout prix, rejoindre leurs compatriotes au moment de leur délivrance ». Le 28 octobre à Anzin, au lieu dit « La Croix d'Anzin », au coin d'une rue, Henri Durre, qui avait épousé à 18 ans une Allemande et était partisan d'un rapprochement franco-allemand, est tué, ironie macabre, en plein cœur, d'une balle provenant d'une mitrailleuse allemande dissimulée dans une maison en ruine : il avait 51 ans ; son collègue Mélin est seulement blessé au visage. Le lendemain 29 octobre, le Président Paul Deschanel prononça, devant une Chambre debout, l'éloge funèbre d'Henri Durre et outre « ses nombreuses interventions à la tribune sur des sujets très divers » rappela « le dévouement avec lequel il défendit les intérêts des populations envahies, à propos des dommages, des réfugiés, des orphelins, des victimes civiles et des prisonniers de guerre. C'était, ajoute le président de la Chambre, un homme de cœur. Il me disait naguère son impatience de voir Maubeuge et Valenciennes enfin affranchies du joug de l'étranger. »

Plusieurs rues de Valenciennes, d'Anzin et de Saint-Amand-les-Eaux portent son nom.