Michel Aurillac

1928 - 2017

Informations générales
  • Né le 11 juillet 1928 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 6 juillet 2017 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Indre
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 2 avril 1986
Département
Indre
Groupe
Rassemblement pour la République

Fonds d'archives

Le fonds Aurillac, conservé aux Archives nationales, couvre la période 1915-2002 et représente 18 mètres linéaires. Les documents ont fait l’objet d’un dépôt entre 1976 et 2004. Ils sont décrits dans un répertoire numérique et leur consultation est soumise à autorisation de l’ayant droit.
Le fonds regroupe les documents de Michel et Jean Aurillac concernant leurs activités professionnelles et politiques.
De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives nationales.

Un fonds Michel Aurillac est également conservé aux Archives départementales de l’Indre. Il couvre la période 1984-1992 et représente 3,3 mètres linéaires. Les documents sont cotés en 61 J et sont décrits dans un répertoire numérique. Ils ont été donnés en 1993 et sont consultables sur autorisation.
Les documents qui composent ce fonds sont des dossiers d’intérêt local concernant notamment l’aménagement du territoire (contournement de Châteauroux, aéroport de Déols).
De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales de l’Indre.

Biographies

Biographie de la Ve République

AURILLAC (Michel)
Né le 11 juillet 1928 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 6 juillet 2017 à Paris

Député de l’Indre de 1978 à 1981 et de 1986 à 1988

Michel Aurillac naît à Marseille le 11 juillet 1928. Parmi ses ascendants figurent un arrière-grand-père, maire de Ribérac en Dordogne, et un grand-père capitaine de frégate mort pour la France en 1917. Son père est un haut fonctionnaire en poste dans les colonies (administrateur en Indochine, gouverneur de la France d’outre-mer) et les ambassades (consul général à Singapour, ambassadeur en Albanie). Nul doute que ce modèle paternel a influencé l’intérêt du futur ministre de la Coopération pour les dossiers diplomatiques et l’outre-mer. A la fin des années 1930, Michel Aurillac suit des études secondaires en Indochine où son père a été nommé : lycée Albert Sarraut à Hanoï, collège de la Providence à Hué, lycée Chasseloup-Loubat à Saïgon, lycée Yersin à Dalat. Après avoir été interné à dix-sept ans par les Japonais lorsque ceux-ci occupent l’Indochine française (de mars à septembre 1945), il quitte définitivement le Vietnam, rejoint la métropole et s’inscrit à l’IEP de Paris. Il réussit le concours de l’ENA en 1950 et fait partie de la promotion Paul Cambon (1951-1953).

En octobre 1953, Michel Aurillac entre au Conseil d’Etat comme auditeur 2ème classe dans la section du contentieux. Après son service militaire à l’Ecole d’application de l’armée blindée et de la cavalerie (Saumur) de novembre 1953 à juin 1955, il retourne au Conseil d’Etat comme auditeur 1ère classe. A partir d’avril 1956, il est adjoint en qualité de rapporteur à la commission supérieure de cassation des dommages de guerre. De juillet 1956 à février 1957, il est rappelé sous les drapeaux pour servir comme sous-lieutenant en Algérie. Il rejoint comme conseiller technique le cabinet d’Abdelkader Barakrok, secrétaire d’Etat à l’Algérie en novembre 1957 et y reste jusqu’en avril 1958. Après le retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958, Michel Aurillac, de sensibilité gaulliste, est repéré par Michel Debré qui l’associe au groupe de travail élaborant durant l’été 1958 le texte de la future Constitution de la Ve République. En novembre 1958, il est rapporteur près la commission constitutionnelle provisoire.

A partir de juillet 1959, le jeune haut fonctionnaire dirige, à seulement 31 ans, le cabinet de Léopold Sédar Senghor, ministre conseiller pour les Affaires culturelles et juridiques. Il conserve ce poste jusqu’en août 1960. Nommé maître des requêtes au Conseil d’Etat en février 1960, il est détaché en novembre 1960 en qualité de président de la section du contentieux à la Cour suprême du Sénégal et sert en position hors cadre comme conseiller personnel de Léopold Sedar Senghor lorsque ce dernier devient le premier président de la République du Sénégal. Il se familiarise avec les fonctionnements et réseaux de la Coopération franco-africaine débutante. Trois ans plus tard, réintégré au Conseil d’Etat, il entre en octobre 1963 au cabinet du Premier ministre Georges Pompidou, comme conseiller technique.

Georges Pompidou favorise la carrière de ce jeune technocrate brillant qui, au milieu des années 1960, fait partie de ces jeunes trentenaires pompidoliens prometteurs (comme Jacques Chirac ou Jean Charbonnel) devant renouveler le personnel gaulliste. En octobre 1965, Michel Aurillac, âgé de 37 ans, est placé en détachement longue durée et nommé préfet de l’Indre. Il découvre ce département dont il sera plus tard le député. Reçu à l’Elysée en tant que nouveau préfet, comme le veut le tradition, il se voit interrogé par le général de Gaulle ; « Parlez-moi de votre département »… Comme le haut fonctionnaire insiste maladroitement sur l’importance économique de la base américaine locale, le chef de l’Etat l’interrompt sèchement : « Cela ne durera pas… ». Quatre ans plus tard, en janvier 1969, quelques mois avant l’entrée de Georges Pompidou à l’Elysée, le voici promu secrétaire général de la Préfecture de la région parisienne. Il occupe ensuite, d’août 1969 à juin 1973, les fonctions de préfet de l’Essonne, avant de devenir préfet de la région Picardie et préfet de la Somme. Le 15 mars 1974, le Premier ministre Pierre Messmer l’appelle à ses côtés comme conseiller politique. Lors de la campagne présidentielle de 1974, il fait partie de ces hauts fonctionnaires gaullistes qui rallient la candidature giscardienne. Ce choix politique vaut à ce préfet hors cadre d’être nommé à la fin mai 1974 directeur de cabinet du nouveau ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski. Il y reste jusqu’en avril 1976 (quelques mois avant le départ de Jacques Chirac et l’arrivée à Matignon de Raymond Barre). Michel Aurillac retrouve alors la préfectorale comme préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et préfet des Bouches-du-Rhône (avril 1976-octobre 1977). Proche de Jacques Chirac qu’il a rejoint dans le Rassemblement pour la République (RPR) créé fin 1976, il demande à être réintégré au Conseil d’Etat et est nommé conseiller d’Etat.

Lors des législatives du printemps 1978, ce néo-gaulliste dont l’expérience politique de terrain est limitée (il a été conseiller municipal de Ribérac de 1971 à 1977) obtient l’investiture du RPR dans la première circonscription de l’Indre. Candidat unique de la majorité (avec le soutien du Parti radical, du Centre des démocrates sociaux et du Centre national des indépendants), il affronte le député communiste sortant, Marcel Lemoine, figure locale de la Résistance, maire de Déols, député de la circonscription en 1967-1968 et depuis 1973. Avec l’aide de son suppléant, le représentant de commerce Félix Mallet, Michel Aurillac bat son adversaire communiste au second tour, le 19 mars 1978, de 1 318 voix. Au Palais-Bourbon, il rejoint le groupe RPR et la commission des lois constitutionnelles et de l’administration générale de la République. Il en est le secrétaire pendant trois ans. Durant cette VIe législature, Michel Aurillac est rapporteur d’importants projets de loi : levée du secret administratif (loi du 17 juillet 1978), motivation des actes administratifs (loi du 11 juillet 1979). Il préside la commission spéciale chargée de réformer la fiscalité directe locale et qui produit plusieurs textes législatifs en la matière : dotation globale de fonctionnement, taxe professionnelle et autres impôts directs locaux (lois des 3 janvier 1979, 10 janvier 1980 et 1er janvier 1981). Co-rapporteur du projet de loi portant développement des responsabilités des collectivités locales, il est aussi vice-président de la commission d’enquête sur le textile et sa confection. Il vote en faveur du projet de la loi « Peyrefitte » (la loi du 2 février 1981) renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes. Son intense activité à l’Assemblée nationale durant trois ans (15 propositions de loi, 24 rapports ou avis, 240 questions écrites, 7 questions orales ou d’actualité…) lui valent d’être classé premier ex aequo des 176 nouveaux députés élus en 1978 (selon le Nouvel Observateur qui en octobre 1980 se réfère au classement établi par l’Institut de mesure de l’activité parlementaire). Lors de la discussion de l’amendement déposé à l’automne 1978 par Pierre Bas pour supprimer les crédits pour les exécutions capitales, le député de l’Indre prend publiquement position contre la peine de mort. Sur le plan militant, Michel Aurillac, délégué national à la Défense au sein du RPR (octobre 1979-octobre 1981), publie en 1979 Réflexions sur la défense.

Membre de l’équipe de campagne de Jacques Chirac lors de la présidentielle du printemps 1981 (il préside le comité de soutien dans son département), Michel Aurillac se présente pour sa réélection lors des législatives de juin 1981 dans la première circonscription de l’Indre. Il retrouve à gauche le communiste Marcel Lemoine, mais doit surtout affronter un jeune candidat socialiste et haut fonctionnaire, encore inconnu, Michel Sapin, soutenu par Michel Rocard. Bien qu’arrivé en tête le soir du premier tour, Michel Aurillac commet par la suite des maladresses qui lui coûtent des voix à droite (il fait ainsi coller des affiches en sa faveur au sommet du clocher de l’abbaye de Déols…). Face au socialiste qui bénéficie d’un excellent report des voix communistes, le candidat RPR n’obtient que 45 % des voix.

En juillet 1981, Michel Aurillac réintègre le Conseil d’Etat (section du contentieux). Resté proche de Jacques Chirac, il entre au conseil politique du RPR en avril 1982 et siège à partir de 1984 dans la commission exécutive et le comité juridique consultatif du RPR. Il fonde surtout dès la rentrée 1981, avec l’aide de Nicole Catala et Alain Juppé, l’important Club 89. Ce cercle de réflexion proche du RPR doit préparer sur le plan intellectuel et politique l’alternance de 1986 (législatives) et/ou 1988 (présidentielle). Il s’agit d’attirer des figures de la société civile (universitaires, journalistes, patrons, hauts fonctionnaires…) et de recourir à leur expertise pour élaborer un programme de gouvernement tout en mettant en place des réseaux. L’association se montre très active avec ses conventions et publications, inspirées par le modèle néo-libéral alors très puissant à droite. Réélu à la tête du think tank en octobre 1986, Michel Aurillac en assure la présidence jusqu’en 1993, avant de céder la place à Jacques Toubon. C’est dans ce cadre qu’il publie plusieurs ouvrages comme La France, une et indivisible (Economica, 1983) et Libérer la communication (Albatros, 1984). Il édite également en 1986 chez Orban Le Royaume oublié, un récit romancé (prix de l’Académie) sur l’aventurier français Charles-David Mayréna, qui lui donne l’occasion de défendre la cause des ethnies montagnardes du centre-Vietnam et, en 1987, chez Berger-Levrault Afrique à cœur, où il promeut la politique française de coopération tout en rapportant des anecdotes personnelles sur ses séjours africains. Dans les années 1980, il est l’auteur de plusieurs dizaines de tribunes libres dans l’ensemble de la presse française et internationale. Plusieurs de ces articles portent sur les questions de défense. En 1983, il se déclare favorable au déploiement de l’arme neutronique en RFA. En février 1985, il fait partie des représentants RPR chargés de préparer « l’alternance libérale » avec les délégués giscardiens.

Les cantonales de mars 1985 lui donnent l’occasion de se relancer politiquement dans l’Indre. Alors que le canton de Châteauroux-est a été redessiné pour le rendre plus favorable à la majorité de gauche et alors qu’il affronte le conseiller général sortant bien implanté, le communiste Marcel Lemoine, il s’impose et devient vice-président de l’assemblée départementale. Lors des législatives de 1986 au suffrage proportionnel départemental de liste, Michel Aurillac, qui préside depuis mai 1984 la fédération RPR de l’Indre, est tête de liste RPR dans ce département. Il est élu député, le 16 mars 1986, et retrouve au Palais-Bourbon le groupe RPR. Il renonce à son mandat parlementaire après avoir été nommé le 20 mars ministre de la Coopération dans le gouvernement Chirac. Il est remplacé à l’Assemblée nationale par son suppléant Henri Louet, 3e sur la liste RPR. La désignation de Michel Aurillac comme ministre de la Coopération marque le retour de l’orthodoxie gaulliste dans les rapports entre la France et l’Afrique, que ce soit dans le domaine de l’assistance technique ou dans celui des relations entre Etats. Ce proche de Jacques Foccart connaît bien le continent pour y avoir passé quatre ans lors de la mise au point des nouvelles institutions du Togo, du Tchad, de la Centrafrique et du Gabon, peu avant l’indépendance de ces territoires de l’Afrique occidentale et équatoriale française, et pour avoir été le bras droit du président sénégalais Senghor. A la tête de ce ministère, Michel Aurillac s’applique à sortir de la politique jugée « tiers-mondiste » de ses prédécesseurs socialistes pour engager une coopération décomplexée fondée sur un partenariat responsable et équilibré, qui fait une place importante aux relations avec les entreprises sans négliger les questions de la dette, du cours des matières premières, de l’investissement dans l’éducation, du rôle des ONG. Le nouveau ministre de la Coopération saisit la justice sur un éventuel détournement de fonds publics, détecté par la Cour des comptes, dans le cadre de l’association Carrefour du Développement. S’ensuit alors une affaire qui met en cause son prédécesseur, Christian Nucci, qu’il gère avec doigté dans le cadre délicat de la cohabitation entre le gouvernement issu du RPR et de l’UDF et le président de la République. Il préside dès 1987 le comité des ministres de tutelle de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).

En septembre 1986, à la demande de Jacques Chirac, Michel Aurillac se rend en Syrie pour renouer des relations avec ce pays clé du Proche-Orient, alors que la France est frappée par des attentats terroristes liés en partie à la situation libanaise. En novembre 1986, son nom est avancé un temps (aux côtés de celui de Marceau Long) lorsqu’il s’agit de trouver un successeur à Pierre Nicolay à la vice-présidence du Conseil d’Etat. Sur le plan militant, Michel Aurillac entre au comité central du RPR à partir de juillet 1987. Membre d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), le député de l’Indre fait aussi partie du comité national d’entraide franco-vietnamien, cambodgien et laotien.

Comme ministre RPR et président du Club 89, Michel Aurillac prend une part active dans la campagne présidentielle de Jacques Chirac au printemps 1988. Avec Nicole Catala, il remet au candidat gaulliste la synthèse des travaux réalisés depuis deux ans par les antennes du Club 89 (rapport publié aux éditions Albatros sous le titre Pour une société de progrès et de liberté), qui critique l’action de la gauche entre 1981 et 1986, dresse un bilan positif des réformes engagées par la droite sous la cohabitation et multiplie les propositions concrètes en matière d’économie, de justice, de sécurité... Lors des législatives de juin 1988, Michel Aurillac est candidat dans la première circonscription de l’Indre sous l’étiquette RPR. Bien qu’arrivé en tête au soir du premier tour avec 41,3 % des voix face au socialiste Jean-Yves Gateaud, il est battu au second tour, le 12 juin 1988, par ce dernier (53 % des suffrages exprimés) qui a bénéficié d’un bon report des voix du communiste Emile Legresy (11,3 %) et d’un petit candidat d’extrême gauche (Jean Delavergne avec 3,9 %), alors que le report des voix du candidat FN Jean-Pierre Emily (7,3 %) n’a pas bien fonctionné. Michel Aurillac, admis à sa demande à la retraite du Conseil d’Etat, s’inscrit alors au barreau de Paris. Il rejoint la SCP Vovan & Associés, société d’avocats à la cour d’appel de Paris, où il est associé avec les avocats Patrick Vovan, Jean-François Santacroce, Daniel Giorgetti, Antoine Bidet, Philippe Lhumeau et Christophe Pettiti (fils du bâtonnier Louis-Edmond Pettiti).

Ses nouvelles activités professionnelles ne l’empêchent pas d’intervenir régulièrement sur le plan politique. Dans le cadre du Club 89, il prend position sur des sujets de société comme en octobre 1989 où, à l’occasion d’un conflit dur dans les usines Peugeot, il défend la gestion du PDG Jacques Calvet et signe, dans la lettre mensuelle du Club, un édito appelant « à un nouveau type de relation capital-travail » sur les modèles allemands et japonais. Au printemps 1993, il signe chez Plon et avec François Vermande (ancien colonel de l’armée de l’air, conseiller général du Cantal et président de la commission défense des Clubs 89) un brûlot intitulé Alarme Citoyens. Affirmant que la France de 1993 est incapable de mener une guerre, il dresse un bilan sévère de l’action du gouvernement socialiste en matière de défense (forces armées désorganisées, service militaire dénaturé, réservistes marginalisés, collusion militaro-industrielle douteuse, dissuasion nucléaire affaiblie), avant de suggérer des pistes d’action (revalorisation de la condition et du statut des militaires, modernisation de l’équipement).

Michel Aurillac meurt le 6 juillet 2017. Ce gaulliste spécialiste de l’outre-mer a eu une carrière politique riche et diversifiée : cabinets ministériels, conseil d’Etat, préfectorale, Assemblée nationale, conseil général, ministère de la Coopération. Il avait épousé en 1966 Martine Adrian (conseillère CNIP-RPR de Paris en 1983 et première adjointe au maire du VIIe arrondissement, Edouard Frédéric-Dupont) et était père de deux enfants. Chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite, l’ancien ministre de la Coopération était aussi titulaire des Palmes académiques et du Mérite agricole.