André Fanton
1928 - 2025
FANTON (André)
Né le 31 mars 1928 à Gentilly (Seine)
Décédé le 19 juin 2025 à Paris
Député de Paris de 1958 à 1969, et de 1973 à 1978, puis député du Calvados de 1993 à 1997
André Fanton nait le 31 mars 1938 à Gentilly, dans la banlieue parisienne. Son père, inspecteur à la SNCF et fils d’artisans, a des origines languedociennes, tandis que sa mère, employée des PTT et fille d’agriculteurs, vient des Pyrénées. Après le lycée Henri IV à Paris, André Fanton fait son droit dans la capitale tout en étudiant à la faculté des lettres. Il obtient une licence en droit, une licence en géographie et un certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Son service militaire accompli, il s’inscrit comme avocat au barreau de Paris et y officie à la cour d’appel.
Gaulliste enthousiaste depuis son refus de la défaite puis de l’Occupation en 1940 alors qu’il n’a que douze ans, André Fanton rejoint comme étudiant le RPF dès sa création en 1947 avant de continuer à fréquenter dans les années 1950 les réseaux et structures de repli du gaullisme de la Traversée du Désert. Fasciné par Michel Debré et son Courrier de la colère, il est bientôt repéré par ce dernier qui le fait entrer, du 24 juin au 31 octobre 1958, comme chargé de mission dans son cabinet de Garde des Sceaux. Le jeune juriste est donc associé durant l’été 1958 à la rédaction de la constitution de la future Ve République. C’est entre les deux hommes le début d’une longue amitié et d’un parcours politique partagé d’une trentaine d’années.
Lors des législatives de novembre 1958, André Fanton obtient, grâce à sa proximité avec le ministre de la Justice l’investiture du nouveau parti gaulliste, l’Union pour la Nouvelle République (UNR), dans la 9e circonscription de la Seine (Folie-Méricourt Saint-Ambroise). Avec l’aide de son suppléant, le représentant de commerce Michel Marquet, il s’impose au soir du second tour, le 30 novembre, en rassemblant 37,4 % des suffrages exprimés dans le cadre d’une triangulaire qui l’oppose au communiste Georges Cogniot et au modéré Jean Grousseaud. Sa victoire est d’autant plus remarquable que le gaulliste était arrivé en troisième position à l’issue du premier tour avec 19,2 % des suffrages. Entre les deux tours, André Fanton a quasiment doublé ses voix, bénéficiant d’une forte mobilisation d’abstentionnistes de droite inquiets de la possible victoire du communiste en tête au premier tour, et d’un bon report des voix qui s’étaient portés sur le candidat radical centriste André Hugues (14,4 %). André Fanton devient député de cette 9e circonscription de Paris qui constitue son fief puisqu’il y sera réélu jusqu’en 1978. Au Palais-Bourbon, il rejoint le groupe gaulliste UNR-UDT et la commission des lois. Durant cette législature, il siège dans plusieurs commissions spéciales chargées d’examiner des projets de loi sur le règlement, la promotion sociale et l’intéressement des travailleurs à l'entreprise. Il dépose plusieurs propositions de loi portant sur les facilités d’avancement pour les gardiens de la paix s'étant distingués dans les opérations de la guerre de 1939-1945 ou de la Résistance (mai 1959), la responsabilité des gérants et associés des sociétés à responsabilité limitée dans le cas de faillite ou de liquidation judiciaire (octobre 1959), la nécessité de faire présider les conseils de prud'homme par un magistrat (octobre 1959). Il approuve le projet de loi sur les « pouvoirs spéciaux » autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie (la loi du 4 février 1960).
Sur un plan militant, André Fanton qui a la confiance du Premier ministre Michel Debré et s’est fait connaître à l’Assemblée par ses interventions éloquentes et dynamiques, devient en novembre 1961 secrétaire général adjoint de l’UNR, chargé des relations avec les ministères et les administrations. Il seconde à ce poste le secrétaire général, Roger Dusseaulx, puis Louis Terrenoire, à partir de mai 1962. Après la dissolution de l’Assemblée nationale à la suite de la motion de censure déposée par l’opposition le 4 octobre 1962, André Fanton, qui a toujours la confiance de son parti, se représente dans la même circonscription de Paris lors des législatives de novembre 1962. Avec pour suppléant Michel Marquet, il est réélu député de la Seine le 25 novembre en totalisant au second tour 57 % des suffrages exprimés face au communiste Pierre Néron. Il reste dans le groupe UNR-UDT et la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Durant cette législature, André Fanton, secrétaire d’âge de l’Assemblée nationale, participe à de très nombreuses commissions spéciales et commissions chargées d’examiner les demandes de levée d’immunité parlementaire. Membre de la commission supérieure de la codification, il représente également la France au Parlement européen. Durant cette législature, il dépose plusieurs propositions de loi tendant à permettre aux officiers de réserve, ayant eu des responsabilités particulières en temps de guerre, de postuler au grade supérieur dans l'honorariat (octobre 1963), à lutter contre la spéculation foncière (décembre 1964). En tant que membre de la commission des lois, il présente de nombreux rapports sur des propositions et projets de lois ainsi que sur des résolutions. Très actif, il intervient à de nombreuses reprises lors des débats en séance publique. Lors de l’examen des projets de loi de finances, il s’intéresse aux questions relatives à l’aménagement du territoire, l’urbanisation, l’enseignement, la justice, les transports, la sécurité, la fiscalité, l’ORTF, la situation carcérale (notamment la prison pour femmes de la Petite-Roquette située dans sa circonscription)… Il participe tout particulièrement en novembre 1964 aux discussions portant sur le projet de loi relatif à la réorganisation de la région parisienne.
Au sein du parti gaulliste, André Fanton est confirmé en janvier 1963 comme secrétaire général adjoint de l’UNR-UDT où il seconde Jacques Baumel. Il est plus précisément en charge de la liaison avec les administrations et les ministères. Il conservera ce poste jusqu’en septembre 1965. A partir de mai 1963, il entre au bureau politique du groupe UNR-UDT (il y sera reconduit en avril 1966) et en novembre de la même année accède à la commission politique du parti où il siègera jusqu’en novembre 1967. En mars 1965, soucieux d’améliorer son ancrage politique locale, il est candidat lors des élections municipales dans le 5e secteur de Paris mais échoue face au maire sortant, le socialiste Raymond Pedrot.
Lors des législatives de mars 1967, André Fanton affronte dans la même circonscription parisienne la communiste Yvonne Dumont. Alors qu’il était arrivé nettement en tête au premier tour avec 43 % des voix face à sa rivale qui s’était contentée de 27,6 % des suffrages exprimés, il ne s’impose au soir du second tour qu’avec 52,7 %. La communiste a pu bénéficier d’un bon report des voix socialistes et PSU. André Fanton s’inscrit au groupe UD.Ve République (il prend de suite la vice-présidence du groupe et participe à son bureau politique) et siège de nouveau dans la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il représente toujours la France au Parlement européen. A l’Assemblée, le député parisien joue les hussards du gaullisme, huant l’opposition de gauche, claquant son pupitre et fustigeant la « démoralisation ambiante ». Il devient vite populaire auprès de la base militante du parti qui apprécie les réquisitoires de cet activiste des travées. Durant cette législature, il dépose deux propositions de loi sur la spéculation foncière (avril 1967) et les sociétés commerciales (décembre 1967), ainsi que de nombreux rapports sur des projets et propositions de loi au nom de sa commission. Intervenant fréquemment lorsqu’il est question d’enseignement, de logement, de justice et d’industrie, il continue de s’intéresser tout particulièrement à l’aménagement du territoire et à l’urbanisation. Il prend ainsi une part très active dans l’examen en juin 1967 du projet de loi d’orientation foncière et urbaine. Au sein du parti, André Fanton continue de siéger dans les instances dirigeantes. Membre à partir de juin 1967 du secrétariat général (devenu très collégial), il est chargé de l’information. Il intègre en juillet de la même année le comité exécutif, rejoint en novembre le comité central et accède en décembre au bureau exécutif.
Lors des événements de mai 68, André Fanton fait partie des rares élus gaullistes à tenir bon. Dans sa permanence, il reçoit régulièrement ses électeurs pour les réconforter tandis qu’il appelle au rétablissement de l’ordre au Palais-Bourbon, où, les 7, 14 et 22 mai il interpelle les parlementaires sur les manifestations étudiantes et les propos de Daniel Cohn-Bendit. Après la dissolution de l’Assemblée par le général de Gaulle, il est candidat lors des législatives anticipées de juin 1968 dans la même 9e circonscription de Paris. Profitant d’un contexte politique redevenu très favorable pour la majorité et avec l’aide de son suppléant Michel Marquet, il est facilement réélu au second tour, avec 50,5 % des voix, à l’issue d’une triangulaire qui l’a opposé au communiste Aimé Delarue et au PDM Jacques Rolland. Il s’apparente au groupe UDR (il sera inscrit début avril 1969) et reste à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. André Fanton fait partie de la trentaine de députés UDR membres ou proches du SAC, le sulfureux service d’ordre gaulliste. L’élu parisien, qui en a la carte, appartient de fait à ces « gaullistes d’ordre » inquiets par le danger de la « subversion marxiste » et persuadés que « le feu couve sous la braise » selon la formule de Jacques Foccart, l’un des fondateurs de ce courant influent au sein du gaullisme. Il participe de fait aux dîners et réunions que le conseiller élyséen organise régulièrement avec des membres du gouvernement proche de ses idées pour constituer un petit réseau politique soucieux d’orienter les décisions de l’Elysée et de Matignon dans le sens d’un conservatisme répressif. Il participe dans cet esprit aux discussions du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (loi Edgar Faure) lors de l’automne 1968.
Après le référendum d’avril 1969 et l’élection en juin 1969 de Georges Pompidou à la présidence de la République, deux événements durant lesquels André Fanton n’a pas ménagé sa peine, intervient au début de l’été 1969 la formation du nouveau gouvernement. Le nouveau Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, obligé de respecter un subtil jeu d’équilibre entre les divers courants gaullistes, fait entrer dans son cabinet des représentants des pompidoliens, des chabanistes, des gaullistes de gauche, et des gaullistes orthodoxes. André Fanton appartient à cette dernière catégorie. Ce debréiste fait partie de ces nostalgiques du Général qui exigent du nouveau titulaire de l’Elysée un strict respect des évangiles gaulliens et qui soupçonnent le nouveau Premier ministre d’être trop libéral envers les contestataires de Mai. Le Premier ministre sait aussi qu’en appelant au gouvernement André Fanton, il neutralisera politiquement ce député volontiers virulent. Nommé donc secrétaire d’Etat auprès de Michel Debré, ministre d’Etat chargé de la Défense nationale, il renonce à son mandat parlementaire dont hérite son suppléant. André Fanton reste au gouvernement jusqu’au départ de Matignon du maire de Bordeaux début juillet 1972. En qualité de secrétaire d’Etat à la Défense, il intervient au Palais-Bourbon lors de l’examen des crédits militaires dans le cadre des discussions sur les projets de finances. Il participe aussi aux débats portant sur des projets de loi relatifs aux affaires militaires (statut du personnel des cadres actifs, organisation du corps des officiers des différentes armes, ingénieurs militaires et ingénieurs de l’armement, médecins et vétérinaires des armées, justice militaire…). Il répond également à plusieurs questions de députés portant le plus souvent sur le Service national. Lors des municipales de mars 1971, André Fanton tente de nouveau d’évincer le socialiste Raymond Pedrot mais ce dernier est reconduit à la mairie du 5e arrondissement.
Lors des législatives du printemps 1973, André Fanton est candidat sous l’étiquette UDR à sa réélection dans la 9e circonscription de Paris. Avec l’aide de son suppléant Michel Marquet, il s’impose au second tour avec 52,6 % des voix face au communiste Roger Trugnan. Il rejoint le groupe UDR (qui devient RPR en décembre 1976) et la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. En décembre 1973, il intègre la commission de contrôle de la gestion financière de l’ORTF. Membre titulaire ou suppléant de très nombreuses commissions mixtes paritaires, il siège dans le comité d'études chargé de proposer au Parlement les moyens d'améliorer les interventions foncières des collectivités locales (à partir de décembre 1975). En tant que membre de la commission des lois, il rapporte de très nombreux projets de loi dont notamment ceux réformant l’urbanisme et la politique foncière (octobre 1975 et avril 1976), réformant le régime administratif de la ville de Paris (décembre 1975), modifiant le code électoral (juillet 1976). Il dépose lui-même plusieurs propositions de loi dont une en juin 1977 visant à créer un grade de directeur d'école. Particulièrement actif durant cette législature, il multiplie les questions au gouvernement (justice, défense, administration de Paris, personnes âgées…), suit de près l’examen des projets de lois de finances, et intervient fréquemment dans les discussions de projets et propositions de loi portant sur des thèmes très divers : hébergement collectif, droit de licenciement, statut des notaires, fonction de médiateur, code de l’urbanisme, sécurité sociale, infraction en matière de chèque, mesures en faveur des handicapés, élection des sénateurs, statut du fermage, réforme du divorce, suppression de la patente et instauration d’une taxe professionnelle, prévention des accidents du travail, imposition de ressources provenant de plus-values assimilables à un revenu, code électoral, aide au logement, architecture, complément familial, vote des Français établis hors de France, interdiction de publication de sondages d’opinion en période électorale... Alors que l’intéressé est marqué depuis les années 68 par une image très droitière, il tempère cette représentation en engageant en 1976 une croisade parlementaire en faveur de l’instauration d’un impôt sur les grosses fortunes. Ce positionnement, qui exaspère les giscardiens, lui vaut d’être applaudi par les socialistes. André Fanton, qui n’a jamais été favorable au libéralisme économique, justifie ce nouveau combat en le présentant comme un retour aux sources sociales du gaullisme. Il approuve le projet de loi d’orientation du commerce et de l’artisanat (la loi du 27 décembre dite Royer). Il soutient le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (la loi dite Simone Veil du 17 janvier 1975) et celui portant réforme du divorce (la loi du 11 juillet 1975). Il vote en faveur du projet de loi relatif à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (la loi du 6 janvier 1978).
Après le lancement du RPR en décembre 1976, André Fanton entre au printemps suivant au conseil politique puis au comité central du nouveau parti gaulliste. Mais si le député parisien a rejoint la formation chiraquienne, il n’y est pas pour autant en odeur de sainteté. Toujours étiqueté comme debréiste, il souffre des mauvaises relations croissantes entre le nouveau patron du néo-gaullisme et l’ancien Premier ministre du Général qui n’a jamais pardonné à Jacques Chirac sa « trahison » de 1974. Le nouveau maire de Paris veut par ailleurs imprimer sa marque dans la capitale. Dans cette perspective, il y écarte des investitures RPR pour les législatives du printemps 1978 tous ceux qui lui paraissent relever du passé et/ou manifester trop d’indépendance. D’anciens compagnons des années 1960, pourtant jusque-là solidement installés dans la capitale, font les frais de ce renouvellement générationnel. André Fanton en fait partie. Il cède sa circonscription au jeune chiraquien Alain Devaquet et doit, en urgence, trouver un point de chute. Il pense le trouver dans la première circonscription de la Vienne où l’ancien maire de Poitiers, le gaulliste Pierre Vertadier, ne se représente pas. Mais, ne rassemblant que 20,39 % des voix, il est éliminé dès le premier tour. C’est donc le jeune UDF Jean-Pierre Raffarin qui défend les couleurs de la majorité face au socialiste Jacques Santrot qui s’impose au second tour avec 52 % des suffrages.
Cette première défaite aux législatives pour André Fanton l’écarte du Palais-Bourbon après vingt ans passés à l’Assemblée nationale. Il reste toutefois actif politiquement. Réélu au comité central du RPR sur la liste nationale, il tente de se relancer lors des élections européennes de juin 1979. Mais, barré par Marie-France Garaud qui exerce alors une forte influence sur Jacques Chirac, il ne figure qu’à la 17e place sur les 81 candidats RPR présentés par le maire de Paris lors de ce scrutin. La liste « Défense des intérêts de la France en Europe » réalise un score médiocre et seuls 15 députés sont envoyés au Parlement européen. En octobre 1979, André Fanton est nommé délégué national du RPR à la communication. Il parvient finalement, en juin 1980, à siéger au Parlement européen en succédant à Maurice Druon conformément à la « règle du tourniquet ». Après son revers dans la Vienne en 1978, André Fanton pense pouvoir réintégrer l’Assemblée nationale à l’occasion des législatives anticipées de juin 1981. Il a décidé de se présenter dans la 2e circonscription du Calvados. Il avait du reste déjà exploré le potentiel électoral de ce territoire en 1973 avant de revenir dans la capitale. Dans ce département traditionnellement acquis à la droite, le candidat RPR semble pouvoir l’emporter. C’est compter sans la réserve des électeurs de Lisieux à l’égard de ce « horsain » (étranger dans le patois local) parachuté de Paris. Il est battu au second tour par le maire de Mézidon-Canon, le socialiste Henry Delisle qui, grâce au bon report des voix communistes, s’impose nettement avec 55,70 % des voix. En dépit de ce nouvel échec, André Fanton décide de rester dans la circonscription et d’y entamer laborieusement une carrière d’élu local pour gagner en légitimité auprès des habitants.
Nommé en octobre 1981 délégué national du RPR aux études d’opinion, reconduit au comité central du RPR en mars 1982, il devient en mars 1983 premier adjoint du maire de Lisieux, le RPR André-Eugène Baugé. Même si, figurant sur la liste « Union de l’opposition pour l’Europe et la défense des libertés » emmenée par Simone Veil, il est réélu député au Parlement européen en juin 1984, André Fanton reste concentré sur son objectif principal : consolider son ancrage politique local pour se présenter en position favorable lors des prochaines législatives. Dans cette perspective, le secrétaire de la fédération des élus régionaux RPR de Basse-Normandie se fait élire en mars 1985 conseiller général du nouveau canton de Lisieux III. Cette élection est annulée par le Conseil d’Etat en décembre (l’institution estimant que le redécoupage du canton ne se justifiait pas par un déséquilibre démographique), mais cela ne freine pas André Fanton qui parvient, lors des législatives du printemps 1986 au suffrage proportionnel, à figurer en deuxième place derrière Michel d’Ornano sur la liste commune de l’opposition. Il est élu député du Calvados et retrouve le Palais-Bourbon après huit ans d’absence. Il s’inscrit au groupe RPR et choisit la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. André Fanton est rapporteur de très nombreux textes de loi dont le projet de loi Méhaignerie tendant à favoriser l’investissement locatif et l’accession à la propriété des logements sociaux (juillet 1986), le projet de loi relatif au conseil des Prud’hommes (décembre 1986). Il présente les conclusions de la commission ad hoc chargée d’étudier le renvoi de Christian Nucci devant la Haute Cour de Justice (octobre 1987). Il participe régulièrement aux débats lors de l’examen de projets et propositions de loi, intervenant sur des sujets divers : transmission des entreprises, élection du Président de la République, élections cantonales, placement en détention provisoire, amélioration de la décentralisation… Il approuve le projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France (la loi du 9 septembre 1986).
André Fanton, qui en 1987 a pris la présidence du Mouvement pour l’indépendance de l’Europe, une organisation proche de gaullistes souverainistes comme Philippe Seguin et Charles Pasqua, est candidat, sous l’étiquette RPR, dans la 3e circonscription du Calvados lors des législatives du printemps 1988. Le président de la fédération RPR du Calvados (depuis juin 1986) y affronte la socialiste féministe Yvette Roudy, qui, comme lui, a été élue députée du Calvados deux ans plus tôt. Alors qu’il était arrivé en tête au premier tour avec 42,1 % des voix, André Fanton est battu de justesse au second tour par Yvette Roudy qui, avec 51,5 % des suffrages exprimés, a su attirer à elle les voix qui s’étaient portées au premier tour vers un communiste et un candidat majorité présidentielle. Les mauvaises relations qu’André Fanton entretient avec l’homme fort de la droite dans le département, Michel d’Ornano, n’ont pas favorisé non plus sa campagne. Une fois de plus, le gaulliste n’abandonne pas la partie et continue son travail d’implantation. Lors des municipales de mars 1989, il tente de prendre sa revanche à Lisieux contre la socialiste Yvette Roudy mais cette dernière emporte la mairie et conforte donc son ancrage local. André Fanton persiste néanmoins à penser que la Normandie lui permettra de se relancer politiquement. En 1991, il crée une Association de développement et d’aménagement du Sud pays d’Auge (Adaspa) qui vise la promotion des productions locales de ce territoire à 80% rural. En mars 1992, le président de la fédération RPR du Calvados est réélu conseiller général du même canton et sillonne toutes les communes de la circonscription de Falaise-Lisieux pour incarner l’opposition à la gauche.
Bientôt les mérites du camembert de Normandie moulé à la louche n’ont plus de secret pour lui, tout comme la ficelle, la terrine orbecquoise, l’andouille, le confit de canard, le cidre fermier, le calva et la teurgoule, ce pittoresque dessert local constitué d’un mélange de riz, sucre, lait cru et cannelle cuit au four pendant huit heures. Très à l’aise dans les marchés et fêtes champêtres, où les éleveurs locaux ne le considèrent plus comme un « horsain », il échange avec eux sur les quotas laitiers et jachères imposés par Bruxelles (cet eurosceptique appelle à voter « non » au référendum de Maastricht à l’automne 1992). Il se pose volontiers en champion du Sud pays d’Auge qui selon lui serait oublié des investissements du conseil général destinés à Caen, critique l’état du réseau routier, défend les commerces de proximité et alerte sur le vieillissement de la population agricole.
Lors des législatives du printemps 1993, André Fanton est de nouveau candidat du RPR dans la même 3e circonscription du Calvados. Profitant d’un contexte politique national désormais très favorable à la droite qui peut capitaliser sur les échecs du gouvernement de gauche face à la crise et la multiplication des affaires, il s’impose facilement au second tour, avec l’aide de son suppléant l’agriculteur et maire de Trépel, Alain Catel, avec 57,2 % des suffrages exprimés face à la député sortante, Yvette Roudy. Dans sa profession de foi, s’il évoque la nécessité d’aménager le territoire du pays d’Auge et du pays de Falaise (nouvelles routes, délocalisation universitaire, maintien des services publics en milieu rural, aide à l’agriculture), l’essentiel de son discours porte sur le national et renvoie à ses préoccupations de gaulliste : reconstruction de l’Etat, défense de l’identité nationale dans le cadre européen, redressement de la France en contexte de crise, etc. Sa victoire est présentée dans la presse comme celle d’un « revenant ». De fait, peu de personne auraient parié sur le retour à l’Assemblée d’un ancien élu battu à deux reprises aux législatives, en 1978 dans la Vienne et en 1988 en Normandie. Il reste au groupe RPR et à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est délégué de l’Assemblée nationale aux communautés européennes et siège dans deux missions d'information commune sur la Corse (à partir d’octobre 1996) et sur la situation du système bancaire français (à partir de décembre 1996). En octobre et novembre 1993, il est rapporteur pour cette commission du projet de révision constitutionnelle sur la réforme de la Haute Cour de justice. Il n’hésite pas à émonder le texte adopté en première lecture par les sénateurs. Tout ce qui ne lui est pas apparu comme essentiel a fait l’objet d’amendements de suppression. Il rapporte également en juin 1994 le projet de loi relatif à l’exercice par les citoyens de l’UE du droit de vote et d’éligibilité aux élections au Parlement européen et en avril 1996 le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Si, comme lors des législatures précédentes, André Fanton reste intéressé par les dossiers liés à l’urbanisme, aux transports, à la construction, à la défense, à l’enseignement et à l’aménagement du territoire, il se penche plus volontiers, maintenant qu’il représente une circonscription rurale, sur les questions agricoles lors de l’examen des projets de lois de finances successifs. Il suit les débats en décembre 1993 autour du projet de loi sur la qualité des produits agricoles et alimentaires et en novembre 1994 sur la modernisation de l’agriculture. Il profite en novembre 1996 d’une série de questions orales au gouvernement pour interpeller ce dernier sur la situation de l’emploi dans le Pays d’Auge. André Fanton vote en faveur du projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale (la loi du 22 juillet 1993).
Disparaît une figure du gaullisme parlementaire, un député célèbre pendant sept législatures pour ses discours passionnés et ses prises de position intransigeantes. Enfant terrible de l’UDR des débuts de la Ve République, ce proche de Michel Debré incarna le gaullisme d’ordre des années 68 qui menait la vie dure à l’opposition de gauche et aux détracteurs centristes au nom d’une « certaine idée de la France » entre autorité de l’Etat et souveraineté nationale. Avant d’entamer au milieu des années 1980 une deuxième séquence plus apaisée de sa carrière politique où, ce Parisien devenu notable normand, s’identifia à sa circonscription du Calvados dont il défendit efficacement les intérêts.
Retiré de la vie publique, il s’éteint à Paris le 19 juin 2025.