Maurice Faure

1922 - 2014

Informations générales
  • Né le 2 janvier 1922 à Azerat (Dordogne - France)
  • Décédé le 6 mars 2014 à Cahors (Lot - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1951 au 1er décembre 1955
Département
Lot
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 19 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Lot
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Lot
Groupe
Non inscrit
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 décembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Lot
Groupe
Rassemblement démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Lot
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Lot
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste - Non inscrit
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Lot
Groupe
Parti socialiste et radicaux de gauche
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Lot
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 26 septembre 1983
Département
Lot
Groupe
Apparenté socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 3 octobre 1983 au 12 juin 1988

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 2 janvier 1922 à Azerat (Dordogne)

Député du Lot de 1951 à 1958

Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères du 1er février 1956 au 14 mai 1958

Ministre de l'Intérieur du 14 au 17 mai 1958

Ministre des Institutions européennes du 17 mai au 1er juin 1958

Maurice Faure, né le 2 janvier 1922 à Azerat (Dordogne), reste fidèle à ses racines familiales et locales. Comme sa mère, directrice de collège dans le Lot, et comme son père, propriétaire terrien et instituteur, il appartient à l'enseignement en tant que professeur agrégé d'histoire et de géographie à Toulouse de 1945 à 1950. Un doctorat en droit, un enseignement à l'Institut d'Etudes Politiques de Toulouse révèlent un intérêt pour les affaires publiques. Pendant le conflit mondial, il s'engage dans les corps francs Pommiès et participe à la campagne des Vosges. Le Parti radical, ses qualités intellectuelles l'amènent en 1947 au cabinet d'Yvon Delbos, député de la Dordogne, ministre d'Etat du cabinet Ramadier chargé des forces armées après le renvoi des ministres communistes en mai 1947. Dès la fin de 1948, Maurice Bourgès-Maunoury, député de la Haute-Garonne, appelle Maurice Faure à son cabinet de secrétaire d'Etat aux Forces armées dans le gouvernement de Robert Schuman. Désormais, Maurice Faure attache son destin politique à celui de Bourgès-Maunoury qui domine la vie politique de la Haute-Garonne et exerce de hautes fonctions dans l'Etat.

Après avoir été, en juillet 1950, le chef de cabinet de Bourgès-Maunoury, secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, il quitte le cabinet en mai 1951 pour se présenter aux élections législatives dans le Lot, où il mène la liste du Rassemblement des gauches républicaines et du Parti républicain radical et radical-socialiste. Un apparentement est conclu entre les listes du RGR, de la SFIO, du MRP et du groupement national de défense des libertés professionnelles des contribuables, à la tête duquel se trouve l'ancien député MRP du Lot. Se plaçant sous l'autorité morale de Gaston Monnerville, Maurice Faure mène une campagne où il en appelle à la confiance personnelle dans des élus attachés au Sud-Ouest, à la liberté et à la paix.

Les listes apparentées, recueillant la majorité absolue des suffrages, emportent les trois sièges qui vont aux socialistes (17 % des voix), à la tête de liste du groupement des contribuables (13,3 %) et à Maurice Faure, dont la liste obtient 23,4 % des voix. Celui-ci va alors mener un gros travail d'implantation locale et d'organisation du Parti radical-socialiste, dont il est secrétaire général de 1953 à 1955. Secrétaire général de la Fédération radicale du Sud-Ouest qui réunit autour de Toulouse, douze départements, il est élu en 1953 maire de Prayssac puis président de l'assemblée des maires du Lot. Il lui faudra attendre 1957 pour être élu conseiller général de Salviac (Lot).

Maurice Faure, secrétaire d'âge de l'Assemblée en 1951, devient un spécialiste de la politique étrangère de la France comme membre, puis comme vice-président, de la Commission des affaires étrangères. Il est vice-président de la Commission de coordination pour l'examen des problèmes d'Indochine. La Commission des affaires étrangères le désigne en 1952 pour représenter la France au sein de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. L'importance des problèmes de politique étrangère ne lui laisse guère le loisir de s'occuper longuement d'autres questions. Il prend part cependant à la discussion du rapport portant révision de la Constitution en juillet 1953 et propose un amendement tendant à ne prévoir qu'une seconde lecture et à maintenir le vote à la majorité absolue à l'Assemblée si le vote du Conseil de la République a été acquis à la majorité absolue. Il vote contre la loi Barangé en 1951. En juillet 1953, il se prononce au nom de la Commission des affaires étrangères pour un service militaire de dix-huit mois. Les affaires locales lui inspirent des projets de réglementation du fonctionnement des barrages de la Dordogne, ou d'amélioration de la protection des planteurs de tabac victimes d'orages. L'agitation des commerçants et agriculteurs poujadistes du Lot inquiète le parti radical-socialiste qui dénonce l'insuffisance du prix du tabac. Reprenant une expression de Bertrand de Jouvenel, Maurice Faure montre qu'au « progrès social » succède le temps d'un « immense procès social », d'autant plus âpre que les intérêts en cause sont bien organisés. Dans ces conditions, l'Etat n'est plus un guide mais il devient un arbitre toujours contesté. Le député du Lot suggère de résoudre cette question par un allègement de la fiscalité. Il plaide pour le maintien des exploitations familiales : celles-ci exigeront une meilleure formation des responsables mais elles ne sauront suffire à maintenir tous les hommes à la terre, et les transferts d'activité devront s'opérer par la création de petites industries en milieu rural qui ont l'avantage de ne pas déraciner leurs ouvriers. Des comités départementaux et régionaux d'expansion et de productivité - lui-même en crée un dans le Lot aideraient à promouvoir des ensembles régionaux actifs et à rétablir un équilibre économique entre le Nord et le Midi de la France.

Maurice Faure est rapporteur du projet de loi sur la ratification du traité de paix avec le Japon (1952) mais c'est dans les grands débats européens qu'il donne toute sa mesure. Avant de voter pour la Communauté européenne du charbon et de l'acier, il expose le 7 décembre 1951 les vues du Parti radical-socialiste sur ce sujet avec le ton et la rhétorique qui lui sont propres : détachement, objectivité, sens des nuances et vision des ensembles. Pour lui, la CECA constitue une « révolution diplomatique qui consiste à opérer à froid, hors de l'hégémonie d'un seul, une intégration, pour le moment limitée à deux secteurs de l'économie, des peuples de l'Occident qui se sont, au cours de l'histoire, le plus disputés, le plus battus, et dont les frontières ont été si souvent bouleversées par la force et qui tirent au fond, aujourd'hui pour la première fois, la leçon de leurs vaines et archaïques rivalités ». Cette déclaration lui vaut des applaudissements à gauche, au centre et jusque sur certains bancs de la droite. Il considère que l'Europe se fera sans étouffer la France et que, mal nécessaire, la Haute autorité sera impartiale mais qu'il faudra rapidement envisager le problème d'une autorité politique. Aussi la C.E.D. lui apparaît-elle comme un progrès décisif. Il exprime ses regrets après son échec : « L'idéal européen a reculé » au cours d'une intervention le 21 décembre 1954 sur la ratification des Accords de Paris qui lui apparaissent moins comme le produit d'un « miracle diplomatique que comme l'acceptation résignée des propositions impatientes des alliés de la France ». Les inconvénients des Accords de Paris ne sont pas minces selon lui : rétablissement de la souveraineté allemande, disparition de véritables garanties dans un traité qui ne repose que sur la bonne foi des participants, affaiblissement des freins au réarmement allemand. Ses réserves relèvent d'un jugement dans l'absolu mais il sait donner la priorité au relatif; il votera donc un texte qui prépare de bonnes conditions - c'est-à-dire la solidarité et la résolution de s'opposer à toute attaque - pour une véritable coexistence pacifique.

Aux élections de 1956, il n'y a pas dans le Lot d'apparentements sauf pour les poujadistes, par ailleurs incapables de recueillir la succession du député sortant, Abel Bessac, défenseur des libertés professionnelles et des contribuables. La SFIO garde son siège (19,7% des voix), le parti communiste en conquiert un (24,9 % des voix) tandis que Maurice Faure est réélu avec 23,7% des voix. Il retrouve à l'Assemblée la Commission des affaires étrangères. Commence alors sa carrière ministérielle par l'entrée dans le gouvernement de Guy Mollet comme secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, fonction qu'il conserve jusqu'au 14 mai 1958 dans les cabinets Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard. En cette qualité, Maurice Faure donne des précisions à l'Assemblée sur les efforts de son ministère pour élargir la diffusion culturelle au domaine scientifique et créer des instituts français au-delà du rideau de fer et se félicite aussi de la construction du quatrième lycée français du Vietnam et du lycée français du Laos. Il justifie la ratification du traité franco-libyen qui consacre pourtant l'abandon du Fezzan riche des souvenirs de la France libre. Lorsque des mouvements de révolte éclatent en Pologne en 1956, il dit son admiration pour l'héroïsme des Polonais mais il justifie la non-intervention de la France par la règle de non-ingérence dans les affaires d'un Etat étranger. La France n'est pas indifférente comme le prouve son action humanitaire en faveur des révoltés (9 000 réfugiés sont accueillis en France en décembre 1956) et ses interventions à l'O.N.U. dont les résultats sont limités en raison de l'opposition du gouvernement soviétique.

Maurice Faure est d'avis de ratifier les textes réglant le retour de la Sarre à l'Allemagne. Il analyse les différents problèmes que cet acte entraîne pour le charbon, les échanges avec la Moselle, le canal d'Alsace et la situation de l'émetteur d'Europe n° 1 installé sur le territoire de la Sarre. En 1957, le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères défend le traité de l'Euratom en expliquant que ce traité sauvegarde la liberté de la France pour l'établissement de ses programmes nationaux, ses fabrications militaires mais permet une prospection et une exploitation rationnelles des ressources en minéraux. Il participe à plusieurs discussions sur la construction européenne, entre le 1er février 1956 et le 14 mai 1958, une « véritable révolution », dit-il, par rapport au système protectionniste, « cause de paralysie, de conservatisme et de stagnation ». Il comprend d'autant mieux les inquiétudes des parlementaires qu'il les a longtemps partagées, mais sa réflexion l'a conduit à une conclusion optimiste sur les chances de la France dans l'Europe nouvelle. Il explique que le pays ne peut plus vivre en autarcie depuis que son développement économique impose des importations qu'il faut bien payer par des exportations. Le marché élargi entraînera un assainissement de l'économie française qui est parfaitement capable de le supporter au prix de quelques ménagements. Maurice Faure rejette la zone de libre-échange dont les négociations sont à peine entamées et qui ne tient pas compte de l'agriculture et lui préfère ce marché unifié de 160 millions d'habitants qui conjurera le déclin du continent et permettra aux agriculteurs français d'abaisser leurs coûts de production et d'obtenir de larges débouchés. Il rassure les inquiets en montrant que la confrontation des économies sera progressive et insiste longuement sur le maintien de la législation sociale française plus généreuse que dans les autres pays européens mais qui pèse sur les coûts de revient. Une harmonisation sera recherchée en ce qui concerne l'égalité des traitements féminins et masculins et la semaine de 40 heures.

Maurice Faure, qui se félicitait en 1957 du règlement du marché commun concernant les territoires d'outre-mer comme la « partie la plus originale et la plus constructive du traité », s'attache à établir des fondements raisonnables aux récentes indépendances des Etats africains. Il établit un plan de réintégration des fonctionnaires coloniaux et d'indemnisation des Français sinistrés d'Indochine. Il veille surtout aux relations délicates entre la France, la Tunisie et le Maroc dont l'accession à l'indépendance pose des problèmes humains et politiques. Il prévoit le rapatriement des fonctionnaires dans un délai de deux ans mais souhaite qu'ils soient nombreux à rester, en particulier les enseignants dont le départ risque d'entraîner celui des parents d'élèves. Des avances et des indemnités de sinistres sont établies pour les Français victimes des émeutes de Meknès. Cette indemnisation des Français sera imputée sur les crédits d'aide extérieure destinés au Maroc et à la Tunisie qui comprendront qu'il n'est pas de leur intérêt de soutenir la rébellion algérienne. Si ce soutien était maintenu, il remettrait en cause la politique de coopération de la France avec ces deux pays.

Le député du Lot vote la loi-cadre de son ami Bourgès-Maunoury et la loi-cadre Gaillard. Pierre Pflimlin fait de lui son éphémère ministre de l'intérieur (14-17 mai 1958) puis son ministre des institutions européennes (17 mai-1er juin 1958). Il vote la révision constitutionnelle du 27 mai 1958. Le 1er juin 1958, il accepte d'accorder la confiance au gouvernement du général de Gaulle et il vote les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le 2 juin 1958.

Réélu député dans la 1re circonscription du Lot (Cahors) en novembre 1958, Maurice Faure conserve ce mandat jusqu'à son élection au Sénat en septembre 1983. Il exerce des fonctions ministérielles sous les présidences de François Mitterrand.