Pétrus Faure
1891 - 1985
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 11 octobre 1891 à La Ricamarie (Loire).
Député de la Loire de 1932 à 1942.
Fils d'un ouvrier mineur, Pétrus Faure connut dès son jeune âge la misère des quartiers pauvres de La Ricamarie, la dureté des inégalités sociales, la violence et l'amertume des grèves auxquelles participait son père. Il passa cependant son certificat d'études avant douze ans, mais n'eut guère le loisir d'être un enfant et fit aussitôt l'expérience de la condition ouvrière : berger « loué » pour la saison, ouvrier dans une usine de limes du Chambon-Feugerolles à 13 ans, à 16 ans mineur de fond à Montrambert.
L'apprentissage du métier de mouleur sur métaux décida de l'orientation de son existence : à Genève, Paris, Maubeuge, Grenoble ou Lyon, l'anarchiste libertaire aux convictions mal assimilées développa ses connaissances, affirma sa personnalité et put apprécier la réconfortante solidarité du monde ouvrier. Après la guerre de 1914-1918, qui lui valut deux blessures, la Croix de guerre et la Médaille militaire, son évolution politique était pratiquement achevée et, considérant l'anarchisme et l'antimilitarisme comme un idéal de jeunesse, il adhérait en 1919 au Parti socialiste. Après le congrès de Tours, hostile à l'affiliation au Parti communiste, il s'inclina néanmoins devant la décision des socialistes du Chambon-Feugerolles, mais cessa toute action militante jusqu'en 1924 au sein de ce nouveau parti. Une manifestation d'indépendance à l'occasion d'une grève lui valut d'en d'être exclu en 1929. C'est alors qu'il créa, à Clichy, dans un congrès qu'il présidait, le Parti d'unité prolétarienne composée de militants venus du Parti socialiste ou, comme lui, exclus du Parti communiste. Il devait maintenir son autonomie jusqu'à ce qu'intervienne une fusion avec le Parti socialiste, en 1938.
Il n'avait pas attendu de résoudre ces problèmes idéologiques pour entrer dans la vie politique. En 1919, il était conseiller municipal du Chambon-Feugerolles et conseiller d'arrondissement, adjoint en 1924, maire en 1925 (et il ne cessa de l'être jusqu'en 1940). En 1931, il siégeait en outre au Conseil général de la Loire. Dès 1919 également il collaborait au quotidien socialiste Le Peuple de la Loire et y acquérait l'expérience qui lui permit, à partir de 1933, de fonder et d'animer le Courrier de l'Ondaine. Enfin, son activité syndicale le conduisait à diriger les conflits collectifs du travail et celui des métallurgistes de Saint-Etienne en 1924 lui valut quatre mois d'emprisonnement.
Aux élections législatives de 1928, il était le candidat tout désigné de l'extrême-gauche, devançait le représentant de la S.F.I.O. et n'était battu que de justesse, dans la 4e circonscription de Saint-Etienne, par le député sortant Jean Taurines qui ne l'emportait que par 11.710 voix contre 11.120. Le 1er mai 1932, sous l'étiquette de l'union ouvrière et paysanne, se présentant lui-même comme « socialiste-communiste », il l'emportait au premier tour sur le même adversaire par 11.505 voix contre 9.948. En 1936, devançant facilement les candidats communiste et socialiste, il faisait triompher l'unité prolétarienne, au deuxième tour, le 3 mai, par 12.961 voix contre 9.575 à M. Bouteille, candidat du Parti républicain national.
Il fut inscrit au groupe d'unité ouvrière de 1932 à 1936, au groupe du parti de l'unité prolétarienne pendant la première année de la 16e législature, au groupe socialiste à partir de juin 1937. 11 siégea à la commission des mines, à la commission des pensions, à la commission d'assurances et de prévoyance sociales, à la commission d enquête sur les événements du 6 février 1934.
Dès le début de son premier mandat et tout au long de la législature, ses interventions, ses interpellations, ses propositions de loi attirent l'attention du gouvernement sur le chômage et demandent, pour y remédier, un plan d'outillage national et de grands travaux ainsi que, pour les communes accablées par les dépenses des fonds de chômage, l'aide de l'Etat sous forme de subventions ou de remboursement des emprunts contractés. A partir de 1933, il propose la création d'un fonds national de chômage, saisit toutes les occasions de défendre son initiative au cours de ses deux mandats et réclame sans cesse une véritable législation du chômage.
La condition des mineurs fut également son souci constant : membre de la commission des mines en 1932, vice-président en 1936, il dirigea la commission d'enquête sur le travail, la sécurité et l'hygiène dans les mines.
De 1937 à 1939, il ne cessa d'inviter le gouvernement à se pencher sur ces problèmes, demanda en outre l'abaissement de la limite d'âge pour l'ouverture du droit à pension, déposa des propositions de loi tendant à faire prendre en considération les versements effectués dans les différentes caisses et à augmenter substantiellement la retraite des mineurs.
Enfin, avec une ténacité sans égale, il défendit huit ans durant la cause des vieux travailleurs exclus des assurances sociales, évoquant leurs cas dès la discussion du budget pour 1933, interpellant le gouvernement, demandant sans relâche l'inscription à l'ordre du jour des propositions les concernant, luttant contre les mesures dilatoires, enfin, après l'adoption en mars 1939 du projet de loi créant des allocations de solidarité en leur faveur, saisissant à nouveau le ministre responsable pour qu'il fût mis fin à l'inertie du Sénat : quoiqu'il n'ait pu voir aboutir ses efforts au cours de son mandat, il avait bien mérité, le 12 juin 1938, d'être appelé par F. Bouisson « le père de la retraite des vieux travailleurs ».
Pétrus Faure s'intéressa en outre au problème de l'enseignement, proposa le 1er mai comme fête nationale, se préoccupa du sort des veuves, orphelins et ascendants des militaires et marins fusillés pendant la guerre.
A cette générosité qui marqua toute son activité parlementaire se joint une incontestable indépendance d'esprit ; pressé d'exprimer son opinion sur l'occupation des usines en 1936, il déclara qu'il ne jugeait pas le fait illégitime, mais y voyait la préparation d'un ordre nouveau dans lequel la propriété serait l'union du travail, de l'intelligence et du capital. Lors du vote des crédits militaires, le 2 septembre 1939, il fut le seul député à demander l'assurance qu'aucune décision grave ne serait prise sans la convocation du Parlement. II ne vota pas les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, mais s'abstint volontairement.
Pétrus Faure est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire sociale : Histoire des organisations ouvrières et des grèves au Chambon-Feugerolles, Histoire de la métallurgie au Chambon-Feugerolles.
Pétrus Faure est officier de la Légion d'honneur, chevalier des Palmes académiques, chevalier du Mérite civil et chevalier du Mérite agricole.
Né le 11 octobre 1891 à La Ricamarie (Loire)
Décédé le 10 novembre 1985 à Chambon-Feugerolles (Loire)
Député de la Loire de 1932 à 1942
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1666, 1667)
Démis de son mandat de maire de Chambon-Feugerolles par le gouvernement de Vichy, Pétrus Faure participe à la Résistance et deviendra délégué politique des Mouvements unis de la Résistance (MUR) pour le département de la Loire.
A la Libération, il retrouve ses mandats locaux dès les premières consultations électorales et ses administrés lui témoigneront constamment leur confiance.
Il se présente comme indépendant de gauche à l'élection législative partielle du 4 mai 1952, provoquée dans la Loire par le décès de Mme Denise Bastide mais ne réalise que 16,28 % des suffrages et ne maintient pas sa candidature au second tour. Aux élections du 2 janvier 1956, il occupe la deuxième place sur la liste du Centre national des indépendants de gauche qui recueille 6,2 % des voix.
Pétrus Faure s'adonne à des recherches historiques et publie notamment une Histoire du mouvement ouvrier dans le département de la Loire (1956). Il était Commandeur dans l'Ordre national du mérite.