Jean Félix-Tchicaya

1903 - 1961

Informations générales
  • Né le 9 novembre 1903 à Libreville (Gabon)
  • Décédé le 16 janvier 1961 à Pointe-noire (Congo)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 18 novembre 1945 au 10 juin 1946
Département
Gabon
Groupe
Républicains et Résistants
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Gabon
Groupe
Union républicaine et résistante
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Moyen-Congo
Groupe
Union républicaine et résistante
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1951 au 23 août 1951
Département
Moyen-Congo
Groupe
Rassemblement démocratique africain
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Moyen-Congo
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance et du RDA
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 15 juillet 1959
Département
Moyen-Congo

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 9 novembre 1903 à Libreville (Gabon)

Décédé le 16 janvier 1961 à Pointe-Noire (République du Congo)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Gabon-Moyen Congo)

Député du Moyen-Congo de 1946 à 1958

Jean-Félix Tchicaya, né le 9 novembre 1903 à Libreville au Gabon, fils d'un tailleur, bénéficie de l'enseignement de l'école normale d'instituteurs William Ponty de Dakar. Il reste peu de temps dans l'enseignement, préférant être comptable à Pointe-Noire. Bien que chargé de famille (il élèvera ses quatre enfants et les six enfants de son frère décédé), il est mobilisé en 1939 et il s'engage en 1943 dans les Forces françaises libres ; sa conduite lui vaut la Médaille de la France libre.

Le 18 novembre 1945 il est élu député socialiste du Gabon-Moyen Congo par le collège des non-citoyens avec 1 334 voix et facilement réélu avec 3 356 voix en juin 1946. Il appartient à la Commission de la France d'outre-mer, intervient peu mais attire l'attention par la clarté de ses analyses et la netteté de ses conceptions politiques. La décentralisation des décisions économiques, le fractionnement des concessions trop vastes, la création à Bangui d'une filature de coton seraient, selon lui, propres à atténuer la misère que révèle le déclin démographique du territoire. Une augmentation du nombre de fonctionnaires indigènes serait souhaitable. Le double collège où il voit un « système électoral injuste et dangereux » est pour lui inacceptable. Il vote pour les deux projets de Constitution de 1946.

Vice-président du Comité de coordination du tout récent Rassemblement démocratique africain (RDA) de son ami Houphouët-Boigny, Jean Félix-Tchicaya se présente aux élections de novembre 1946 sous l'étiquette du Parti progressiste, section congolaise du RDA. Il est élu par 8 635 voix sur 23 119 inscrits dans le collège des autochtones du Moyen-Congo, la circonscription Gabon-Moyen Congo ayant été divisée en deux en ce qui concerne le collège des autochtones.

Dans la première Assemblée législative le député du Moyen-Congo, membre du groupe d'Union républicaine et résistante apparenté au groupe communiste, fait partie de la Commission de la marine marchande et des pêches et de la Commission des territoires d'outre-mer qui le désignera en 1949 au Comité directeur du FIDES. De ce poste il observe attentivement les conditions du développement de l'Afrique centrale ce qui lui inspire plusieurs interventions. Il observe que les crédits de paiement sont inférieurs aux autorisations de dépenses ce qu'il attribue à la pénurie de métaux ferreux, de devises et de cadres techniques. En 1951 il attire l'attention de l'Assemblée sur les graves conséquences de la réduction des moyens du FIDES. La situation économique de l'Afrique touchée par l'inflation, où manquent les produits manufacturés, est inquiétante. Sans cacher qu'il aurait préféré la nationalisation des compagnies de navigation, il présente des observations sur les liaisons maritimes entre les territoires de l'Union française et la métropole : nécessité de renforcer la représentation des territoires africains au Conseil supérieur de la marine marchande, développement de la marine de commerce à un niveau digne d'une grande nation de tradition colonisatrice.

Jean Félix-Tchicaya se félicite de l'abolition du travail forcé, s'indignant des campagnes de certains journaux français qui laissent entendre que le développement économique de l'Afrique équatoriale en pâtira. Mais lorsque les conditions sociales sont bonnes les Africains s'engagent volontiers sur les chantiers. Elles s'amélioreront avec les conventions collectives fixées hors des contraintes administratives, le code du travail garantissant la liberté d'affiliation à un syndicat.

Vigilant sur les libertés politiques, le député proteste en 1950 contre les tentatives d'arrestation du président du RDA, Houphouët-Boigny. Admirateur de Savorgnan de Brazza - ne s'est-il pas rendu à Marvejols pour inaugurer une plaque commémorative à son intention ? il estime cependant déplacée l'organisation de cérémonies commémoratives de la prise de possession du Gabon par la France et les interprétations, à ses yeux erronées du traité avec le roi Denis qui était du type de protectorat. Une extension des droits politiques des Africains par la suppression du double collège serait mieux venue. Comme Félix Houphouët-Boigny ou Hamani Diori, il vote contre le statut de l'Algérie de 1947 et contre la ratification du Pacte atlantique en 1949.

Le 17 juin 1951 Jean Félix-Tchicaya se représente dans le collège des citoyens de statut personnel, toujours sous l'étiquette du RDA. Sa campagne est moins facile car le RPF a suscité contre lui la candidature de son cousin Pierre Tchicaya-Deboempire. Le député sortant joue la carte de la modestie et de la modération : « J'ai fait seulement œuvre d'homme de bonne volonté, attaché à la chose publique et sans cesse soucieux de combattre et de lutter pour tout ce qui apparaissait être juste, équitable, favorable à la paix et à la fraternité des hommes. Je n'ai pas cherché à avoir toujours raison mais à voir où était le vrai et le possible. »

Il promet de développer la liberté et la fraternité qui évite à un peuple isolé d'être la proie des puissants. Il est réélu par 23 213 voix soit 44,2 % des voix contre 55,1 % en novembre 1946.

Pendant la seconde législature, il est nommé membre de la Commission des moyens de communication et du tourisme, puis en 1953 de la Commission de la marine marchande et des pêches, et en 1955 de la Commission des immunités parlementaires.

Ses préoccupations concernent surtout le développement de l'Afrique. Votant l'investiture d'Antoine Pinay le 6 mars 1952, il lui fait confiance pour sa politique en Afrique du Nord. Il soutient également celle de Pierre Mendès France. Il vote pour la CECA, mais est hostile à la C.E.D. Il vote les Accords de Paris et ratifie les traités créant la Communauté économique européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique. L'émancipation politique de l'Afrique lui tient particulièrement à cœur et l'amène à déposer une proposition de loi tendant à instituer dans les territoires d'outre-mer un collège unique. Il demande que la commune mixte de Pointe-Noire devienne commune de plein exercice. En 1954, il propose une réorganisation de toute l'administration municipale d'Afrique noire associant plus largement la population indigène à la gestion en créant une trentaine de communes de plein exercice. C'est, pour lui, servir « le grand dessein de l'Union française ». Il réitère ses critiques concernant l'amenuisement des crédits du FIDES ; tout en comprenant les exigences d'équilibre budgétaire, il craint que ne soit définitivement paralysé cet organisme si le vote à la majorité des deux tiers se substituait au vote à la majorité absolue et il regrette que les assemblées locales soient dessaisies au profit du chef de territoire du droit d'initiative. Il souhaite enfin la construction de l'usine hydroélectrique de Kouilou, dont les débouchés seront assurés par l'usine Péchiney de traitement du phosphate à Pointe-Noire.

En 1956, Jean Félix-Tchicaya est réélu sous l'étiquette du Parti progressiste congolais, par 45 976 voix, soit 29,7% des suffrages et une avance désormais réduite sur ses deux adversaires, le socialiste Jacques Pangault qui obtient 43 193 voix et l'abbé Fulbert Youlou qui en obtient 41 084. En mai 1958 il quittera le groupe parlementaire UDSR-RDA pour adhérer au parti du Regroupement africain et des fédéralistes, dont il deviendra vice-président. A l'Assemblée, il retrouve la Commission de la marine marchande et celle des immunités parlementaires et il est juge titulaire à la Haute cour de justice constitutionnelle. Son activité parlementaire est plus réduite que sous les législatures précédentes, en partie pour des raisons de santé. Après s'être réjoui de voir un homme de couleur Mamadou Konaté vice-président de l'Assemblée nationale et deux ministres être des élus des territoires d'outre-mer, il réaffirme son attachement au collège unique dont l'adoption aurait, à son avis, évité bien des déboires en Algérie. Il vote la confiance au gouvernement de Pierre Pflimlin et la révision constitutionnelle du 27 mai 1958. Le 1er juin 1958, il vote la confiance au général de Gaulle et le 2 juin 1958 les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.