Abel Ferry
1881 - 1918
Mort pour la France
- Informations générales
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- Né le 26 mai 1881 à Paris (Seine - France)
- Décédé le 15 septembre 1918 à Vauxaillon (Aisne - France)
1881 - 1918
Mort pour la France
Né le 26 mai 1881 à Paris (Auteuil), mort au champ d'honneur le 15 septembre 1918 à Vauxaillon (Aisne).
Député des Vosges de 1909 à 1918.
Sous-Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du 14 juin 1914 au 29 octobre 1915.
Abel Ferry appartenait à une famille illustre de parlementaires ; dans son ascendance il n'en comptait pas moins de six, et non des moindres. Fils de Charles Ferry, sénateur, puis député des Vosges, il était le neveu de Jules Ferry, organisateur de l'enseignement laïc et promoteur de l'empire colonial français en Asie ; son grand-père, François Allain-Targé, député de Paris, ministre dans le cabinet Gambetta de 1881 et dans celui d'Henri Brisson en 1885, avait été, sous le Second Empire l'un des fondateurs de la Revue politique. Il comptait aussi, parmi ses arrière-grand-pères, Henri Allain-Targé, député sous la monarchie de Juillet, et Abel Villemain, député en 1830, pair de France, secrétaire perpétuel de l'Académie française et grand maître de l'Université dans les ministères Molé en 1839, puis Guizot de 1840 à 1844 ; il était enfin le neveu d'Amédée de La Porte, député des Deux-Sèvres et sous-secrétaire d'Etat aux Colonies dans divers cabinets de 1886 à 1888.
Ses études secondaires terminées, le jeune Ferry passa avec succès ses licences en droit et ès lettres et obtint le diplôme d'études supérieures d'histoire. Il s'inscrivit ensuite au barreau de Paris avant de se lancer dans la carrière politique.
C'est à la faveur d'une élection législative partielle, en avril 1909, après être entré au Conseil général des Vosges, qu'il tenta d'enlever dans la 2e circonscription d'Epinal le siège de député laissé vacant par la démission, le 21 janvier 1909, d'Henry Boucher devenu sénateur le 3 de ce même mois. Abel Ferry fut élu le 4 avril, au second tour de scrutin, avec 6.298 voix sur 12.188 votants, contre 5.781 à Lahalle, qui l'avait d'ailleurs talonné au premier tour avec 5.618 voix sur 12.014 votants, alors qu'il en obtenait lui-même 5.777. Au renouvellement général du 24 avril 1910, il fut réélu dès le premier tour de scrutin avec 6.198 voix contre 5.171 à Pierrot, sur 12.530 votants. En 1914, ce ne fut qu'au second tour qu'il triompha : le 26 avril il avait totalisé 5.795 voix contre 4.993 au même adversaire, sur 12.199 votants ; mais le 10 mai, au scrutin de ballottage, il était réélu avec 6.786 voix contre 5.170 à Pierrot, sur 12.234 votants.
Républicain ardent, c'est avec les membres de la gauche radicale qu'il siégea à la Chambre.
C'est à une de ses propositions de résolution qu'on doit la conférence des présidents des grandes commissions et des groupes dont il fut décidé, à l'origine, qu'elle serait mensuelle et que son rôle serait de fixer l'ordre du jour de la Chambre.
Hérédité oblige : Abel Ferry n'intervint pas en séance sur des sujets d'ordre secondaire. La politique générale, l'affaire marocaine : Agadir et la canonnière Panther qui pouvait en 1911 embraser l'Europe, le protectorat français sur l'empire chérifien, les questions africaines, la politique orientale de la France, voilà les questions à sa mesure !
Partisan, ainsi qu'il l'avait annoncé à ses électeurs de « la barrière infranchissable d'une armée forte », il avait voté le projet de loi instituant en 1913 le service militaire de trois ans.
Avec sa réélection de 1914 s'ouvrira l'ultime période de sa courte vie, une période de fébrile activité. Viviani constituant le 13 juin son premier ministère lui attribue, le 14, le sous-secrétariat d'État aux Affaires étrangères ; Abel Ferry devient ainsi ministre à 33 ans : il va vivre de la sorte, et avec quelle intensité, les heures sombres de la déclaration de la guerre. Ayant en 1913 fait casser la décision de réforme n° 2 dont il avait été l'objet en 1903 pour tuberculose contractée au service et fidèle à la promesse faite à son père à son lit de mort de reconquérir l'Alsace et la Lorraine, il donne le 3 août 1914 sa démission de sous-secrétaire d'État pour rejoindre l'armée comme caporal au 166e R.I. devant Verdun : non seulement sa démission est refusée - et il part effectivement au front où il sera nommé, sur ordre du ministre de la guerre, Messimy, sous-lieutenant le 15 août - mais lors du remaniement ministériel auquel il procède le 26 août, Viviani le conservera à son poste de sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Abel Ferry va désormais se donner avec passion à la fois à sa tâche de combattant et à sa tâche ministérielle jusqu'à la chute de Viviani le 29 octobre 1915, puis parlementaire. Il combattra en Woëvre, aux Eparges, en Argonne, jusqu'en juin 1916, époque à laquelle, la décision en ayant été prise selon ses vœux à la suite du comité secret du 29 juin, il fut désigné par la commission de la guerre, à laquelle il appartenait depuis 1915, comme délégué au contrôle, commissaire aux armées : ne pouvant contrôler ses supérieurs, le capitaine Abel Ferry abandonne alors l'uniforme. Sa participation à la guerre lui a déjà valu deux citations, le 15 novembre 1914 et le 28 avril 1916.
Il interviendra dès lors inlassablement, harcelant sans trêve le gouvernement et le Parlement, tant par ses propositions de résolution que par ses interventions en comité secret ou en séance publique.
« Unir la surprise à la préparation » et réaliser l'unité du commandement allié sur l'ensemble du front et doter son pays des effectifs et de l'armement exigés par la situation seront les grandes tâches à l'aboutissement desquelles il se donnera.
Puis il reprend inlassablement ses inspections aux armées; il a ainsi l'occasion d'y vivre la rupture du front français au Chemin des Dames en mai 1918, puis la victorieuse offensive de Mangin et de Foch en juillet. Le 8 septembre, accompagné du député d'Angers, le capitaine Gaston Dumesnil et du lieutenant Goussot, fils de l'ancien député de la Seine, il part à Vauxaillon, dans l'Aisne, vérifier le fonctionnement du nouveau fusil mitrailleur. En première ligne, un même obus les fauche : Goussot est tué, Dumesnil, l'artère fémorale tranchée, meurt peu après. Abel Ferry, grièvement touché, peut être évacué à l'ambulance 3/55 à Jaulzy : il y meurt après huit jours d'agonie, le 15 septembre 1918, à l'âge de 37 ans. Lui décernant une citation comportant la croix de guerre avec palme, Clemenceau était venu lui remettre, lui-même, la Légion d'honneur.
Abel Ferry publia pendant la guerre La guerre vue d'en bas et vue d'en haut.