Edouard Aynard
1837 - 1913
Né à Lyon le 1er janvier 1837, mort à Paris le 25 juin 1913.
Député du Rhône de 1889 à 1913.
Edouard Aynard était issu d'une famille bressane venue s'établir à Lyon au XVIIe siècle. Il commença ses études au collège d'Oullins (Rhône) et les termina en Angleterre. Dès son retour en France, son père qui était banquier le fit s'initier à l'industrie de la soie dans un établissement de la Croix-Rousse, puis l'associa à ses affaires financières, industrielles et économiques.
La compétence qu'il acquit en ces domaines lui valut d'être nommé président de la Chambre de commerce de Lyon, poste qu'il occupa pendant de longues années. A ce titre il participa à la création ou à la réorganisation des grandes sociétés financières ou industrielles de la région lyonnaise.
Amateur d'art averti, il contribua à enrichir les musées de sa ville natale, et à ce titre, devint Président du conseil d'administration des musées, et de celui de l'Ecole des beaux-arts de Lyon. Il fut le fondateur du musée historique des tissus. S'intéressant à l'enseignement professionnel, il contribua à développer l'Université lyonnaise et fut l'un des créateurs de la « Société des amis de l'Université » et de l'Ecole supérieure de commerce et de tissage. Il fit restaurer l'abbaye cistercienne de Fontenay, puis de Montbard, ce qui lui valut, en 1901, d'être élu membre libre de l'Académie des beaux-arts, en remplacement de Phi lippe Gille. Il était également membre de l'Académie des sciences morales et politiques.
Il fut candidat aux élections législatives des 22 septembre et 6 octobre 1889 dans la 2e circonscription de Lyon, et fut élu au 2e tour de scrutin par 11.863 voix contre 6.926 à son concurrent M. Huguet. Membre de la Commission générale des douanes, et de la Commission chargée de l'examen du projet de loi sur la navigation intérieure, il s'intéressa durant cette législature comme libre-échangiste, à toutes les discussions douanières (1890 et 1891). Les questions sociales retinrent également son attention, qu'il s'agisse du travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels (1890); de l'aide aux ouvriers mineurs (1891); de la réorganisation des caisses d'épargne (1892); ou de la délivrance des médicaments dans les dispensaires et. établissements de l'assistance publique (1893).
Il fut réélu aux élections générales du 20 août 1893, au premier tour de scrutin, par 10.701 voix, contre 3.001 à son adversaire M. Delharpe. Il siégea à la Commission chargée de l'examen de la proposition de loi de M. Lemire sur la liberté d'association (1895) et à la Commission supérieure des caisses d'épargne (1895). Il continua de s'intéresser aux questions sociales : travail des enfants et des femmes dans l'industrie (1896); sociétés de secours mutuels (1896 et 1897); accidents du travail (1897); situation des tisseurs de soie (1898); en 1896 il combattit l'impôt sur la rente, puis l'impôt sur le revenu; il fit proroger en 1897 le privilège de la Banque de France dont il était Régent.
Réélu aux élections générales du 8 mai 1898, au premier tour de scrutin, par 10.388 voix, contre 7.170 à M. Dru, il fut nommé membre de la Commission du Règlement, de la Commission du travail, de la Commission de l'enseignement, de la Commission du droit d'association et de la Commission du budget de l'exercice 1901. Il plaida en faveur de la liberté de l'enseignement (1900 et 1902), et s'opposa à la limitation à 8 heures de la journée de travail dans les mines (1902); il attira en outre l'attention du Gouvernement sur les risques d'incendie que pouvaient courir le Palais du Louvre et le Palais de Versailles. Elu Vice-Président de la Chambre au début de la session de 1898, il le resta jusqu'à la fin de la législature.
Son mandat lui fut renouvelé aux élections générales du 27 avril 1902 au 1er tour de scrutin, par 11.145 voix contre 10.068 à M. Chambaud de la Bruyère. Il se fit le défenseur de l'enseignement libre et intervint en faveur des congrégations (1902, 1903, 1904); en 1905 il se prononça contre la séparation des églises et de l'Etat; en 1903 et 1905 il défendit l'assistance obligatoire aux vieillards, infirmes et incurables, ainsi que la Caisse des retraites ouvrières. Il siégeait à la Commission d'enquête sur les mines, et à la Commission relative aux usines hydrauliques.
Avec une majorité encore accrue il fut réélu aux élections générales du 6 mai 1906 au 1er tour de scrutin, par 12.021 voix, contre 8.700 à M. Faure et fut nommé membre de la Commission du suffrage universel. En 1906 et 1910 il revint sur la question de l'enseignement libre, les interdictions d'enseigner, et la neutralité de l'enseignement public. En 1907 il fit encore entendre sa voix sur la question de la séparation des églises et de l'Etat. Il combattit en outre en 1908 l'impôt sur le revenu, continua de s'intéresser en 1909 au tarif des douanes, à la conservation des monuments et œuvres d'art classés, et au budget des beaux-arts.
Il retrouva son mandat aux élections générales du 24 avril 1910 au 1" tour de scrutin, avec 12.298 voix contre 4.463 à M. Duplan. Membre de la Commission du Règlement et de la Commission du suffrage universel, il plaida, en 1911 et 1912, en faveur de l'application de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes ; parla en 1912 sur le budget des Beaux-arts; enfin en 1912 et 1913 prit une fois de plus la défense de l'enseignement libre à propos de la discussion des projets de loi sur la fréquentation des écoles et la défense de l'école laïque. Inscrit au groupe des progressistes, il avait soutenu le Ministère Méline de 1896 à 1898, puis s'était retranché dans l'opposition sous les Ministères radicaux qui lui succédèrent.
Dans la matinée du 25 juin 1913, il fut pris d'un malaise subit au Palais-Bourbon, son indisposition s'aggrava et eut une issue tragique. La séance fut levée en signe de deuil. Il était père de 12 enfants.
Parmi ses publications nous citerons: Les peintures décoratives de Puvis de Chavannes au Palais des Arts (1884); Jean Tisseur (1886); Les lettres de Valère (1886); Les poésies de Barthélemy et de Jean Tisseur (1886); Un pèlerinage au Cayla (1886); Les musées de Lyon (1887); La liberté de l'enseignement devant la Chambre (1900).