Raphaël, Jean-Baptiste, Benjamin Babet

1894 - 1957

Informations générales
  • Né le 27 juin 1894 à Saint-pierre (La Réunion - France)
  • Décédé le 30 août 1957 à Saint-joseph (La Réunion - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
La Réunion
Groupe
Démocratique et socialiste de la Résistance
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
La Réunion
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
La Réunion
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 30 août 1957
Département
La Réunion
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance et du RDA

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 27 juin 1894 à Saint-Pierre (La Réunion)

Décédé le 30 août 1957 à Saint-Joseph (La Réunion)

Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (La Réunion) Député de la Réunion de 1946 à 1957

Raphaël Babet est né dans une famille de petits agriculteurs. Alors qu'il n'a que trois ans, ses parents, avec une trentaine de familles réunionnaises, partent à Madagascar et fondent par leurs propres moyens une colonie agricole dénommée « Babetville ». Le climat de la région est rude, la culture difficile. Les parents de Raphaël Babet, épuisés par le travail, complètement ruinés, meurent l'un et l'autre en août 1899 en laissant cinq orphelins. Raphaël Babet a cinq ans. Son tuteur le fait revenir à la Réunion avec ses quatre frères et sœurs.

Il fréquente l'école communale de Saint-Pierre. Mais, dès l'âge de treize ans, il se sent attiré par l'aventure. Il se fait engager comme « boy », sans solde, sur un bateau, et débarque à Marseille où la Compagnie Générale Transatlantique l'embarque sur des cargos qui font le service de l'Afrique du Nord. Après quelques voyages, il revient à la Réunion, en 1911, puis repart rapidement à bord d'un voilier, pêcher dans les eaux de l'hémisphère Sud. Il se fixe ensuite à Madagascar, à Foulpointe, au nord de Tamatave. En 1914, mobilisé dans l'Infanterie Coloniale, il fait partie du corps expéditionnaire d'Orient et, c'est au cours de la retraite de Serbie, devant Monastir, qu'il est gravement blessé. Cité à l'ordre de l'armée, il est évacué en France en septembre 1917, où il est versé dans l'aviation.

Démobilisé à Paris en 1919, où il s'installe, Raphaël Babet déploie une activité commerciale dans les domaines les plus divers. Il se lance, d'abord, dans la représentation des articles de Paris et fonde la maison « Raphaël », qu'il vend en 1923. Il crée ensuite la société « Yellow Taxis ». Il devient importateur d'essences et pétroles des Etats-Unis et de Roumanie. En 1935, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur. Il fonde, à cette époque, un cabinet d'assurances et un établissement de crédit pour la vente des automobiles à crédit. Il lance également, en accord avec la ville de Paris, les taxis TSF. En 1939, il crée une « Société de Transports et de Distribution de Combustibles Liquides en France ». La plus grande partie de son matériel est confisquée par les autorités d'occupation, dès 1940. Après la guerre, Raphaël Babet reprend ses activités. Mais, au cours de l'été 1945, il est appelé à la Réunion pour se présenter aux élections à la première Assemblée Constituante. Il est candidat dans le collège des non-citoyens, mais n'est pas élu ; les deux sièges à pourvoir vont à deux candidats communistes. En revanche, le 2 juin 1946, dans le même collège, il devance son adversaire d'un peu plus de 2000 voix. Son élection à la seconde Assemblée Constituante est validée le 4 septembre 1946. Il est nommé membre de la Commission des territoires d'outre-mer. Il montre immédiatement un intérêt multiforme pour son île natale, devenue département par la loi du 26 mars 1946. Il devient maire de Saint-Joseph et bientôt conseiller général.

Le 10 novembre 1946, il est candidat sur une liste d'Union réunionnaise, rattachée à l'Union démocratique et socialiste de la Résistance, qui, sur 93 417 suffrages exprimés, obtient 41 845 voix et un siège, contre la liste communiste, menée par Raymond Vergès, qui avec 51 572 voix gagne l'autre siège. Il appartient, dès lors, à plusieurs commissions, celles des moyens de communication et du tourisme, dont il devient vice-président en décembre 1946, du suffrage universel, du règlement et des pétitions, de la production industrielle. Le 4 mai 1948, il est nommé juré à la Haute Cour de justice. Ses interventions, nombreuses, tiennent presque toutes à l'amélioration des conditions économiques et sociales du département de la Réunion. Le 7 novembre 1950, il dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement à régler la question, primordiale pour l'économie de l'île, du prix du sucre. L'opposition entre les deux députés réunionnais, Raphaël Babet et Raymond Vergès, se manifeste à plusieurs reprises dans les débats politiques, ainsi le 11 juillet 1949 sur un projet de découpage cantonal du département. A Saint-Joseph, comme maire, il est à l'origine d'équipements importants : construction d'une mairie moderne, création d'une école d'agriculture, réalisation d'un bloc scolaire. Raphaël Babet, aux élections législatives du 2 juin 1951, se représente et mène une « Liste Républicaine des Planteurs et Travailleurs Réunionnais » qui affronte, principalement, une Liste d'Union AntiColonialiste, présentée par la Fédération Communiste de la Réunion. Il est élu avec 26 519 voix, le second siège échoit à Raymond Vergès avec 25 580 voix, un troisième va à une Liste d'Action Agricole, Economique et Sociale avec 15 286 voix. La profession de foi électorale de la liste Républicaine indiquait : « Notre programme tient en une seule volonté : continuer l'œuvre du député Raphaël Babet ». Une fois son élection validée, en juillet 1951, le député de la Réunion siège dans d'importantes commissions, celles des affaires économiques, de la construction, des dommages de guerre et du logement, de l'intérieur. Ses rapports et ses propositions de loi et de résolution continuent de porter sur les problèmes économiques et sociaux des départements d'outre-mer. Sans doute par fidélité au souvenir de ses parents, il est à l'origine d'une entreprise de mise en valeur de territoires agricoles à Madagascar dans la vallée de la Sakay. Pour porter remède au surpeuplement de la Réunion et assurer la promotion humaine de cultivateurs réunionnais déshérités, il obtient, en juin 1952, que le Fonds d'Investissement des départements d'outre-mer (FIDOM) accorde les crédits nécessaires pour permettre l'installation d'environ 400 personnes dans cette région de Madagascar, en même temps que la restauration et la régénération des sols dans une région d'accès difficile. Au cours des années suivantes, il porte toute son attention sur la mise en place de ce qui devait être un ensemble agro-industriel s'étendant sur plus de 18 000 hectares. Par ailleurs, à l'Assemblée nationale, Raphaël Babet prend part aux grands débats politiques. Ainsi, le 4 juin 1953, en interrogeant le président du Conseil désigné, il propose la création d'un Secrétariat d'Etat aux départements d'outre-mer.

Le 2 janvier 1956, lors des dernières élections législatives de la quatrième République, Raphaël Babet conduit une liste du Rassemblement des gauches républicaines, qui regroupe l'UDSR, le Centre National des Indépendants et l'Union pour la Défense des intérêts réunionnais. Sur trois sièges à pourvoir, la liste communiste, avec 36 522 voix sur 69 774 suffrages exprimés, en conquiert deux, Raphaël Babet emporte le troisième siège avec 20 939 voix. La polarisation de la vie politique réunionnaise se confirme. La profession de foi de la liste du RGR se terminait par ces termes : « la réalisation de ce programme menée avec foi et en union avec tous les réunionnais, sera le meilleur moyen de lutter contre le communisme, ennemi de Dieu et fossoyeur de la patrie ».

Son élection est validée le 20 janvier 1956. Il est, cette fois, nommé membre des commissions de l'agriculture, de la famille, de la population et de la santé publique, de l'éducation nationale. En mars 1956, il dépose, à nouveau, une proposition de loi tendant à défendre la production sucrière des départements d'outre-mer. Sa dernière intervention parlementaire, le 6 juillet 1957, a été consacrée à la situation nouvelle qui pouvait être créée dans les départements d'outre-mer par le Marché Commun. En effet, victime d'un arrêt cardiaque, il décède, le 30 août, dans sa ville de Saint-Joseph. Son éloge funèbre est prononcé le 17 septembre par le Président Le Troquer, devant l'Assemblée nationale.