Ludovic-Oscar Frossard
1889 - 1946
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 5 mars 1889 à Foussemagne (Territoire de Belfort).
Député de la Martinique de 1928 à 1932.
Député de la Haute-Saône de 1932 à 1942.
Ministre du Travail du 1er juin 1935 au 4 juin 1936.
Ministre d'Etat du 18 janvier au 10 mars 1938.
Ministre de la Propagande du 13 mars au 10 avril 1938.
Ministre des Travaux publics du 10 avril au 23 août 1938.
Ministre de l'Information du 21 mars au 5 juin 1940.
Ministre des Travaux publics du 5 au 16 juin 1940.
Ministre des Travaux publics et des Transmissions du 16 au 27 juin 1940.
Ministre des Travaux publics du 27 juin au 10 juillet 1940.
Fils (et frère) d'un sellier-bourrelier du Territoire, L.-O. Frossard devint instituteur après avoir été élève de l'Ecole normale de Belfort avec une dispense d'âge. Révoqué pour ses opinions d'extrême-gauche, il passa ensuite au journalisme. Membre du parti S.F.I.O., il en fut nommé secrétaire administratif en 1918. Aux élections générales de 1919, qui eurent lieu à la représentation proportionnelle, il fut candidat dans la 4e circonscription de la Seine sur la liste S.F.I.O. Il obtint 112.237 voix sur 285.719 votants, mais c'est la liste d'union républicaine et sociale qui emporta tous les sièges (à la moyenne arithmétique). En 1920, il quitta le parti socialiste pour adhérer au parti communiste. Il fut secrétaire général de ce parti de 1920 à 1922, mais démissionna en 1923 et réintégra le parti socialiste, au sein duquel il se fit le défenseur des thèses modérées et s'opposa de plus en plus à la majorité du parti. En 1928, candidat du parti socialiste dans la dernière circonscription de la Martinique, il fut élu dès le premier tour, le 22 avril, avec 10.430 voix sur 13.550 votants.
Il fut nommé membre de quatre commissions : affaires étrangères ; Algérie, colonies et protectorats ; boissons ; assurance et prévoyance sociales. Dès la première année de son élection, il demanda à interpeller le gouvernement sur sa politique coloniale « et en particulier sur l'intervention active de certains administrateurs coloniaux dans les luttes de partis ». Les années suivantes, il multiplia les demandes d'interpellation concernant notamment la politique financière et administrative du gouvernement dans ses rapports avec la réorganisation de l'Etat, la politique générale du gouvernement à trois reprises, sa politique religieuse et le statut des congrégations de France, l'évacuation de la Rhénanie, la politique du blé, la défense du droit syndical, la politique coloniale. Il s'était rendu célèbre à l'Assemblée par les discours ironiques qu'il dédiait traditionnellement aux nouveaux gouvernements le jour de leur investiture.
En 1932, devenu maire de Ronchamp, il se présenta cette fois dans la 1re circonscription de Lure (Haute-Saône), toujours comme candidat de la S.F.I.O. Au premier tour, le 1er mai, il obtint 4.929 voix sur 13.393 votants. Au second, le 8 mai, il l'emporte avec 6.999 voix sur 13.999 votants. Dans son programme bref et précis, en six points, il réclamait la lutte contre : la guerre, l'insécurité du travail, l'anarchie de la production (avec nationalisation des monopoles de fait), la spéculation, l'ignorance et l'iniquité politique (avec retour à la représentation proportionnelle). Membre de quatre commissions (affaires étrangères, suffrage universel, règlement et comptabilité), il déposa notamment une proposition de résolution tendant à instituer un système de représentation proportionnelle à l'échelle de la région (1934). Il déposa de nouveau de nombreuses demandes d'interpellation, concernant le plus souvent la situation des travailleurs, le chômage et la crise économique. Il dénonça en 1933 « les menées fascistes de la ligue dite des contribuables ». En 1934, il intervint à de nombreuses reprises au sujet du budget pour 1935, critiquant notamment l'insuffisance du « plan Marquet », ministre du Travail au gouvernement Doumergue.
Malgré ce qu'il a appelé lui-même ses « désaccords flagrants et publics avec la majorité du parti, il en respectait la discipline et refusa d'entrer dans le second ministère Daladier, puis dans le ministère Doumergue et le ministère Flandin. Au contraire, il accepta de faire partie du cabinet présidé par Fernand Bouisson, président de la Chambre, et dut alors se séparer de son parti, mais, comme il tient à le préciser, « sans chercher à entraîner personne ». Le ministère Bouisson fut éphémère et ne dura que trois jours (du 1er au 4 juin 1935), mais L.-O. Frossard conserva le portefeuille du Travail dans le cabinet Laval du 7 juin 1935 au 22 janvier 1936, puis dans le cabinet Sarraut, du 24 janvier au 4 juin 1936. Il approuva la politique dite de « déflation massive » en déclarant que la dévaluation ou la crise aurait des conséquences plus dures encore pour les travailleurs. Il prit un certain nombre de mesures destinées, selon sa propre expression, « à réparer les injustices » de la politique de déflation : réforme des assurances sociales du 28 octobre 1935, réforme de la loi de 1898 sur les sociétés de secours mutuels, décrets concernant la caisse de retraite des ouvriers mineurs, les caisses de secours, Etc. Il fit notamment voter par le Parlement l'abaissement de l'âge de la retraite des ouvriers mineurs qui passa de 55 à 50 ans. Il fit partie du deuxième cabinet Léon Blum en 1938 et devint le deuxième « ministre de la Propagande » français après Jean Giraudoux.
Redevenu député, il prit notamment la parole à propos des accords de Munich, qu'il approuve au nom de son groupe car « ils nous ont épargné le pire : une guerre dont la France eût porté le poids principal ».
Le 11 janvier 1940, il dépose une demande d'interpellation sur l'information, la propagande et la censure.
Enfin, il dépose une demande d'interpellation sur les événements de Finlande et leurs conséquences. La discussion de cette interpellation, ainsi que d'un certain nombre d'autres portant sur le même sujet, eut lieu en comité secret le 20 mars 1940.
Choisi par Paul Reynaud comme ministre de l'Information, il le restera du 21 mars au 5 juin 1940. A cette date il fut remplacé par Jean Prouvost, mais prit alors de portefeuille des Travaux publics qu'il conserva jusqu'à la démission du cabinet Paul Reynaud, le 16 juin 1940. Entré dans le dernier ministère de la IIIe République comme ministre des Travaux publics et des Transmissions, il devint ministre des Travaux publics le 27 juin, les Transmissions devenant un ministère spécial confié à André Février. Le 10 juillet 1940, il vote pour le projet de loi constitutionnel et ne fera pas partie du nouveau gouvernement.
Né le 5 mars 1889 à Foussemagne (Territoire-de-Belfort)
Décédé le 11 février 1946 à Foussemagne
Député de la Martinique de 1928 à 1932
Député de la Haute-Saône de 1932 à 1942
Ministre du Travail du 1er juin 1935 au 4 juin 1936
Ministre d'Etat du 18 janvier au 13 mars 1938
Ministre de la Propagande du 13 mars au 10 avril 1938
Ministre des Travaux publics du 10 avril au 23 août 1938 et du 5 juin au 10 juillet 1940
Ministre de l'Information du 21 mars au juin 1940
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1747, 1748)
Pendant l'Occupation, Louis-Oscar Frossard écrit dans la Tribune de Saint Etienne, et fonde le Mot d'ordre, qui parait à Marseille. A la fin de 1942, ses collaborateurs le dissuadent de saborder ce journal qui leur sert de couverture. Nommé membre du Conseil national de Vichy, il refuse d'y siéger. Fidèle à ses amis, il intervient à plusieurs reprises auprès de Laval en faveur d'Herriot et de Blum.
Après la Libération, par sa décision du 31 décembre 1945, le jury d'honneur maintient l'inéligibilité qui le frappait en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de révision constitutionnelle.
Il fait par ailleurs l'objet d'une instruction devant la Haute cour de justice. La production de nombreux témoignages, dont celui de Léon Blum, devait justifier le non-lieu de la commission d'instruction, mais Louis-Oscar Frossard meurt peu de temps auparavant d'une hémorragie cérébrale.
Son fils, André Frossard, résistant, avait été arrêté en décembre 1943 par la Gestapo. Interné à Montluc, il échappe de justesse au dernier convoi pour la déportation. Il racontera cet épisode de sa vie dans La maison des otages.