Pierre Gabelle
1908 - 1982
Né le 2 mai 1908 à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher)
Décédé le 17 juin 1982 au Chesnay (Yvelines)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Loire) Député du Loiret de 1946 à 1958
Fils d'un horloger, Pierre Gabelle fait ses études à l'école Benjamin-Franklin d'Orléans puis travaille comme ouvrier tourneur-mécanicien, de 1923 à 1930, à Orléans et à Toulon. Après son service militaire, il est employé aux établissements Rivierre-Casalis d'Orléans, où il exerce les fonctions de chef-comptable de 1935 à 1945. Militant, depuis 1926, à la CFTC, il devient, en 1936, secrétaire du syndicat des techniciens, agents de maîtrise et employés de la métallurgie et, en 1938, président de l'union locale CFTC d'Orléans. Mobilisé, en septembre 1939 au 8è bataillon d'ouvriers d'artillerie, il continue, sous l'occupation, ses activités syndicales dans la clandestinité, en tant que délégué régional de la CFTC pour le Loiret et le Loir-et-Cher.
Administrateur de La République du Centre depuis la Libération, Pierre Gabelle est élu le 21 octobre 1945 à la première Constituante. La liste MRP, qu'il conduit, obtient 39 044 suffrages sur 168 999 exprimés et emporte l'un des cinq sièges à pourvoir dans le Loiret. Membre de la Commission des affaires économiques et de la Commission du travail et de la sécurité sociale, il dépose, le 18 décembre 1945, une proposition de loi relative aux allocations familiales et à la réduction des abattements de zone qui, après adoption, devient la loi du 26 mai 1946.
Il vote pour la nationalisation du crédit (2 décembre 1945), du gaz et de l'électricité (28 mars 1946) et des assurances (24 avril 1946), s'abstient sur le projet de loi relatif à la dévolution des biens des entreprises de presse (16 avril) et se prononce contre le premier projet de Constitution (19 avril).
A la suite de son rejet par référendum, une seconde Assemblée nationale constituante doit être élue. Reconduit au Palais Bourbon le 2 juin 1946 à la tête de la liste MRP, qui obtient 43 229 voix sur 176 567 suffrages exprimés, Pierre Gabelle fait partie des mêmes commissions. Il est désigné comme juré à la Haute cour de justice, le 4 juillet. Le 26 juillet, il dépose une proposition de loi concernant les allocations aux vieux travailleurs. Favorable à l'élection de Georges Bibault comme président du Gouvernement provisoire et à la confiance à son cabinet (19 et 26 juin), il approuve le second projet de Constitution (28 septembre).
Les élections du 10 novembre suivant voient sa réélection, la liste MRP, qu'il conduit, réunissant 34 104 suffrages sur 168 879 exprimés. Il est nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire (1946-1951). A ce titre, il dépose de nombreux rapports et participe activement aux débats sur les lois de finances. Au cours de la première législature, Pierre Gabelle vote la confiance aux cabinets Blum (17 décembre 1946) et Ramadier (4 mai 1947), se prononce contre la nationalisation des écoles des Houillères (14 mai 1948) et pour la ratification du Plan Marshall (7 juillet). Il approuve le statut du Conseil de l'Europe et la ratification du Pacte Atlantique (9 et 26 juillet 1949). Il vote pour le projet de réforme électorale introduisant le scrutin de liste départemental avec apparentements (7 mai 1951).
Pour les élections du 17 juin 1951, la liste MRP, toujours dirigée par Pierre Gabelle, participe à un très large apparentement groupant cinq formations allant de la SFIO aux indépendants. Dépassant la majorité absolue, elles se répartissent l'ensemble des sièges privant de toute représentation le parti communiste (20,5 %) des voix et le RPF (16,1 %). Toutefois, bien qu'en forte baisse avec 20 528 voix sur 167 492 suffrages exprimés (11,4 % contre 20,1 % en novembre 1946), la liste MRP aurait également obtenu un siège à défaut d'apparentement. Celui-ci profite au RGR (trois élus) et à la SFIO (un élu). Pierre Gabelle retrouve la Commission des finances qui le désigne pour faire partie de la Commission centrale de classement des débits de tabac (1951) et de la Sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d'économie mixte (1955). Il représente l'Assemblée nationale au conseil d'administration de la Caisse autonome de la reconstruction (1951) et fait partie de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations (1951).
Il vote pour les lois Marie et Barangé, favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), pour la ratification du traité instituant la Communauté charbon-acier (13 décembre), pour l'investiture d'Antoine Pinay (6 mars 1952) et de Joseph Laniel (26 juin 1953), auquel il accorde la confiance après Diên-Biên-Phû (13 mai 1954). Il s'abstient sur l'investiture de Pierre Mendés France et les accords de Genève (17 juin et 23 juillet). Partisan de la Communauté européenne de défense, Pierre Gabelle s'oppose à la question préalable dont l'adoption vaut rejet du projet (30 août). Il s'abstient sur les Accords de Londres relatifs à la fin de l'occupation de l'Allemagne (12 octobre) et se prononce contre ceux de Paris qui autorisent son réarmement et son entrée dans l'OTAN (29 décembre). Le 4 février 1955, il refuse la confiance au Gouvernement de Pierre Mendés France sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet), puis l'accorde à Edgar Faure (23 février) et le soutient lors de la chute du Gouvernement sur la date des élections et le mode de scrutin (29 novembre). A la suite de ce vote l'Assemblée nationale est dissoute.
De nouveau tête de liste du MRP aux élections anticipées du 2 janvier 1956, Pierre Gabelle, qui a conclu un apparentement avec les Indépendants et les Républicains sociaux, est réélu, avec 23 498 suffrages sur 183 140 exprimés. Reconduit dans la Commission des finances au sein de laquelle il continue de faire preuve d'une grande activité, il est désigné dans les mêmes commissions que lors de la précédente législature. Il est également nommé membre du Comité de contrôle du fonds d'encouragement à la production textile (1956).
Au cours de la dernière législature de la IVe République, Pierre Gabelle vote pour l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956) qu'il soutient dans sa politique en Afrique du Nord (mars-octobre). Absent lors de l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), il se prononce pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom (9 juillet) et pour les projets relatifs aux institutions de l'Algérie (septembre 1957-janvier 1958). Favorable à l'investiture de Pierre Pfimlin et à l'instauration de l'état d'urgence (13 et 16 mai), il se rallie ensuite au Général de Gaulle, votant son investiture, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (1er et 2 juin).
Sous la Ve République, Pierre Gabelle est réélu député dans la 2e circonscription du Loiret aux élections de novembre 1958.