Mathilde Péri Dite Gabriel-Péri
1902 - 1981
PERI (Mathilde, Rose, Thérèse)
Née le 7 juin 1902 au Canet (Pyrénées-Orientales)
Décédée le 16 décembre 1981 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine-et-Oise)
Députée de Seine-et-Oise de 1946 à 1958
Mathilde Gabriel-Péri, née Taurinya, est une ouvrière et une militante communiste. Elle est la belle-sœur d’André Marty, marié avec sa sœur cadette Pauline. Elle épouse Gabriel Péri en 1927, mais leur vie commune est interrompue par l’emprisonnement pendant un an de son mari, à partir de novembre 1929. Gabriel Péri, marseillais d’origine corse, militant communiste, ancien secrétaire de la Fédération nationale des jeunesses communistes, est depuis novembre 1924, le brillant chef du service de politique étrangère de L’Humanité. Il occupe ce poste jusqu’à l’interdiction du journal, en août 1939. Gabriel Péri est élu en 1931 député de la première circonscription de Seine-et-Oise et réélu en 1936.
Au début de la seconde guerre mondiale, Gabriel Péri partage sa vie avec une journaliste, Sofia Jancu. En 1940, Mathilde Péri est internée administrative au camp de Rieucros, dans l’Ariège. C’est là qu’elle apprend, le 18 mai 1941, l’arrestation de son mari, résistant actif à L’Humanité clandestine, et son exécution le 15 décembre suivant. Quelques heures avant sa mort, Gabriel Péri a écrit à un ami : « Dites-lui (à Mathilde) que j'ai eu un repentir : celui de ne lui avoir pas toujours fait la vie sérieuse qu'elle méritait. Mais dites-lui de porter fièrement le voile de veuve. »
Gabriel Péri, qui n’avait pas occupé de positions importantes au Parti communiste, est traité en héros et une vaste littérature lui est consacrée, dès avant la fin de l’Occupation. Après la guerre, son nom est donné à de nombreuses rues et places de France. Mathilde Péri est déléguée à l’Assemblée consultative provisoire en 1944, à Paris. Elle devient présidente de l’Association des familles de fusillés. En octobre 1945, elle se présente aux élections de l’Assemblée nationale constituante, dans la circonscription de son mari, comme tête de liste communiste. Sa liste arrive en tête, avec 125 266 voix sur 355 987 suffrages exprimés, soit 35,19 %. Membre de la commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression (1945), elle siège également à la commission du ravitaillement, en 1946. Durant la première Assemblée nationale législative, elle dépose, le 16 avril 1946, une proposition de loi visant à améliorer le sort des enfants légitimes des résistants morts pour la France. Le 23 avril 1946, elle dépose un rapport, au nom de la commission des pensions, dans le but de donner aux femmes de déportés politiques non rapatriés le droit de priorité en matière de logement. Ses interventions sont réduites au minimum.
Elle est élue en juin 1946 à la seconde Assemblée nationale constituante avec presque autant de voix. Le 4 juillet 1946, elle est désignée jurée à la Haute Cour de justice, puis juge titulaire le 11 mars 1947. Elle siège aux commissions de la famille, de la population et de la santé publique et retrouve la commission des pensions civiles et militaires et des victimes de guerre et de la répression, la même année (1946). Sous la seconde Assemblée constituante, elle dépose une proposition de loi tendant à rendre obligatoire la déclaration des cas de tuberculose (20 août 1946). Sa proposition de résolution (9 août 1946) et son rapport (12 septembre 1946) portent sur la volonté d’accorder une prime de 8000 francs aux ascendants, veuves et orphelins des patriotes tombés sur les territoires de France et d‘outre-mer. Là encore, elle parle peu en séance publique, se contentant d’intervenir à deux reprises sur le relèvement des pensions de guerre.
Aux élections législatives de novembre 1946, alors que neuf sièges sont à pourvoir dans sa circonscription, soit un siège de plus qu’aux précédents scrutins, Mathilde Péri mène à nouveau la liste communiste. Le 17 juin 1951, c’est sous le nom de Mathilde Gabriel-Péri qu’elle est réélue sans surprise, la liste communiste emportant 32,2 % des voix. Sur ses proclamations électorales, Mathilde Gabriel-Péri se présente comme la « veuve du grand patriote Gabriel Péri fusillé par les nazis ».
Après les élections de 1946, elle est nommée membre de la commission des pensions, pour toute la durée de la législature. Elle est également nommée juge titulaire à la Haute-Cour de justice, le 11 mars 1947. Elle est désignée pour les fonctions de juré à la Haute Cour de justice, en 1945, 1947 et 1948. Elle procède à 25 dépôts de textes législatifs : 5 rapports ; 5 propositions de résolution et 15 propositions de loi. Mathilde Gabriel-Péri est donc une parlementaire active et spécialiste de la situation des familles ayant perdu l’un de leurs membres pendant la guerre. Vingt-quatre de ces textes concernent cette question. A cet égard, elle présente, le 1er février 1950, une proposition de loi tendant à affecter le domaine de la Conque, propriété nationale, à l’Office national des anciens combattants, pour une maison de repos des veuves de guerre. Elle s’investit beaucoup dans l’assurance du versement des pensions à ces dernières. Le 8 février 1951, elle dépose une proposition de loi tendant à autoriser les veuves de guerre, âgées de 65 ans, à cumuler leur pension avec l’allocation temporaire aux économiquement faibles. Elle veille également à ce que les pupilles de la Nation puissent partir en vacances. C’est l’objet de la proposition de résolution du 16 mai 1947.
Elle intervient à de nombreuses reprises (35 fois), toujours pour la défense des veuves, orphelins et anciens combattants. Le 30 juin 1949, elle dépose une demande d’interpellation sur l’interdiction d’une manifestation du souvenir lors du transfert des corps de dix patriotes. Le 7 novembre 1950, elle prend part à la discussion générale du projet de loi portant amnistie relative aux faits de collaboration.
Elue vice-présidente de l’Assemblée nationale le 10 janvier 1950 et reconduite dans ses fonctions le 11 janvier 1951, elle préside 59 séances en deux ans.
Mathilde Gabriel-Péri est réélue aux élections de 1951, à la tête d’une liste dite « d’Union républicaine résistante et anti-fasciste pour l’indépendance nationale ». Sa liste obtient 32,4% des suffrages exprimés.
Lors de la législature 1951–1956, elle dépose quatre rapports, neuf propositions de loi et une proposition de résolution, le plus souvent sur les pensions versées aux veuves de guerre. Elle intervient, à plusieurs reprises, en séance publique, pour défendre la Résistance et les droits des anciens combattants. Dans la discussion du projet de loi annuel, relatif aux dépenses de fonctionnement des services civils, elle intervient systématiquement au chapitre budgétaire relatif aux anciens combattants et victimes de guerre.
En 1956, elle mène le combat contre la liste de Front Républicain mendésiste de Jean de Lipkowski. Les communistes obtiennent alors 36,4 % des suffrages : Mathilde Gabriel-Péri est réélue à l’Assemblée nationale.
De 1956 à 1958, elle dépose quatre rapports et cinq propositions de loi. A nouveau, son action est toute entière tournée vers l’octroi des pensions aux anciens combattants, déportés et à leur famille. Ainsi, dépose-t-elle, le 29 décembre 1956, une proposition de loi tendant à étendre aux veuves des militaires du temps de paix (hors guerre) le bénéfice de la sécurité sociale.
Aux élections législatives de 1958, elle perd son siège face à Claude Labbé, le candidat gaulliste. Elle se retire ainsi de la vie politique active et disparaît le 16 décembre 1981, à Boulogne-Billancourt.