Etienne Gagnaire
1906 - 1980
Né le 17 avril 1906 à Saint Etienne (Loire)
Décédé le 19 septembre 1980 à Villeurbanne (Rhône)
Député de 1956 à 1958 (Rhône)
Ce sont le Front populaire et la guerre qui décident de l'entrée en politique d'Etienne Gagnaire. Cet ouvrier métallurgiste, militant de la CGT et membre du bureau départemental du syndicat des métaux adhéra à la SFIO en 1936. Mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940, Etienne Gagnaire dès son retour en métropole participe aux activités du RNPG (Rassemblement national des Prisonniers de guerre) dont il est l'un des responsables nationaux, notamment sous le pseudonyme de Labasse. C'est-à-dire qu'il est désigné Délégué à l'Assemblée consultative de Paris. C'est le début d'une carrière politique qui ne fut pas exempte de mortes saisons et de revers.
De janvier 1946 à juillet 1948, Etienne Gagnaire est membre des cabinets ministériels de Gaston Deferre à l'Information, de Max Lejeune et de François Mitterand aux Anciens Combattants. Parallèlement, il opère une implantation politique dans le département du Rhône. En 1947, aux élections municipales, la mairie de Villeurbanne est reprise aux communistes avec lesquels il ne transigera jamais. Adjoint au maire de Villeurbanne de 1947 à 1953, premier adjoint de 1953 à juin 1954, élu maire le 20 juin 1954 il le reste jusqu'en 1977. Etienne Gagnaire dut attendre les élections générales du 2 janvier 1956 pour traduire son implantation locale en mandat national. A plusieurs reprises, il avait été candidat au Parlement au Conseil de la République en 1946 et 1952, au Palais Bourbon à chaque élection (à l'exception de celle du 10 novembre 1946) en figurant en troisième ou quatrième position sur les listes conduites par André Philip dans la 1re circonscription du Rhône.
Le 2 janvier 1956, Etienne Gagnaire conduit cette fois-ci la liste socialiste. Le succès n'est pas acquis d'avance. Parmi les 12 listes en présence, il faut compter avec des personnalités de premier plan : Jean Cagne et Pierre Cot pour la liste communiste, Edouard Herriot pour la liste radicale avec laquelle la liste socialiste est apparentée, Pierre Montel pour les Indépendants ou bien encore Jacques Soustelle et Edouard Charret pour les Républicains sociaux. La présence de trois apparentements et le recul de la vague gaulliste permet à Etienne Gagnaire d'être élu avec 26 482 voix sur 316 829 suffrages exprimés pour la liste socialiste qui arrive derrière toutes celles qui ont un ou deux élus.
Etienne Gagnaire est nommé membre de la Commission de l'Intérieur, de la Commission du travail et de la sécurité sociale et en 1957 membre suppléant de la commission des immunités parlementaires. Le nouveau député du Rhône est un parlementaire actif. Soit en qualité d'auteur de propositions de loi, soit en qualité de rapporteur, il est amené à saisir l'Assemblée de textes intéressant le sort des Anciens Combattants, Prisonniers de guerre et plus des victimes de guerre. Mais sa grande affaire fut de rapporter au nom de la commission du travail et de la sécurité sociale le projet de loi instituant un fonds national de solidarité. Au nom de la commission de l'Intérieur, Etienne Gagnaire rapporte en 1957 et 1958 les textes sur les institutions de l'Algérie et les projets de loi portant reconduction de la loi du 16 mars 1956 autorisant le Gouvernement à mettre en oeuvre en Algérie un programme d'expansion économique, de progrès social et de réforme administrative et l'habilitant à prendre des mesures exceptionnelles. A chaque fois, il exhorte l'Assemblée à voter en faveur des textes présentés par le Gouvernement car l'échec serait « la pire des catastrophes ». Ainsi le 19 juillet 1957, se fait-il applaudir par l'ensemble de l'Assemblée, à l'exception des communistes, après avoir attirer l'attention du Gouvernement sur le fait que les textes seraient inefficaces si l'exécutif n'a pas l'intention d'agir avec efficacité et rapidité, ce qui lui vaut d'être interrompu par un tonitruant « Très bien » de Tixier-Vignancourt.
Le 1er juin 1958, Etienne Gagnaire vote l'investiture du Gouvernement du Général de Gaulle ainsi que la loi constitutionnelle du 2 juin. Malgré tout, en novembre, il est battu par le candidat gaulliste Edouard Charret.