Wladimir, Just, Charles Gagneur
1807 - 1889
Député de 1869 à 1870, représentant en 1873, député de 1876 à 1889, né à Poligny (Jura) le 9 août 1807, mort à Paris le 10 août 1889, fils de François Marie Gagneur (1765-1848), député de 1815 à 1821, Just Charles Wladimir Gagneur fit son droit à Paris, refusa d'entrer au barreau ou dans la magistrature, et étudia l'économie politique. Au banquet civique qui se tint à Poligny, le 26 mars 1848, il porta un toast « à la Fraternité » et préconisa les idées de Fourier. Il publia ensuite quelques brochures économiques : Aux cultivateurs, Guerre à l'usure ! (1849), Socialisme pratique (1850), et collabora au Patriote jurassien.
Au coup d'Etat de décembre 1851, il organisa la résistance armée dans le Jura, fut arrêté et condamné à dix ans de déportation à Cayenne, peine qui fut commuée en bannissement. Il se retira à Bruxelles, put rentrer en France un an après, et fit du journalisme économiste et agricole.
Candidat de l'opposition démocratique aux élections générales pour le Corps législatif, le 24 mai 1869, il fut élu dans la 3e circonscription du Jura, par 11 961 voix sur 22 989 votants et 30 363 inscrits, contre 7 901 voix à M. Jobez, candidat officiel, 1 008 à M. Dalloz et 667 à M. Chevassu. Sa candidature avait été patronnée par M. Grévy et par la presse républicaine de Paris. M. Gagneur siégea à gauche, signa le programme de ce groupe (17 novembre 1869) et l'interpellation des 116, déposa (28 mars 1870) une proposition de loi « sur la participation du fermier sortant aux améliorations exécutées par lui sur l'immeuble» (à cette occasion on le qualifia de partageux et de socialiste), fut secrétaire du comité antiplébiscitaire, et vota contre la déclaration de guerre à la Prusse (juillet 1870).
Après le 4 septembre, il dirigea la publication des Papiers et correspondance de la famille impériale, et, le 8 février 1871, candidat à l'Assemblée nationale, obtint dans le Jura, sans être élu, 19 213 voix sur 49 963 votants. Il fut plus heureux, le 27 avril 1878, lors de l'élection partielle nécessitée par la démission de M. Reverchon, et fut élu par 42 309 voix sur 60 865 votants et 81 335 inscrits, contre 17 620 voix à M. de Moréna, monarchiste. Il prit place à gauche, et vota :
- contre la démission de Thiers,
- contre la circulaire Pascal,
- contre l'arrêté contre les enterrements civils,
- contre le septennat,
- contre le ministère de Broglie,
- pour la dissolution de l'Assemblée,
- pour l'amendement Wallon,
- pour l'amendement Pascal Duprat,
- pour les lois constitutionnelles.
Réélu, le 20 février 1876, dans l'arrondissement de Poligny, par 9 521 voix sur 15 424 votants et 17 693 inscrits, contre 5 411 voix à M. Bouvet, il reprit sa place à gauche, vota :
- contre les jurys mixtes en matière d'enseignement supérieur,
- contre « les menées ultramontaines » (4 mai 1877).
Il fut des 363.
Les élections du 14 octobre 1877, après la dissolution de la Chambre par le cabinet du 16 mai, lui furent encore favorables, et il fut renvoyé à la Chambre par 10 907 voix sur 16 763 votants et 19 264 inscrits, contre 5 748 voix à M. de Boyenval, candidat du gouvernement, bonapartiste. Il vota :
- pour l'enquête sur les actes du cabinet de Broglie-Fourtou,
- contre le cabinet de Rochebouët,
- pour les ministères républicains qui suivirent,
- pour l'application des décrets aux congrégations,
- pour les lois sur l'enseignement, etc.
Son attitude ne varia pas dans les législatures suivantes où il fut successivement appelé :
- le 21 août 1881, par 9 826 voix sur 14 800 votants et 19 123 inscrits, contre 4 628 voix à M. de Froissard,
- et, le 4 octobre 1885, sur la liste radicale du Jura, élu, le 1er sur 5, par 40 259 voix sur 68 240 votants et 81 095 inscrits.
Après avoir voté l'expulsion des princes (juin 1886), M. Gagneur, dans la dernière session, s'abstint sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), et se prononça :
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.