Raymond Badiou
1905 - 1996
Né le 14 août 1905 à Bellerive-sur-Allier (Allier)
Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (Haute-Garonne) Député de la Haute-Garonne de 1946 à 1951
Raymond Badiou est né dans une famille d'instituteurs. Après de solides études secondaires à Autun et à Lyon, il entre à l'école normale supérieure de Saint-Cloud. Il en sort professeur agrégé de mathématiques. Il commence sa carrière au lycée de Rochefort puis gagne le Maroc, à Rabat. En 1937, il est nommé professeur de mathématiques spéciales à Casablanca. En 1934, il a adhéré à la S.F.I.O., et, en 1936, a été élu membre du bureau de la Fédération du Maroc. Il mène parallèlement une activité syndicale : de 1933 à 1939, il est secrétaire de la Fédération marocaine de l'enseignement.
En 1939, il est mobilisé comme officier de réserve de D.C.A. à Casablanca. En juillet 1940, le gouvernement de Vichy le relève de ses fonctions professorales au Maroc. Il est réintégré dans l'enseignement à Toulouse en 1941. Dès cette date, il a une activité résistante. En 1942, il est membre du bureau fédéral du Parti socialiste clandestin. Il est chef régional du mouvement France au Combat et recevra la Médaille de la Résistance avec rosette. En 1944, il préside le comité local de libération de Toulouse.
Désigné à titre provisoire par le Comité de Libération comme maire de Toulouse, il est légitimé dans cette fonction par les élections municipales de mai 1945, où, dès le premier tour, la S.F.I.O. a fait liste commune avec le Parti communiste. La libération de Toulouse a été marquée par l'expérience des comités ouvriers de gestion dans plusieurs entreprises. Raymond Badiou encourage ce mouvement. Ainsi, le 19 septembre 1944, il écrit dans l'Espoir, journal socialiste dont il assure la direction politique : « Nous estimons qu'il est indispensable de donner aux patriotes le moyen de contrôler efficacement les usines et les administrations et tout ce qui est indispensable à la vie économique du pays. » Il contribue à créer une régie municipale des transports en commun et municipalise le gaz, l'électricité, l'eau et le théâtre du Capitole. Il défend cette initiative devant le 37e Congrès de la S.F.I.O. en août 1945.
Le 2 juin 1946, son parti présente Raymond Badiou en deuxième position derrière Vincent Auriol sur une liste qui, sur 244 291 suffrages exprimés, obtient 75 333 voix et deux sièges, le premier directement, le second à la plus forte moyenne, face au M.R.P. qui regroupe 60 595 suffrages et a un élu, au P.C.F. qui, avec 58 710 suffrages, emporte le 4e siège et enfin à une liste radicale-socialiste qui regroupe 50 353 suffrages et gagne le dernier siège. L'élection de Raymond Badiou est validée le 13 juin 1946. Il est nommé membre des commissions de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale départementale et communale, et de la commission d'étude des services d'incendie. Il participe au débat constitutionnel et intervient à plusieurs reprises, notamment le 3 septembre, pour condamner l'utilisation du référendum en dehors des matières constitutionnelles.
Le 10 novembre 1946, pour les élections à l'Assemblée nationale, il y a sept sièges à pourvoir pour cinq listes en présence. Les composantes du tripartisme emportent six sièges : la S.F.I.O., avec 65 466 suffrages sur 232 924 exprimés fait élire à nouveau Vincent Auriol et Raymond Badiou ; le P.C.F., avec 62 796 voix a deux élus ; il en va de même pour le M.R.P. avec 47 002 voix. Le 7e siège échoit au Rassemblement des gauches républicaines.
Raymond Badiou voit son élection validée le 29 novembre 1946. Il est nommé membre de trois commissions, celles du règlement et du suffrage universel, de la réforme administrative, de l'intérieur, dont il devient vice-président en décembre 1946. Les propositions de loi qu'il dépose ont trait essentiellement à la question des entreprises municipalisées à la Libération. Il intervient aussi vivement dans le débat sur la dévolution des biens des entreprises de presse. Il condamne la réapparition de la Dépêche de Toulouse, dont l'influence entraîne le déclin de la presse socialiste de la Libération.
Raymond Badiou ne brigue pas un nouveau mandat de député aux élections législatives du 17 juin 1951. Il se consacre à son mandat de maire de Toulouse jusqu'à la fin de l'année 1958. En 1956, au Congrès de la S.F.I.O., à Lille, il marque son opposition à la politique algérienne du gouvernement de Guy Mollet. Le 14 septembre 1958, il suit la minorité socialiste qui fonde le Parti socialiste autonome et devient membre de sa commission administrative permanente provisoire.