Marcel Garrouste

1921 - 1921

Informations générales
  • Né le 22 avril 1921 à Trémons (Lot-et-Garonne - France)
  • Décédé le 5 septembre 1921 à (Lot-et-Garonne - )

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la Ve République

GARROUSTE (Marcel)
Né le 22 avril 1921 à Trémons (Lot-et-Garonne)
Décédé le 5 septembre 2021 à Penne-d’Agenais (Lot-et-Garonne)

Député du Lot-et-Garonne de 1978 à 1986 et de 1988 à 1993

Marcel Garrouste naît le 22 avril 1921 à Trémons, commune rurale du Lot-et-Garonne, au sein d’une famille d’agriculteurs dont les racines sont solidement ancrées dans le département depuis plusieurs générations. Il quitte l'école à l’âge de onze ans, avec son certificat d’études, pour travailler au sein de la ferme familiale. Engagé volontaire comme deuxième classe de 1939 à 1942, il retrouve l’exploitation familiale et y travaille jusqu’à la Libération en août 1944. Étant le plus jeune et probablement le plus instruit, il est désigné par le comité local, avec neuf autres personnes, pour travailler à la mairie, en attendant l’organisation prochaine d’élections. Au début de l’année 1945, Marcel Garrouste se détourne finalement de la terre et présente sa candidature au poste vacant de secrétaire général à la mairie de Penne-d'Agenais. Fonction qu’il occupe jusqu’en 1953, avant de devenir directeur de l’hôpital-hospice de la commune jusqu’en 1977. Autodidacte, il reprend ses études et obtient sa licence de droit, son diplôme d’études supérieures en histoire du droit et enfin son doctorat en droit en 1997. Passionné d’histoire locale et défenseur acharné de l’occitan, il devient dès 1966 membre correspondant puis institutionnel de la Société académique puis, dès 1972, de l’association culturelle occitane du canton de Penne. Il est également l’auteur de plusieurs monographies, telle La ville et la juridiction de Penne au XVIIIe siècle (1957), ou encore Penne-d’Agenais et son histoire (1962).

Grand admirateur de Jaurès, Marcel Garrouste rejoint, dès 1945, les rangs socialistes. Conseiller municipal SFIO de Penne-d’Agenais pendant douze années (1953-1965), bientôt secrétaire fédéral du parti socialiste du Lot-et-Garonne (1969-1973), il prend la mairie en mai 1971, mandat qu’il exerce jusqu’en 1983. Son ascension politique se confirme en mars 1976, lorsqu’il est élu conseiller général (PS) de Lot-et-Garonne pour son canton de Penne-d’Agenais. Revendiquant ses racines paysannes et son ancrage dans le terroir, il engage cependant dans sa commune une campagne inédite de rénovation et d'innovation qui va transformer radicalement le visage de la petite ville médiévale. Une expertise locale qui allait lui ouvrir les portes d’un destin national avec les élections législatives de mars 1978.

Candidat du parti socialiste et du mouvement des radicaux de gauche à Villeneuve-sur-Lot (3e circonscription du Lot-et-Garonne), Marcel Garrouste se présente face au député sortant, l’ancien radical-socialiste Edouard Schloesing, élu dans la circonscription depuis 1962, vice-président du groupe des réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux (RCDS), rallié à l’Union pour la démocratie française (UDF). S’abstenant de toute attaque personnelle contre le député sortant, Marcel Garrouste déplace habilement le débat sur les enjeux nationaux et dénonce par ce biais une « société française plus que jamais malade de la droite ». Partisan du Programme commun de la Gauche et se défendant de « toute catastrophe nationale du collectivisme » (Document électoral du premier tour – 1978), il arbore les fondamentaux socialistes pour lutter contre la crise économique, l’injustice, la violence et la désertification des campagnes. Arrivé en tête à l’issue du premier tour avec 27,07% des suffrages exprimés, soit trois points devant Georges Lapeyronie (RPR) et surtout sept points devant le maire sortant, Marcel Garrouste profite pleinement du retrait de ce dernier au second tour, ainsi que de celui du communiste Michel Bordage. Néanmoins, contrairement aux deux autres circonscriptions du département, largement acquises aux forces de gauche, la circonscription de Villeneuve-sur-Lot s’avère particulièrement disputée face à une solide coalition de droite. La campagne du candidat socialiste se concentre donc sur le « candidat de M. Chirac », le « candidat de la droite la plus réactionnaire » (Tract du second tour – 1978). Bénéficiant d’une faible abstention (11,56% des inscrits, en baisse de près de 4 points par rapport au premier tour), le candidat socialiste recueille finalement 51,22% des suffrages exprimés au second tour, le 19 mars 1978.

Inscrit au groupe socialiste, Marcel Garrouste rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales (3 avril 1978), puis la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration (6 avril 1978). S’appuyant sur ses compétences juridiques et son expérience de terrain, le député participe à de nombreuses commissions mixtes paritaires : sur la réforme de la procédure pénale sur la police judiciaire et le jury d’assises (15 juin 1978), sur la prévention de l’alcoolisme au volant (30 juin 1978), ou encore sur les mesures d’amélioration administrative (1er juillet 1978). Attentif aux problématiques de la désertification rurale, il est le rapporteur de la proposition de loi visant à recueillir l’avis des collectivités locales lors des ouvertures ou des transferts d’officines pharmaceutiques (29 mai 1980). Ses interventions dans l’hémicycle ne manquent pas de rappeler à tous son attachement au terroir, et par ce biais les préoccupations d’un « député-paysan » relatives aux difficultés de l’agriculture du Sud-ouest (6 novembre 1980).

Candidat à sa propre succession lors des élections législatives de juin 1981, Marcel Garrouste, candidat de la majorité présidentielle, profite pleinement de la vague socialiste consécutive à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République un mois auparavant. Cette victoire susciterait selon lui « un espoir et un élan considérables » et annoncerait « une politique nationale ambitieuse » (Tract du premier tour – 1981). Face à cette dynamique nationale, l’union des forces de droite autour de la candidature de Serge Dubois (UDF) échoue à faire barrage à la réélection du député sortant. Arrivé en tête avec 45,73% des suffrages exprimés contre 39,41% pour son opposant de droite, Marcel Garrouste l’emporte triomphalement au second tour, grâce aux réserves de voix communistes, avec 59,76% des scrutins. L’abstention double cependant par rapport aux précédentes élections (avec plus de 20% des inscrits), phénomène que l’on retrouve certes dans l’ensemble du département, mais traduit peut-être, aussi, la méfiance d’un électorat majoritairement rural.

Retrouvant sa place au sein de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, le député du Lot-et-Garonne réaffirme ses compétences administratives au service du social. Rapporteur de la proposition de loi tendant à modifier les dispositions relatives à la répartition des droits à pension de réversion entre les conjoints divorcés et les conjoints survivants (17 septembre 1981), il rejoint l’année suivante la commission mixte paritaire constituée pour l'examen du projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage (30 juin 1982 ; 7 avril et 4 mai 1983), avant d’être nommé rapporteur du projet de loi de finances pour 1983 et 1984 relatif au régime social des territoires d’outre-mer (6 octobre et 17 novembre 1983). L’ancien directeur d’hôpital et d’hospice ne cache cependant pas ses craintes quant à l’accroissement des dépenses de santé, à l’inadaptation des maisons de retraite ou encore au sujet de la difficile question du financement des retraites et du déséquilibre entre actifs et retraités (9 novembre 1983, 4 novembre 1985). Membre suppléant des commissions mixtes paritaires sur les projets de loi relatifs aux congés de conversion ou encore sur les dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière (27 juillet et 22 novembre 1985), Marcel Garrouste se fait toutefois discret dans l’hémicycle. Comme il le résumera quelques années plus tard : « Plus soucieux d’efficacité que de notoriété, je n’ai pas cherché à obtenir le maximum de temps de parole à la tribune de l’Assemblée. Par contre, j’ai toujours été assidu aux réunions des commissions ou des groupes de travail que je présidais ou auxquels j’appartenais » (Tract du premier tour – 1988).

Une discrétion parlementaire à mettre en parallèle avec les premiers revers politiques que connaît le député. Briguant la présidence du Conseil général du Lot-et-Garonne, son échec lors des élections cantonales en mars 1982 s’avère cinglant face au raz-de-marée de droite. Cette dernière emporte treize sièges au conseil général, contre un seul pour la gauche. Jean François-Poncet (UDF), ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Barre, est facilement réélu à la tête du département. L’année suivante ne lui sera guère plus favorable. Candidat aux sénatoriales en septembre 1983 dans le Lot-et-Garonne, Marcel Garrouste, arrivé en quatrième position avec 20,58% des scrutins, échoue loin derrière les centristes Raymond Soucaret (58,38%) et Jean-François Poncet (50,51%). Il est également distancé par l’autre candidat socialiste Pierre Espiau (24,52%). Les élections législatives de mars 1986, pour la première fois organisées au scrutin proportionnel départemental de liste, ne lui faciliteront nullement la tâche, d’autant plus que le député sortant doit endosser un bilan national en demi-teinte, depuis le tournant de 1983 et la politique de rigueur qui s’en suit. Distancée de quatre points par la liste d’union RPR-UDF (37,09% des scrutins), la liste socialiste ne recueille que 33,39% des voix et seul le député socialiste de la première circonscription, Christian Laurissergues, parvient de justesse à sauver son siège.

En retrait de la vie politique nationale et dorénavant sans mandat électif, Marcel Garrouste n’en demeure pas moins une figure influente de la fédération socialiste du Lot-et-Garonne. La réélection du président de la République François Mitterrand en mai 1988 et la dissolution de l’Assemblée nationale vont lui offrir l’occasion de reconquérir son ancien mandat. L’homme se présente comme candidat de la majorité présidentielle face au député sortant, Michel Gonelle (RPR), lors des élections législatives anticipées de juin 1988. Privilégiant son expérience parlementaire acquise depuis 1978, mais également son attachement au terroir, Marcel Garrouste revendique son efficacité et sa disponibilité comme gage donné à un électorat rural inquiet « face aux défis de l’Europe de 1992 » (Tract du premier tour – 1988). Se défendant de toute quête de notoriété (qu’il laisse habilement à son adversaire de droite), il récolte 41,79% des suffrages exprimés au premier tour, contre 38,79% pour le député sortant. Le candidat socialiste entend donc faire « contrepoids à l’écrasante majorité de droite des pouvoirs locaux » (Tract du second tour – 1988). Au second tour, Marcel Garrouste l’emporte avec 51% des voix et retrouve ainsi les bancs de l’Assemblée.

Membre du groupe socialiste, siégeant à nouveau au sein de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, le député continue son action parlementaire au sein de nombreuses commissions mixtes paritaires, comme membre ou rapporteur. Il se concentre à nouveau sur la question de santé et de protection sociale, accordant une attention toute particulière à la vieillesse et aux défis qu’elle induit : la prévention de la dépendance (14 novembre 1988, 9 novembre 1990), la gestion des maisons de retraite (8 avril, 18 avril et 26 juin 1990), la participation des retraités à la vie sociale (14 novembre 1988) et aussi la mise en place des dispositifs d’accueil par des particuliers à leur domicile de personnes âgées ou handicapées (27 juin 1989). Il intègre naturellement le Comité national des retraités et personnes âgées (22 avril 1992). Le député n’oublie cependant pas les thématiques rurales qui préoccupent ses administrés, qu’elles soient conjoncturelles (telles les calamités agricoles et indemnisations des dégâts causés par la grêle dans le Sud-Ouest, 26 octobre 1989) ou structurelles (PAC, tourisme vert et plan de rénovation des équipements touristiques, 29 octobre 1992).

Agé de 72 ans, Marcel Garrouste décide cependant de ne pas se représenter lors des élections législatives de mars 1993. Choix qui peut également se justifier en prévision d’une campagne électorale qui promet d’être particulièrement disputée en raison d’une conjoncture économique et sociale morose. A l’image d’une union des droites qui remporte à l’échelle nationale 485 circonscriptions sur 577, le Lot-et-Garonne bascule intégralement à droite. Le candidat socialiste de la troisième circonscription, Christophe Donon, arrivé en troisième position avec 15,68% des suffrages, échoue même à accéder au second tour, laissant ainsi la voie libre à une lutte entre le RPR Michel Gonelle (49,8%) et l’UDF Daniel Soulage (50,2%). Il faudra attendre les élections législatives de 1997 pour que les socialistes reprennent la circonscription, sous la bannière d’un chirurgien parisien, Jérôme Cahuzac, dans un parcours politique que Marcel Garrouste rangera volontiers, quelques années plus tard, parmi celui des « rationnaires » qui guettent les successions et les prébendes » (Libération, 24 avril 2013).

Décédé le 5 septembre 2021 à Penne-d’Agenais, Marcel Garrouste, père de trois filles, restera pour son ami et camarade de lutte, Louis Mexandeau (ancien ministre sous les gouvernements Mauroy et Fabius), l’incarnation même du « militant exemplaire et obscur […] qui se contentait d'accomplir son travail de député en se rappelant la phrase de Jules Guesde : un parti ne vit que de discipline. » (Libération, 24 avril 2013).