Jacques-Antoine Gau
1930 - 1981
GAU (Jacques-Antoine)
Né le 25 octobre 1930 à Puy-l’Evêque (Lot)
Décédé le 29 mai 1981 à Voiron (Isère)
Député de l’Isère de 1973 à 1981
Né en 1930 à Puy-l’Evêque dans le département du Lot, Jacques-Antoine Gau suit ses études à La Rochelle, à l’université de Nantes, où il obtient une licence ès lettres, puis à celle de Paris, dont il sort docteur en droit. C’est aussi un ancien élève de l’Institut d’études politiques de Paris. Jacques-Antoine Gau milite à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), avant d’adhérer officiellement à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1956. Il est auparavant secrétaire adjoint de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF), puis vice-président de cette mutuelle en décembre 1952 avant d’en prendre la présidence en 1955. En 1960, il consacre sa thèse de doctorat en droit au régime de la sécurité sociale des étudiants et c’est au sein de l’UNEDIC (Union interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce), nouvellement créée, que se poursuit sa carrière, en tant que chef du service juridique, puis directeur adjoint de 1959 à 1973. Il publie alors de nombreux articles sur des questions de droit du travail, de santé et de famille dans des revues médicales, autant de thèmes, qui seront au centre de ses préoccupations à l’Assemblée nationale.
La carrière de Jacques-Antoine Gau au sein des diverses organisations socialistes reflète le parcours des nombreuses personnalités qui ont contribué, sous la Ve République, à la refondation politique du parti de Léon Blum et de Guy Mollet. Membre du Parti socialiste autonome (PSA) en 1958, membre fondateur du Parti socialiste unifié (PSU) en 1960, il représente « l’Association des Jeunes cadres » à la réunion constitutive de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) en 1965 et rejoint son bureau exécutif. En 1966, il est l’une des personnalités à l’origine des rencontres socialistes de Grenoble, dont le but était d’élaborer un programme socialiste. Il appartient à la fin des années 1960 à plusieurs clubs gravitant autour de la SFIO et exerce les fonctions de secrétaire général de l’Union des clubs pour le renouveau de la Gauche (UCRG) de 1966 à 1968, dans l’ombre d’Alain Savary. Lors de la fondation du Nouveau parti socialiste (NPS) en 1969, au congrès d’Alfortville, il siège au comité directeur et reste au comité directeur du Parti socialiste (PS) après le Congrès d’Épinay de 1971. De 1973 à 1975, il est délégué national aux relations avec le parlement, puis à l’agriculture de 1975 à 1977, enfin à la santé et la sécurité sociale de 1977 à 1978.
Jacques-Antoine Gau se présente aux élections législatives de mars 1973 dans la 4e circonscription de l’Isère, située à l’ouest de l’agglomération grenobloise, qui comprend deux villes principales : Voiron et Saint-Marcellin. Il fait initialement figure de « parachuté » dans une circonscription disputée entre gaullistes et socialistes depuis 1958. Afin de pallier la faiblesse de son implantation locale, il choisit comme suppléant le maire de Voiron, élu en 1968, Jean-Baptiste Glorieux. Le candidat socialiste obtient 10 884 voix au premier tour. Il est devancé par le député gaulliste sortant et conseiller général de Voiron, Alban Fagot qui recueille 15 327 voix. Les suivent le candidat communiste Raymond Perinetti, 8 912 voix, le radical réformateur Aymar de Galbert, 6 683 voix, le candidat du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) Yves Graillat, 2 082 et celui du PSU, Georges Quézel-Ambrunaz, 1 998 voix. Jacques-Antoine Gau remporte le second tour avec 51 % des suffrages exprimés grâce à l’union de la gauche dans le cadre des accords électoraux du programme commun, qui lui assure le désistement de Rémy Perinetti. Le nouveau député, membre à ce titre du conseil régional de Rhône-Alpes, accède à la mairie de Voiron en 1977.
A l’Assemblée nationale, il s’inscrit au groupe du parti socialiste et des radicaux de gauche. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est membre de la Commission nationale des opérations immobilières et de l’architecture, ainsi que vice-président de la Commission de contrôle de la gestion du service public du téléphone. Il est également membre, en décembre 1975, de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi de Jean Foyer dite « De la liberté ». Député de l’opposition, Jacques-Antoine Gau est très actif. Il dépose douze propositions de loi sur les questions sociales et, plus précisément, sur : l’application du régime d’assurance chômage aux salariés des chambres d’agriculture (juin 1973), l’amélioration des conditions de travail (mai 1974), la composition des conseils d’administration des caisses de sécurité sociale et d’allocations familiales (juillet 1974), les conditions d’âge pour participer à l’élection des représentants du personnel ou pour exercer des fonctions de représentation du personnel dans une entreprise (décembre 1974), l’aide médicale urgente (juin 1976), le régime d’assurance chômage des employés de maison (juin 1976), les droits économiques et sociaux liés à la présence d’enfants dans la famille (octobre 1976), les comités d’entreprise (décembre 1976), la création d’un fonds d’indemnisation des dommages occasionnés par les soins dispensés par les membres des professions de santé (juin 1977) et la constitution d’une commission chargée de faire des propositions en faveur des épouses d’artisans et de commerçants (décembre 1977). Rapporteur de la proposition de loi sur l’attribution d’une prime de transport aux salariés en juin 1974, il s’implique dans les débats sur le projet de loi relatif à l’amélioration des conditions de travail en 1973, sur celui relatif aux licenciements pour cause économique en 1974, sur le projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1974, sur le projet de loi sur les conditions d’accès à la retraite de certains travailleurs manuels en 1975, sur la prévention des accidents du travail en 1976 enfin. Lors de ses autres interventions en séance, le député socialiste de l’Isère s’attache à défendre les droits des salariés dans les questions de droit du travail, comme en mai 1973 quand il prend part au débat sur le projet de loi modifiant le code du travail en ce qui concerne la résiliation du contrat à durée déterminée (CDD) et qu’il dénonce l’absence de concertation avec les organisations syndicales et l’insuffisance des indemnités de licenciement. Sur la question de l’IVG, il est partisan de mettre fin à la législation répressive encore en place en 1973. Lors de la discussion, en première lecture, du projet de loi Veil le 26 novembre 1974, il est l’orateur principal de son groupe. S’il soutient le projet, il demande en outre que l’avortement soit remboursé comme acte médical. Jacques-Antoine Gau s’affirme également comme un orateur de référence du groupe socialiste, en posant un grand nombre de questions au gouvernement, quinze au total, et une question d’actualité en 1973, sur les questions sanitaires et sociales, pour l’essentiel.
A nouveau candidat aux élections législatives de 1978, Jacques-Antoine Gau est, avec 17 353 voix, en ballottage favorable à l’issue du premier tour, en raison de la concurrence que se livrent le candidat gaulliste Union des gaullistes de progrès (UGP) Jean-Claude Eyssard, 17 068 voix, et celui de l’Union pour la démocratie française (UDF) et dont Yves Graillat est le suppléant, Michel David, 6 380 voix. Grâce au désistement du communiste Roger Veyret (11 090 voix), Jacques-Antoine Gau est réélu au second tour avec 53 % des suffrages exprimés. Inscrit au groupe socialiste, dont il devient vice-président en 1978, de nouveau membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, il siège aussi à la commission de contrôle sur la gestion de la sécurité sociale. Il est également membre, en novembre 1978, de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi sur la fiscalité directe locale et celui sur la Dotation globale de fonctionnement (DGF). Il est également en décembre 1980 membre de la commission d’enquête sur la langue française. Il est vice-président de l’Assemblée nationale d’avril 1979 à mars 1980 et poursuit une remarquable activité parlementaire, centrée autour des préoccupations qui correspondent à ses champs d’expertise, à savoir la sécurité sociale, le droit du travail et les questions familiales. Le député de l’Isère s’affirme comme le porte-parole de l’opposition parlementaire sur les questions de santé, ainsi que délégué national du PS sur cette même question, en 1977. Il est l’auteur de onze propositions de loi. Trois de ces propositions sont nouvelles : celle d’octobre 1978 relative à la suppression des ordres des professions de santé ; celle de décembre 1978 sur l’aménagement des dispositions du code du travail relatives à la protection de l’emploi du salarié appelé à accomplir son service militaire ; celle de décembre 1980 relative à la protection des enfants utilisés par les entreprises de publicité. Il interroge le gouvernement à plusieurs reprises par des questions orales portant sur la santé. Il intervient chaque année, en séance publique, sur la question des budgets de la santé ou du travail prévus par la loi de finance, pour dénoncer un manque de moyens dans ces deux domaines, qu’il analyse comme un manque de volonté du gouvernement. Le 14 décembre 1978, il affirme ainsi qu’il n’existe pas de politique globale de la santé. Le 6 décembre 1979, il prend la parole lors de la motion de censure déposée par les groupes socialiste et radical contre le gouvernement en réponse à l’utilisation de l’article 49-3 par le gouvernement Raymond Barre pour l’adoption d’un projet de loi portant diverses mesures de financement de la sécurité sociale. Le député socialiste dénonce dans son intervention « l’utilisation abusive » de cet article de la Constitution qui mènerait à un « abaissement du Parlement ». Il rappelle que le gouvernement Barre a engagé huit fois la responsabilité du gouvernement en 1979 et critique un projet de loi qui ferait porter une partie du déficit sur les catégories sociales défavorisées. Il accuse le gouvernement de vouloir démanteler le système de sécurité sociale instauré en 1945.
Dans son rôle d’opposant, Jacques-Antoine Gau n’a de cesse de dénoncer les insuffisances des politiques de santé menées par le gouvernement. Dans un article publié dans le quotidien La Croix en octobre 1978, il critique la politique menée par la ministre Simone Veil, qu’il accuse, en bon socialiste, « d’être prisonnière d’un système économique et social qu’elle couvre de sa popularité ». Il insiste dans cet article sur la nécessité de développer des politiques de prévention en matière de santé en améliorant le cadre de travail et de vie, le logement et les politiques de dépistage. Il expose, de même, à plusieurs autres occasions en séance à l’Assemblée nationale, le programme socialiste en matière de santé, qui consiste à limiter le rôle de l’hôpital aux cas strictement nécessaires, à nationaliser les grands groupes pharmaceutiques, à réformer les études et carrières médicales et à créer des centres de santé.
Jacques-Antoine Gau pose deux questions au gouvernement d’intérêt local : l’une sur le parc régional du Vercors en décembre 1979 ; l’autre sur le marché de la noix, en octobre 1980.
Après la campagne présidentielle de 1981, et la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle, Jacques-Antoine Gau est investi de nouveau comme candidat à la députation dans la 4e circonscription de l’Isère pour les élections législatives de juin 1981, mais il meurt le 29 mai. Pour le remplacer dans sa circonscription, le PS désigne Gisèle Halimi, militante féministe, qui l’emporte. Le Premier ministre Pierre Mauroy, qui s’exprime à la suite de l’éloge funèbre de Jacques-Antoine Gau, prononcé par le président de l’Assemblée nationale, Louis Mermaz, le 15 juillet 1981, rappelle qu’il était « sérieux, compétent, travailleur infatigable ».