Jean-Claude Gaudin

1939 - 2024

Informations générales
  • Né le 8 octobre 1939 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 20 mai 2024 à Saint-Zacharie (Var - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 2 octobre 1989
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Union pour la démocratie française

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1989 au 7 décembre 1995
Sénateur
du 1er janvier 1995 au 9 novembre 2024
Sénateur
du 1er octobre 1998 au 30 septembre 2008
Sénateur
du 1er octobre 2008 au 30 septembre 2014
Sénateur
du 1er octobre 2014 au 22 septembre 2017

Biographies

Biographie de la Ve République

GAUDIN (Jean-Claude)
Né le 8 octobre 1939 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 20 mai 2024 à Saint-Zacharie (Var)

Député des Bouches-du-Rhône de 1978 à 1989

Ministre de l’Aménagement du territoire, de la ville et de l’intégration du 7 novembre 1995 au 2 juin 1997

Jean-Claude Gaudin naît le 8 octobre 1939 dans le quartier populaire de Mazargues, situé au sud de Marseille. Il est enfant unique au sein d’un famille catholique : son père Claude, artisan-maçon, milite au sein des associations d’ouvriers catholiques et au Mouvement républicain populaire (MRP) créé en 1944 ; sa mère Marie-Louise, née Piquenot, est ouvrière dans une corderie. Jean-Claude Gaudin effectue sa scolarité au Collège d’enseignement catholique de Marseille. A l’âge de 17 ans, il est très marqué par l’intervention, lors d’un meeting, de Germaine Poinso-Chapuis, ancienne résistante, députée MRP et première femme ministre de plein exercice en France. Il s’engage d’abord dans la vie associative de son quartier et fait ses études à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence. Après son service militaire effectué de 1959 à 1961, il devient professeur d’histoire-géographie dans un collège de l’enseignement privé catholique.

Jean-Claude Gaudin commence par adhérer au Centre national des indépendants et paysans (CNIP) en 1959. En mars 1965, il est élu conseiller municipal de Marseille sur la liste de coalition socialistes, centristes et indépendants dirigée par Gaston Defferre. Il est réélu en mars 1971. Bien que proche de Gaston Defferre et l’admirant, Jean-Claude Gaudin n’adhère pas à la SFIO, ni au Parti socialiste (PS) mais se rapproche des centristes. Ainsi, en 1973, il se présente aux élections législatives dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône (comprenant le 1er, le 8e et une partie du 6e arrondissement de Marseille) sous l’étiquette CNIP, mais il échoue dès le premier tour, se classant avant-dernier parmi six candidats avec 5,11 % des suffrages (3 244 voix). En 1974, il s’engage en faveur de la candidature de Valéry Giscard d’Estaing et adhère à la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI).Il devient secrétaire général de cette fédération en Provence en 1975 avant de devenir, l’année suivante, président de la fédération des Bouches-du-Rhône des républicains indépendants. En 1976, il renonce à sa délégation au sein de la municipalité de Marseille, sur fond de différend entre Gaston Defferre et certains élus centristes. En 1977, il se présente sans succès aux élections municipales à Marseille. Gaston Defferre est réélu face à une liste communiste et une liste dominée par le RPR.

Aux élections législatives de 1978, Jean-Claude Gaudin se présente à nouveau dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône, cette fois sous l’étiquette UDF (Union pour la démocratie française). Il arrive en deuxième position au premier tour avec 24,73 % des suffrages exprimés (soit 19 391 voix), talonnant le député sortant PS Charles-Emile Loo (24,81 %). Au second tour, après les désistements du candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Pierre Lucas, qui a été député de 1968 à 1973, et du candidat communiste Sébastien Giudicelli, Jean-Claude Gaudin s’impose en récoltant 53,67 % des suffrages (44 561 voix) dans le duel qui l’oppose au candidat socialiste, très proche de Gaston Defferre. Le 3 avril 1978, son élection est contestée devant le Conseil constitutionnel mais se trouve validée à la suite d’une décision de rejet le 27 avril 1978.

A l’Assemblée nationale, Jean-Claude Gaudin siège au sein du groupe UDF. Il est membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est également membre et rapporteur, en décembre 1979, de la commission d’enquête sur les incendies de forêts dans la région méditerranéenne.

Au cours de ce mandat, il est rapporteur de plusieurs textes : en novembre 1978, il est rapporteur du projet de loi instituant un régime complémentaire d’assurance vieillesse et survivants pour les avocats, puis, en décembre 1979, de la proposition de loi tendant à valider des décisions relatives à des nominations dans le corps des professeurs exerçant dans les centres d’enseignement, de soins et de recherche dentaire. Il est par ailleurs en juin 1979 rapporteur pour avis du projet de loi portant approbation du rapport sur les principales options du VIIIe Plan.

Jean-Claude Gaudin est également l’auteur de plusieurs propositions de loi : relative à la réforme du crédit aux entreprises (décembre 1978), tendant à interdire l’ouverture de maisons de jeux à proximité d’établissements scolaires (décembre 1978), tendant à assurer la prévention des incendies de forêt (novembre 1979), et relative à la limitation du nombre de logements dans les grands ensembles d’habitation (décembre 1980).

En séance publique, il pose plusieurs questions au gouvernement, sur les enjeux locaux ou sur des enjeux sociaux nationaux : en mai 1978, sur la situation d’un groupe de réparation navale ; en octobre 1978 sur les grèves au port de Marseille ; en décembre 1978, sur les retraites des enseignants du privé ; en mai 1979, à propos du conflit social sur un site industriel à Fos-sur-Mer ; en novembre 1979, sur la grève des contrôleurs de la circulation aérienne ; en avril 1980 sur l’autoroute de la vallée de la Durance. Il participe aussi chaque année aux débats budgétaires, intervenant plus particulièrement sur les questions relatives à l’éducation, à la solidarité nationale, à l’habitation et à l’agriculture.

Parallèlement, Jean-Claude Gaudin poursuit son parcours partisan et local. Il devient membre du bureau politique du Parti républicain (PR) en mai 1978 et, en juin de la même année, président de la fédération des Bouches-du-Rhône de l’UDF. En février 1979, il est vice-président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, fonction qu’il conserve jusqu’en avril 1982. En novembre 1979, et jusqu’en 1981, il est secrétaire général adjoint chargé de la formation et secrétaire du bureau politique du parti républicain.

A nouveau candidat aux élections législatives de 1981 sous l’étiquette UDF, dans un contexte très favorable à la gauche après l’élection de François Mitterrand comme président de la République, Jean-Claude Gaudin s’impose au premier tour (45,76 % des suffrages exprimés) devant Charles-Emile Loo (PS - 33,96 % des suffrages) et Sébastien Giudicelli (PCF - 14,40 % des voix). Au second tour, il conserve son siège d’une courte avance (50,66 %) face au candidat socialiste.

A l’Assemblée nationale, il est le président du groupe UDF et demeure membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales jusqu’au 7 décembre 1983. A l’ouverture de la session suivante, le 3 avril 1984, il devient membre de la commission des affaires étrangères. Il rejoint enfin en avril 1985, la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République.

En séance publique, en tant que président de l’un des deux groupes de l’opposition, l’action de Jean-Claude Gaudin s’oriente essentiellement autour des questions au gouvernement et d’interventions critiques lors des débats qui suivent les déclarations des membres du gouvernement, ainsi que lors de l’examen des motions de censure dont il est aussi régulièrement le premier signataire comme président de groupe, ou qu’il cosigne avec son homologue du RPR Claude Labbé. Il vote contre les projets de loi de finances, et dépose parfois des motions de censure, dont celle, très dure, sur la politique menée, y compris à partir de mars 1983 et le tournant de la rigueur qu’il qualifie pour sa part d’austérité.

Il vote notamment contre l’abolition de la peine de mort en septembre 1981 et contre le projet de loi de nationalisation en 1981 puis 1982. Il vote aussi en octobre 1982 contre les projets de loi relatifs à l’organisation administrative de Paris, Lyon et Marseille, voyant dans ces derniers une manœuvre pour l’empêcher de gagner la mairie de la cité phocéenne aux municipales de mars 1983.

Il pose huit questions au gouvernement : sur le retour d’archives en Algérie, alors qu’il les considère comme un patrimoine historique (octobre 1981), sur son inquiétude à propos de la montée du terrorisme et de la violence (avril 1982), sur la situation difficile du secteur du bâtiment et des travaux publics (mai 1982), sur la police et l’autorité de l’Etat (juin 1983), sur la liberté de l’enseignement et notamment le financement de l’enseignement privé (octobre 1983), sur le statut de la presse et des médias, à l’occasion duquel il demande la fin du monopole public en matière de télévision (novembre 1983), sur la situation politique difficile aussi bien sur le plan national qu’en matière de politique étrangère (en avril et juin 1984), au moment où se prépare la grande manifestation pour la défense de « l’école libre » et, enfin, sur les relations franco-algériennes (en octobre 1984 et mai 1985), sur les divergences sur certaines questions sensibles (la Pologne, l’attribution d’une fréquence audiovisuelle à un groupe privé) au sein de l’exécutif, en décembre 1985, quelques semaines avant les élections législatives de mars 1986 qui s’annoncent difficiles pour la gauche.

Jean-Claude Gaudin rappelle par ailleurs régulièrement son soutien et celui de son groupe politique au syndicat Solidarnosc en Pologne et à son dirigeant Lech Walesa, en particulier lors de la réception à Paris, le 4 décembre 1985, par le président François Mitterrand du chef de l’Etat polonais, le général Jaruzelski, responsable de la répression contre Solidarnosc.


En 1984, Jean-Claude Gaudin est à la pointe de l’opposition au projet de loi Savary sur les relations entre l’Etat et l’enseignement privé, dont il estime qu’il remet en cause la liberté de l’enseignement, et défend notamment la motion de censure du 24 mai 1984, qui ne sera pas adoptée. Il use régulièrement de la question préalable pour s’opposer aux débats notamment sur le projet de loi « Pisani » sur l’évolution de la Nouvelle-Calédonie en janvier 1985, sur la modification du mode de scrutin lors des élections législatives et sur l’élection des conseillers régionaux. Très précisément, il juge, le 23 avril 1985, lorsqu’il défend la motion de censure qu’il a déposée, que le projet de loi instaurant la proportionnelle pour les élections législatives remet en cause les institutions et traduit la volonté du gouvernement d’échapper à la sanction du suffrage universel.

Sur le plan local, Jean-Claude Gaudin accroît son implantation. Il est élu au conseil général des Bouches-du-Rhône en 1982, alors largement dominé par les socialistes, dans le canton de Marseille-XII où il remplace un élu Divers droite, Pierre Lucas.

En mars 1983, il est élu maire du 4e arrondissement de Marseille mais échoue cependant à accéder aux fonctions de maire de Marseille. Gaston Defferre, premier magistrat sortant, est reconduit alors même que Jean-Claude Gaudin l’emporte en voix (179 098 contre 176 601 pour le maire socialiste). En effet, la sectorisation prévue par la loi PLM instaurant un statut particulier pour les villes de Paris, Lyon et Marseille, a permis au maire sortant de conserver ses fonctions comme Jean-Claude Gaudin le craignait.

Lors des élections législatives de 1986, Jean-Claude Gaudin figure en tête de la liste de l’Union pour la démocratie française (UDF) dans le département des Bouches-du-Rhône. Il rassemble 21,61% des suffrages exprimés. Il est réélu avec trois de ses colistiers.

A l’Assemblée nationale, il continue de présider le groupe UDF et devient membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. En 1986, il devient aussi administrateur de l’Office public d’aménagement et de construction des Bouches-du-Rhône et, en 1987, membre du Conseil national des communautés portuaires.

Jean-Claude Gaudin s’adapte sans difficulté à la position de son groupe, désormais dans la majorité, et qui soutient le gouvernement de cohabitation du Premier ministre Jacques Chirac, mais aussi en opposition avec le président de la République François Mitterrand dans la perspective de l’élection présidentielle de 1988. La difficulté pour lui d’un éventuel choix entre les deux candidats possibles de l’UDF, l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing et son ancien Premier ministre, Raymond Barre, est rapidement réglée, avec la mise en retrait de l’ancien chef de l’Etat dès février 1987.

En séance publique, Jean-Claude Gaudin appuie la politique du gouvernement Chirac, notamment quand il s’agit d’appliquer sa politique économique par voie d’ordonnance. Ses interventions, moins nombreuses qu’au cours de la législature précédente, viennent à l’appui des déclarations de politique générale du Premier ministre et des déclarations des ministres, ou visent à contrer l’opposition, notamment en décembre 1986 lors du débat sur les propositions de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur les manifestations étudiantes du début du mois et le décès d’un étudiant, Malik Oussekine, appréhendé par les forces de l’ordre.

Il pose par ailleurs deux questions au gouvernement d’intérêt local, mais majeur pour lui, l’une en juin 1986 sur la situation des chantiers navals après le dépôt de bilan de la Normed (Chantiers navals du Nord et de la Méditerranée), l’autre en novembre 1987 sur la situation à la prison des Baumettes. En octobre 1987, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances pour 1988, il interroge le gouvernement sur cette même prison, ainsi que sur les moyens de l’éducation nationale et les constructions scolaires.

En dehors de l’Assemblée nationale, Jean-Claude Gaudin poursuit son implantation territoriale. Il est élu en 1986 conseiller régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur en tant que dirigeant de la liste UDF dans les Bouches-du-Rhône, et devient le 21 mars président de l’assemblée régionale avec 72 voix contre 31 pour Michel Pezet (PS). Cette victoire a été permise par une alliance conclue entre Jean-Claude Gaudin et le Front national (FN), mais si cet accord est critiqué, il perdure pourtant plusieurs années. En effet, Jean-Claude Gaudin était assuré d’être élu à la majorité relative au troisième tour mais a préféré susciter le désistement du Front national en échange de l’obtention, pour ce dernier parti, de deux postes de vice-président sur dix.

Aux élections législatives anticipées de juin 1988, qui suivent la réélection de François Mitterrand comme président de la République et la dissolution de l’Assemblée nationale, Jean-Claude Gaudin se présente à nouveau aux élections législatives dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône. Issue du redécoupage électoral de 1986, elle comprend le littoral sud et résidentiel de Marseille (La Pointe-Rouge, Saint-Giniez et Vauban), secteur traditionnellement orienté à droite.

Au premier tour, il devance nettement, avec 43,60 % des suffrages exprimés, le candidat PS Jean-Victor Cordonnier (27,79 %) et le candidat FN Jean Galland (20,34 %). Au second tour, il passe un accord local avec le Front national afin que le moins bien placé des candidats se désiste. Ainsi, Jean-Claude Gaudin s’impose au second tour, avec 60,63 % des suffrages exprimés (26 074 voix). Cette réélection le conduit à démissionner de son mandat de conseiller général conformément à la législation en vigueur relative au cumul des mandats.

A l’Assemblée nationale, il est de nouveau élu président du groupe UDF et continue de siéger au sein de la commission de la défense nationale et des forces armées. Il s’agit cependant du groupe UDF maintenu, à l’effectif de 81 membres, après la constitution par 34 députés centristes essentiellement issus du Centre des démocrates sociaux (CDS), autour de Pierre Méhaignerie, du groupe de l’Union du centre, sensible à l’ouverture prônée par le président de la République pendant la campagne des législatives, puis reprise par le Premier ministre Michel Rocard. Raymond Barre soutient la démarche en étant apparenté à ce nouveau groupe.

Jean-Claude Gaudin est l’auteur, en novembre 1988, d’une proposition de loi visant à réformer l’élection des conseillers municipaux dans les communes de moins de 3 500 habitant.

Reprenant son rôle de chef d’un groupe d’opposition, Jean-Claude Gaudin intervient de manière critique contre la déclaration de politique générale du Premier ministre, Michel Rocard, le 29 juin 1988, et s’inscrit contre des projets de loi emblématiques de l’alternance politique : en avril 1989, le projet de loi modifiant la loi du 8 août 1988 relative aux modalités d’application des privatisations, qui vise à mettre en œuvre le « ni-ni » prôné pendant sa campagne par le président de la République et, en mai 1989, contre le projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour en France, qui vise à revenir sur la loi de 1986 que lui-même avait soutenue. En juin de la même année, il manifeste sa vigilance à l’occasion de l’examen du projet de loi d’orientation sur l’éducation présenté par Lionel Jospin, alors numéro deux du gouvernement.

Par ailleurs, lors des débats budgétaires pour l’année 1989, il témoigne de son intérêt pour l’enseignement scolaire.

Sur le plan local, lors des élections municipales de 1989, Jean-Claude Gaudin échoue de nouveau à devenir maire de Marseille, nettement battu par Robert Vigouroux (candidat Divers gauche et dissident du PS). Il ne réunit que 25,67% des suffrages au second tour, contre 47,98. La liste PS de Michel Pezet en rassemble pour sa part 12,2%.

Le 24 septembre 1989, Jean-Claude Gaudin se présente aux élections sénatoriales dans les Bouches-du-Rhône à la tête d’une liste d’Union de la droite au sein de laquelle il figure en première position. Sa liste arrivant en deuxième position (26,45 % des suffrages), il est élu sénateur et quitte alors le Palais-Bourbon où il siégeait depuis 11 ans. Il est remplacé, à la suite d’une élection législative partielle tenue le 3 décembre 1989, par son suppléant, Jean-François Mattei, médecin et conseiller général des Bouches-du-Rhône depuis 1985.

Au Sénat, Jean-Claude Gaudin est nommé membre de la commission des affaires étrangères et siège au sein du groupe UREI (Union des républicains et des indépendants). Installé dans une assemblée opposée à la politique gouvernementale jusqu’en 1993, Jean-Claude Gaudin s’y montre plus mesuré dans son opposition qu’à l’Assemblée nationale. En 1990, il est l’auteur d’une question au gouvernement relative à l’enseignement supérieur. Il intervient également au cours des débats relatifs au projet de loi de finances pour 1991 à propos de l’éducation nationale. En 1992, il est l’auteur d’une question orale avec débat sur la politique générale du gouvernement et intervient sur le projet de loi relatif à l’administration territoriale de la République. En 1994, il participe aux débats sur le projet de loi complétant le Code du domaine de l’Etat et relatif à la constitution de droits réels sur le domaine public.

Durant ce mandat de sénateur, Jean-Claude Gaudin est réélu, en 1992, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. La même année, il est inculpé d’ « escroquerie pour création d’emploi fictif » mais l’affaire se conclut par un non-lieu, prononcé le 29 septembre 1993 par la chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence.

L’année 1995 marque l’élection de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille, fonction qu’il conserve un quart de siècle durant, jusqu’en 2020. Le découpage électoral lui est cette fois favorable, puisqu’avec 40,37% des suffrages au second tour, sa liste emporte la majorité des sièges de l’assemblée municipale, alors que celle du PS Lucien Weygand en réunit 40,61%. Avec 20%, le candidat FN Ronald Perdomo recueille les suffrages restants.

Le 7 novembre 1995, Jean-Claude Gaudin devient ministre de l’Aménagement du territoire, de la ville et de l’intégration dans le gouvernement d’Alain Juppé, Premier ministre. Son mandat de sénateur cesse un mois plus tard, le 7 décembre 1995. A ce titre, il défend la politique de la ville, et porte le projet de loi relatif à la mise en œuvre du pacte de relance pour la ville qui instaure la notion de zone urbaine sensible, c’est-à-dire un territoire caractérisé notamment « par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi » (la loi du 14 novembre 1996). L’objectif était une politique de la ville accrue et prioritaire dans ces quartiers dits « en difficulté ». En juin 1997, Jean-Claude Gaudin quitte le gouvernement après l’échec aux élections législatives anticipées qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République Jacques Chirac.

Aux élections sénatoriales du 27 septembre 1998, Jean-Claude Gaudin se présente en première position au sein d’une liste d’union de la droite (UDF-RPR). Sa liste arrive une nouvelle fois en deuxième position (avec 36,90 % des voix), ce qui lui permet de retrouver un siège au Sénat. Jean-Claude Gaudin est membre du groupe des Républicains indépendants et siège à la commission des affaires étrangères jusqu’en 2000, puis à la commission des lois. Il est aussi élu vice-président du Sénat le 6 octobre 1998. Jean-Claude Gaudin est rapporteur pour avis du projet de loi de finances pour 1999, pour les crédits de l’armée de l’air. Il en va de même pour le budget des années 1999 et 2000. En 2000, il est l’auteur de trois propositions de loi : l’une tendant à instituer une mesure fiscale en faveur de la prévention des incendies en milieu forestier, une autre tendant à permettre aux conseillers d’arrondissement de siéger au conseil d’une communauté urbaine, une dernière relative à la révision du plan d’occupation des sols d’une commune membre d’une communauté urbaine. En séance, ses interventions portent sur l’urbanisme et l’organisation territoriale de la République. Il s’oppose à l’exception d’irrecevabilité soulevée par Jacques-Richard Delong à propos de la proposition de loi relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915. Lors des sessions suivantes, il intervient en séance sur le projet de loi portant diverses dispositions statutaires relatives aux magistrats de la Cour des comptes et des chambres régionales des comptes (2001), sur les projets de lois de finances mais aussi sur le projet de loi relatif à la démocratie de proximité et sur la loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République (2002). Il est l’auteur, en 2003, de quatre propositions de loi : relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées et à l’allocation personnalisée, tendant à la création de délégations parlementaires à la mondialisation, tendant à la création d’un observatoire national de la mondialisation et tendant à la création d’un Conseil national des organisations non gouvernementales. En séance, il intervient sur le projet de loi relatif à l’élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen ainsi qu’à l’aide publique aux partis politiques. Il propose un amendement, qui est adopté, au projet de loi relatif aux responsabilités locales ouvrant la possibilité pour les établissements publics de coopération intercommunale et les communes de passer des conventions répartissant les retombées fiscales des projets financés en commun. En 2004, il dépose une proposition de loi visant à instituer un statut des collaborateurs de cabinet des collectivités territoriales (21 décembre 2004). Il intervient en séance à propos de la proposition de loi actualisant le tableau de répartition des sièges de sénateur. Il souligne aussi la nécessité de prévoir des isoloirs dans le département des Bouches-du-Rhône. Il participe activement aux discussions du projet de loi modernisant la sécurité civile en proposant plusieurs amendements qui seront adoptés : il souhaite ainsi que soient précisées les missions respectives du bataillon des marins-pompiers de Marseille et du SDIS des Bouches-du-Rhône et demande également une aide financière de la communauté urbaine de Marseille au SDIS et au BMP. Il intervient également à propos du projet de loi de programmation pour la cohésion sociale et du projet de loi de finances pour 2005 (recettes des collectivités territoriales et agriculture). Jean-Claude Gaudin dépose en octobre 2005 une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’immigration clandestine. En 2006, il intervient sur le projet de loi relatif aux parcs nationaux et aux parcs naturels marins. Saluant ce texte porteur de progrès, il souligne toutefois la situation particulière des Calanques à Marseille et, de manière plus générale, la nécessité d’exclure un certain nombre de zones urbanisées du dispositif. Il critique aussi le texte en ce qu’il multiplie les établissements publics réduisant les pouvoirs des élus locaux. Il dépose également un amendement, adopté, au projet de loi relatif à la fonction publique territoriale en décembre 2006, souhaitant préciser les compétences des agents nommés sur des emplois fonctionnels de directeur des services et afin que soit respectée la distinction entre mairie de plein exercice de Paris, Lyon et Marseille et mairies d’arrondissement. Il dépose, en 2007, une proposition de loi tendant à modifier le régime des candidatures pour les élections municipales dans les communes de moins de 3 500 habitants.

Sur le plan partisan, Jean-Claude Gaudin intègre le parti de centre droit Démocratie libérale de 1997 à 2002 puis devient, de 2002 à 2005, vice-président de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) devenue l’Union pour un mouvement populaire. En 2002, il devient également président de la commission nationale d’investiture de ce parti, fonction qu’il conserve jusqu’en 2013. Sur le plan local, parallèlement à son mandat de maire de Marseille (il est réélu en mars 2001), Jean-Claude Gaudin préside la communauté urbaine Marseille-Provence Métropole de 2000 à 2008, ainsi que l’Association des communautés urbaines de France de 2002 à 2004. En mars 2008, il est réélu de justesse maire de Marseille.

Lors des élections sénatoriales de 2008, Jean-Claude Gaudin est de nouveau candidat à sa succession en figurant en première position d’une liste « Majorité présidentielle » essentiellement composée de candidats UMP. Le 21 septembre 2008, sa liste se place en seconde position avec 39,41 % des voix ce qui lui permet d’être réélu, avec deux de ses colistiers, Sophie Joissains et Bruno Gilles. Dès le début de son mandant, il est élu vice-président du Sénat et ce, jusqu’au 28 mars 2011 alors que, pour la première fois de l’histoire de la Ve République, la haute assemblée passe sous domination de la gauche. Il devient ensuite président du groupe UMP au Sénat. Il est membre de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale puis siège au sein de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du 1er octobre au 1er novembre 2011 avant de rejoindre celle de la culture, de l’éducation et de la communication à partir du 2 novembre 2011. Jean-Claude Gaudin est l’auteur, en mars 2009, d’une proposition de loi relative à l’attribution des logement sociaux. En séance publique, il demeure attentif à la situation des collectivités territoriales. En ce sens, il n’hésite pas à rappeler, en tant que président de séance, que le président du Sénat a demandé au gouvernement de ne pas engager la procédure accélérée sur la réforme des territoires. Il présente aussi deux propositions de résolution en 2010, l’une sur le fondement de l’art. 34-1 de la Constitution relative à l’accession à la propriété (mai 2010), l’autre sur le même fondement, relative à la mise en œuvre de la contribution économique territoriale (juin 2010). Lors de la session suivante, il propose une résolution, en application de l’art. 34-1 de la Constitution, relative à la filière industrielle nucléaire française (décembre 2011). En séance, il intervient sur le projet de loi organique relatif au Défenseur des droits pour évoquer la saisine de cette institution par les ayants-droit, mais aussi sur le projet de loi relatif à l’immigration, l’intégration et la nationalité. Il participe également aux débats consécutifs aux déclarations gouvernementales sur les affaires étrangères (intervention des forces armées en Lybie, organisation du sommet du G20). Il intervient sur la proposition de loi visant à réprimer la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi. En 2013, il dépose plusieurs propositions de résolution relatives au respect des droits et libertés des collectivités territoriales (février 2013), à l’avenir des relations entre la France et l’Allemagne dans le cadre de l’Union européenne (mai 2013) et à la transition énergétique (décembre 2013). Il dépose également une proposition de loi visant à affirmer la liberté de choix des maires quant à l’organisation des rythmes scolaires dans l’enseignement du premier degré (novembre 2013). Il dépose enfin une motion, en avril 2013, tendant à proposer au président de la République de soumettre au référendum le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Il rappelle la liberté du groupe UMP quant aux consignes de vote sur ce texte et votre contre le projet.

En 2013 et 2014, Jean-Claude Gaudin redevient vice-président de l’UMP. En mars 2014, il est également réélu maire de Marseille, pour ce qui sera son dernier mandat.

Jean-Claude Gaudin se présente une ultime fois aux élections sénatoriales lors de l’élection du 28 septembre 2014. Il figure en première position au sein d’une liste de la droite et du centre. Sa liste se place en première position avec 38,44 % des suffrages, ce qui permet aux trois sénateurs sortants y figurant d’être réélus. Il est élu président du groupe UMP jusqu’au 6 octobre 2014. A compter du 8 octobre, il devient vice-président du Sénat. Il est membre de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.

Au cours de ce mandat, Jean-Claude Gaudin est l’auteur de cinq propositions de loi : visant à accorder un moratoire pour l’application de la réforme des rythmes scolaires et à subordonner son application à la création d’une dotation de compensation ayant un caractère pérenne (2014), autorisant l’accord local de représentation des communes membres d’une communautés de communes ou d’agglomération (2014), permettant une entrée en vigueur progressive de l’interdiction pour un parlementaire d’exercer une fonction exécutive locale (proposition de loi organique déposée en août 2016 qui ne sera pas adoptée), tendant au maintien des compétences « eau et assainissement » dans les compétences optionnelles des communautés de communes (janvier 2017), et tendant à renforcer les moyens d’action des maires à l’égard des atteintes faites au patrimoine bâti des communes (janvier 2017). Globalement, c’est l’organisation territoriale de la République qui intéresse au premier chef le sénateur Gaudin. Il est aussi l’auteur d’une proposition de résolution, en 2015, tendant à la création d’une commission d’enquête sur le fonctionnement du service public de l’éducation, déplorant la perte de repères républicains que révèle la vie dans les établissements scolaires et sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans l’exercice de leur profession.

En 2016, il soutient Nicolas Sarkozy lors de la primaire organisée par les Républicains en vue de la campagne présidentielle de 2017. Au second tour de l’élection présidentielle, il appelle à voter pour Emmanuel Macron.

Jean-Claude Gaudin démissionne de son mandat de sénateur le 22 septembre 2017, privilégiant son mandat de maire de Marseille, conformément à la loi portant interdiction du cumul d’un mandat parlementaire et de l’exercice d’une fonction exécutive locale (loi organique n° 2014-125 du 14 février 2014). Jean-Claude Gaudin a véritablement incarné la ville de Marseille dans la mesure où il a siégé au conseil municipal durant 49 ans, de 1965 à 2020, avec une interruption entre 1977 et 1983. Cette incarnation durable n’a cependant pas toujours été sans heurts. Son dernier mandat a notamment été critiqué pour « immobilisme », notamment à la suite du drame de la rue d’Aubagne le 5 novembre 2018. Deux immeubles insalubres se sont effondrés à la suite d’une explosion entraînant la mort de huit personnes. Cet événement a montré les faiblesses de la politique locale face à l’existence de nombreux logements insalubres à Marseille.

Rapidement après la fin de son mandat, une enquête est menée par le parquet national financier pour des soupçons d’emplois fictifs à la mairie de Marseille. Le 22 mars 2022, Jean-Claude Gaudin est condamné à six mois de prison avec sursis et 10 000 € après avoir plaidé coupable de détournement de fonds publics par négligence, à propos d’heures supplémentaires non travaillées payées à certains agents. Cette peine découle d’une homologation des peines proposées par le Parquet national financier afin d’éviter un renvoi de l’affaire devant un tribunal correctionnel. Dans le même temps, une information judiciaire est ouverte pour d’autres soupçons de détournement de fonds publics et recel de ce délit. La procédure, malgré un placement en garde à vue en février 2021, n’a pas abouti.

Jean-Claude Gaudin décède le 20 mai 2024 à Saint-Zacharie, un village situé dans le Var au pied de la Sainte-Baume, à l’âge de 84 ans. Il est demeuré célibataire et sans enfant. Ses funérailles ont lieu, le 23 mai 2024, à Marseille en présence de nombreuses personnalités, dont le président du Sénat Gérard Larcher, l’ancien président Nicolas Sarkozy et le Prince Albert II de Monaco. Derrière son phrasé chantant de provençal qu’il cultivait, Jean-Claude Gaudin est devenu, après Gaston Defferre, une figure de la vie politique locale et nationale.

Jean-Claude Gaudin est l’auteur de plusieurs ouvrages : Comment ils défont la France : deux ans de lois socialistes, Albatros, 1983 ; Une passion nommée Marseille, Albin Michel, 1983 ; La Gauche à l’imparfait, France-Empire, 1985 ; Maintenant, je vais tout vous raconter, Albin Michel, 2021. Il était titulaire de nombreuses décorations nationales et étrangères, en particulier officier de la Légion d’honneur, officier des Palmes académiques, Grand officier de l’Ordre du Mérite de la République italienne ou encore Commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand (Vatican).

Jean-Claude Gaudin était également docteur honoris causa de l’université de médecine d’Erevan (Arménie) et membre de l’Académie des sciences, lettres et beaux-arts de Marseille (Classe des Beaux-Arts).