Albert Gazier

1908 - 1997

Informations générales
  • Né le 16 mai 1908 à Valenciennes (Nord - France)
  • Décédé le 2 mars 1997 à Vanves (Hauts-de-Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 16 mai 1908 à Valenciennes (Nord)

Décédé le 2 mars 1997 à Vanves (Hauts-de-Seine)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine) Député de la Seine de 1946 à 1958

Sous-Secrétaire d'Etat à l'Economie nationale et aux Finances du 26 janvier au 24 juin 1946

Sous-Secrétaire d'Etat aux Travaux publics et aux Transports du 24 juin au 16 décembre 1946

Secrétaire d'Etat à la Présidence du Gouvernement provisoire du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947

Ministre de l'Information du 12 juillet 1950 au 11 août 1951 et du 17 mai au 1er juin 1958

Ministre des Affaires sociales du 1er février 1956 au 6 novembre 1957

Fils d'un professeur de lettres, Albert Gazier est né à Valenciennes le 16 mai 1908. Il fait ses études secondaires au lycée d'Orléans - où il est l'un des camarades de classe de Jean Zay- comme pupille de la nation. La mort de son père (1916) le contraint aussi à gagner sa vie dès l'obtention de son baccalauréat de philosophie et de mathématiques au lycée Condorcet. Pour pouvoir passer sa licence en droit, il est commis de librairie aux Presses universitaires, alors coopérative d'éditions.

Entré à l'Union des Caisses d'Assurances sociales, inscrit à la section SFIO de Bois-Colombes (Seine), il commence sa carrière syndicale à la chambre syndicale des employés de la région parisienne. Choisi comme secrétaire général en 1936, à l'occasion de la réunification de la CGT et de la CGTU, il conservera ce poste pendant dix ans. A partir de cette même année, il est aussi un collaborateur régulier de l'Institut supérieur d'éducation ouvrière de la CGT pour lequel il écrivit plusieurs brochures.

En septembre 1939, il fait, sur sa demande, son service militaire, ayant été exempté en 1928. Démobilisé au bout de dix mois, il eut un rôle très important dans la reconstruction des syndicats durant la guerre. Albert Gazier est l'un des douze militants syndicalistes qui, à l'automne 1940, signent le Manifeste d'opposition à l'occupation, autour duquel se cristallise peu à peu la résistance syndicale. Demeuré secrétaire général de la chambre syndicale des employés de la région parisienne, il participe activement à la réorganisation clandestine de la CGT ainsi qu'à la direction du mouvement Libération-Nord.

Recherché par la Gestapo, il échappe en 1942 à une arrestation et se réfugie dan le Jura en 1943, puis gagne l'Angleterre ; de là il passe à Alger où il représente la CGT auprès du Général de Gaulle, puis à l'Assemblée consultative provisoire.

Il rentre en France à la Libération et devient secrétaire du bureau de la CGT ; de septembre 1944 à octobre 1945, aux côtés de Saillant et Bothereau, il supplée Jouhaux, déporté, qui ne rentre qu'en mai 1945. Il collabore à Résistance ouvrière et au Peuple. En février 1945, à la conférence syndicale mondiale de Londres, il propose en vain d'instituer l'incompatibilité des mandats politiques et syndicaux.

A partir de 1945, Albert Gazier mène une carrière classique pour la IVe République d'alternance entre des passages souvent courts aux responsabilités ministérielles et la fonction de député. Cette carrière s'identifié à l'importante législation sociale qui est l'une des œuvres les plus achevées de la IVe République.

Cette période commence par des mandats dans les deux Assemblées constituantes, et très vite par un poste de sous-secrétaire d'Etat à l'Economie nationale dans le cabinet Gouin, du 26 janvier au 24 juin 1946. Durant la seconde partie de l'année, Albert Gazier prend la charge de sous-secrétaire d'Etat aux Travaux publics dans le Gouvernement Bidault. Il n'a pas plus tôt quitté ce poste et assuré son élection à l'Assemblée qu'il revient comme Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil auprès du gouvernement de transition de Léon Blum (il dépose à cette occasion un projet de loi portant création d'un Office français de radiodiffusion).

S'ouvrent alors onze années de travail à l'Assemblée nationale que va interrompre pour un peu plus d'un an la charge de Ministre de l'Information dans deux gouvernements successifs, celui de René Pleven (UDSR, juillet 1950-février 1951) et celui de Henri Queuille (radical, mars-août 1951). En tant que Ministre de l'Information, il concourt à améliorer l'équipement de la radiodiffusion française (1950) et à y introduire des émissions publicitaires.

Albert Gazier, au terme de deux mandats à l'Assemblée constituante (octobre 1945 et juin 1946), a remporté trois fois les élections législatives dans ce même 5e secteur de la Seine, à chaque fois sur la liste SFIO, et toujours comme seul élu de cette liste face à un parti communiste fort et un MRP combatif (ce 5e secteur reflétait les contrastes de la banlieue nord-ouest : Neuilly et Levallois-Perret y côtoyaient Asnières, Saint-Ouen etc...) ; ses scores sont à la fois réguliers et plutôt décroissants : 49 965 voix sur 352 750 suffrages exprimés en 1946, 40 389 sur 341 217 en 1951, 50 742 sur 422 225 en 1956.

Dès 1943, auprès de l'Assemblée consultative provisoire d'Alger puis de Paris, Albert Gazier se fait l'avocat opiniâtre des réformes sociales à adopter à la Libération, en déposant de nombreux rapports et études sur les comités d'entreprises, la sécurité sociale, l'encadrement des prix, l'amélioration des conditions de vie des travailleurs dans les colonies etc... Il participe aussi aux débats de politique générale sur l'aide à la résistance, l'épuration (sa position sur ce point le classe parmi les intransigeants), les nationalisations ou l'organisation de la presse.

Au cours des deux Constituantes, Albert Gazier est Président puis simple membre de la Commission du travail et de la sécurité sociale ; il est surtout pris par ses fonctions de sous-secrétaire d'Etat à l'Economie puis aux Travaux publics. En qualité de député, il dépose une proposition de loi tendant à rétablir, en matière de paiement des heures supplémentaires, la réglementation de 1936, et défend plus généralement les mesures à caractère social. Il intervient aussi dans les discussions de projets de loi qui relèvent de son domaine au Gouvernement - ainsi sur les programmes de production.

A partir de 1947, quelles que soient ses fonctions au Gouvernement, Albert Gazier va toujours siéger dans deux commission à l'Assemblée, celle des affaires économiques et surtout celle du travail et de la sécurité sociale. A ce titre, il dépose de multiples rapports et propositions de loi : en 1947 sur la sécurité de l'emploi (réglementer l'embauchage et le licenciement), sur l'amélioration et le renforcement des comités d'entreprise - une lutte de plusieurs années -, en 1948 sur l'augmentation provisoire de la durée du travail, en 1950 sur la régularisation de la situation des entreprises placées sous réquisition depuis la Libération, en 1952 sur l'organisation du travail à domicile et la garantie du repos et du paiement des travailleurs les jours de fête légale etc... Il dépose aussi des propositions de loi à caractère social : ainsi en 1948 sur la garantie du maintien dans les lieux des locataires ou occupants de chambres garnies et chambres d'hôtels, en 1949 sur la majoration de l'allocation aux vieux travailleurs salariés, ou encore en 1952 l'obligation de création de services sociaux du travail. Il intervient dans plusieurs débats, de politique sociale bien sûr (sur les conventions collectives ou la sécurité sociale par exemple), mais aussi de politique générale, ainsi sur les grèves d'août 1953 ou sur l'investiture de certains Présidents du Conseil désignés.

Albert Gazier participe à la direction de la SFIO (au comité directeur de 1947 à 1969) et soutient, contre la majorité, la participation au Gouvernement Mendés France. Européen convaincu, il devient avec ses amis Pineau et Jacquet un des principaux collaborateurs de Guy Mollet à l'occasion de la crise de la CED qu'il juge nécessaire : il tente en vain de faire rejeter la question préalable opposée par le Général Aumeran au traité sur la CED (30 août 1954).

Mais l'arrivée au pouvoir du Front Républicain donne à Albert Gazier l'occasion de prendre des responsabilités très importantes dans le domaine qui a sa préférence : nommé Ministre des Affaires sociales des cabinets Mollet puis Bourgès-Maunoury, soit du 1er février 1956 au 6 novembre 1957, son ministère regroupe en fait le travail, la sécurité sociale et la santé publique. Les décisions essentielles sont prises dans les premiers mois : suppression progressive des abattements de zone (abandon de la compensation des écarts de prix Paris/province), extension des conventions collectives, troisième semaine de congés payés, création du fonds de solidarité vieillesse financé par la vignette automobile, réforme fiscale, projet de réforme de la profession de médecin... Son projet de loi de remboursement à 80 % des frais pharmaceutiques et médicaux, très critiqué par la droite, ne put cependant être adopté.

Si Albert Gazier apparaît comme le leader des membres socialistes du cabinet Bourgès-Maunoury, c'est dans l'équipe de Guy Mollet que son influence est la plus grande. Non seulement, on l'a vu, ses pouvoirs sont vastes, mais il compte aussi parmi les ministres les plus proches du Président du Conseil, ceux qui sont mis dans le secret et même l'élaboration de l'expédition de Suez (mission d'Albert Gazier à Londres à la mi-octobre 1956). Par ailleurs, sa fidélité aux principes du socialisme en fait une figure politique de premier plan. Cette fidélité ne l'empêche pas de prendre part au Gouvernement Pflimlin - dans des conditions historiques certes particulières : il est nommé Ministre de l'Information pour les derniers jours de la IVe République.

Il se désolidarise de Guy Mollet lorsque celui-ci fait le voyage de Colombey, soutient la résolution tendant à décider la révision de certains articles de la Constitution (27 mai) et participe à la manifestation du 28 mai (seul ministre en exercice présent). Il s'oppose en vain à l'investiture de Charles de Gaulle et vote contre les pleins pouvoirs (1er et 2 juin 1958).