Michel Geistdoerfer
1883 - 1964
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 14 avril 1883 à Dinan, (Côtes-du-Nord).
Député des Côtes-du-Nord de 1928 à 1942.
Michel Geistdoerfer est né le 14 avril 1883 à Dinan, ville où son grand-oncle avait fondé en 1830 la première brasserie de Bretagne. Dignitaire de la maçonnerie, républicain, hostile au coup d'Etat du 2 décembre, ce grand-oncle avait aussi créé un journal La Sentinelle du Peuple, en liaison avec les proscrits de Jersey. Le père de Michel fut lui aussi un ardent démocrate. Conseiller municipal, chef du parti républicain, il fonda Le Petit Bleu, organe de propagande laïque, démocratique et sociale. Ce fut dans ce journal que Michel Geistdoerfer, élève au collège de Dinan, commença, à 17 ans, sa carrière de journaliste en défendant un surveillant du collège menacé de renvoi pour ne pas avoir salué le curé de la paroisse.
Il était étudiant en droit à Rennes en 1901 quand il prit part aux manifestations en faveur de Dreyfus, pendant son procès. Après avoir obtenu, en 1902, le premier prix de droit international public, il vint achever son droit à Paris et suivre les cours de l'école des sciences politiques. En même temps, il suivait les cours de l'école du Louvre et fut un des premiers membres de la presse artistique. Reçu en 1910 au concours de rédacteur de la préfecture de la Seine, il continua à faire ce qu'il aimait : écrire, militer, dans les milieux politiques de gauche. 11 fut un des rares fonctionnaires « cadre » à s'inscrire à la C.G.T. et il suivit toutes les réunions de Jaurès.
Esprit original, cultivé, curieux de toutes les formes de pensée, toujours pressé, il était d'un abord simple. En politique : athée, anticlérical, pacifiste et patriote à la fois, il était partisan de l'union des gauches, sans exclusive.
Bien que réformé, il s'engagea en 1915 et fit toute la guerre, revenant du front avec la Croix de guerre.
De retour à la préfecture de la Seine, il reprit sa place dans l'administration et devint chef du secrétariat des affaires municipales en 1927, mais il écrivait aussi des pièces de théâtre : il collaborait à différentes revues artistiques ainsi qu'au journal de la section des Côtes-du-Nord du parti socialiste et prenait part à la politique locale.
C'est à cette époque qu'il fonda « La Société des Amis de Lamennais » dont il devait rester toute sa vie le secrétaire général.
En 1927, son beau-frère, le conseiller général de Dinan, mourut et Michel Geistdoerfer fut appelé à le remplacer. Les campagnes électorales furent violentes. Aux élections municipales de mai 1929, la liste radicale-socialiste qu'il conduisait remporta 17 sièges sur 24.
Maire de Dinan, Michel Geistdoerfer s'attacha à moderniser la ville et à mettre en valeur ses richesses artistiques : création d'un réseau d'égouts, mise en régie du premier aéroport civil de Bretagne, construction de nombreux bâtiments publics et d'habitations à bon marché.
On lui doit aussi la rénovation du vieux Dinan : dégagement des remparts et du donjon de la Duchesse Anne, remise en état de tours, de portes et de la galerie Mercoeur, Etc. Il sauva l'hôtel Kératry, chef-d'œuvre de la Renaissance, en le faisant reconstruire, près du vieux beffroi et contribua enfin à l'enrichissement des collections de la bibliothèque et du musée.
Sa gestion fut à la fois si habile et si intègre que les impôts locaux purent être réduits.
Michel Geistdoerfer fut élu député pour la première fois en 1928. Il resta le représentant de la 1re circonscription de Dinan jusqu'en 1942. Lors de sa première élection, le 29 avril 1928, il ne passa qu'au second tour, mais avec 5.649 voix sur 14.471 inscrits et 11.424 votants. Aux élections suivantes, il fut élu au premier tour : le 1er mai 1932 avec 6.300 voix sur 14.638 inscrits et 12.084 votants ; le 26 avril 1936 avec 5.962 voix sur 14.718 inscrits et 12.132 votants.
A la Chambre des députés, il s'inscrivit au groupe radical-socialiste, ce qui ne l'empêcha pas de voter souvent avec la S.F.I.O. Il appartint constamment à la commission de la marine marchande dont il devint président en 1936. Il fut membre également de la commission du travail entre 1928 et 1932, puis de celle des colonies et de l'aéronautique (dont il devint vice-président) entre 1932 et 1940. Son action en faveur des marins fut incessante. Il réclama des encouragements à l'industrie des grandes pêches maritimes, une aide à l'armement libre et au petit cabotage. Il obtint pour les marins des retraites comparables à celles des mineurs, une assurance contre les risques de leur métier et une rééducation professionnelle aux accidentés du travail. Il voulait aussi développer l'enseignement maritime, recruter de plus nombreux professeurs d'hydrographie. Michel Geistdoerfer méprisait les intrigues de couloir, si bien que lors de la formation du ministère Chautemps on le chercha en vain pour lui confier le portefeuille de la Marine marchande... Il était en Bretagne.
Il défendit aussi les intérêts des agriculteurs bretons.
Rapporteur d'un texte sur l'électorat, il conclut en faveur du vote des femmes et du vote par procuration pour les citoyens absents.
Au congrès de Vichy, le 10 juillet 1940, il ne prit pas part au vote sur la demande de pouvoirs constituants faite par le maréchal Pétain.
Malgré sa lourde tâche de député-maire, Michel Geistdoerfer n'abandonna pas ses activités journalistiques et littéraires. Il collabora régulièrement à de nombreux journaux : L'Ordre, Les Annales coloniales, Le Journal de la Marine marchande, La Concorde, La Tribune des Nations, Axes, Etc.
Né le 14 avril 1883 à Dinan (Côtes-du-Nord)
Décédé le 22 avril 1964 à Paris
Député des Côtes-du-Nord de 1928 à 1942
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1806, 1807)
Michel Geistdoerfer est absent de Vichy lors du vote du 10 juillet 1940. Il est en effet retenu à Dinan, ville dont il est le maire depuis 1929. Il obtient des Allemands que la cité ne soit pas bombardée en la proclamant ville ouverte. Son hostilité systématique à l'œuvre de redressement national lui vaut d'être révoqué le 11 décembre 1940.
Recherché par la Gestapo, Michel Geistdoerfer quitte Dinan pour Paris où il entre en clandestinité au sein du mouvement de résistance « Organisation civile et militaire » (OCM).
La Libération lui rendit ses fonctions de maire de Dinan, mais il devait être battu aux élections municipales d'avril 1945 et d'octobre 1947. En troisième position sur une liste d'entente républicaine, il tente, sans plus de succès, sa chance aux élections législatives de juillet 1951. Il n'obtient que 11 134 voix sur 260 610 suffrages exprimés et n'est pas élu.
Découragé et malade, il renonce alors à toute politique active mais continue à faire paraître son journal, le Républicain de Dinan jusqu'en 1961. Il y combat notamment le RPF et le retour au pouvoir du général de Gaulle ainsi que le barrage de la Rance, « entreprise ruineuse et inutile ».
Il meurt à Paris, dans le Ve arrondissement, le 22 avril 1964.