Maurice Genest
1912 - 2006
Né le 22 février 1912 à Béthune (Pas de Calais)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante
Député de l'Eure-et-Loir de 1946 à 1951
Maurice Genest est né le 22 février 1912 à Béthune, dans le Pas de Calais, dans un milieu modeste : ses grands-parents sont paysans ; ses parents ont quitté la terre pour travailler à la mine. Après son certificat d'études primaires, il est contraint de travailler, à onze ans, comme ouvrier limier; il quitte ce métier en 1926, à quatorze ans, pour exercer jusqu'en 1932 la profession de garçon de café. En 1934, Maurice Genest rejoint le secteur des services, en accédant aux fonctions d'agent, puir d'inspecteur adjoint des assurances.
Lorsque éclate la guerre, Maurice Genest est affecté au 42e Régiment d'artillerie de la Fère sur Aisne, avec le grade de brigadier. Très vite après la défaite, il s'engage dans la Résistance, où il s'illustre par son courage physique : sous-lieutenant FFI de 1942 à 1945, il obtient la médaille des Evadés de guerre, la Croix de guerre, la médaille des Internés résistants, la Croix du Combattant volontaire et le rang de chevalier de la Légion d'Honneur. Agissant dans la clandestinité, l'une des principales taches de Maurice Genest consiste en la rédaction et la publication du journal résistant « L'Eure et Loir »; le journal reparaît légalement à partir du 19 août 1945, et Maurice Genest en demeure le directeur jusqu'en 1949.
A la Libération, Maurice Genest, reconnu grand invalide de guerre, devient membre du comité départemental de Libération de l'Eure-et-Loir. La tentation politique le saisit alors : élu conseiller municipal de Chartres, il se présente aussi aux élections pour la première Assemblée constituante, à la tête de la liste présentée par le Parti communiste : avec 24 748 suffrages sur 120 899 suffrages exprimés, il arrive en deuxième position, derrière la « liste résistante d'union républicaine » conduite par Pierre July.
Elu député, Maurice Genest siège à la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales et à la Commission du ravitaillement. Il est en outre nommé juré à la Haute cour de justice. Il dépose notamment, le 13 avril 1946, une proposition de loi tendant à la nationalisation de certaines sociétés laitières ; il intervient aussi, en qualité de rapporteur de la Commission des affaires économiques, lors de la discussion du projet de loi relatif à la nationalisation de l'industrie des combustibles minéraux.
Lors de l'élection de la seconde Assemblée constituante, Maurice Genest sollicite le renouvellement de son mandat : la « liste communiste et d'union républicaine et résistante » qu'il emmène obtient 27 518 voix sur 128 203 suffrages exprimés. Il retrouve donc son siège à l'Assemblée, et les Commissions au sein desquelles il siégeait ; la plupart des propositions, avis et rapports qu'il dépose sont nettement marquées par le souci d'améliorer le ravitaillement de ses compatriotes dans la France de la reconstruction - ainsi qu'en témoigne son rapport du 1" octobre 1946, au nom de la Commission du ravitaillement, sur la proposition de résolution de M. Jean Moreau tendant à inviter le gouvernement à augmenter la ration journalière de pain, à améliorer le taux de blutage de la farine sans aucune adjonction de succédanés. De même qu'il avait approuvé le premier projet de Constitution, Maurice Genest vote en faveur du second projet, lors du scrutin du 28 septembre 1946.
Maurice Genest se présente de nouveau aux élections législatives de novembre 1946, toujours à la tête d'une « liste du parti communiste et d'Union républicaine et résistante » ; il obtient sans peine le renouvellement de son mandat, avec 29 121 voix sur 124 877 suffrages exprimés. Il est nommé membre de la Commission des moyens de communication (1947), de la Commission du ravitaillement (1947, 1948), de la Commission de l'agriculture (1948), de la Commission des affaires économiques (1949, 1950, 1951), de la Commission des pensions (1950) et de la Commission du travail et de la sécurité sociale (1951) ; il demeure par ailleurs juré de la Haute cour de justice.
Son activité parlementaire se fait très intense. La plupart de ses dépôts se concentre autour des questions relatives au rationnement : il est notamment l'auteur d'une proposition de résolution, le 6 février 1947, tendant à inviter le gouvernement à augmenter la ration de tabac. Un an après, le 4 juin 1948, il dépose au nom du groupe communiste une proposition de loi tendant à priver les oisifs des cartes de ravitaillement : alors que « toutes les forces vives de la nation comprennent la nécessité et la continuité de l'effort de production », écrit Maurice Genest, « il est choquant de constater les nombreux oisifs qui vivent largement sans moyens d'existence reconnus » ; dès lors, pourquoi le pays devrait-il se priver pour ceux qui « vivent en marge de la société, propageant l'immoralité héritée de Vichy, servant des objectifs obscurs et contraires aux intérêts de la République » ? Maurice Genest est aussi l'auteur, le 1er juillet 1948, d'une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder un supplément d'un quart de litre de lait cru aux vieillards, ou encore d'une proposition de résolution, le 23 décembre 1948, tendant à inviter le gouvernement à porter la ration de sucre à un kilo et demi pour tous les enfants et jeunes gens. Maurice Genest s'attache à la défense des intérêts des invalides (rapport du 25 février au nom de la Commission des pensions sur la proposition de loi de M. André Tourné tendant à revaloriser les pensions d'invalidité) et des résistants (proposition de loi du 25 mai 1950 tendant à établir le statut de la Résistance intérieure française). Maurice Genest s'intéresse enfin à la conduite des affaires économiques, comme en témoigne son intervention du 16 juin 1950 à la tribune de l'Assemblée, lorsqu'il dénonce avec virulence ce qu'il décrit comme « Le processus de mainmise des Etats-Unis sur l'appareil économique des pays d'Europe ».
Il ne se représente pas aux élections du 17 juin 1951.