Victor Genoux-Prachée
1854 - 1924
Né le 12 juin 1854 à Vy-les-Lure (Haute- Saône), mort le 19 août 1924 à Luxeuil (Haute-Saône).
Député de la Haute-Saône de 1894 à 1898.
Sénateur de la Haute-Saône de 1904 à 1920.
Victor Genoux-Prachée, ancien élève du collège de Luxeuil, puis du lycée de Vesoul, s'établit en 1884 comme pharmacien à Luxeuil où son père avait exercé les fonctions de percepteur.
Il devint, en 1892, maire de Luxeuil, ville qu'il administra jusqu'à sa mort, en 1924.
Le 30 juillet 1893, à la faveur d'une élection, partielle, il fut élu conseiller général du canton de Luxeuil contre un républicain dissident appuyé par la droite. Porté à la vice-présidence de l'assemblée départementale en 1898, il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat en 1901.
Attiré par la politique militante, le décès du républicain Lebrun lui avait permis lors d'une élection partielle - 19 août 1894 - d'entrer à la Chambre des députés : les électeurs de la circonscription de Luxeuil (administrativement 2" circonscription de Lure) lui donnèrent 7.679 voix contre 6.699 à l'industriel de Mailliard sur 14.497 votants. Admis le 27 novembre, il adhéra au groupe républicain-radical.
Pendant les quatre années qu'il devait passer à la Chambre, Genoux-Prachée intervint peu en séance et les votes qu'il émit pendant cette période de la vie politique française, marquée par des grèves violentes, par des scandales et des affaires judiciaires retentissantes, par des campagnes coloniales, par l'alliance russe, tandis que se succédaient des cabinets centristes, radicaux, modérés, indiquent bien l'homme politique, le républicain de gauche.
C'est ainsi qu'il se prononça contre le cabinet Dupuy lors d'un débat mettant en cause un ancien ministre, qu'il désapprouva le cabinet Ribot accusé de partialité dans l'administration de la justice, qu'en revanche il soutint le cabinet radical de Léon Bourgeois à propos de la conduite de l'expédition de Madagascar et de la politique extérieure de la France ; qu'il approuva, avec réserves, la déclaration de Méline sur les suites de l'affaire Dreyfus et sur la nécessaire non-ingérence du gouvernement dans une procédure relevant de la justice et sanctionnée par un jugement ; mais, peu à peu sensible aux arguments des tenants de la révision du procès Dreyfus, il se rangea aux côtés de ceux qui préféraient la justice au désordre : témoin son vote du 13 janvier 1898 contre l'ordre du jour invitant le gouvernement à « mettre fin à la campagne entreprise contre l'honneur de l'armée ».
Aussi, aux élections législatives du 28 mai 1898, fut-il battu au premier tour de scrutin - avec 6.732 voix contre 8.050 sur 14.928 votants - par son principal adversaire, Colle, industriel, candidat «libéral populaire».
Genoux-Prachée posa sa candidature au Sénat lors du renouvellement triennal du 28 janvier 1900, mais là encore il connut l'échec puisqu'il fut distancé au troisième tour par le docteur Gauthier (républicain nationaliste).
Néanmoins, il reprit la lutte et aux côtés du sénateur républicain Bontemps, il participa activement à la reconstitution dans la Haute-Saône du parti républicain et à la reconquête des électeurs, dont une bonne partie avait cédé à la violence du courant nationaliste réveillé par les séquelles de l'affaire Dreyfus.
L'occasion d'une revanche se présenta en 1904, aux élections sénatoriales : le 27 février, et au premier tour, il fut élu par 472 voix contre 360 (sur 859 votants) à son concurrent modéré, Alfred Colle, ancien député, qui l'avait battu aux élections législatives de 1898.
Inscrit au groupe de la gauche démocratique, il travailla surtout en commission.
Ayant consolidé son influence personnelle au sein du département, grâce notamment à l'autorité qu'il s'était acquise comme maire de Luxeuil, Genoux-Prachée conserva son siège lors du renouvellement triennal du Sénat en 1909; il fut réélu au premier tour le 3 janvier, avec 615 voix sur 849 votants - en même temps que ses « colistiers » Couyba et Jeanneney - leurs concurrents principaux n'ayant obtenu que 243 et 261 voix.
Réinscrit au groupe, majoritaire au Sénat, de la gauche démocratique radicale et radicale-socialiste, il continua d'exercer l'essentiel de son activité de parlementaire dans les commissions; pendant ce second mandat, que la guerre devait prolonger jusqu'en 1920, Genoux-Prachée ne prit la parole en séance qu'à trois reprises : en 1910, lors de la discussion du projet de loi révisant le tarif général des douanes, dans celle, en 1912, du budget de l'exercice - au sujet de la répression de$ fraudes sur les denrées agricoles - ainsi que lors de l'examen d'un projet de loi sur la répression des fraudes.
Victor Genoux-Prachée ne se représenta pas en 1920 au terme de son mandat et mourut à Luxeuil (Haute Saône) le 19 août 1924. Il était alors âgé de 70 ans.