Paul Giacobbi
1896 - 1951
Né le 18 mars 1896 à Venaco (Corse).
Sénateur de la Corse de 1938 à 1945.
Homme d'une grande culture, avocat à la cour d'appel de Bastia, Paul Giocobbi, inscrit au parti radical-socialiste, commença sa carrière politique dans sa ville natale, dont il devint maire le 5 février 1922. Il fut alors le plus jeune maire de France.
Conseiller général de Vezzani en 1925, il fut élu sénateur de la Corse le 23 octobre 1938, au deuxième tour de scrutin, par 411 voix contre 403 à M. Landry, sur 811 votants. Sénateur dès la veille de la guerre, il fut le plus jeune de ses pairs.
Membre de diverses commissions, et notamment de la commission de la législation, il déposa une proposition de loi tendant à permettre aux commerçants, industriels et artisans, d'introduire une action en révision du prix de leur loyer lorsque, par le jeu d'une clause d'échelle mobile fondée sur les indices du coût de la vie, ce prix se trouverait modifié de plus du quart.
Il déposa également un ordre du jour à la suite de l'interpellation sur les naturalisations (7 décembre 1939). Auteur de plusieurs questions écrites posées à des ministres, il déposa un avis, présenté au nom de la commission de législation sur le projet de loi portant révision de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés (19 janvier 1940).
Il intervint dans différents débats, notamment au cours de la discussion d'une proposition de loi assurant une utilisation rationnelle et équitable des mobilisés et prit part à la discussion du budget de la marine marchande de 1940.
A Vichy, il fut l'un des 80 qui votèrent contre les pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940.
Né le 18 mars 1896 à Venaco (Corse)
Décédé le 5 avril 1951 à Paris
Sénateur de la Corse de 1938 à 1945
Ministre des colonies du gouvernement provisoire de la République française du 16 novembre 1944 au 21 novembre 1945
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Corse)
Député de la Corse de 1946 à 1951
Ministre de l'éducation nationale de novembre 1945 à janvier 1946
Ministre d'Etat chargé de la fonction publique du 30 juin au 7 juillet 1950
Ministre sans portefeuille chargé de la réforme électorale du 30 juillet 1950 au 9 mars 1951
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1830)
Rentré en Corse, après le 10 juillet 1940, il y fonde le réseau des Forces Françaises Libres. Le gouvernement de Vichy le destitue de sa fonction de maire de Venaco. A la suite de la prise de la Corse par les Italiens, Paul Giacobbi est emprisonné. Mais alors qu'il est sur le point d'être transféré en Italie, il s'évade et se réfugie dans le maquis. Il participe activement à la libération de la Corse (septembre 1943) et devient président du Conseil général de l'île.
Délégué à l'Assemblée consultative de 1943, Paul Giacobbi est choisi par le général de Gaulle pour les fonctions de commissaire au ravitaillement et à la production industrielle. Il est aussi, par la suite, membre du gouvernement provisoire de la République française, en tant que ministre des colonies (16 novembre 1944- 21 novembre 1945).
En 1945, Paul Giacobbi se présente aux élections à l'Assemblée nationale constituante. Il conduit la liste d'union radicale et socialiste, et est élu le 21 octobre, sa liste obtenant 35 969 voix sur 96 257 suffrages exprimés. Il est réélu lors des élections à la deuxième Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946. La liste du rassemblement républicain, qu'il conduit, remporte 33 974 voix sur 97 405 suffrages exprimés. Enfin, en première position sur la liste du rassemblement des gauches, il est une nouvelle fois élu lors des élections législatives du 10 novembre 1946. L'élection, acquise par 31 119 voix sur 88 152, est validée dès le 29 novembre 1946.
Elu en octobre 1945, il est dès le mois de novembre nommé ministre de l'éducation nationale, fonction qu'il assumera jusqu'au départ du général (20 -22 janvier 1946). En cette qualité, il dépose quatre projets de loi. Si les deux premiers présentés le 18 décembre 1945, sont de peu d'importance (fixation d'un taux et amélioration du fonctionnement de l'enseignement technique), les deux suivants le sont davantage : le 15 janvier 1946, Paul Giacobbi dépose un projet de loi instituant l'Ordre des experts-géomètres, et un autre projet relatif au Conseil supérieur de l'éducation nationale et aux Conseils d'enseignement. Il intervient assez régulièrement lors des séances publiques, tout particulièrement lors des discussions sur le budget alloué à son ministère. Il intervient aussi en tant que député, lors des discussions sur le projet de constitution.
Sous la deuxième Assemblée nationale constituante, il est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs. Il est désigné comme juré à la Haute cour de justice (4 juillet 1946). Il ne dépose aucun rapport ni aucune proposition de loi. Il intervient peu en séance publique, présentant son rapport sur les opérations électorales en Corse (12 juin 1946), et participant au débat sur le nouveau projet de constitution.
Sous la première législature, il est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale, de la Commission du suffrage universel, du règlement et des pétitions, et de la Commission des moyens de communication. Il est aussi nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches et de la Commission de la réforme administrative. En outre, il joue un rôle important à la Haute cour de justice puisqu'il est successivement nommé membre titulaire de la Commission d'instruction (27 décembre 1946) puis juge titulaire de cette juridiction (11 mars 1947).
Surtout, il est à l'origine de la création de l'intergroupe RPF, dont il est président de 1947 à 1949. Vouant au général de Gaulle une estime, une admiration et jusque dans les derniers temps, une amitié qu'il ne dissimulait pas, il ne s'en sépare que le jour où de son propre aveu, « le RPF tua le Rassemblement ». Il avait obtenu du général que les parlementaires fussent représentés au conseil de direction du Rassemblement. Sa tentative de créer un pont entre le régime et le général fut un échec, que Paul Giacobbi vécut comme un déchirement. Il est par deux fois appelé au gouvernement. La première expérience, comme ministre d'Etat chargé de la fonction publique dans le cabinet, est de courte durée (30 juin -7 juillet 1950) : le Parti radical avait fait de sa présence une condition sine qua non au dénouement de la crise. En revanche, il est ministre sans portefeuille dans le cabinet Pleven de juillet 1950 à mars 1951. Le Président du conseil le charge de trouver un compromis sur le projet de loi portant réforme électorale, avec entre autres le problème des fameux apparentements de liste, que lui-même désapprouvait radicalement. S'il vient plusieurs fois défendre sa médiation en séance publique, et propose avec Guy Mollet un projet de scrutin à deux tours, s'efforçant de concilier les conceptions divergentes, il finit par renoncer et donne sa démission en mars 1951, quelques semaines avant sa mort.
Pendant cette législature, il déploie une étonnante activité. S'il ne dépose qu'un rapport, au nom de la Commission du suffrage universel, du règlement des pétitions, sur une proposition de loi restreignant les cas d'inéligibilité, il intervient avec une grande constance en séance publique. Il participe à toutes les discussions se rapportant au droit de vote (août 1947), aux modalités du vote (7 août 1947), à la proposition de loi tendant à modifier l'élection des conseillers de la République (août 1948). Si les questions électorales et constitutionnelles l'amènent à intervenir souvent, il prend également la parole à l'occasion de débats politiques, ainsi en février 1947 sur une interpellation relative à la politique économique du Gouvernement ou en novembre 1948 sur l'attitude du ministère de l'intérieur lors des grèves de mineurs.
A partir de 1949, il obtient à plusieurs reprises des congés.
Il vote contre le premier projet de Constitution (19 avril 1946) puis contre le second (28 septembre). Il vote l'investiture du gouvernement Blum (17 décembre 1946) et la confiance à Paul Ramadier (4 mai 1947). Il se prononce en faveur de la ratification du Plan Marshall (7 juillet 1948) et du Pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949).
Paul Giacobbi meurt à Paris le 4 avril 1951. Le Président Herriot fait son éloge le lendemain : « Nous le savions malade, mais nous lui connaissions une telle énergie et, sous des apparence fluettes, une telle vitalité, que nous espérions bien voir reparaître, à sa place de député ou au banc des ministres, ce visage grave, passionnément attentif, aux pommettes saillantes, comme sculpté dans un bois dur d'olivier, qu'éclairaient des yeux de flamme... ». Il était chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la Croix de guerre et de la médaille de la résistance avec rosette.